Emmanuelle Laplanche François Cordonnier

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Transcription de la présentation:

Emmanuelle Laplanche François Cordonnier Congrès des UCSA Bordeaux 29 Janvier 2010 Dépistage du CCR à la Centrale de Poissy: action d’éducation à la santé Emmanuelle Laplanche François Cordonnier

Le personnel médical de l’UCSA  1 secteur somatique 4 IDE somatiques 1 médecin généraliste, coordinateur 2 dentistes 2 kinésithérapeutes Plusieurs intervenants spécialistes (ophtalmo, orl, méd. du sport, gastro.)  1 secteur psychiatrique 2 IDE psychiatriques 2 psychiatres 3 psychologues

Intérêts du dépistage à la Centrale de Poissy (1) Quelques chiffres : Incidence annuelle mondiale du CCR: 1 million et 500 000 décès par an en France : pays d’Europe où l’incidence annuelle est des plus élevée soit : 37413 après sein 62245 et prostate 49814 devant les poumons 30651 Incidence qui augmente depuis 20 ans, 26470 en 1985 à 37413 en 2005 (+ 50%) 2ème cause de mortalité par cancer après le poumon Dépistage de la population entre 50 et 74 ans car dépiste 52 % des CCR et plus le dépistage est précoce meilleur est le pronostic

Intérêts du dépistage à la Centrale de Poissy (2) Population concernée  230 détenus à Poissy  58 détenus entre 50 et 74 ans soit 25% de la population pénale de Poissy Début de la campagne de dépistage fin 2008

Intérêts du dépistage à la Centrale de Poissy (3) Mission de prévention individuelle touchant 25% des détenus de la Centrale de Poissy, les autres actions collectives touchent environ 33% des détenus au mieux.  dans le même temps qu’à l’extérieur, notamment des campagnes d’information relayées par les médias  prévention individuelle nouant un dialogue différent avec le patient-détenu

Organisation du dépistage (1) Dans la vie en dehors des murs : Campagne d’information nationale de la population générale par les médias précédée de formation auprès des médecins généralistes 1 er envoi avec étiquettes pour se rendre chez son médecin généraliste qui remettra/expliquera les tests Hémoccult II Rappel par courrier 3 mois après si non fait Rappel et envoi kit 6 mois après si non fait Si test positif : coloscopie proposée

Organisation du dépistage (2) Dans la vie entre les murs: (entre octobre 2008 et mars 2009)  Le personnel médical : Information / formation du personnel médical par rapport au dépistage du CCR dans la population générale par les tests Hémoccult II dès septembre 2008  Les patients-détenus: 1 - Information par affichage 2 - inscription pour étiquettes auprès ADMY 3 - remise kit de dépistage après exclusion des « temporaires » ou « définitifs » en fonction atcd 4 - retour du kit et envoi 5 – relance si besoin

Organisation du dépistage (3) L’entretien lors de la remise des kits de dépistage a concerné tous les 58 patients-détenus de la tranche d’âge Temps certain; expliquant de nouveau le bien fondé et comment pratiquer ce test En effet, le test n’est pas forcément très simple à réaliser car le patient doit effectuer lui-même deux prélèvements de selle, sur trois selles différentes (soit 6 prélèvements au total) et déposer ces échantillons sur des plaquettes en carton.

Résultats du dépistage (1) Sur 58 patients concernés  8 refus  7 exclus (en fonction leur ATCD) Sur 43 kits distribués  6 non rendus même après relance  37 tests effectués ( 33 Hémoccults II + 4 recueils classiques directs des selles ) Donc 37/51 = 72,5 % de patients-détenus dépistés

Résultat du dépistage (2) Sur les 37 tests effectués :  35 résultats négatifs  2 résultats positifs ( 2 coloscopies acceptées retrouvant 1 polype + 1 à refaire pour cause de mauvaise préparation refusée à ce jour)

Analyse des résultats (1) 8 tests en tout à refaire, (et 1 fois: 3 fois) sur les 37 patients, soit 21,6°/o , alors que dans la population générale le taux de tests non analysables est de 3,8°/o seulement. On propose plusieurs hypothèses à cette mauvaise rentabilité : des explications insuffisantes et/ou mal adaptées données aux patients par l'équipe soignante Une capacité de compréhension parfois altérée chez certains de nos patients l'absence d'intimité de la vie carcérale qui majore la difficulté à réaliser le test  

Analyse des résultats (2) 2 résultats positifs, élevés car l’on pouvait s ’attendre à trouver 2 à 3 % de positif comme dans la population générale soit 1 résultat positif au maximum, mais population étudiée tellement petite… Par contre avec 72,5 % de participation on peut espérer réduire la mortalité de près de 30 % au moins ( dans population générale,50 % participation = réduction mortalité 20% et pour 100% participation réduction de 40 %) mais encore population étudiée tellement petite…

En parallèle proposition du PSA Concerne la même tranche d’âge Inspirée de l’enquête Fado-sein… qui est vérifiée par les résultats suivants Sur 58 personnes  56 dépistages (96%)  1 résultat anormal  2 refus Mais non associé au T.R. qui est souvent un frein dans ce milieu un peu plus qu’ailleurs

Conclusion (1) Plus les actions de prévention dans le cadre d’éducation à la santé sont simples plus la population concernée adhère que ce soit en milieu carcéral ou non, ici PSA simple prise de sang participation à 96 % Malgré la relative difficulté de réalisation du test de dépistage du CCR , la participation de 72,5% est satisfaisant puisque dans la population générale le taux de participation moyen s'élève aujourd'hui à 42% et est notamment plus important chez les femmes que chez les hommes

Conclusion (2) Ressentis positifs des patients-détenus : Dépistage dans le même temps que la population générale : amélioration de l’image générale de l’UCSA et renforcement de la relation de confiance que nous tentons d’instaurer. La mise en place d’entretien individuel autour du questionnaire a permis de créer un dialogue autour de la santé en générale (questionnement sur leurs peurs notamment) et que le patient-détenu s’inscrive alors dans une démarche de soin autonome.

Conclusion (3) Bénéfices pour le patient-détenu :  Outre l’intérêt médical, le patient-détenu y trouve d’autres bénéfices dont celui d’être reconnu, considéré et traité comme un être humain. Il est plus susceptible alors de développer et consolider une estime de soi.  On peut aussi supposer, que de les inclure,(même en les prenant par la main), dans un projet concernant toute la population, peut leur permettre d'investir ou de réinvestir une place au sein de l'ensemble de la communauté humaine. Ces hypothèses alimentent un des questionnement de la posture soignante en prison : entre maternage excessif, (qui mène à l'infantilisation) ou attention et reconnaissance particulière portée à chacun, (qui mène à l'autonomie). La marge de manœuvre est étroite et il n'est pas toujours facile de trouver « la place juste », dans notre exercice quotidien de soin en milieu carcéral.

Conclusion (fin) Ces actions de dépistage à maintenir régulièrement comme hors les murs permettent au patient-détenu de:  réinvestir sa santé, se la réapproprier pour la poursuivre le jour de sa sortie  retrouver une place parmi la population générale Au total c’est certainement participer à une meilleure réinsertion de la personne détenue.

Merci de votre attention