Quelques généralités sur la douleur de l ’enfant Séminaire « Douleur » Nouméa, 2002 Quelques généralités sur la douleur de l ’enfant Louis Brasseur CET Douleur Hôpital Ambroise Paré 92 Boulogne
APRÈS 5 À 6 ANS L’AUTOÉVALUATION EVA, ENS, EVS, échelle de visage, algocube Dessin, QDSA Tout ou rien chez les plus petits Variation de la première EVA
CRÉDIBILITÉ DE LA PLAINTE DE L’ENFANT Nous savons mieux que les patients Crainte des bénéfices secondaires Beaucoup de sous cotation
AVANT 5 à 6 ANS, UNE SEULE SOLUTION : L’OBSERVATION Hétéro-évaluation comportementale Facilité du déni de la douleur: angoisse, peur, faim Pas de spécificité des signes végétatifs de stress (FC, FR, PA) Pas de spécificité des signes émotionnels (cris, pleurs, agitation...) Nécessité d’utiliser des grilles validées incluant un ensemble de coportements.
DIFFICULTES DE L’OBSERVATION Gagner la confiance de l’enfant (homéostasie émotionnelle) Temps d’observation suffisant Motivation et formation de l’ensemble de l’équipe. Interprétation des items
COMMENT CHOISIR UNE GRILLE ? Grille validée spécificité sensibilité Tranche d’âge nouveau né 2 - 6 ans Type de douleur Chirugie douleur prolongée EDIN, DEGR, POLYHANDICAP
GRILLE EDIN VISAGE 0 Visage détendu 1 Grimaces passagères :Froncement des sourcils / Lèvres pincées / Plissement du menton / Tremblement du menton 2 Grimaces fréquentes, marquées ou prolongées 3 Crispation permanente ou visage prostré, figé ou visage violacé CORPS 0 Détendu 1 Agitation transitoire, assez souvent calme 2 Agitation fréquente mais retour au calme possible 3 Agitation permanente : crispation des extrémités et raideur des membres ou motricité très pauvre et limitée, avec corps figé SOMMEIL 0 S’endort facilement, sommeil prolongé, calme 1 S’endort difficilement 2 Se réveille spontanément en dehors des soins et fréquemment, sommeil agité 3 Pas de sommeil
GRILLE EDIN RELATION 0 Sourire aux anges, sourire réponse, attentif à l’écoute 1 Appréhension passagère au moment du contact 2 Contact difficile, cri à la moindre stimulation 3 Refuse le contact, aucune relation possible. Hurlement ou gémissement sans la moindre stimulation RECONFORT 0 N’a pas besoin de réconfort 1 Se calme rapidement lors des caresses, au son de la voix ou à la succion 2 Se calme difficilement 3 Inconsolable. Succion désespérée
SCORE AMIEL TISON Douleur post-opératoire enfant 0 - 3 mois 1.Sommeil pendant les 30 minutes précédentes 2. Mimique douloureuse 3. Qualité du cri 4. Motricité spontanée 5. Excitabilité spontanée 6. Crispation des doigts mains et pieds 7. Succion 8. Evaluation globale du tonus 9. Consolabilité 10. Sociabilité
Objective Pain Scale PRESSION ARTERIELLE ± 10% preopératoire 10 à 20% préopératoire 20 à 30% préopératoire PLEURS absents présents mais consolable non consolable MOUVEMENTS absents intermittents, modérés permanents AGITATION calme ou endormi modérée hystérique EVALUATION VERBALE OU CORPORELLE pas de d.exprimée ou calme / d.modérée (non localisée) / d.localisée verbalement ou par gestes
GRILLE CHEOPS (1) PLEURS Absents 0 Gemissements 1 Pleurs 2 Cris perçants 3 EXPRESSION DU VISAGE sourire, faciès résolument positif 0 faciès neutre, expressivité nulle 1 grimaces, faciès résolument négatif 2 VERBALISATION l'enfant parle et ne se plaint de rien 0 l'enfant ne parle pas 1 l'enfant se plaint mais pas de douleur 1 l'enfant se plaint d'avoir mal 2
GRILLE CHEOPS (2) VEUT TOUCHER LA PLAIE non 1 oui 2 TORSE Neutre, corps au repos inactif 1 Change de position 2 Tendu, corps arqué ou rigide 2 Frisson volontaire ou involontaire 2 Vertical, enfant redressé 2 Contention: le corps est attaché 2 MEMBRES INFERIEURS Au repos ou rares mouvements 1 Mouvements incessants, coups de pied 2 Se met debout, s'accroupit ou s'agenouille 2 Contention:les jambes sont attachées 2
QUELLE CONSOLABILITE ?
LIMITES DES GRILLES COMPORTEMENTALES Etat de l’enfant figé durant 1 à 2 minutes Les erreurs par défaut : enfant coté “ calme ” (agitation présente dans l’heure précédente) Les erreurs par excès: enfant coté “ agité ” (calme dans l’heure précédente) Méconnaissance de l’atonie psychomotrice (enfant figé, paralysé par une douleur massive) observables en salle de réveil.
VARIABILITÉ DE L’EXPRESSION DOULOUREUSE. ATTENTION AU CONTRESENS ! Possibilité d’observation d'un enfant non douloureux pendant PL Les autres enfants qui "protestent" lors d'une P.L ne sont pas des douillets ou des simulateurs.... De petites lésions peuvent être très douloureuses de grands dommages tissulaires être relativement peu douloureux. Rôle du contexte, de l'environnement, des expériences antérieures. Variation des consommations de morphine PCA de 1 à 7 pour le même type d'intervention.
NOUS ADAPTER A L’ENFANT Nos stratégies antalgiques déterminées a priori Prescription guidée par les données de l’observation. Eviter "ça ne fait pas mal".
LA LOGIQUE DE L'ENFANT N'EST PAS LA NOTRE Capacités cognitives limitées Douleur = sanction (on me fait mal parce que je n'ai pas été gentil avec ma petite soeur...!) .
EN SALLE DE RÉVEIL La contention limite observation comportementale NE PAS NIER LA DOULEUR devant Un enfant qui verbalise "je veux voir maman" Un enfant qui montre la perfusion pour localiser sa douleur
LES SIGNES DIRECTS DE LA DOULEUR La position antalgique au repos La protection spontanée des zones douloureuses L'attitude antalgique dans le mouvement Le contrôle exercé par l'enfant quand on le mobilise (mobilisation passive) Les réactions à l'examen des zones douloureuses
L'EXPRESSION VOLONTAIRE DE LA DOULEUR Les plaintes somatiques Les localisation de zones douloureuses par l'enfant
L'ATONIE PSYCHOMOTRICE Signes paradoxaux ( cris, pleurs, agitation, protestation...) Enfants immobiles, tristes ne communiquant plus, muets ne réagissant plus aux stimulations Trois ensembles de signe : Le manque d'expressivité Désintérêt pour le monde extérieur Lenteur et rareté des mouvements
NECESSITÉ DE L’EVALUATION Maillon obligatoire de la qualité des soins Coherence au sein de l’équipe Rôle stratégique des infirmières
Médicaments de la douleur chez l ’enfant
4 TYPES DE PRODUITS Les 3 paliers OMS Les douleurs neurogènes Les anesthésiques locaux crème EMLA La xylocaine Le mélange oxygene /protoxyde d'azote MEOPA (Kalinox®)
Douleurs neurogènes Théoriquement pas d'action des 3 paliers OMS FULGURANCES Clonazepam (Rivotril®) 0,1 mg/kg/jour montée progressive 0,03 mg/kg/J Dose de charge le soir Gouttes 0,1 mg/goutte POUR LA DOULEUR DE FOND Antidépresseurs tricycliques Effet stabilisant de membrane Amitryptilline (Laroxyl®) 1 mg/kg/j PO
PARACÉTAMOL Voie orale 60 mg/kg/24h 15 mg/kg/6h Voie rectale biodisponibilité médiocre dose de charge de 40 mg/kg Birmingham PF et coll Anesthesiology 1997;87:244-252 Voie veineuse prodrogue libère la moitié de la dose injectée en paracétamol 30 mg/kg 4 h à 6 h
AINS Ibuprofène sirop Nurofen*, Advil* PO 30 mg/kg/24h 6 mois acide niflumique Nifluril* Rectale 40 mg/kg/24h 3 mois diclofenac Voltarene*, Voldal* PO, rectale 2-3 mg/kg/24h 1 an ac tiaprofénique Surgam* PO 10 mg/kg/24h 3 ans /15kg naproxène Apranax*, Naprosyne* PO, rectale 10 mg/kg/24h 5 ans
La Buprénorphine Temgesic® Glossette sublinguale 0.2 mg Laisser fondre sous la langue Ne pas croquer, ne pas avaler AMM à 7 ans. Effet plafond. « Carnet à souche » Dextropropoxyphene pas d’AMM avant 15 ans plus de 30 kg
CODEINE ASSOCIEE AU PARACETAMOL MEDICAMENTS COMMERCIALISES EN FRANCE C(mg) P(mg) Rapport P /C AMM KLIPAL 50 600 12 15 ans ORALGAN CODEINE 25 300 12 15 ans ALGISEDAL 25 400 16 15 ans LINDILANE 25 400 16 15 ans DAFFALGAN CODEINE 30 500 16,6 15 ans EFFERALGAN CODEINE 30 500 16,6 15 ans CODOLIPRANE 20 400 20 10 ans CLARADOL CODEINE 20 500 25 15 ans
CODEINE 0,5 à 1 mg / kg 4 à 6 heures maximum 6 mg / kg / jour + /- paracétamol 0,5 à 1 mg / kg 4 à 6 heures maximum 6 mg / kg / jour Effets secondaires : nausées, sédation Déficit enzymatique : inefficacité?
CODENFAN sirop codéine seule 1 ml = 1mg de codéine AMM à 1 an 1 ml / kg / 4 - 6 heures
EFFERALGAN-CODEINE 500 mg / 30 mg de codéine 1/2 comprimé pour 15 kg 1 comprimé pour 30 kg AMM 4 ans
Nalbuphine (Nubain®) Produit tout terrain, grande marge de sécurité Effet plafond Au delà d'un certain seuil l'augmentation de la posologie ne provoque ni augmentation des effets antalgiques ni augmentation des effets indésirables. sédation initiale souvent observée. effet «flash» Très peu d'effets indésirables effets digestifs mineurs effets respiratoires sans expression clinique.
Les voies sous cutanée ou intra musculaire sont à éviter en raison de la douleur induite par l'effraction cutanée.
Nalbuphine I.V 0,2 mg/kg (5-10 minutes). Palier 0,3 mg/kg ? injections IV toutes les 4 à 6 heures souvent insuffisante perfusion continue : 0,05 mg/kg/h après la dose initiale de 0,2 mg/kg. voie rectale 0,4 mg/kg service d’urgence+++.
Possibilité de switch rapide à la morphine Le Nubain® à posologie réduite n'antagonise pas les effets antalgiques de la morphine ou des autres morphiniques puissants Possibilité de switch rapide à la morphine Antagonise les effets indésirables de la morphine 0,1 mg /kg/12 heures KENDRICK, W.D.. Naloxone versus nalbuphine infusion for prophylaxis of epidural morphine-induced pruritus. Anesth Analg 1996. COHEN, S.E.. Nalbuphine is better than naloxone for treatment of side effects after epidural morphine. Anesth.Analg. 1992. WANG, J.J.. Comparison of intravenous nalbuphine infusion versus saline as an adjuvant for epidural morphine. Region Anesth 1996
A partir de quel âge ? L'AMM :18 mois en France de nombreuses équipes françaises l'utilisent chez des enfants plus jeunes. Dépressions respiratoires chez le prématuré et le nouveau né
LA MORPHINE Chef de file des antalgiques puissants. aucune contre indication liée à l'âge le métabolisme connu dans toutes les tranches d'âge dès l'âge de 3 mois données pharmacologiques superposables à celles du grand enfant et de l'adulte.
Morphine orale libération immédiate 0,2 mg/kg strictement toutes les 4 heures Augmentation de la posologie de 30 % à 50% toutes les 12 heures Sevredol®, Actiskenan® 5mg 10mg 20mg 6 prises de 7 mg par jour ( 42 mg/24h) = 20 mg de morphine retard 2 fois par jour.
Morphines retard Skenan® Moscontin® Kapanol® 10, 30, 60, 100, 200 mg toutes les 12 heures Kapanol® 20, 50, 100 mg toutes les 24 heures
MORPHINE I.V Titration 0.1 mg/kg puis 0.025 mg/kg/5 min Perfusion 0.020 mg/kg/h Augmentation par palier de 20 %
Pas de posologie maximum limites à l’escalade posologique efficacité antalgique apparition d'effets indésirables Risques de potentialisation par des associations médicamenteuses intempestives psychotropes.
PCA chez l’enfant à partir de 6 - 7 ans Explications , Informations Parents/Enfants Débit continu souhaitable Bolus: 20 mcg/kg Débit continu: 20 mcg/kg/h Période refractaire: 6 à 8 minutes
La fréquence respiratoire Les effets indésirables QUELLE SURVEILLANCE? L'analgésie La sédation La fréquence respiratoire Les effets indésirables
Seuils de fréquence respiratoire par minute moins de 1 an 20 entre 1 et 5 ans 15 6 ans et plus 10
EMLA 90 minutes d’application sous pansement occlusif AMM pour le nouveau né de 37 semaines patch: facilite l’usage par les parents abolit la douleur mais pas la peur...
MEOPA (Kalinox®) CHEZ L’ENFANT Entonox ® = nom commercial anglais Ce n'est pas une AG analgésie de surface effractions cutanées peu ou pas douloureuses. "j'ai senti mais je n'ai pas eu mal".
Effets cliniques anxiolyse associée à une euphorie amnésie d'intensité variable. sédation consciente état de conscience modifié le sujet reste vigile, capable de réagir avec l'environnement et de dialoguer avec l’infirmière
Modifications des perceptions sensorielles Auditives : impression de sons éloignés, distorsion des sons, Visuelles : vision double, floue, Paresthésies (picotements, fourmis) au niveau buccal et des extrémités, Sensation de chaleur, de lourdeur, de légèreté. distanciation de la réalité avec épisodes de pseudo-rêve
EFFETS INDESIRABLES rares (moins de 10 %) et mineurs réversibles en quelques minutes nausées et vomissements gênants mais sans incidence clinique (réflexes laryngés présents) excitation paradoxale sédation plus profonde malaise, dysphorie grands enfants très anxieux.
INDICATIONS les gestes de courte durée (moins de 30 minutes). la ponction lombaire, myélogramme La ponction veineuse Petite chirurgie : les sutures, la petite chirurgie superficielle Fracture : indication plus discutable Cathétérisme vésical
Association médicamenteuse La sécurité du MEOPA est la plus grande quand il est utilisé seul risque de potentialisation (psychotrope, opioide) réel parfois recherché si MEOPA inefficace: mise en place protocole ou avis spécialisé
Préparer et apprivoiser l'enfant ne pas promettre à l’enfant qu’il va dormir, qu’il n’aura pas mal expliquer que le gaz lui permettra d’avoir moins peur et qu’il aura beaucoup moins mal, présenter les masques et le sifflet à l’enfant et en présence des parents, laisser choisir la couleur et le parfum, utilisation des rituels ludiques
Première inhalation calme de l’environnement Associer toujours une anesthésie locale (EMLA, infiltration, spray...) en cas d’effraction cutanée. Ne pas appliquer le masque de force L'inhalation obligatoirement continue durée minimum de 3 minutes. vérification constante de l'absence de fuite entre visage et masque.
BENEFICES DE LA METHODE Rapidité d’action Réversibilité Sécurité jeûne pas nécessaire simplicité
INCONVENIENTS puissance faible méthode jamais efficace à 100 % 10 à 30% d’échecs Les enfants de moins de 3 ans ont des effets moins marqués voir inexistants
LES METHODES NON PHARMACOLOGIQUES