Catherine Delhoume Institut Polytechnique LaSalle Beauvais « Sociologie de l’environnement et problématique forestière. Quelle(s) contribution(s) ? » Catherine Delhoume Institut Polytechnique LaSalle Beauvais
Plan de l’intervention Introduction La sociologie de l’environnement en France Les recherches françaises sur la forêt. Des dynamiques plurielles. Les apports de la sociologie de l’environnement à la problématique forestière
Contexte actuel et fil conducteur de la présentation Environnement et attentes sociétales. Quel impact sur la gestion forestière et sur les recherches menées en sciences sociales ? Le cas français…
I. La sociologie de l’environnement en France Une « pluralité théorique » [Boudes, 2006] : L’héritage du rural, et l’analyse des dynamiques sociales et de la recomposition spatiale. Les processus sociaux à l’œuvre dans les transformations et consommations de « nature ». Les sociologies des sciences et des controverses scientifiques autour de l’environnement. L’interdisciplinarité et l’environnement. Un fil conducteur : une sociologie qui s’intéresse aux rapports société / nature.
I. La sociologie de l’environnement en France Le « rural », directement impacté par le renouvellement de ces grands axes thématiques… Quelle(s) vocation(s) pour la sociologie rurale aujourd’hui ? Pour M.Jollivet : une forte participation des « ruralistes » aux problématiques environnementales: Des préoccupations liées à l’agriculture, les ressources naturelles renouvelables, la qualité des produits agricoles et de l’espace rural.
I. La sociologie de l’environnement en France Une sociologie rurale / française en étroite correspondance avec les « questions de société ». Conséquence : une évolution du contexte social qui contribue à l’élaboration de nouvelles questions de recherche : Quelles recompositions spatiales à l’œuvre, pour quelles logiques territoriales ? L’analyse de nouveaux enjeux et de nouveaux conflits.
I. La sociologie de l’environnement en France Conséquence : nécessité de revoir la théorie et de proposer de nouvelles grilles d’analyse. Un milieu rural qui doit être pensé par rapport à d’autres systèmes (monde urbain, émergence de nouveaux acteurs « non agricoles » sur les scènes locales). Comprendre les conséquences de l’activité agricole sur les ressources naturelles qu’elle exploite et sur les milieux naturels dans lesquels elle s’exerce. Une ruralité qui s’inscrit dans une « globalité », par rapport aux recompositions territoriales à l’œuvre….
I. L’émergence de nouvelles notions et recherches La notion de « multifonctionnalité », et l’émergence de nouveaux axes thématiques : Le poids de la société et d’acteurs non-agricoles dans le processus de gestion de l’environnement. La gestion de la biodiversité. Les contraintes environnementales en agriculture… Exemples de recherches menées : La gestion locale de l’eau entre différents usagers. Evaluation des politiques environnementales locales. L’entretien du paysage.
I. L’émergence de nouvelles notions et recherches Parmi ces travaux : des recherches menées sur la forêt : Cf le Travail de B.Kalaora [1993] sur les loisirs en forêt. Une influence de l’évolution du contexte social et de la recherche sur les thèmes d’étude concernant la forêt : L’accueil du public en forêt. La gestion de la forêt dans une optique « Développement Durable ».
II. Les recherches françaises sur la forêt. Des dynamiques plurielles L’émergence d’une vision de la forêt aux intérêts multiples : Un rôle économique : fournir du bois. Un rôle écologique : maintenir les sols et protéger contre les risques d’érosion. Un rôle « social » : l’accueil des promeneurs. Un rôle « Développement durable » : des services environnementaux. Des valeurs marchandes et quantifiables, d’autres non marchandes et plus « qualitatives ».
II. Nouveau contexte et renforcement d’axes de recherche Le changement des « utilités forestières » [Buttoud, 2003] : L’émergence d’une nouvelle forme de ruralité liée à la défense de l’environnement et à la création de liens nouveaux entre villes et campagnes. Reconnaissance de l’intérêt écologique, économique et culturel de la forêt. Une forte demande de nature de la part de la population péri-urbaine. Une volonté d’assurer une biodiversité riche. Constat : la structure des espaces boisés évolue en fonction de l’utilisation qu’en fait l’homme, ainsi que de sa perception de la forêt.
II. Les recherches françaises sur la forêt. Des dynamiques plurielles Environnement, société et services non marchands : « Pour apprécier toute la valeur d’une forêt, il faut tenir compte à la fois de l’ensemble des services qu’elle rend (et qui sont susceptibles de disparaître) et des avantages potentiels ». La récréation : la forêt péri-urbaine. Un « désir » de nature exprimé par les citoyens. Transformation des pratiques sylvicoles. Programmes d’accueil du public.
II. Les recherches françaises sur la forêt. Des dynamiques plurielles Les services environnementaux : la biodiversité en question. Préserver la richesse écologique de certaines forêts. Quelles modalités de gestion choisir ? Compromis : une intervention humaine pour accompagner des processus naturels. La directive « Habitats, faune, flore » (Natura 2000) Mais des limites à cette gestion de la biodiversité en France, et des pratiques qui évoluent lentement. Evolution dans les années 1990 : une plus grande prise en compte des demandes sociales. Paysage et aménagement forestier.
II. Les recherches françaises sur la forêt. Des dynamiques plurielles Développement durable et forêt Une prise en compte conjointe de problématique écologiques et socioéconomiques. Associer de nouveaux acteurs aux processus de décision. Multifonctionnalité et risque. Comment gérer la forêt où l’avenir apparaît incertain ? Gérer la production de bois avec d’autres fonctions. Minimiser les risques en montagne. De nouvelles normes de gestion à élaborer…
II. Demandes sociales et forêt. Différentes phases dans la réflexion Trois grandes périodes [N.Lewis, 2006] : 1960-1980 : la forêt perçue comme un objet de consommation. Les années 1980 : Emergence du « souci » environnemental. Les années 1990 : La forêt, un espace qui doit être protégé. Des répercussions sur la recherche : Caractériser la société pour mieux connaître la demande sociale. Des enquêtes quantitatives mais aussi qualitatives. Relier l’imaginaire social, les représentations, les perceptions et l’action. Des aspects immatériels et matériels liés à l’étude de la forêt.
II. Exemples de recherche sur la forêt Place de la fonction récréative dans les forêts de la région Aquitaine, aussi bien publiques que privées (Cemagref Bordeaux). Analyse des processus de concertation Distinction des demandes des touristes et des résidents. Dynamiques sociales entre sociétés locales et ressources naturelles. Quelle gestion forestière, mesurer la valeur non-marchande de la forêt (Laboratoire D’Economie Forestière, Nancy).
II. Des recherches plus « économiques » Un constat : en France, « l’utilité de la production est affirmée comme prépondérante, car elle seule est considérée comme susceptible de financer le maintien des autres fonctions ». Conséquence : trouver un compromis entre toutes les utilités de la forêt. Un usage 1er : la production de bois, qui a toujours primé en France. Une utilité marchande : la récolte de bois pour les secteur des pâtes et des papiers.
II. Des recherches plus « économiques » Des études plus socio-économiques, avec une perception de la forêt dans une logique « productiviste ». Deux conceptions avec un angle d’attaque différent : L’une comme moyen d’obtenir des molécules pour l’alimentation, des matériaux de base, détachée de son territoire de production. L’autre, plus patrimoniale, valorisant les externalités positives, enracinée dans un territoire.
III. Sociologie de l’environnement et problématique forestière III. Sociologie de l’environnement et problématique forestière. Quelles convergences ? La pluralité des fonctions attribuées à la forêt. La gestion des risques Vers une co-gestion de la nature. Accent sur les services non-marchands de la forêt et émergence de nouveaux aspects sociaux de la foresterie. Concrètement : De nouveaux objectifs de gestion et de gouvernance forestière. Une filière bois durablement compétitive. Des démarches « territorialisées ».
III. Sociologie de l’environnement et problématique forestière. Quelles spécificités de la problématique forestière ? La dynamique économique du poids. La forêt comme lieu d’accueil et récréatif. Des termes et des problématiques réappropriés. Une forêt « multi-bénéficiaire » plutôt que multifonctionnelle. Prise en compte des propriétaires privés. Concilier dynamique marchande et aspects immatériels.
Une logique interdisciplinaire en construction… Conclusion. Quels prolongements de la question environnementale liée au domaine forestier ? La démarche systémique pour résoudre des problèmes liés à des systèmes complexes. Vers une approche résolution de problème. Une intégration du technique, du socio-économique et de l’écologique. Renforcement des enquêtes de terrain avec rétroaction sur les acquis théoriques. Une logique interdisciplinaire en construction…