les impressions de l'enfance fixent à jamais les couleurs de la vie Se retrouver pour les festivités de Pâques à Séville était un rêve. Qui n'a pas entendu parler des processions qui se déroulaient durant la Semena Santa, de jour comme de nuit, à travers les rues des différents quartiers de la ville? Fort de ce désir, la fixation de la date du commencement de la Via de la Plata s'est quasiment imposée d'elle- même. Dans un précédent écrit je m'étais ouvert sur le sentiment mitigé qui m'a habité en raison de la forte composante touristique qui imprégnait les manifestations de Séville. Cette impression en demi teinte a été balayée le jour de Pâques à Guillena. J'ai eu la chair de poule au spectacle de la procession, aux sons de la fanfare et de la sonnerie de cloches et surtout à la vue de personnes en pleurs ou manifestant des sentiments d'une grande sincérité. Comment ne pas me souvenir de l'enfant que j'étais quand moi aussi j'étais envahi par de douces sensations de compassion et de joie mêlées à l'occasion de ces quelques jours de l'année qui séparent la commémoration de l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, la dernière Cène, sa Passion et sa Résurrection le dimanche suivant la première pleine lune de printemps.?

Un dimanche rempli de lapin, d'œufs, de cloches, d'habits neufs, d'une boîte pleine de friandises thésaurisées pendant les 40 jours de carême. Dès la tendre enfance tant de choses ont donné à ce jour la coloration qu'il a gardé longtemps avant qu'un glissement de sens ne mette en lumière ce que ce jour peut avoir de fondamental dans la naissance d'une idée basée sur l'Espérance. Il ouvre à l'humanité la route du grand retour dans le jardin du Paradis. Un événement dénué de tout triomphalisme. Le Christ ressuscite dans le silence de la nuit, en l'absence de tout témoin. Cet événement est empreint de la marque du mystère, de l'intimité, comme une permanente nostalgie de l'âme. Il apparaît à Marie Madeleine qui le prend pour le jardinier. Bouleversante rencontre avec celle qui avait quelque temps auparavant baigné de ses larmes et essuyé de ses cheveux ses pieds! A Guillena, en ce jour de Pâques 2012, les larmes que j'ai vu couler sur des joues de femmes faisaient écho à la scène biblique et ce n'est pas le moindre bonheur qu'il me soit arrivé de vivre durant mon périple. Création Jean-Paul Ehrismann