LES MÉMOIRES, LECTURE HISTORIQUE L’HISTORIEN ET LES MÉMOIRES DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
À la base, traumatisme fondamental de 1940 : quelle vision ? Discours du général de Gaulle lors de la libération de Paris, 25 août 1944 : Comment analyse-t-il la libération de Paris ? Quels acteurs met-il en avant ? Cela correspond-il à la réalité de la France de 1944-1945 ? Quels problèmes la perception et la compréhension de cet événement peuvent-elles poser ? 1944, Libération de la France = opposition entre le discours de DG et la situation du pays À la base, traumatisme fondamental de 1940 : quelle vision ? Question de la mémoire : forcément subjective et liée à un groupe, à des acteurs But de l'histoire : aller vers l’objectivité. La mémoire = source, très complexe
Problématique Base de la réflexion : face à un événement traumatisant, quelles façons de faire face ? Comment et par qui les mémoires ont-elles été forgées ? Quelles visions de la guerre en sont ressorties ? Comment et dans quelles conditions les historiens en ont-ils fait des objets d’histoire ?
I- 1945-1970 : l’histoire soumise aux enjeux de mémoire ? Temps dominé par les acteurs, encore présents. Favorable à l’historien ? A- Les mémoires héroïques : le résistancialisme Sortie de guerre : domination des groupes de la Résistance : Groupes majeurs : gaullistes et communistes, en concurrence Premier groupe : les communistes
L’exaltation de la mémoire communiste Idée de sacrifice pour la liberté Doc 3 p 59 : glorification de la mémoire communiste parti des 75 000 fusillés (20 000 en réalité), écho aux 20 M de morts de l'URSS Mise en place d'un panthéon des martyrs : Gabriel Péri, J.-P. Timbaud, Guy Môquet, colonel Fabien Autre but = effacer des épisodes moins glorieux : pacte germano-soviétique
Autre groupe majeur, les gaullistes Figure de DG : en retrait politique dans les années 50 1958, DG au pouvoir. Mise en place d’un discours officiel :légitimer le régime + rassembler autour de DG France massivement résistante + réduction du rôle des Alliés Construction de cette mémoire officielle : Date fondatrice : 18 juin 1940 Lieu de mémoire : le mont Valérien Résistance = un bloc (pas d’idéologies) Vichy = parenthèse nulle et non avenue : la vraie France était à Londres Symboles : Cérémonies du 20e anniversaire du débarquement en 1964 Création du Concours national de la Résistance Moment : transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon
B- des mémoires sélectives : oubli et déformation Quelles réactions chez les autres groupes politiques ? Extrême-droite : défense de Pétain Droite modérée : volonté d’oubli pour assurer l’union En même temps, autres mémoires mises de côté Mémoires du génocide : Doc 1 p 56 : quelle vision de la Shoah le témoignage de Simone Veil montre-t-il ? Société pas prête à entendre la spécificité du génocide (idem pour les Tziganes) Mémoires refoulées : Soldats de 1940 Requis du travail et « malgré-nous » Refoulement de ce qui traumatise, rappelle la défaite = volonté d’union avant tout. Quelle histoire ?
C- Quelles histoires face à ces mémoires ? Doc 5 p 59 : à partir de ce document et du cours, expliquez comment Robert Aron montre que l'histoire est soumise dans les années 1950-1960 aux enjeux de mémoire et aux exigences de la société d'après-guerre. Vision de Aron : Volonté de réconciliation nationale Idée que Pétain n’avait pas le choix = forme de réhabilitation Problème de sources + influence des acteurs Occulter les divisions = symbolisé par la personnalité d’Aron Histoire soumise aux enjeux et aux groupes dominants = nouvelle époque à la fin des années 60
Après-guerre : moment d'une mémoire fraîche et douloureuse. Présence des acteurs du conflit, mais pas forcément bon pour la connaissance de la période De plus, plusieurs mémoires occultées : déportés, prisonniers Domination des groupes de la résistance : mémoire au service de la réunion autour d'un homme et de son régime : « La Résistance c'est DG, DG c'est la France, donc la Résistance c'est la France » (A. Malraux) Fin du gaullisme = nouvelle époque
II- du mythe à la réalité, des mémoires à l’histoire Changements d’époque : Mai 68 1969-1970 : départ puis mort du général de Gaulle Début du déclin du parti communiste Mise en avant de la mémoire du génocide des juifs A- Les années 1970 : d’un extrême à l’autre Double tournant en 1971 : Grâce de P. Touvier, ancien milicien condamné à mort mais en fuite, par le président Pompidou : «Le moment n'est-il pas venu d'oublier ces temps où les Français ne s'aimaient pas ?» Sortie du film Le Chagrin et la Pitié
Conséquences : développement de polémiques sur la période : Refus de l’ORTF (radio-télévision française) de diffuser le film jusqu’en 1981 Image d’une France divisée, d’un peuple « ni noir ni blanc, mais noir et blanc » (C. Andrieu, historienne) Prise de conscience de la réalité de la collaboration, des divisions entre Français, même après la guerre Nouvelle étape : 1973 Plainte contre P. Touvier pour crime contre l’humanité Sortie de La France de Vichy, de l’historien américain Robert Paxton : doc 6 p 60
Résultat : besoin de mieux connaître la période Quels effets ? Mythe de la France résistante mis à mal par la recherche = meilleur accès aux archives Présence moindre des acteurs Crise = changement de la vision des élites par la population Résultat : besoin de mieux connaître la période Fonctionnement de Vichy + collaboration Mise en avant des autres groupes : les déportés + spécificité de la Shoah Regard + critique sur l’État français, enquêtes De plus, dev de discours négationnistes = besoin d’analyses historiques Progrès de l’histoire, mais polémiques (politiques) + vision brouillée
B- Les années 80-90 : « Vichy, un passé qui ne passe pas » (H. Rousso) ? 1981 : élection de F. Mitterrand – double image Progrès : Progrès dans la recherche et l’enseignement Progrès mémoriels Traque et arrestations de criminels : Klaus Barbie, Paul Touvier, Maurice Papon Création de musées + mémoriaux Vision + internationale = le 6 juin Possibilité d’une histoire enrichie + mémoire apaisée. Mais lourds problèmes
Symbole= la personnalité de F. Mitterrand Au début, soutient le maréchal Pétain Mais rejette la collaboration et l’antisémitisme : bascule en 1943-1943 Devient un vrai résistant = vichysso-résistants (Azéma) Itinéraire classique, mais largement dissimulé et qui ressort dans les années 1980 = polémiques sur le rôle des élites. Exemple = commémoration de la rafle du Vel d’Hiv en 1992 Désacralisation de l’image de la résistance Montée de l’extrême-droite : discours négationnistes ou défendant la mémoire de Vichy Fin années 80 : vision + précise, mais plus difficile à saisir.
C- depuis 20 ans, l’historien face au « devoir de mémoire »
Conclusion Rapports complexes entre mémoire et histoire, très lié à la demande sociale Passage du refoulement à la polémique, puis au désir de reconnaissance Avec les progrès de la recherche, multiplication des mémoires Place de l’historien : ni juge, ni arbitre
Le film est divisé en deux parties : Longue chronique (4 heures) de la vie dans la ville de Clermont-Ferrand pendant l'Occupation sous tous ses aspects. Le film est divisé en deux parties : L'Effondrement, qui décrit l'invasion et la chute de la société française Le Choix, qui analyse les différentes attitudes des Français face à l'occupant Le film s'attache, par des documents d'archive et des témoignages, à reconstituer la vie quotidienne et ses difficultés Le but est d'éclairer un pan peu connu de l'histoire de l'occupation
Film réalisé en 2006 par Rachid Bouchareb, réalisateur franco-algérien. Il rassemble les acteurs français originaires du Maghreb les plus connus du moment, et a bénéficié du soutien important de la monarchie marocaine. Le but est de révéler un aspect peu connu de la Seconde Guerre mondiale : la participation des troupes africaines à la Libération de l'Italie et de la France en 1943-1944, mais aussi de révéler l'injustice qui frappe les anciens combattants africains. Le film est accompagné d'une forte campagne en ce sens.