Champ discursif – formation discursive

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Transcription de la présentation:

Champ discursif – formation discursive Le champ discursif (par ex. le discours politique) se compose de plusieurs formations discursives (par ex. le discours communiste) en concurrence Les formations discursives (ensembles d’énoncés socio-historiquement déterminées relevant d’une entité énonciative) sont émises par une communauté discursive relevant d’un positionnement

Types de discours et genres de discours Type de d : par ex. Le discours télévisuel / journalistique, etc. Genre de discours: le talk-show, le reportage, l’interview

Deuxième étape: Benveniste Il lance une réflexion fondatrice sur : L’importance de la phrase et du discours Les pronoms personnels Les personnes verbales Les temps verbaux L’énonciation

« Coup d’œil sur le développement de la linguistique » PLG 1966 « Chaque locuteur ne peut se poser comme sujet qu’en impliquant l’autre, le partenaire qui, doté de la même langue, a en partage le même répertoire de formes, la même syntaxe d’énonciation et la même manière d’organiser le contenu. A partir de la fonction linguistique, et en vertu de la polarité je : tu , individu et société ne sont plus termes contradictoires, mais termes complémentaires »

« De la subjectivité dans le langage » PLG 1966 C’est dans et par le langage que l’homme se constitue comme sujet; parce que le langage seul fonde en réalité, dans sa réalité qui est celle de l’être, le concept d’ « ego »  Le langage n’est possible que parce que chaque locuteur se pose comme sujet, en renvoyant à lui-même comme je dans son discours. De ce fait, je pose une autre personne, celle qui, tout extérieure qu’elle est à « moi », devient mon écho à qui je dis tu et qui me dit tu.

La Phrase (1) – « Les niveaux de l’analyse linguistique” La phrase appartient bien au discours. C’est même par là qu’on peut la définir : la phrase est l’unité du discours. Nous en trouvons confirmation dans les modalités dont la phrase est susceptible : on reconnaît partout qu’il y a des propositions assertives, des propositions interrogatives, des propositions impératives, distinguées per des traits spécifiques de syntaxe et de grammaire, tout en reposant identiquement sur la prédication. Or ces trois modalités ne font que refléter les trois comportement fondamentaux de l’homme parlant et agissant par le discours sur son interlocuteur : il veut lui transmettre un élément de connaissance, ou obtenir de lui une information, ou lui intimer un ordre. Ce sont les trois fonctions interhumaines du discours qui s’impriment dans les trois modalités de l’unité de phrase, chacune correspondant à une attitude du locuteur.

La Phrase (2) La phrase est une unité, en ce qu’elle est un segment de discours, et non en tant qu’elle pourrait être distinctive par rapport à d’autres unités de même niveau, ce qu’elle n’est pas, comme on l’a vu. Mais c’est une unité complète, qui porte à la fois sens et référence : sens, parce qu’elle est informée de signification, et référence parce qu’elle se réfère à une situation donnée. Ceux qui communiquent ont justement ceci en commun, une certaine référence de situation, à défaut de quoi la communication comme telle ne s’opère pas, le « sens » étant intelligible, mais la « référence » demeurant inconnue.

La Phrase (3) Nous voyons dans cette double propriété de la phrase la condition qui la rend analysable pour le locuteur même, depuis l’apprentissage qu’il fait du discours quand il apprend à parler et par l’exercice incessant de son activité de langage en toute situation. Ce qui lui devient plus ou moins sensible est la diversité infinie des contenus transmis, contrastant avec le petit nombre d’éléments employés. De là, il dégagera inconsciemment, à mesure que le système lui devient familier, une notion tout empirique du signe, qu’on pourrait définir ainsi, au sein de la phrase : le signe est l’unité minimale de la phrase susceptible d’être reconnue comme identique dans un environnement différent, ou d’être remplacée par une unité différente dans un environnement identique. »

Les pronoms personnels Les pronoms ne sont pas une classe unitaire: certains appartiennent à la langue, d’autres au discours. Je/tu sont des personnes, il une non-personne Je: “l’individu qui énonce la présente instance de discours contenant l’instance linguistique je”; “je ne peut être identifié que par l’instance de discours qui le contient et par là seulement” Tu: “l’individu allocuté dans la présente instance de discours contenant l’instance linguistique tu” Je et tu fonctionnent de façon semblable à d’autres éléments du discours (démonstratifs, adverbes ici et maintenant, autres expressions temporelles)

« Le langage et l’expérience humaine », PLG 1977: les personnes « Tout homme se pose dans son individualité en tant que moi par rapport à toi et à lui. » (p. 67) « Ces pronoms sont là, consignés et enseignés dans les grammaires, offerts comme les autres signes et également disponibles. Que l’un des hommes les prononce, il les assume, et le pronom je, d’élément d’un paradigme, est transmué en une désignation unique et produit, chaque fois, une personne nouvelle » (p. 68). Le je est identique dans sa forme, il constitue le sujet dans le discours et peut être approprié par tous les locuteurs. « […] hors du discours effectif, le pronom n’est qu’une forme vide, qui ne peut être attachée ni à un objet ni à un concept. Il reçoit sa réalité et sa substance du discours seul » (p. 68). La même chose est vraie pour les déictiques, qui ordonnent l’espace à partir des coordonnées dont le point central est un Ego.

« Structure des relations de personne dans le verbe », PLG 1966 « la catégorie de la personne appartient bien aux notions fondamentales et nécessaires du verbe » Ainsi, les expressions de la personne verbale sont dans leur ensemble organisées par deux corrélations constantes : Corrélation de personnalité opposant les personnes je/tu à la non-personne il ; corrélation de subjectivité, intérieure à la précédente et opposant je à tu. La distinction ordinaire du singulier et du pluriel doit être sinon remplacée, au moins interprétée, dans l’ordre de la personne, par une distinction entre personne stricte (=  « singulier ») et personne amplifiée (= « pluriel »). Seule la « troisième personne », étant non-personne, admet un véritable pluriel »

« Le langage et l’expérience humaine », PLG, 1977 : le temps Il existe différentes représentations du temps : temps physique :  « continuum uniforme, infini, linéaire, segmentable à volonté » temps psychique : « corrélat dans l’homme du temps physique, durée infiniment variable que chaque individu mesure au gré de ses émotions et au rythme de sa vie intérieure »  temps chronique : « temps des événements, qui englobe aussi notre propre vie en tant que suite d’événements. Dans notre vue du monde, autant que dans notre expérience personnelle, il n’y a qu’un temps, celui-là » temps linguistique : manifestation du temps psychique; il s’organise autour de son centre, le présent de l’énonciation, qui est complètement distinct du temps chronique.

« Le langage et l’expérience humaine », PLG 1977 : le temps « Le temps du discours n’est ni ramené aux division du temps chronique, ni enfermé dans une subjectivité solipsiste. Il fonctionne comme un facteur d’intersubjectivité, ce qui d’unipersonnel qu’il devrait être, le rend omnipersonnel » (p. 77). « […] les choses désignées et ordonnées par le discours (le locuteur, sa position, son temps) ne peuvent être identifiées que pour les partenaires de l’échange linguistique. Autrement on doit, pour rendre intelligible ces références intradiscursives, relier chacune d’elles à un point déterminé dans un ensemble de coordonnées spatio-temporelles. La jonction se fait ainsi entre le temps linguistique et le temps chronique » (p. 77) La temporalité linguistique est donc centrée sur l’aujourd’hui et ne peut exprimer lexicalement que « hier » et « demain », donc elle est très limitée. Au-delà de ces limites le discours doit utiliser la graduation du temps chronique : « il y a huit jours », etc. Les opérateurs comme « il y a » et « dans » deviennent dans le temps chronique « auparavant » et « plus tard » et opèrent le transfert du temps linguistique au temps chronique.

Les relations de temps dans le verbe français PLG 1966 Les temps des verbes français sont organisés en deux systèmes distincts et complémentaires. “Chacun d’eux ne comprend qu’une partie des temps du verbe; tous les deux sont en usage concurrent et demeurent disponibles pour chaque locuteur. Ces deux systèmes manifestent deux plans d’énonciation différents, que nous distingueront comme celui de l’histoire et celui du discours. »

Plan de l’histoire L’énonciation historique, aujourd’hui réservée à la langue écrite, caractérise le récit des événements passés. » (p. 238-239) Caractéristiques : emploi de la 3e personne, et de trois temps: aoriste (passé simple), imparfait (inclus le conditionnel), plus-que-parfait; un temps périphrastique du futur (prospectif) et le présent atemporel. Les événements semblent se raconter tous seuls.

Plan du discours Discours: “toute énonciation supposant un locuteur et un auditeur, et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière” Le discours utilise toutes les formes personnelles du verbe (je, tu, il). Temps: tous sont possibles sauf l’aoriste, mais surtout présent, futur et parfait (passé composé). L’imparfait est commun aux deux plans.

Fonctionnement du double plan temporel Ce double plan explique «  "la disparition des formes simples du prétérit” en français » (titre d’un article de Meillet de 1909, Linguistique historique et linguistique générale, I, p. 149). Le français parlé (discours) n’utilise pas le passé simple, mais le passé composé, qui relie l’événement raconté avec le moment de la narration. Le passé simple reste dans la narration historique et seulement aux formes de la 3e personne.

Temps simples et temps composés Chaque temps simple a son temps composé Par rapport à un temps simple, le tc indique: Le parfait (action accomplie par rapport au moment considéré et la situation actuelle comme résultat de cet accomplissement) – axe paradigmatique (“il écrit une lettre – il a écrit une lettre”) L’antériorité – axe syntagmatique (“quand il a fini d’écrire la lettre, il l’envoie”)

« L’appareil formel de l’énonciation », PLG, 1977 « L’énonciation est cette mise en fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » Ce procès peut être étudié sous au moins 3 aspects : la réalisation vocale de la langue (différences dans les sons liées à la situation) le mécanisme de cette production : comment l’individu convertit la langue en discours, comment le « sens » se forme en « mots » cadre formel de l’énonciation : aspect qui sera abordé ici.

Le cadre formel de l’énonciation Il se compose de: l’acte individuel ; les situations où il se réalise ; les instruments de l’accomplissement.

L’acte individuel Il « introduit d’abord le locuteur comme paramètre dans les condition nécessaires à l’énonciation » (81). L’énonciation est donc un « procès d’appropriation » (82) de la langue par l’individu. Le locuteur implante par son énonciation l’allocutaire, quel que soit son degré de présence. La langue exprime un besoin de référer par le discours et donc d’exprimer un certain rapport au monde : référence. Les trois éléments fondamentaux de l’énonciation sont le locuteur, l’allocutaire et la référence.

Les éléments de la situation où il se réalise indices de personne (je/tu), indices d’ostension (ici, ce, etc. impliquant un geste désignant l’objet). Donc, les pronoms personnels et le démonstratifs sont des formes « qui renvoient toujours et seulement à des « individus » » (83). formes temporelles « qui se déterminent par rapport à l’EGO, centre de l’énonciation » (83).

Enonciation et classes de signes « Ainsi, l’énonciation est directement responsable de certaines classes de signes qu’elle promeut littéralement à l’existence. Car ils ne pourraient prendre naissance ni trouver emploi dans l’usage cognitif de la langue. Il faut donc distinguer les entités qui ont dans la langue leur statut plein et permanent et celles qui, émanant de l’énonciation, n’existent que dans le réseau d’ « individus » que l’énonciation crée et par rapport à l’ « ici-maintenant » du locuteur. Par exemple, le « je », le « cela », le « demain » de la description grammaticale ne sont que les « noms » métalinguistiques de je, cela, demain produits dans l’énonciation » (84).

Les instruments de l’accomplissement fonctions syntaxiques : l’interrogation, l’intimation, assertion. modalités formelles : les modes (exprimant l’attitude de l’énonciateur comme l’attente, le souhait, etc.) ou des éléments phraséologiques (peut-être, probablement, exprimant l’incertitude, l’indécision, etc.).

Troisième étape: les courants de l’AD en 1976 Trois tendances : lexicologique syntaxique énonciation, qui va nous conduire à la quatrième étape de notre cours

Tendance lexicologique Lexicométrie ou statistique lexicale Lexicologie non quantitative (nous y reviendrons à propos des logiciels d’analyse de texte)

Approche syntaxique (Harris) Il s’agit d’une méthode purement formelle, qui ne tient pas compte de la situation sociale et qui vise à identifier dans le texte quelques classes de segments composées d’éléments qui ont une distribution semblable. Par exemple, dans les phrases « les chats aiment les gâteaux » et « les femmes aiment les gâteaux », on peut dire que « les chats » (A) et « les femmes » (B) appartiennent à la même classe d’équivalence, autrement dit A=B, le signe = n’ayant aucune valeur sémantique.