M OBILITÉ QUOTIDIENNE, SOCIALISATION ET SÉGRÉGATION. UNE ANALYSE À PARTIR DES MANIÈRES D HABITER DES ADOLESCENTS DE Z ONES U RBAINES S ENSIBLES Nicolas.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Système d’information d ’Etude, de Recueil et de recherche Automatique
Advertisements

SECRET Établissement dun programme de recherche Ressources humaines et Développement social.
Chapitre 3: Clientèle et zone d'implantation de l'UC
Cyril Michaud et Perrine Demeaux MAIRIE DE NANTERRE
Usages des TIC pour les personnes âgées et dépendantes
Co-enseignement de technologie
Atelier RésO Villes – ARO HLM Bretagne
EL-HADEUF Mounya 1ère année doctorat - VTT urbanisme et aménagement
Politique de transports et accès à la ville pour tous ? Une méthode dévaluation appliquée à lagglomération lyonnaise David Caubel – Laboratoire dÉconomie.
1 1 Ville à 30 – Rencontre régionale 19 mai CETE IdF – JF Durand Enseignements et Perspectives Jean-François DURAND – CETE Ile-de-France APRES AVANT.
> > De la ville automobile à la ville à vivre Le 17 novembre 2011 EVOLUTION DES MODALITES D'AMENAGEMENT DE L'ESPACE PUBLIC SYNTHESE DES OBJECTIFS.
La transmission des langues ancestrales
LES RELATIONS FAMILLES/SOIGNANTS
ASSISES 2006 QUELS PROJETS POUR LES JEUNES Résultats quantitatifs et qualitatifs de lenquête A LECOUTE DU CLUB.
Co-éduquer à l’école maternelle : une pluralité de significations
Socialisation de genre et construction de l’identité sexuée de l’enfant Véronique Rouyer Laboratoire Psychologie du développement et Processus de socialisation.
1 Étude des mécanismes de suivi dapprenants par les différents acteurs de la situation dapprentissage Carole Eyssautier, 1ère année de thèse Directeur.
BAC PRO SPVL Service de Proximité et Vie Locale Commentaire Diapo 1.
MANAGEMENT DES ORGANISATIONS
Séminaire BANQUE21 Novembre 2007La didactique professionnelle au service de lévaluation des compétences La didactique professionnelle au service de lévaluation.
En 2013 en Belgique 18,5 % des enfants de moins de 18 ans vivent sous le seuil de pauvreté 23,3 % sont à risque de pauvreté ou d'exclusion Ces chiffres.
Adolescents nés et vivant avec le VIH en Thaïlande du Nord
Séance d’information du CRIES d’Ile-de-France
Bac pro services de proximité et vie locale
La demande d'information des jeunes en Charente-Maritime 16 novembre 2007.
Atelier Vie Sociale et Equipements
GO2 : Qualité et sécurité des systèmes de transport Transports, le nouveau défi : mobilité versus sécurité 24/06/ OSEO.
Système dInformations Halieutiques Séminaire 2009 du Réseau dObservation SIH - du 10/02/09 au 12/02/09 1/ Programme des enquêtes économiques 2008 Les objectifs:
UN GEO-JEU AU SERVICE DES PROFESSIONNELS UN GEO-JEU AU SERVICE DES PROFESSIONNELS 1.
Le « social » du centre social c’est celui du « vivre ensemble », de la solidarité collective en actions. Equipement de quartier à vocation sociale globale,
Grand Paris et espaces verts en Seine-Saint-Denis : Planifier une relation durable entre ville dense et espaces verts intégrés.
Un dialogue entre les cultures pour faire progresser linclusion scolaire
1 Réaction au rapport final POCICO Pauvreté rurale et urbaine Dr. Carmen Mathijssen.
1 Instance Régionale dEducation et de Promotion de la Santé de Lorraine Séminaire Bien-être des habitants et Atelier Santé Ville - jeudi 14 octobre 2010.
  Les ménages « vulnérables » face à l’augmentation des prix du pétrole : application à l’agglomération lyonnaise Florian Vanco Damien Verry Analyse.
Programme de prévention des risques liés aux consommations de drogues destiné aux collégiens
Résidence d’Accueil + Intermédiation Locative et Sociale
Projet sur les municipalités dévitalisées en Mauricie
introduction à la sociologie, cours 12, 13 & 14
LE SOCLE COMMUN DES CONNAISSANCES ET DES COMPÉTENCES
Déménager ou « coloniser » le collège du quartier ? Les choix résidentiels et scolaires des classes moyennes Agnès van Zanten Observatoire Sociologique.
Vincent Kaufmann, Laboratoire de Sociologie Urbaine, EPFL
La mobilité dans les territoires ruraux
Mission détude portant sur la faisabilité dun déploiement rapide et massif dun Espace Numérique de Travail dans le premier degré Lot 2 – Évaluation et.
La genèse Le Réseau des Observatoires Locaux de Lecture a vu le jour au début des années Il est dirigé par Bentolila, Mesnager et Germain. Leur.
ENQUÊTE EN LIGNE, RÉSULTATS INTERMÉDIAIRES…2 LE 24 OCTOBRE 2011 LES RÉSULTATS PRÉSENTÉS CI-APRÈS SONT DÉFINIS À PARTIR DES 100 PREMIÈRES RÉPONSES À LENQUÊTE.
JOURNEES DOCTORALES – CAIRE, AVRIL 2009
JOURNEES DE RENCONTRES Penser-Parler-Lire-Ecrire, ça s’apprend ! Pour une prévention de l’échec scolaire et de l’illettrisme 26 et 27 novembre 2014, Metz.
la dynamique du comportement
Orateur : Marie-Rose Kadjo, Directrice
Évaluation par compétences
ET SI ON DECLENCHAIT JEUNES ? UN PLAN DE DÉPLACEMENTS Présentation réalisée par.
4ème 3ème de l’Enseignement Agricole en Maison Familiale Rurale
DGDCT - Mission Politique de la Ville 1 A partir d’une conception locale de la Politique de la ville partagée par les élus de la métropole et les maires.
Ma compagne la solitude MAEEB
Nuits Romanes 2010 Réunion de bilan Septembre 2010.
Pour une approche territoriale en santé publique Principaux enseignements des enquêtes sur la santé et le recours aux soins conduites dans des quartiers.
Scolarisation des enfants de moins de trois ans (circulaire n° du )
Consultation des jeunes de ans Mars Enquête Ipsos / Jeunesses en Régions « Consultation des jeunes de 15 à 30 ans » - Mars 2009 Méthodologie.
De la localisation résidentielle à la consommation énergétique dans le logement et par la mobilité Une approche par les modes de vie RAVALET Emmanuel TABBONE.
Parentalité et déficience intellectuelle: Etat des lieux de la recherche et perspectives Luxembourg 9 octobre 2014  
BACCALAUREAT PROFESSIONNEL 3 ANS MICROTECHNIQUES Quelques points clés.
Premiers cours : démarrer
Cadre global de méthodologie d’enseignement du FLE
SERVICE DE PRÉVENTION ET DE COHÉSION SOCIALE DE WATERMAEL-BOITSFORT MISSION, PROJETS, RESSOURCES Novembre 2015.
Construction d’un croquis de synthèse NEW YORK, VILLE MONDIALE
Les Transports Mme GARRIC OBSERVATOIRE DE LA FAMILLE.
Mise en œuvre didactique et pédagogique
Enfant, élève, apprenant Un projet de recherche Bertrand DAUNAY Professeur en sciences de l’éducation, didactique du français Université Charles-de-Gaulle.
Transcription de la présentation:

M OBILITÉ QUOTIDIENNE, SOCIALISATION ET SÉGRÉGATION. UNE ANALYSE À PARTIR DES MANIÈRES D HABITER DES ADOLESCENTS DE Z ONES U RBAINES S ENSIBLES Nicolas Oppenchaim Soutenance de thèse de doctorat en sociologie Dirigée par Francis Godard et Marie-Hélène Massot Examinée par Jean-Yves Authier, Michel Kokoreff (rapporteur), Marco Oberti et Joël Zaffran (rapporteur) 23 novembre 2011

PROBLÉMATIQUE Interroger les liens dynamiques entre mobilité et socialisation à ladolescence Se focaliser sur les adolescents de catégories populaires et moyennes de ZUS afin de compléter les approches de la ségrégation : la concentration résidentielle nest pas nécessairement synonyme dun ancrage exclusif dans le quartier Mobiliser le concept de « manière dhabiter » afin darticuler la socialisation exercée par le quartier et par les mobilités 2

TROIS QUESTIONS DE RECHERCHE Les adolescents de ZUS ont-ils une mobilité différente de celle des autres adolescents ? La diversité géographique des ZUS et lhétérogénéité sociale des adolescents de ces quartiers se traduisent-elles par des pratiques de mobilité différenciées et, au final, par différentes manières dhabiter un quartier ségrégué ? Selon leur manière dhabiter, certains adolescents de ZUS subissent-ils plus que les autres les externalités négatives de la ségrégation ? 3

TROIS OUTILS THÉORIQUES POUR PENSER LES LIENS ENTRE MOBILITÉ ET SOCIALISATION 4 Laccessibilité : la mobilité est une action rationnelle permettant daccéder à une activité en fonction des capacités dorganisation de lindividu, du système de transport et de la localisation relative des résidences et des aménités urbaines Les dispositions : la mobilité est une pratique influencée par la socialisation exercée par la famille, les pairs et le contexte urbain de résidence Lépreuve : la mobilité donne lieu à des situations de co- présence qui questionnent et modifient parfois les façons dagir des adolescents

UNE MÉTHODE PLURIELLE Des indicateurs daccès aux transports en commun et au centre de lagglomération Lenquête EGT qui recense les déplacements de 2309 adolescents Une enquête ethnographique dun an comme animateur bénévole dans une maison de quartier à Chanteloup-les- Vignes Sept projets dans des classes de troisième, seconde professionnelle et générale : 92 entretiens dune heure, des textes et des photographies sur la mobilité, une initiation à la sociologie avec la réalisation et la passation dun questionnaire 5

UN POTENTIEL ET DES PRATIQUES DE MOBILITÉ SPÉCIFIQUES Une moindre disponibilité de leurs parents en temps, argent et voiture Une meilleure desserte en transports en commun et un accès similaire à la carte ImaginR Moins de déplacements en voiture et un usage plus précoce des transports en commun Un programme dactivités spécifiques : plus de visites amicales et de promenades, moins de loisirs et de visites familiales Des différences très importantes entre les filles et les garçons de ZUS 6

DIFFÉRENTES DIMENSIONS A PRENDRE EN COMPTE POUR CONSTRUIRE UNE TYPOLOGIE Le rapport au quartier de résidence Les projections de mobilité résidentielle Lapprentissage de la mobilité en transports en commun et son contrôle par les parents Le rapport aux différents modes de transport Les lieux fréquentés dans la mobilité La cohabitation avec les inconnus dun autre milieu social et résidentiel La pratique dInternet 7

LES « ADOLESCENTS DU QUARTIER » ( N =20) Une présence importante dans lespace public de résidence Des déplacements en groupe à la recherche danimation Un stigmate ethnique et social qui conduit à un sentiment dopposition avec les autres citadins Une cartographie mentale dun monde urbain clivé Un profil favorisé par une accessibilité spécifique (faible disponibilité des parents), par des dispositions héritées de la vie dans un quartier ségrégué, dune trajectoire scolaire chaotique et de discriminations, mais également par des épreuves rencontrées dans la mobilité 8

LES « FLÂNEURS » ( N =23) Une présence épisodique dans le quartier Des déplacements fréquents en transports en commun sans objectif précis Une capacité à passer des codes du quartier à ceux de lanonymat urbain Un profil favorisé par une accessibilité spécifique (ZUS bien desservies en TC), par des dispositions issues de la famille et dune trajectoire résidentielle variée, et par une confrontation réussie et répétée aux épreuves de la coprésence 9

LES « PASSIONNÉS » ( N =13) Une manière dhabiter proche de celles des adolescents de classes moyennes ne résidant pas en ZUS Une manière dhabiter structurée par une passion : une présence épisodique dans le quartier et des déplacements uniquement fonctionnels Pas de goût pour la flânerie et une volonté de passer rapidement le permis de conduire Un profil favorisé par une accessibilité spécifique (personnes plus âgées pouvant les véhiculer) et des dispositions favorables dans leur famille vis-à-vis de leur passion 10

LES « FILLES DE BONNE FAMILLE » ( N =6) ET LES « GUERRIÈRES » ( N =5) 11

LES « FLÂNEURS EXCLUSIFS » ( N =14) ET LES « ENCADRES » ( N =12) 12

DES MANIERES DHABITER QUI NE SONT PAS FIGÉES La montée en âge et laccès à la carte ImaginR Un événement qui active des dispositions Une confrontation réussie et répétée aux épreuves de la co-présence sous limpulsion de pairs ou dune relation amoureuse Comment faire évoluer les manières dhabiter qui posent problème aux adolescents? 13

14 Merci pour votre attention