Cadre de santé Expert en hygiène BIONETTOYAGE 26 octobre 2016 Arzu Tackin Cadre de santé Expert en hygiène CHU Raymond Poincaré
DEFINITION Procédure d’entretien et de désinfection de l’environnement hospitalier associant le nettoyage et la désinfection pour éliminer les salissures visuelles et microscopiques Applicable dans une zone à risque, Réduit momentanément la biocontamination d’une surface. Partie intégrante dans l’organisation des soins Perçu comme un indicateur de la qualité par les patients
BIOCONTAMINATION Contamination d’une surface d’un fluide ou d’un espace protégé par des micro-organismes Les micro-organismes sont présent sur les surfaces, dans l’eau mais également dans l’air les poussières : d’origine organique : débris de laine, poils d’animaux, cheveux, débris alimentaires.... d’origine minérale : sable, terre, craie, cendres, d’origine métallique : débris de métaux, véhiculées par le vent, l’air, les courants d’air : fumées, vapeurs grasses. Elles souillent alors les surfaces : noircissement des peintures, encrassement des vitres, altération des métaux,.... véhiculées par le brouillard et/ou par la pluie : les poussières sont alors retenues par les fines gouttelettes d’eau dans l’air.
BIOCONTAMINATION (2) Les poussières servent de moyen de transport pour les bactéries : 1 gramme de poussière peut contenir environ 1,5 millions de bactéries/cm3 Il est donc nécessaire de les éliminer ! Les poussières forment un dépôt plus ou moins adhérent : selon le degré d’humidité : les salissures restent collées après évaporation de l’eau ou des vapeurs grasses, selon l’état électrique : attraction électrostatique de certains supports.
BIOCONTAMINATION (3) Les taches : Ce sont des souillures d’origine accidentelle, plus ou moins imprégnées dans le support, parfois difficile à identifier. Elles sont classées suivant leur nature : taches grasses : huile, rouge à lèvres... taches maigres : origine protidique : sang, œuf...., origine glucidique : sirop, confiture... taches végétales : herbe, vin, café... taches chimiques : mercurochrome, iode... taches complexes : café au lait, sauce.... les oxydations métalliques : Les souillures font alors partie de l’objet lui-même : rouille, vert de gris....
PRINCIPE Le bionettoyage est obtenu par la combinaison de 3 éléments indispensables : Le nettoyage : détersion mécanique et chimique, L’élimination des salissures, L’application d’un désinfectant : les micro-organismes sont tués ou inactivés par l’application de produits désinfectants. L’association de produits détergent et désinfectant (DD) peut être utilisée pour simplifier la procédure de bionettoyage
CADRE REGLEMENTAIRE Code du travail –Article L 231-2 du titre 3 –Hygiène, sécurité et conditions de travail, § 2 : « les établissements et locaux mentionnés à l’article L 231-1 doivent être tenus dans un état de propreté ». Circulaire du 13 juin 1991 relative à la requalification des ASH : la requalification devra déboucher sur un élargissement de leur domaine principal d’activité (entretien hygiène) ; l’accent sera mis notamment sur leur participation aux tâches de désinfection ». Code de la santé publique, Décret n° 2004-802 du 29/07/04 relatif aux parties IV et V –Article R.4312.11 : « l’infirmier(e) respecte et fait respecter les règles d’hygiène dans l’administration des soins, dans l’utilisation des matériels et dans la tenue des locaux . . .dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier(e) est personnellement responsable des actes qu’il assure avec la collaboration des aides- soignant(es) et auxiliaires de puériculture qu’il encadre ».
CADRE REGLEMENTAIRE (2) 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales CTIN - Version 2 1999 (Reco 50) : « L’hygiène générale de l’établissement sera envisagé par le CLIN de façon systématique avec le souci de proposer les techniques qui présentent le meilleur bilan coût-efficacité… les activités les plus importantes à ce niveau sont les suivantes : l’entretien des locaux (sols et surfaces) avec en particulier la définition des zones nécessitant un nettoyant- désinfectant et l’établissement des fiches techniques d’entretien ».
CONDITIONS L’efficacité et la performance du bionettoyage dépend du choix : De la méthode, De la fréquence, Du matériel, Des produits adaptés selon la classification des locaux, Du respect des éléments du cercle de Sinner
CERCLE DE SINNER Action thermique Action chimique (détergent) Action mécanique (frottement) Temps d’action
CLASSIFICATION DES LOCAUX
RYTHME DE BIONETTOYAGE SELON LE NIVEAU DE RISQUE
REGLES Toujours du plus propre au plus sale : Toujours de l’extérieur des sanitaires vers l’intérieur Toujours du plus haut vers le plus bas ! Toujours du plus éloigné au plus central ! On ne désinfecte que ce qui est propre ! Pas de balayage à sec : 1 gr de poussière = 1 500 000 bactéries 1 microbe à midi = 10 milliards à minuit Balayage à sec = 85 500 bactéries/cm3/air Balayage humide = 7550 bactéries/cm3/air X 11
CHOIX DU MATERIEL Pour l’essuyage humide : Lavettes ou chiffonnettes A usage unique ou réutilisables, Pré imprégnées. Appareil à vapeur Pour le dépoussiérage des sols : L’aspirateur (uniquement en Z.A ) Balai trapèze Gaze à UU (pré-imprégnée), Franges humidifiées.
CHOIX DU MATERIEL (2) Pour le lavage manuel du sol : Chariot de ménage 2 seaux + presse, Bac de désinfection + grille égouttoir, Bac d’imprégnation, Balai de lavage à plat, Franges ou bandeaux, Balai réservoir. Pour le lavage mécanisé du sol : Monobrosse / rotobrosse, Autolaveuse, Appareil vapeur.
PRODUITS LES DÉTERGENTS : Agents de surface aux pouvoirs mouillant et émulsionnant élevés et au pouvoir moussant variable, Eliminent les salissures et les germes par action mécanique, Ne possèdent pas de pouvoir désinfectant, Doivent être rincés, Différents types de liquides : Neutres : pH = 7, lavage vaisselle, sols protégés, surfaces. Alcalins : pH > 7, lavage sols non protégés, décapage, dégraissage, récurage.
Exemple : bactéricidie = norme EN 104 PRODUITS (2) LES DÉSINFECTANTS : Produits ayant une activité microbicide* (bactéries, champignons, virus, spores), Testés dans des conditions définies (dilution, température, temps de contact, germes testés…) => normes Exemple : bactéricidie = norme EN 104 LES DÉTERGENTS - DÉSINFECTANTS : Combinent l’action des deux (DD), Agissent par action conjuguée : mécanique et chimique, Simplifient la tâche et permettent un gain de temps.
AUTRES PRODUITS Détartrant = produit fortement acide généralement utilisé en détartrage des sanitaires Désincrustant = produit faiblement acide utilisé pour ôter le voile calcaire des revêtements Détergent neutre = produit utilisé sur des sols protégés neutre ou sensibles aux produits alcalins Détergent alcalin = produit de nettoyage utilisé en l’absence de contre indication Dégraissant = produit fortement alcalin pour enlever les graisses. Décapant = produit spécifique utilisé pour le retour d’un revêtement à l’état initial
RECOMMANDATIONS PRODUITS Respect du dosage, Respect de la température, Respect de la dilution (remplir les bacs d’eau avant de verser le produit), Respect du temps de contact. Un seul produit à la fois, Transvasement interdit, Etiquetage et fermeture des flacons, Respect des conditions de conservation, Stockage dans un local fermé, Respect des dates de péremption.
PROTECTION DU PERSONNEL Port de gants de ménage (manchette longue), Port de lunettes de protection, Rinçage immédiat, soigneux à l’eau si projection .
PRECAUTIONS COMPLEMENTAIRES D’HYGIENE Bionettoyage de la chambre en fin de programme Spécifique parfois (Clostridium difficile) Elimination du linge : Double emballage selon décision du CLIN (Clostridium difficile, ERV. . .) Elimination des déchets : Filières DASRI ou DAOM selon décision du CLIN
CAS PARTICULIER C.DIFFICILE Le Clostridium difficile est une bactérie sporulée pouvant colonisée la flore intestinale de l’homme Elle peut être responsable de diarrhées La transmission s’effectue directement par manuportage ou à partir de l’environnement contaminé Pour désinfecter les surfaces, les sols, les sanitaires de la chambre d’un patient porteur de Clostridium difficile, il faut obligatoirement avoir une action sporicide utilisation d’eau de Javel
UTILISATION DE L’EAU DE JAVEL Pour bien désinfecter, l’eau de javel doit être utilisée : Seule (pas de mélange avec d’autres produits), Avec de l’eau froide, Sur des surfaces nettoyées et rincées. Protection du personnel : Port des lunettes, Port des gants de protection.
DILUTION DE L’EAU DE JAVEL
CAS PARTICULIER DE L’ASPERGILLOSE Maladie provoquée par un champignon appelé Aspergillus, Qui atteint les voies respiratoires (poumons), Pouvant donner la mort chez des patients fragiles. On trouve de l’aspergillus : Dans la poussière, Dans la terre, Dans les végétaux en décomposition, Dans les fientes de pigeons.
CAS PARTICULIER DE L’ASPERGILLOSE (2) Les patients à risque = Ceux dont les défenses immunitaires sont diminuées ! ex : greffés, transplantés, brûlés, cancéreux, traitements spécifiques (corticoïdes) . . . Présents prioritairement dans les services suivants : Oncologie, chirurgie cardiaque, néphrologie, immunologie clinique, réanimations, blocs opératoires . . . Mais aussi ponctuellement dans tous les autres services.
CAS PARTICULIER DE L’ASPERGILLOSE (3) Présence et remise en suspension des poussières dans l’environnement des patients : Par défaut de bionettoyage, Lors de travaux de proximité mal isolés. Respecter des procédures de bionettoyage établies entre l ’hôpital et le prestataire : nettoyage 2 fois par semaine des surfaces hautes des chambres pendant l’hospitalisation du patient (dessus de rampe lumineuse, haut de placard, grilles de ventilation, télévision…) avec une lingette humide. nettoyage approfondi des chambres des patients sortants.
CAS PARTICULIER DE L’ASPERGILLOSE (4) Pour éviter l’aspergillose : Respecter des procédures de maintenance technique et des travaux : effectuer l’entretien régulier des gaines et grilles de ventilation (services techniques + prestataire de nettoyage) assurer l’ isolation correcte d ’un secteur en travaux (fermeture du service par un mur d ’isolation technique)
CONCLUSION Le bionettoyage nécessite de réelles compétences. Chaque agent doit être formé en tenant compte de l’évolution des connaissances en hygiène hospitalière, des techniques et des matériaux La motivation (suscitée par la reconnaissance), l’implication et la responsabilisation de chaque agent sont gage d’une prestation de qualité
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