Troubles du désir sexuel féminin Gérard Ribes
Facteurs influençant le DS
1) Les variables cognitives Croyances négatives à l’égard de la sexualité pouvant créer de l’anxiété ou de la culpabilité Les croyances irrationnelles vont influencer le DS Toutes les cognitions mettant l’accent sur une sexualité performante (« je dois, il faut, je devrais ») A l’inverse, des cognitions réalistes et favorables à la sexualité influencent positivement le DS et expliquent pourquoi certaines personnes ont un DS adéquat qu’elles parviennent à maintenir tout au long de la vie
2)Facteurs comportementaux et individuels L’expérimentation sexuelle est probablement au centre d’une sexualité fonctionnelle. Tous les processus d’évitement, de passivité, d’absence d’initiative arrête le processus et l’absence d’expériences sexuelles positives et satisfaisantes réduisent le DS Individuellement, la dépression, l’anxiété, un pb médical, la peur d’une grossesse ou d’une IST, influencent le DS Pensez à l’hypothyroidie et à l’hyperprolactinémie
3) Facteurs environnementaux Contexte familial déterminant Facteurs conjugaux (association entre facteurs relationnels, amoureux et DS) Contexte social (vacances, fêtes, disponibilité psychique) Environnement culturel véhiculé par les médias (« la sexualité doit être multi orgasmique, fantaisiste et tjs représentée par des modèles masculins et féminins aux physiques exceptionnels »; tjs le même pb de performance…)
Les variations du DS
1) En fonction de l’âge Enquête CSF (2006) montre une baisse de DS au fur et à mesure que l’âge avance, tant pour les hommes que pour les femmes, mais… la satisfaction conjugale est plus importante que la satisfaction sexuelle pour une majorité de femmes d’où la souffrance liée à cette baisse de DS diminue également avec l’âge. Le DS est en relation quasi mathématique avec la durée de la relation : + la relation est récente, quel que soit l’âge, plus le DS augmente.
2) En fonction de l’état hormonal L’hormone clé du DS est la testostérone aussi bien chez l’homme que chez la femme Chez la femme = La grossesse et « son inondation hormonale » augmente souvent (mais pas tjs) le DS; La concentration des androgènes circulants diminue de moitié entre 20 et 40 ans puis très lentement après; pas de baisse significative de la Testo à la ménopause naturelle mais chute de 50% si ménopause chir.
Pilule et libido Les variations cycliques propices au désir sexuel sont effacées par les OP - Pic préovulatoire du désir féminin Pilworth et al J. sex. Res. 2004 - Les variations d’ocytocine corrélées à la lubrification vaginale inhibées par les C.O. Salonia et al Horm. Behar 2005
Pilule et libido 10 à 30 % des femmes suivant les études ont un effet délétère des OP sur leur libido Il n’a pas été identifié au cours des 30 dernières années les éléments permettant de sélectionner les femmes qui en souffriront En surveillance de contraception, ne pas repousser négligemment la proposition de cette cause par la patiente : explorer le passé.
A la ménopause L’arrêt des fonctions ovariennes (hormonale et reproductive) entraine une diminution majeure des œstrogènes et une diminution bcp plus relative des androgènes (sauf ménopause chir) Les œstrogènes n’ont pas d’action directe sur le DS mais le cortège de symptômes (sécheresse vaginale, BDC, changement de silhouette avec augmentation de la graisse abdominale) agit sur la « fonctionnalité sexuelle » qui retentit sur le DS. Par détérioration de la qualité de vie, la carence oestrogénique va influencer le DS
Prévalence de la Baisse de Désir Parmi les Symptômes climactériques Sécheresse Vaginale Humeur Dépressive Bouffées de chaleur Baisse de Désir Sexuel Troubles du Sommeil Perte d'Energie Key Message: La baisse de désir sexuel est aussi fréquente que les bouffées de chaleur. (Schultz-Zehden B. 2003). La crise de la femme à motié de sa vie : _ hormonale or psychologique? (Schultz-Zehden B. Der Gynäkologe: 2003; 36:224-230): Dans cette étude on a mesué la survenue des troubles de la ménopause : chez 603 femmes ménopausées âgées de 49-59 ans. 10 20 30 40 50 60 70 80 Fréquence des Symptômes (%) 3% seulement des patientes parlent spontanément de leurs problèmes sexuels en l'absence d'interrogatoire direct Adapté de: Schultz-Zehden B. Der Gynäkologe. 2003; 36:224-230 (Bachman G et al. 1989; 73:425-427)
De quel désir parle-ton? Qui est le demandeur? Y a-t-il souffrance psychique pour la patiente? (HSDD) Comment se passait la sexualité avant? Absence de désir sexuel ou absence de désir sexuel coïtal?
En résumé 1) Evaluer les facteurs cognitifs et recadrer au maximum. Une partie de la thérapie sexuelle consiste à informer et à expliquer. - Pister les fausses croyances - Reprenez toutes les phrases du type « il faut », « je dois » qui sont souvent de l’ordre de la performance. - Lister les peurs autour de la sexualité
En résumé Eliminer une participation médicale de type Hyperprolactinémie ou Hypothyroïdie Vérifier l’absence de dépression Assurez vous d’un examen gynécologique normal Savoir entendre une participation des OP ou des symptômes ménopausiques
Enfin Tout le monde s’accorde à dire que les troubles du désir sexuel sont les plus difficiles à traiter car ils sont multifactoriels. Que ce problème provoque plus de résistances aux traitements en général que les autres problèmes sexuels.
En conclusion Plus la rigueur est de mise dans les évaluations, plus les thérapies seront susceptibles d’etre efficaces. En matière de désir sexuel, tout trouble sera multifactoriel, aussi est-il encore plus indispensable, d’avoir une grille précise d’évaluation sexologique.