Les Editions de la Toile présentent Photographies et texte LYON Place des Terreaux LA FONTAINE BARTHOLDI 11 janvier 2010 Photographies et texte de Jean-Paul BARRUYER
LA BELLE PLACE DES TERREAUX, LA PLUS HISTORIQUE DE LYON… Qu’est-ce qu’un terreau ? Il s’agit d’un fossé de terre longeant les fortifications séparant autrefois la Presqu’île de la colline de la Croix-Rousse. C’est tout près d’ici que se trouvait le confluent avec la Saône à l’époque romaine. Ce fossé fut comblé au XVIe siècle pour en faire une place publique où se tenaient le marché aux porcs ainsi que les exécutions capitales. En 1642, le marquis de Cinq-Mars, ainsi que son ami de Thou, furent décapités en présence d’une foule de spectatrices venues voir tomber d’aussi jolies têtes. Le premier était le favori de Louis XIII, mais ayant tous deux comploté contre le Premier ministre Richelieu avec l’aide de l’Espagne, ils furent arrêtés sur ordre du roi et jugés rapidement. Durant la Révolution, c’est sur cette place qu’on installa la guillotine qui n’a guère chômé à Lyon au cours de cette période sombre, parfois jusqu’à 50 têtes par jour, car la capitale des Gaules était une ville contre-révolutionnaire opposée à tout ce qui était imposé par Paris et qui ruinait son industrie florissante. Pour cette position, elle fut durement réprimée dans le sang par l’armée envoyée par le pouvoir révolutionnaire pour l’anéantir. Cette place, bien que nettement moins étendue que celle de Bellecour (cette dernière est la plus vaste de France avec celles des Quinconces à Bordeaux et l’une des plus grandes d’Europe), est celle qui est la plus chargée d’histoire et la plus majestueuse par ses monuments au nombre de trois : l’Hôtel de Ville, le Palais Saint-Pierre (tous deux d’inspiration italienne) et la fontaine Bartholdi. Elle est l’un des points de rassemblement des Lyonnais au pied de la colline de la Croix-Rousse et au début de la presqu’île qui s’étend plus au sud. C’est également l’un des sites les plus prisés à l’occasion de la Fête des Lumières du 8 décembre. Sur le côté Est de la place figure l’Hôtel de Ville ou mairie centrale (outre les 9 mairies d’arrondissement) construit par Simon Maupin de 1646 à 1655. Mais peu de temps après, en 1674, sa façade est détruite par un incendie. C’est Jules Hardouin-Mansart, le grand maître qui oeuvra à Versailles pour Louis XIV, qui en dirige la reconstruction. Sa cour d’honneur intérieure est remarquable avec ses deux niveaux séparés par un majestueux portique en hémicycle. Sur le côté Sud, le Palais Saint-Pierre ou Palais des Beaux-Arts des XVIIe et XVIIIe siècles, bâti sur une ancienne abbaye bénédictine pour dames recrutées dans la haute noblesse. Il fut transformé en musée, ouvert au public dès 1804 et richement doté dès la période napoléonienne de collections d’Etat remarquables, marquant ainsi l’attachement tout particulier que l’Empereur avait pour la ville de Lyon. Il est aujourd’hui le plus riche musée généraliste de province, d’où son surnom de « petit Louvre ». Il faut aussi prendre le temps d’aller rêver sur un banc dans son merveilleux jardin intérieur ouvert au public dans l’ancien cloître, lieu magique où règne un silence monacal interrompu seulement par le gazouillis des oiseaux qui s’ébattent dans les buissons et autour des statues de Bourdelle, Duret et Rodin. Enfin, sur le côté Nord, se trouve la fontaine Bartholdi, lyonnaise depuis 1892, tout près des cafés et restaurants dont les terrasses tournées vers le sud sont prises d’assaut dès les premiers rayons de soleil par une jeunesse qui vient lézarder dans cet univers particulièrement minéral, plaisir qu’elle partage volontier avec les pigeons…
LA CURIEUSE HISTOIRE D’UNE FONTAINE QUI A TOUJOURS EU LA BOUGEOTTE… La célèbre fontaine monumentale en plomb martelé a été inaugurée le 22 septembre 1892 sur la place des Terreaux, dans le 1er arrondissement de Lyon. Elle est l’œuvre du sculpteur Frédéric Auguste BARTHOLDI (1834-1904) dont les œuvres de style très académique ont été créées lors de commandes officielles et à travers lesquelles il exprimait ses sentiments patriotiques. Il est resté célèbre pour son « Lion de Belfort » (1880) taillé à même le roc, dont une réduction figure à Paris place Denfert-Rochereau, et surtout pour la statue de la « Liberté éclairant le monde » (1886) dans le port de New York, haute de 46 mètres, sur un socle de 31 mètres, et dont l’ossature métallique intérieure est de Gustave Eiffel. Une réduction de cette dernière statue figure aussi à Paris, pont de Grenelle, près de la Maison de la Radio. La fontaine Bartholdi de la place des Terreaux était à l’origine destinée à la ville de Bordeaux et devait s’appeler « Char de la Garonne ». Elle représentait une femme menant un quadrige figurant la Garonne et ses quatre affluents se jetant dans l’océan. Devenue trop chère pour Bordeaux après l’Exposition universelle de 1889 à Paris où elle figura, elle devint le « Char de la Liberté » et c’est finalement Lyon qui l’acheta. Ici, la dame sur le char représente tout simplement la France tirée par ses quatre grands fleuves. Les sabots des chevaux sont légèrement palmés, tels ceux d’un monstre marin. Le mouvement fougueux de cet attelage est particulièrement bien rendu : on croit voir avancer le char !… Dès son installation à Lyon, la fontaine s’appela « Les Sources et les Fleuves » et était positionnée au centre de la place, puis plus tard sur le côté ouest qui fait face à l’Hôtel de ville. La fontaine, qui pèse tout de même 21 tonnes, a été déplacée (définitivement ?) sur le côté nord de la place lors du réaménagement de cette dernière par Christian Drevet et Daniel Buren en 1994. L’architecte lyonnais et l’artiste parisien ont crée un ensemble ultramoderne de dalles grises, orné de 14 colonnes et de 69 (comme le numéro du département) minifontaines au niveau du sol, illuminées la nuit par des fibres optiques. Désormais, les chevaux se trouvent positionnés à mi-chemin des deux cours d’eau, parallèlement à eux et dans le sens d’écoulement du Rhône et de la Saône, du moins jusqu’au prochain transfert qui pourrait encore être décidé à l’avenir, sur cette même place ou peut-être même dans une autre ville… comme Bordeaux ! Jean-Paul BARRUYER Editions de la Toile, janvier 2010
Voici quelques photographies d’inégale qualité que j’ai prises à l’occasion de différentes éditions de la Fête des Lumières et qui rendent parfaitement l’atmosphère magique de cette belle place des Terreaux. Les sujets principaux, à savoir l’Hôtel de Ville, le Palais Saint-Pierre et la fontaine Bartholdi, y sont particulièrement bien mis en valeur…
jean-paul.barruyer@orange.fr