Le cœur de Paul dans un cœur de moine

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Transcription de la présentation:

Le cœur de Paul dans un cœur de moine Paul de Tarse et Dom Paul Delatte Le cœur de Paul dans un cœur de moine

D’un Paul… Depuis saint Jean Chrysostome, ce grand amant de saint Paul, on aime répéter : « le cœur de Paul, c’est le cœur du Christ », cor Pauli, cor Christi.

…à l’autre et le cœur de Paul battaient aussi dans la poitrine Le cœur du Christ et le cœur de Paul battaient aussi dans la poitrine d’un grand moine, Dom Paul Delatte. Pour les moines et moniales de la Congrégation de Solesmes, il est demeuré une inspiration ; toujours considéré comme un père, comme le théologien, le maître spirituel qui a marqué la vie de Solesmes et continue à vivre en ses enfants.

Et le procédé est simple : regarder le Seigneur, s’oublier, aimer. Encore aujourd’hui, Dom Delatte est très proche de nous, avec un message d’actualité : son tempérament spontané, indépendant, libre des conventions le fait aimer dès qu’on le connaît ; son message, où reviennent avec prédilection les termes affranchissement, liberté, son charisme du bonheur, et principalement son amour du Christ, racine de tout le reste, ont quelque chose d’unique à nous dire. Au négatif, le mot qui revient le plus souvent chez lui peut-être, pour en dire le besoin d’élimination, est celui d’égoïsme : la vie chrétienne, vivre à Dieu, est affranchissement de l’égoïsme. Et le procédé est simple : regarder le Seigneur, s’oublier, aimer. « J’aime, et je crois que mon âme y passe. »

Les passages qui suivent ont un pouvoir explosif ; pour nous, la doctrine de Dom Delatte peut devenir une cartouche de dynamite. Qui sait si elle n’aurait pas le pouvoir de faire sauter nos barrages ?

que la grâce et la paix soient avec vous À tous les fidèles du Christ Jésus : que la grâce et la paix soient avec vous de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. (Phil 1, 2)

La paix, c’est la tranquillité de l’ordre, et la tranquillité dans l’ordre, c’est l’ordre avec Dieu. La paix, c’est l’affranchissement de tout ennui, de toute tristesse, de toute préoccupation, de toute anxiété. La paix, c’est quoi encore ? …c’est la liberté parfaite de l’âme, c’est l’épanouissement joyeux, tranquille, naïf dirais-je volontiers, de l’âme sous le rayon de la bienveillance de Dieu.

La paix ! mais c’est la paix, mes enfants, il n’y a pas de commentaire à faire, chacun doit comprendre et réaliser dans son cœur tout ce qu’il y a d’impliqué dans ce terme : l’âme libre, les bras pendants ; aucune espèce de désir, aucune espèce de souhait, si ce n’est que la volonté de Dieu, qui s’accomplit toujours, s’accomplisse réellement. Voyez-vous : l’âme libre, qui n’est riche que de la volonté de Dieu, qui n’a d’autre désir que la volonté de Dieu. (Dom P. Delatte, Conférences sur l’épître aux Philippiens, 1909, inédit) Saint-Pierre de Solesmes

Je veux que vous le sachiez, frères : tout ce qui m’arrive finit par tourner au progrès de l’Évangile… de toute façon le Christ est annoncé : alors je m’en réjouis, et je m’en réjouirai toujours. Je sais en effet que tout ce qui m’arrive tournera à mon salut… Pour moi, vivre, c’est le Christ. (Phil 1, 12.18-19.21)

Mais moi ! je n’ai pas de plaisir personnel, je n’ai pas de joie à moi, je n’ai pas de bonheur à moi. Qu’est-ce que j’en ferais ? Mon bonheur, c’est le Seigneur ; tout ce que peut aimer le Seigneur est un bénéfice pour moi, alors même qu’il y aurait pour moi un détriment extérieur, apparent, qu’est-ce que cela peut me faire ? En cela je me réjouis. Voyez-vous, mes enfants, il faut bien comprendre l’âme de l’Apôtre : elle se révèle tout entière dans des formules comme celle-là. C’est une âme affranchie de toute considération personnelle : cherchez bien, il n’y a plus d’égoïsme, plus rien qui dénote le moi. On sent que l’âme est affranchie…

Il n’y a plus qu’une chose qui intéresse l’Apôtre, c’est le Seigneur Il n’y a plus qu’une chose qui intéresse l’Apôtre, c’est le Seigneur. Pourvu que le Seigneur soit aimé… Ah ! que l’âme de l’Apôtre est franchement, parfaitement libre ! Qu’elle est débarrassée de tout le fatras des préoccupations personnelles ! On cherchait à ennuyer l’Apôtre, mais quand est-ce qu’on l’ennuierait ? Seulement si on pouvait ennuyer le Seigneur !… Alors on ne peut pas ennuyer l’Apôtre ; donc il ne peut y avoir de souffrance pour lui, il ne peut y avoir de tristesse.

Le moyen de ne pas souffrir… Voyez-vous l’enseignement qui est contenu dans des formules comme celles-là ? le Christ est annoncé : alors je m’en réjouis, et je m’en réjouirai toujours. Voyez-vous le moyen de ne pas souffrir ? le moyen de n’avoir jamais d’ennui, jamais de tristesse, jamais une vexation? Voyez-vous le moyen d’être heureux? Pour ceux qui aiment Dieu, tout coopère au bien.

Il n’y a pas deux manières d’aimer Dieu : on ne peut aimer à la fois Dieu et soi. Il n’y a qu’une manière d’aimer Dieu : c’est l’aimer de toute son âme. Ceux qui aiment Dieu de cette manière, ce sont les gens qui se croisent les bras, qui vivent tranquilles : on ne peut pas atteindre leur âme, on ne peut pas atteindre le lien imbrisable qui existe entre leur âme et Dieu.

L’enfance Jeumont – La Sambre Olis (de Aloys, saint Louis de Gonzague) - Henri Delatte naquit le 27 mars 1848 à Jeumont, au diocèse de Cambrai, dans les Ardennes françaises, tout près de la frontière belge. Son père travaille le bois; pour son rang social, la famille est à l’aise. Dom Delatte dira fièrement plus tard qu’il a des siècles de « roture » derrière lui, entendons qu’il n’est pas d’origine noble et n’en a cure. la tour le marché la douane

Était-ce déjà une affinité avec saint Paul ? Enfant turbulent, d’une intelligence vive, sportif, audacieux, spontané… Parfois ou assez souvent insupportable en classe. Dom Delatte se souviendra d’un jour de turbulence : « L’instituteur me mit en pénitence et m’enferma dans l’embrasure d’une fenêtre, derrière d’énormes madriers ; et il m’oublia. Jeumont l’école des garçons Le soir, ma mère, ne me voyant pas rentrer, vint s’enquérir à l’école ; et on me retrouva, bravement campé dans ma fenêtre, mais, dès qu’on ouvrit, je criai : « J’ai faim, moi ! » Était-ce déjà une affinité avec saint Paul ? « Je poursuis ma course… Oubliant ce qui est derrière, je m’élance tendu de l’avant, pour saisir le prix auquel Dieu nous appelle dans le Christ Jésus. » (Phil 3, 12-14)

Prêtre Après de brillantes études, Olis-Henri Delatte devient prêtre (1872), puis professeur de philosophie à l’université catholique de Lille. Plusieurs petits faits révèlent sa liberté d’esprit, on pourrait presque parler d’indépendance et de non-conformisme : Henri amène sa jeune sœur Thècle à Lille et voyage avec elle… un ecclésiastique qui les rencontre se montre un peu étonné de cette familiarité. Le jeune abbé le laisse quelque temps à ses perplexités et finit par lui dire : « Monsieur l’Abbé, j’ai l’honneur de vous présenter ma sœur ! » Parfois, il prend Thècle par le bras, joyeusement… cela ne se faisait pas à l’époque. Thècle deviendra moniale à Sainte-Cécile de Solesmes.

Moine à Solesmes ? L’année précédant la mort de Dom Guéranger, l’abbé Delatte se rend à Solesmes, (1874) mais ne peut se décider à rester, il se promet même de n’y jamais entrer! les femmes au lavoir font du bruit, ce n’est pas assez silencieux… Dom Guéranger voit partir avec regret ce jeune prêtre à l’intelligence fulgurante, d’une envergure spirituelle et humaine hors ligne. Ce n’est que plus tard, après la mort de Dom Guéranger, que l’abbé Delatte se donnera totalement au Seigneur en entrant dans la vie monastique, (1883) sous l’influence de Mère Abbesse Cécile Bruyère. Il recevra le nom de Paul, qu’il portera désormais.

Bientôt Père Abbé Le novice garde toute sa spontanéité ; il est sportif, enjoué ; sa taille de colosse, 1 m 78, sa chevelure abondante, tordue à force d’être frisée, qui lui donnait 4 cm de plus ! en font une force de la nature, unie à la force de l’intelligence, de l’âme, de la grâce. Très vite, il devient prieur, puis abbé (1890).

Dom Delatte eut à agrandir Solesmes, ce qui se fit sans tarder et de main de maître : on lui doit l’aile qui enjambe la Sarthe.

L’île de Wight Quarr Abbey Il connut la calomnie, la trahison, il fut éloigné de son monastère pendant un an (1893, l’année terrible) ; il connut aussi l’exil en Angleterre, dans l’île de Wight (1901) où il construisit le monastère de Quarr. Quarr Abbey

« Les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire « …Peut-être les heures les plus douces ont-elles été goûtées au milieu de ces épreuves mêmes. Je n’étais qu’un enfant, (en fait il avait 16 ans) lorsque feuilletant mon petit Nouveau Testament mon regard tombait sur le chapitre 8e aux Romains : « Les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit se révéler en nous. » (Rm 8, 18)

Les langues des hommes peuvent-elles faire taire …Quelquefois c’était sur la fin du 4e chapitre aux Corinthiens : « Nos épreuves du moment présent sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire qu’elles nous préparent.» (2 Co 4, 17) «  L’épreuve m’était comme une mise en demeure de me réfugier là où l’épreuve ne pouvait me suivre. Tu les caches au secret de ta face… loin des intrigues des hommes et de la guerre des langues (Ps 31, 21). Les langues des hommes peuvent-elles faire taire la voix de Dieu ? » (Lettres, Solesmes 1991, p. 237)

Rien n’est bon comme de devoir davantage s’appuyer sur Dieu, sur la foi, sur l’éternité. La fonction de l’épreuve : rien ne nous fait traverser le moi et joindre Dieu autant que de lui demeurer attaché au milieu de l’épreuve.

Sports et travail manuel Dom Delatte lança l’usage de la bicyclette et nous savons que cela fit un peu scandale chez les bonnes gens du bourg. Il faisait des tournois d’escrime ; il avait ses après-midi de tennis à Quarr. Tout au long de son abbatiat, c’était principalement le travail manuel – et un travail de force – qui permettait à Dom Delatte de se détendre et de dépenser son surplus d’énergie physique.

Un homme fait pour être heureux Dom Delatte n’aimait pas voir autour de lui des mines figées ou renfrognées, surtout chez les plus jeunes. Un maître des novices, qui trouvait sans doute que son Père abbé n’était pas assez sérieux, entreprit de réformer le Noviciat. Le Père Abbé ne fut pas long à réagir ; il prit lui-même le noviciat en mains et pouvait écrire à Dom Cabrol : « Le Noviciat va très bien… La figure a changé. Ils sont dégelés, ils vivent. Je n’en crois pas mes yeux. Ils descendent sur le derrière – moins vite que vous – la pente de la Poulie que vous connaissez… »

Le mystique « Le Père Abbé avoue souvent son impuissance à exprimer ce qu’il voudrait dire des ineffables réalités qu’il contemple… mais il arrive à redonner une vie nouvelle à des mots usés, et, de ses lèvres, venant de son cœur, jaillissent des paroles dont on se demande comment elles ont pu être prononcées en public… en particulier les magnifiques passages des commentaires de l’épître aux Éphésiens et du chapitre 8e de l’épître aux Romains. Bien des auditeurs en avaient les larmes aux yeux, tout comme le Père Abbé lui-même. Pierre van des Meer écrit : « Quand le Grand Père Abbé prononce des mots comme « la Tendresse » et que ses yeux se mouillent et vous regardent, on se sent tout bouleversé… Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait et nous découvrait les Écritures ? » (Dom L. Régnault)

Maintenant, libérés du péché, vous êtes serviteurs de Dieu… …il suit de là que lorsque j’appartiens sans trêve, sans réserve, sans limite, sans retour à l’éternelle beauté ; lorsque je suis captif et prisonnier de la tendresse, attaché par le centre même de ma vie ; lorsque j’aime, lorsque j’aime vraiment, et que l’on pourrait bien m’arracher l’âme, mais non pas de mon âme arracher mon amour, lorsqu’il n’y a plus pour moi qu’une pensée, un vouloir, un désir, un amour, et que j’ai échappé à tout pour être livré sans fin, dans le temps et dans l’éternité, à celui qui s’est emparé de moi : ah! laissons dire le monde : oui vraiment, c’est alors que je suis libre, simplement parce que je suis à Dieu. Et si cela est, mon Dieu, en moi et en tous ceux que j’aime, gardez-le ; et si cela n’est pas encore, ô mon Dieu, en moi et en tous ceux que j’aime, je vous sen supplie, achevez-le, vous qui pouvez toute chose…  …car ce n’est ni être libre, ni même vivre que n’être pas à vous !

Il (le Père) nous a destinés à devenir pour lui des fils, en Jésus Christ, à la louange de la gloire de sa grâce… Eph 1, 5 J’aime mon néant passionnément. (…) Je demanderais volontiers à notre Dame et Mère qu’elle me prête son cantique…quia respexit humilitatem ancillae suae… et si au milieu de cette joie, mon Dieu, s’il pouvait se glisser l’ombre d’un regret, mais il n’y en a pas, c’est de n’avoir pas consenti à ce que je sois un petit moine, silencieux et vivant dans un petit coin, même sans un petit livre, uniquement occupé à regarder de toute son âme, cette tendresse qui est en vous, et à s’y perdre tout entier !

Ce qui caractérise les commentaires faits par le Père Abbé sur les épîtres de saint Paul, c’est leur approche : Dom Delatte en fait le lieu privilégié d’un enseignement sur la vie spirituelle destiné à ses moines et moniales. En les mettant en contact avec l’âme de l’Apôtre, avec le Christ aimé par saint Paul, il leur montrait le chemin de la liberté intérieure. Une expression revient, un leitmotiv qui exprime cette attitude de liberté, capable de défier toute éventualité : Tout peut venir. Qu’il arrive n’importe quoi, qu’est-ce que cela peut me faire ?

Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d'en haut N’ayez jamais de tristesse. C’est faire honneur au Seigneur que d’être heureux toujours et invinciblement, pour le très simple motif qu’il est heureux et qu’il est avec nous. Les événements extérieurs, quels qu’ils soient, ne changent rien à Dieu, ni à ce que nous sommes devant lui. Notre vie intérieure, et notre être spirituel, dans leur développement, sont affranchis de tout ce qui arrive. Nous sommes, nous serons éternellement devant lui et pour lui ce qu’a fait de nous notre baptême, notre profession, et la forme toute personnelle de grâce qui nous a été donnée. Nous porterons éternellement le nom que Dieu nous a donné. Nous serons éternellement ce qu’il nous a faits.

Les événements extérieurs n’ont pas de prise sur ces réalités spirituelles qui, de leur nature, sont hors d’atteinte. N’ayez pas de tristesse : saint Benoît, et moi, nous vous reconnaîtrons éternellement. Nous avons le Seigneur, nous avons notre âme et sa grâce, nous avons l’éternité : tout est bien. Nous serions démesurés à vouloir davantage.

Ceux qui vivent de Dieu sont affranchis de toute souffrance chétive. Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut (Col 3, 1) L’hommage le plus délicat que nous puissions offrir à celui qui vit en nous, c’est que près de lui rien ne puisse plus nous atteindre. Regardez bien attentivement les formules liturgiques de ces jours-ci pour que l’âme échappe à tout le créé : Le Christ est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. (2 Cor 5, 15)

Il n’y a rien au monde que lui. Nous n’avons rien ici-bas à regarder que lui. Ne nous laissons distraire ni divertir par quoi que ce soit au monde. Cela est possible. Dieu est esprit : il est si souple, si pur, si fluide, qu’il peut se répandre sur tous les instants de notre vie, comme un parfum : pourquoi ne serions-nous pas sans cesse attentifs à celui qui ne s’éloigne jamais ?

… nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en cette même image…(2 Co 3, 18) « Ce qui est remarquable, c’est que notre transformation est, selon saint Paul, attachée à ce regard tourné vers la gloire de Dieu. Ce n’est pas ainsi pour toutes choses : de voir et de regarder l’Apollon du Belvédère ne nous embellit pas. Mais la beauté surnaturelle est attrayante, transformante. Nous fixons en nous ce que nous regardons avec l’âme tout entière… Ce n’est pas une question de travail, ce n’est pas une question d’industrie, un effort à bras tendu. Il s’agit de prendre doucement notre âme, et obstinément de la replacer en sa région, en sa patrie, en face des vraies réalités. » (inédit)

Nous avons la paix avec Dieu par le Christ. Cette paix, nous l’avons, non de notre fait, mais par Notre Seigneur Jésus Christ parce qu’il est Médiateur parce qu’il est Rédempteur parce que nous sommes en lui et que nous vivons de sa vie. Nous faisons, pour Dieu, partie intégrante de Notre Seigneur Jésus Christ. Et partant, nous sommes aimés de lui. La paix : c'est une disposition normale et prescrite. Je suis à Notre Seigneur Jésus Christ et par lui je suis à Dieu. Tout peut venir. Je ne suis pas quelqu’un pour posséder. Je suis quelqu’un pour recevoir toujours, et n’avoir que ce que je reçois, et ce qu’on me maintient… Et c’est pour cela que je suis toujours petit, toujours à peine né, toujours attendant mon jour de naissance mon Noël à moi. (inédit)

Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l'Esprit de Dieu… …qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu (Rm 8, 14) Nous ne sommes vraiment nous-mêmes que lorsque nous sommes à Dieu ! La vraie forme de l’activité surnaturelle : se laisser conduire par l’Esprit de Dieu. C’est la vraie liberté. Est-ce vraiment intéressant ce à quoi nous devons renoncer pour appartenir pleinement à cette influence de Dieu ? C’est notre profession : Suscipe me Domine, secundum eloquium tuum et vivam. Recevez-moi, Seigneur, selon votre Parole, et je vivrai.

l’appellent affectueusement Le « Grand Père Abbé »  En 1920, sa démission acceptée, Dom Delatte laisse le gouvernement de son monastère à Dom Cozien qui lui succède ; deux ans plus tard, en 1922, il rentre à Solesmes avec la communauté et y demeure jusqu’à sa mort, en 1937. Les moines l’appellent affectueusement le grand-père abbé, le Grand Père Abbé, au double sens du terme. Ils continuent à aller le voir, et même quotidiennement pour certains d’entre eux, entrant sans frapper, car on n’a jamais frappé à la porte de Dom Delatte. On entrait…

Confidences Que de fois mon oraison a consisté à regarder les cinq lettres de ce nom-là : JÉSUS. La vie éternelle, ce n’est pas seulement la vie de l’éternité, la vie après la mort. La vie éternelle, nous la portons depuis notre baptême, en nous, dans le sanctuaire de notre cœur. La vie éternelle, c’est une révélation de Dieu tel qu’il est, de Dieu en trois personnes : c’est l’union et l’entrée dans la vie de Dieu par la communion vivante à Notre Seigneur Jésus Christ, qui est de la Trinité, lui, et qui nous y emporte et nous y introduit avec lui. (Lettres, 134)

Lorsqu’un novice allait confier ses peines… Ce n’est rien, mon petit enfant, ce n’est rien. Je vous le dis de la part du Seigneur, ce n’est rien. Regardez ailleurs, n’y pensez plus, il n’y a pas de problèmes, pas de tristesses, pas d’états d’âme. Il n’y a que le Seigneur Jésus. Dites-lui sans cesse : Mon Seigneur et mon Dieu, je crois en vous, j’espère en vous, je vous aime de tout mon cœur. Il n’y a que le Seigneur, et il est là toujours…

Les Moines bénédictins de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes Texte des chants : Alleluia : Le Christ ressuscité des morts ne meurt plus, la mort n’a plus sur lui aucun pouvoir. Offertoire : Jubilez pour Dieu, terre entière, chantez pour son Nom ! Chant : Les Moines bénédictins de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes Textes : Dom Paul Delatte Dom Augustin Savaton Dom Lucien Régnault www.sm2m.ca Site, cliquez: Pour nous écrire, cliquez info@sm2m.ca Autres diaporamas monastiques, cliquez : http://www.sm2m.ca/popup.asp?s=4&ss=5&sss=1 Montage : Les Moniales bénédictines de l'Abbaye Sainte-Marie des Deux-Montagnes (Canada) 2009