Lhistoire. Les différents significations du concept : Lhistoire comme récit fictif ou véridique Lhistoire comme discipline : létude du passé humain LHistoire.

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Transcription de la présentation:

Lhistoire

Les différents significations du concept : Lhistoire comme récit fictif ou véridique Lhistoire comme discipline : létude du passé humain LHistoire ou la réalité historique : lévolution et le devenir des sociétés humaines L'histoire (le travail des historiens) fabrique des histoires (des récits) de l'Histoire (du devenir historique déjà réalisé).

I- pourquoi sintéresser au passé ? 1- intérêt intellectuel : doù venons-nous ? a-la conservation du passé b-la compréhension du passé c- où allons-nous ? Le problème du sens de lévolution humaine 2- intérêt pratique ? a- les leçons de lhistoire ? b- la mémoire collective - élément fondamental de la culture - mémoire et politique linscription de laction collective dans une évolution historique.

II- lhistorien peut-il être objectif ? Histoire et interprétation 1- établir les faits interprétation suggère subjectivité et pluralité des versions possibles contre cela il y a les faits, que lhistorien ninvente pas reconstituer les faits passés : - par les vestiges - les témoignages On reconstitue le fait initial à partir de ses effets matériels (vestiges) et mentaux (sur les témoins contemporains) ex : les soldats de la Wehrmacht se sont arrêtés devant Moscou en 41. On parle parfois dinterprétation ici. Mais ici elle peut être univoque et objective. Comme celle du médecin qui « interprète » les symptômes pour trouver la maladie.

2- expliquer les faits passés Expliquer le fait en le reliant à dautres faits ou circonstances qui lon produit. Il sagit là de recherche de causes. Ex : pourquoi la Wehrmacht a perdu la campagne de Russie ? causes « naturelles » : les soldats de la Wehrmacht se sont arrêtés devant Moscou à cause de lhiver rigoureux ; politique russe de la terre brûlée ; problèmes géographique du ravitaillement, etc. En ce sens, lHistoire est faite de faits objectifs qui concernent la nature et lhomme, mais pris en tant que simple être naturel. On étudie dailleurs en histoire des éléments naturels : événements physiques, études démographiques, évolution du climat.

3- modèle interprétatif contre modèle explicatif Pourtant, lhistoire ne se contentent dexpliquer les faits. Elle en cherche aussi le sens. Comprendre ce sens, cest comprendre la pensée consciente, les représentations qui animent et motivent ces actions. Lorsque lenquête scientifique porte sur une réalité humaine, sur des actes qui sont le produit de subjectivité, on parle de compréhension, pas seulement dexplication. Le philosophe allemand Dithey est à lorigine de la distinction entre expliquer et comprendre (erklären / verstehen), communément admise aujourdhui en philosophie. Mais cest surtout Max Weber qui développe en sciences humaines des méthodes fondées sur la notion de compréhension.

les événements ont un sens, en fonction des croyances et intentions des acteurs historiques. Ex : Pourquoi la campagne de Russie a-t-elle échouée ? léchec de lentreprise doit être pensé aussi à partir...des intentions et croyances des grands hommes historiques : la volonté dHitler était déjà un projet délirant ; il a cru quil pourrait faire mieux que Napoléon parce que lui avait lu Clausewitz, etc.... Les acteurs secondaires... le moral des troupes : comment les soldats perçoivent leur situation ? Plan initial de lopération Barbarossa

Il ne peut considérer le passé humain comme une simple chose. Parce que lhistoire est histoire humaine, elle fait intervenir des sujets humains, des êtres capables de pensées et dintentions, qui agissent en fonction de celles-ci. On ne peut pas traiter le fait historique (ex : la bataille de Moscou) comme un simple fait naturel, objectif (descriptible en termes matériels, du genre : trois bombes posés aux coordonnées xyz, mouvement de foule vers les coordonnées xyz, puis émission sonore dun certain mobile agent, relayé via des ondes radio, reçu par les agents ABC, aux coordonnées...). Un fait historique est bien un fait naturel, mais il est aussi constitué de croyances humaines, dintentions, de réactions relatives à des croyances... et tout cela, pour être compris, doit être interprété. Il faut interpréter les croyances et intentions subjectives à partir de marques extérieures, des actions et des discours des acteurs.

Rendre compte de la Shoah : comprendre l es raisons qui ont poussé les nazis à cette entreprise (programme de la solution finale, idéologie nazie ) Linterprétation a donc plusieurs niveaux superficiels/profonds. Elle peut en outre se faire de plusieurs points de vue. ex : point de vue esthétique: le traitement matériel et iconique des corps par le nazisme Extrait dun film de Leni Riefenstahl, cinéaste au service du régime

Cest parce que lobjet historique est constitué de subjectivité que la connaissance de lhistorien ne peut pas être purement naturelle, objective. Connaître cela, cela se fait par la « compréhension », par linterprétation : qua voulu dire Hitler par cet acte ? qua-t-il voulu faire ? etc. Tout cela a été mis en valeur par le philosophe Paul Ricœur et lhistorien Paul Veyne.

Lobjet de lhistoire existe-t-il vraiment indépendamment de lhistorien ? - Les faits historiques : contre la position positiviste primaire Aron : « dans une large mesure, cest Thucydide qui a crée lunité de la guerre du Péloponnèse : cest lui qui a pensé que la première partie de la lutte entre Athènes et Sparte, puis larmistice de Nicias, puis la dernière partie de la guerre ne constituaient quun événement unique, la bataille du Péloponèse » -Les faits historiques sont relatifs à une époque - conception des Annales - synthèse par X et la notion

4- la dimension subjective de linterprétation en sciences humaines Quest-ce quêtre objectif pour un scientifique ou plus généralement pour celui qui prétend connaître ? Il faut se débarrasser du caractère particulier, subjectif de notre jugement en suivant des procédures capables de garantir un jugement objectif. Durkheim a raison de souligner que le chercheur en sciences humaines doit... mettre de côté ses « prénotions », la manière ordinaire et spontanée quil a de comprendre les faits sociaux (ex: le suicide)... Plus généralement, le chercheur doit faire preuve dune certaine « neutralité axiologique » : ne pas juger au sens du jugement de valeur (Durkheim : la criminalité est « normale »; en histoire: on na pas à juger lesclavage chez les grecs: on doit comprendre pourquoi la société grecque fonctionne ainsi).... Il doit mettre entre parenthèse ses intérêts, ses sentiments (admiration, amour, haine...)... sen tenir à des méthodes rigoureuses, scientifiques : recueil de données, preuve empiriques (pour établir des faits), méthode dinterprétation rigoureuse pour reconstituer les faits; tout cela nous rend capable de produire un savoir universel, partageable par tous.

Mais si lon cherche à connaître une réalité humaine, doit-on évacuer toute subjectivité, pour adopter un regard purement objectif ? Si le passé est fait par des sujets humains, qui donnent sens à leurs actions, alors on ne peut pas le considérer simplement « comme une chose ». La connaissance historien ne peut être purement objective au sens où il doit comprendre des actions, des intentions et des croyances subjectives. Or, cela ne peut pas de faire dun point de vue absolument extérieur, du « point de vue de Dieu ». Cela suppose avoir soi-même des intentions, des croyances subjectives, et même des valeurs. La difficulté du travail dhistorien est quelle soit être objective alors même quon ne peut effacer complètement notre subjectivité. Thèse de Raymond Aron (weberien français) : lobjectivité scientifique, en histoire, est limitée. Puisquon a pas affaire à de simples objets, lhistorien, en tant quhomme, ne peut pas complètement seffacer devant lobjet détude, comme le doit le scientifique. Le scientifique doit seffacer, être purement objectif, expliquer les faits tels quils sont. Lhistorien ne peut pas mettre entre parenthèse sa subjectivité : pour comprendre les représentations dun acteur historique ou social, il faut pouvoir soi-même avoir des représentations analogues aux siennes.

Les concepts historiographiques : - des concepts ordinaires de la culture : parti; bataille; charrue; esclavage - des concepts forgés par les sciences humaines, y compris lhistoire (capitalisme; Etat; révolution…) - des concepts universels en historiographie : événements; époques; histoire

De la même manière pour les faits sociaux. Il faut conserver un sens des valeurs et des normes pour pouvoir comprendre lobjet social, qui est lui-même fait dacteurs qui se représentent des valeurs et des normes. Il ne sagit pas dapprouver le suicide du général, en comprenant que cest bien. Mais il faut comprendre que lacteur a pu juger cela bien. Pour cela, il faut soi-même (sociologue) disposer dun sens des valeurs (=Un extra-terrestre ne pourrait pas comprendre ce quest une pratique sociale). Weber contre Durkheim. Pour comprendre les phénomènes sociaux, les représentations subjectives des individus, il faut encore rester humain, être soi-même un sujet, avec des croyances et des valeurs. La connaissance de lhomme est une relation de sujet à sujet

La compréhension est engagée : pour comprendre une culture humaine, passée ou étrangère, nous devons la comparer à la notre : comme traduire les discours étrangers, cest traduire dans notre langue, donc dans la forme de vie sociale qui la soutend. Par exemple, supposons que nous exprimions la règle morale des protestants en français « tu ne dois pas consommer le fruit de ton travail », La traduction est une certaines transformation. Elle peut être une déformation:... chaque terme est traduit et donc transformé (de « Beruf » à travail)... cest exprimé dans le « style » (à la manière de) et dans la forme de nos règles morales. Avec notre tournure « tu ne dois pas... » Nous ne pouvons pas faire autrement que de traduire. La qualité du travail dinterprétation dépendra donc de la qualité de la traduction. Nous pouvons faire une bonne traduction. Mais toute traduction se fait dans notre langue : elle se fait du point de vue de notre culture. Louis Dumont pense lethnologie comme une traduction de leur formes de vie dans nos formes de vie. Voir la préface des Essais sur lindividualisme.

III- lHistoire a-t-elle un sens ? A- lHistoire suivrait une évolution et une direction nécessaire Nous vivons dans lhistoire, que lhistorien étudie dans son détail. Mais lhistorien se spécialise dans une époque. Au-delà du détail de lhistoire, y a-t-il une logique qui œuvre dans lhistoire, qui la mène dans une direction, voire qui la conduise vers une fin ? 1-conception dun progrès continu et cumulatif 2- les crises et leur conceptualisation par Hegel / Marx : la dialectique

3- le sens de lhistoire : le progrès de la liberté et de la raison a- conception hégélienne Lhumanité, la civilisation dans son ensemble obéisse comme à leur insu à un mouvement général, inscrit au plus profond de leur être. Lhomme est une être doué de liberté, animé par des besoins spirituels qui oriente son action individuelle, et collective (semi-inconsciente). Ce quil cherche, cest retrouver lempreinte de la personne dans ce qui lui est étranger. Dabord dans la nature, mais surtout dans la considération dautrui. Lhistoire politique et géopolitique (mais aussi technique, artistique, etc.) est lhistoire du procès dialectique de cette reconnaissance de la personne humaine. Lhistoire politique est lhistoire de lavènement de la liberté de lindividu dans la collectivité, synthèse entre lindividualisme moderne et le holisme antique : lEtat libéral moderne Comment Napoléon a conduit la civilisation de la liberté par ses conquêtes. b-conception marxiste

B- la contingence dans lhistoire 1- Certains faits récents ont fragilisé les théories du sens de lhistoire : - La seconde Guerre Mondiale et Auschwitz -La crise écologique 2- Lévi-strauss et la dénonciation de la notion d Histoire universelle (race et histoire)

C- un sens de lhistoire doit être postulé Si lon ne croit pas à la possibilité dun progrès de lhumanité, peut-on encore agir dans le sens éthique requis ? Par exemple, laction écologique suppose une certaine croyance en la possibilité de se sauver de la crise écologique.