6ème paramita - prajna (sagesse) Élément central de l'Éveil bouddhique, la prajna correspond à différentes attitudes mentales et psychiques propres au bouddhisme.
La prajna (hannya, pranna) n’a pas d’équivalent dans les langues occidentales. Elle est généralement traduite par « sagesse lucide » ou « sagesse transcendante », « sapience ». On y parvient par l'accomplissement de pratiques bouddhiques spécifiques. Son but est la libération des souffrances des vies/morts. La prajna s'écarte des deux obstacles que sont : l'illusion et le savoir (information).
Pour Nichiren « la différence entre l’état de bouddha et le simple mortel » réside dans l’illusion. Espace et temps
La prajna doit être distinguée de la vijnana, la connaissance-information qui nous parvient par les six organes des sens et où le mental (manas) joue un rôle important.
A l’opposé de la vijnana il y a le cœur-esprit , citta A l’opposé de la vijnana il y a le cœur-esprit , citta. La bodhicitta (bodaishin), c’est l'aspiration à l’Éveil).
Prajna et vijnana sont à la base de jnana la connaissance intuitive qui transcende le moi individuel et permet de saisir par l’expérience l’aspect réel des phénomènes (shoho jisso). L’Orient situe la jnana dans le cœur. Jnana c’est aussi anasrava, la ‘’vue juste’’ sans infection, au-delà du monde profane et qui mènent à la Voie. Traduction fréquente : cœur
Jnana est aussi anasrava, la ‘’vue juste’’ sans infection, au-delà du monde profane et qui mènent à la Voie. (Cf. Octuple Noble Chamin)
Jnana comporte différents degrés : tout d’aborsd c’est la sagesse permettant d’accomplir ce qui doit être fait ou sagesse (krtya anusthana jnana) : sagesse correspondant à la transformation des cinq premières consciences (visuelle, auditive, olfactive, gustative et tactile) et qui permet de faire obtenir des bienfaits à tous les êtres ordinaires. Moine chinois Pusa (Hotei) plus connu sous l’espect du poussah
Sagesse du discernement (pratyaveksana jnana) : sagesse correspondant à la transformation de la sixième conscience et qui permet d’observer sans entrave tous les phénomènes et de prêcher le Dharma en interrompant les doutes. Jnana-mudra, carctéristique du Bouddha Amida
samata jnana : sagesse de la similitude des natures (de toutes les choses) sagesse correspondant à la transformation de la septième conscience et qui voit l’égalité ultime de toutes les choses, de soi et des autres. La sagesse impartiale de l’équanimité (upeksha) et de l’identité qui transcende l’orgueil. Le chapitre XI, Tour aux Trésors dit que le Sutra du Lotus du Dharma merveilleux est ‘’la Grande sagesse d'égalité, le Dharma enseigné aux bodhisattvas, gardé en mémoire par les bouddhas’’
Alayavijnana ou adarsa jnana) : la grande sagesse du miroir parfait : sagesse correspondant à la transformation de la huitième conscience (alaya) et qui reflète tous les phénomènes comme ils sont dans les trois phases (passé, présent, futur), comme un clair miroir. C’est la capacité de discerner le réel de l’irréel. Jeu de go
Il y a aussi la sagesse de bouddha (butchi) Il y a aussi la sagesse de bouddha (butchi). Qualité atemporelle, propre aux bouddhas, ou de sagesse sans enseignement (mushi-chi), celle qui n'a pas eu besoin d'un maître.
La prajna implique la mise en pratique de nombreuses vertus qui peuvent varier selon les écoles Dans le Theravada, le détachement, vairagya (la capacité de se détacher des désirs et des choses du monde) découle de la prajna.
Les yogas mettent l’accent sur : - tranquillité spirituelle (sama), - la maîtrise de soi, contrôle rationnel des sens (dama), - effort conscient pour transcender le désir de la jouissance sensuelle (uparati), - l’endurance (titiksha), - la foi (shraddha) - concentration parfaite (samadhana). Odilon Redon
La sagesse sans écoulement, muge-chi, version japonaise de l’anasrava est une sagesse que les pensées douloureuses, nées des passions, ne viennent pas troubler. C'est le but de quelques étapes des 52 étapes du bodhisattva. - dix étapes de la foi, - dix étapes de sécurité, - dix étapes de la pratique, - dix transferts de mérites, - dix étapes de développement, - Eveil d'indifférenciation (togaku), - Eveil merveilleux (myogaku) atemporel. Musée Guimet
étape 11 : la production mentale (cittotpada) étape 11 : la production mentale (cittotpada). Aspiration à la bodhéité, à la sagesse sans écoulement ; sagesse que les pensées adventices ne viennent pas troubler.
étape 16 : la justesse de l’esprit (abhisampanna) étape 16 : la justesse de l’esprit (abhisampanna). Acquisition d'une connaissance précise et juste de la vacuité. Sagesse qui fait percevoir la non-substantialité des choses. Voute d’un sanctuaire taï représentant la vacuité-shunyata
étape 38 : La compréhension de l’aspect de pure ainsité (bhuta tathata). A la lumière de la pratique de la voie du milieu la pure ainsité des phénomènes se révèle au bodhisattva.
étape 44 : La flamme de la sagesse (arcismati) étape 44 : La flamme de la sagesse (arcismati). Etape de la sagesse radieuse dans laquelle le feu de la sagesse consume les désirs terrestres. Manjushri, bouddha de la sagesse, avec l’épée de feu qui tranche l’obscurité fondamentale.
étape 46 : La sagesse-immédiate (abhimukhi) étape 46 : La sagesse-immédiate (abhimukhi). Le bodhisattva perçoit la pure ainsité des phénomènes dans la netteté de l’immédiateté. Étape dans laquelle la sagesse suprême commence à apparaître.
étape 49 : La sagesse-perspicace (sadhumati) étape 49 : La sagesse-perspicace (sadhumati). Étape de la sagesse qui pénètre tout et dans laquelle une personne enseigne le Dharma librement et sans restriction.
Dans le Sutra du Lotus, on trouve ce passage : "Les bouddhas apparaissent en ce monde pour ouvrir à tous les êtres la porte de la sagesse de bouddha." Zhiyi* commente ce passage de la manière suivante : "Si les gens ne possédaient pas en germe la sagesse de bouddha, comment le Bouddha pourrait-il dire qu'il veut la développer ? Il faut comprendre que la sagesse de bouddha est latente en tous les êtres. (Le véritable objet de vénération (Sado, 1273 à Toki Jonin)
Sujet ou sagesse > Shakyamuni / Objet ou réalité > Taho) chi kyo Le Sutra et son interprétation disent clairement que le chemin de l'Éveil est contenu dans les deux éléments de la réalité (kyo) et de la sagesse (chi). La réalité désigne l'aspect de tous les phénomènes de l'Univers, et la sagesse représente la manifestation parfaite de cet aspect dans la vie de l'individu. L'Éveil est l'adéquation de la sagesse et de la réalité (kyo chi myogo). (Mise en Garde contre l'Offense au Dharma, Minobu, 1276 au nyudo Horen) myogo
Il est dit : "Il faut suivre le Dharma et non la personne Il est dit : "Il faut suivre le Dharma et non la personne. Il faut s'appuyer sur l'enseignement du Bouddha et non sur les paroles des maîtres. Il faut se servir de la sagesse et non des connaissances […] qu'il ne faut pas s'appuyer sur les déclarations des bodhisattvas et des maîtres mais sur celles du Bouddha. (Parvenir directement à la bodhéité grâce au Sutra du Lotus - Minobu, 1277 Myoho-ama).
On lit dans le chapitre XXI : "Que ce soit dans un bosquet, sous un arbre ou dans un monastère [...] les bouddhas entrent dans le nirvana." Ceux qui visitent cet endroit peuvent instantanément expier les fautes commises depuis le passé infiniment lointain. Les troubles (bonno, klesa) se transforment en sagesse (prajna), le karma en Corps du Dharma, et les souffrances en délivrance (vimukti). (La personne et le Dharma, Minobu, 1281 à Nanjo Tokimitsu)