Silver éco : Facteurs de développement et points de vigilance Lecture du guide 2016 de Frédéric Serrière

Les séniors en France : chiffres et constats Projections futures Situation actuelle En 2013 : 15 millions de personnes âgées de 60 ans et plus 3/4 d’entre eux résident en ville, dont la plupart au centre-ville Près de 20 % des sexagénaires, 30 % des septuagénaires et plus de 40 % des octogénaires vivent seuls (le plus souvent des femmes). Cette vie seule peut conduire à l’isolement des personnes, voire à leur fragilisation. 1,21 million de personnes âgées sont dépendantes et 4,5 millions sont fragilisées (La fragilité est associée à un risque significativement plus élevé de dépendance fonctionnelle, d'admission dans un hôpital ou un établissement de long séjour, et de décès) Estimation à près de 20 millions en 2030, avec l’arrivée massive à cet âge de la génération du baby- boom D’ici 2050, 1/3 des Français aura plus de 60 ans La catégorie des 85 ans et plus sera multipliée par 4 et passera de 1,4 à 4,8 million D’ici 2060, les personnes âgées dépendantes seraient de 2,3 millions. Ce nombre est quasi-stable jusqu’en 2020. Une évolution inégale sur la France métropolitaine, avec une diminution dans le Nord et l’Est au profit notamment du Sud. A part l’Ile-de-France, toutes les régions connaîtront un vieillissement de leur population. Un vieillissement plus accentué dans les départements peu urbanisés du centre de la France, de l’Ouest et du Massif central. La population française vit et vivra plus longtemps et probablement en meilleure santé que ses aînés. Ainsi, les séniors d’aujourd’hui sont plus actifs que les générations précédentes Les « Boomers » vont connaître un niveau de santé supérieur à celui des retraités actuels, même si l’espérance de vie en bonne santé stagne depuis quelques années

Silver économie : Définition Nom d’une filière industrielle lancée en France en 2013 et qui concerne l’ensemble des produits et services destinés aux personnes âgées de plus de 60 ans Au jour d’aujourd’hui, elle est très liée au secteur du « grand âge » : maintien à domicile, télé-assistance, santé, aménagement de l’habitat, services à la personne, etc. Ce choix de ne cibler que les personnes dites « dépendantes ou en perte d’autonomie » (1,21 millions de personnes aujourd’hui) et les personnes dites « fragiles » (4,5 millions de personnes, âgées souvent de plus de 70 ans) est très réducteur : Les 75 ans et plus sont une population quasi-stable depuis 2007 et le resteront jusqu’en 2022 Une personne âgée sur 9 est dépendante. La dépendance concerne essentiellement les séniors les plus âgés. En effet, sont concernés 10 % des 75 ans, 35 % des 85 ans et 90 % des 95 ans. En outre, 52 % des 80 ans et plus sont concernés par une incapacité.

Les facteurs de développement Un vieillissement démographique incontestable Une volonté des personnes âgées de rester à leur domicile le plus longtemps possible, requérant des aménagements plus ou moins lourds des habitats. Or, plusieurs études indiquent que moins de 10 % des logements sont adaptées aux personnes âgées. Une étude indique même que c'est l'un des secteurs qui va croître le plus vite dans les années à venir. Une volonté d’optimisation des budgets grâce aux nouvelles technologies autant pour le maintien à domicile (domotique, visiophonie, téléassistance mobile…) que dans les maisons de retraite (gestion du personnel, réduction des coûts, amélioration de la vie des résidents…) Une solution pour faire face à la pénurie de main d’œuvre dans les services et le médical, notamment pour la prise en charge des personnes âgées Une volonté des « Boomers » d’une prise en charge de leurs parents dépendants pour ne pas sacrifier leur retraite, tout en étant sereins sur la sécurité de leurs parents Possibilité de développement pour les PME sans concurrence des grands acteurs face à l’étroitesse de certains marchés séniors

Mais un développement difficile Les acteurs de la Silver économie jugent ce secteur difficile, avec souvent des marchés réduits, contraints et difficilement rentables pour les raisons suivantes : Difficultés pour vendre directement aux séniors : manque de commerces à destination des 70 ans et plus en dehors du secteur de la santé La petite taille des entreprises ne permet pas d’investir sur la communication et la publicité pour cette classe d’âge est complexe Refus des personnes âgées des produits « liés à l’âge » le plus longtemps possible. Ainsi de nombreuses personnes âgées qui devraient être équipées de téléassistance ne le sont pas par refus de se reconnaître en état de fragilité. Des produits « trop » innovants pour des générations âgées et peu ou pas habituées aux innovations technologiques. Or, acquérir de telles habitudes prend du temps. Les utilisateurs plus âgés évaluent si une nouvelle technologie offre nettement plus de valeur que les moyens existants qu'ils ont l'habitude d'utiliser pour satisfaire un besoin donné. Si la réponse n'est pas positive, alors la probabilité de passer du temps pour apprendre à utiliser un nouveau produit et encore plus pour l'adopter est très faible. Le premier frein pour un sénior est l'intérêt qu'il voit dans l'apprentissage d'usage d'une nouvelle technologie. Si cette réponse est négative, la facilité d'utilisation est un argument très peu réceptif. Manque de cohérence générationnelle entre la technologie utilisée et l’utilisateur destinataire, avec le développement de solutions autour de technologies qui ne sont pas connues par les utilisateurs potentiels Les « Boomers » (55-70 ans, qui sont plus ouverts à ces innovations et qui sont plus aisés, avec des revenus de 30 % supérieurs à la moyenne) ne sont pas en demande de services d’aide à la personne, de téléassisance et autres gérontechnologies, qu’ils refusent, ainsi que la stigmatisation liée à l’âge ou au handicap. Ces besoins ne devraient pas évoluer avant 10 à 15 ans, un temps trop long pour un retour sur investissement pour les entreprises concernées Nécessité pour cibler les jeunes séniors de proposer d’autres services non liés à la dépendance. Certains acteurs s'orientent vers des pistes autour de l'insécurité pour proposer des services d'urgence à une plus large population

Mais un développement difficile Tendance à la déconsommation (notamment à partir de 75 ans), avec une concentration des achats sur des produis et services répondant à des besoins de nécessité et de tangibilité, autant de l’aidé que de l’aidant, avec une priorité pour les solutions liées à la sécurité et la santé. On note un retour des personnes à des besoins plus essentiels. En effet, en vieillissant, une personne consomme plus par rapport à ses besoins réels qu'en fonction d'une mode ou des regards extérieurs. Une non prise en compte de l’hétérogénéité des personnes âgées et de leurs besoins, menant à percevoir des tailles de marché bien supérieures à la réalité. Il n’existe pas un marché mais plusieurs marchés en fonction des besoins, des situations, des revenus, des générations, des valeurs, de l’état de santé, etc. La non prise en compte de la question du financement de ces solutions, encore très coûteuses. La question du financement est épineuse car la seule démarche d'innover est coûteuse et sans promesse d'un retour sur investissement. La prise en charge financière par des institutions publiques ou semi- publiques semble peu réaliste face à la réduction budgétaire qu’elles connaissent depuis quelques années. Cela signifie que : soit la Silver solution est peu coûteuse et/ou apparaît comme essentielle pour être prise en charge par la famille soit elle prouve très rapidement sa capacité à réduire le coût de la prise en charge des personnes âgées, justifiant dès lors son financement par des établissements tiers Un secteur très réglementé, pouvant freiner le développement d’innovations, de nouveaux produits et services, puisque la responsabilité pénale du gérant du téléassisteur est engagée et qu’aucune technologie ne permet un fonctionnement à 100%.

Le développement de la Silver Economie selon les participants La technologie dans la domotique est difficilement vendable aux personnes âgées d’aujourd'hui et rapidement obsolète. L’investissement dans ce secteur est d’autant plus difficile que la projection dans un avenir à moyen terme (10, 15 ans) est impossible. Ainsi, la Silver économie ne modifiera pas l’aide à domicile au quotidien pour les salariés, puisqu’elle concerne essentiellement la sécurité, la téléassistance, etc. Néanmoins, pour d’autres participants, les personnes âgées resteront de ce fait plus longtemps au domicile. De même, certaines innovations déjà diffusées aujourd'hui sont intéressantes, telles que les cahiers de liaisons numériques entre le personnel soignant, la famille et l’aide à domicile. Néanmoins, l’usage est complexe pour les générations âgées actuelles.

Merci pour votre attention…