Loin des yeux, loin du cœur ?

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Transcription de la présentation:

Loin des yeux, loin du cœur ? Catherine Sellenet et Annick Weil-Barrais

La recherche Ouforep

Nos partenaires Plusieurs lieux d’observations ont été retenus. Pour la protection de l’enfance, participent à cette étude : l’Aide sociale à l’enfance du Maine-et-Loire l’Aide sociale à l’enfance de la Loire-Atlantique le CAO de Saint-Nazaire le foyer de l’enfance de Brest la Sauvegarde 44 le CAP d’Angers le foyer les tourelles de Distré l’établissement Cassiopée à Candé.

partenaires Dans le champ de divorce : le point rencontre de Nantes et de Saint-Nazaire. Pour les visites en prison : le Repi de Nantes Pour les visites médiatisées thérapeutiques : Le centre nantais de la parentalité. Pour tous les lieux : Les parents Les enfants

1- Dire et faire du côté des professionnels Annick Weil-Barais 1- Dire et faire du côté des professionnels

2- Le vécu expérientiel des parents et des enfants Catherine Sellenet 2- Le vécu expérientiel des parents et des enfants

Thématiques explorées du côté des parents L’expérience du placement Conscience et rationalisation des problèmes Organisation et vécu des visites Avant, pendant, après la visite : stratégies adaptatives mises en oeuvre Aides reçues, aides contestées Émotions Savoirs acquis et expérimentation

thématiques Perceptions parentales de l’enfant Regard de la société et de la famille Attentes Idem pour les enfants

Itinéraire « moral » du parent séparé judiciairement de son enfant : 4 temps le temps de la rupture, ce moment de bascule dans le statut de parents d’enfants placés ; le temps de l’invisibilité et de la honte ; le temps de l’installation et de l’apprentissage du statut de parent sous contrôle ; le temps de la reconquête de l’identité désirée (non présenté dans cette communication).

1-Le moment de bascule -« Voir mon enfant placé, cela a été très dur. J’en voulais à la justice, j’ai cru devenir folle et j’ai été hospitalisée pour dépression. Il m’est arrivé de marcher à quatre pattes, ils m’ont tellement droguée que je ne savais plus qui j’étais. Ça a été un moment pénible, je ne voyais plus mes filles, j’avais demandé de ne plus les voir, je ne voulais pas qu’elles me voient dans cet état de déchéance, comme un chien ».

-« Je crois que dans ma vie entière, je ne me suis jamais sentie aussi impuissante, aussi vulnérable et aussi... Je ne voulais pas perdre pied, mais il aurait pu se passer n'importe quoi tellement j'étais malheureuse. Quand j’ai laissé mon fils, c'était... C'était un déchirement dedans... Je me disais, pour ta défonse de merde, regarde ce que tu es en train de faire... tu mets en jeu... Enfin, cela a été atroce, je ne pouvais plus me regarder en face, regarder ce que j’étais devenue, de la merde. »

-« Au début quand le petit a été placé, je n’ai pas réagi, j’étais sous le choc, il a été deux fois au CHU et j’ai été en jugement, les services sociaux ont fait un rapport. Sur le coup je n’ai pas pleuré, je suis restée bouche bée, je me suis dit cela va peut-être durer six mois… oui mais après les six mois, on est repassé au tribunal : deux ans de placement, deux ans de peine ! Je n’ai pas réagi, j’étais tellement mal, je n’ai pas réagi sur le coup, c’était un moment de vide total où je n’ai rien compris de ce qui se passait »

La négation des torts « ils ont été placés dans de mauvaises conditions, des gens qui ont parlé, soit disant que chez moi c’était crade, que les petits n’avaient rien à bouffer, qu’ils n’avaient rien et en fait quand ils sont venus chez nous c’était tout le contraire »

L’évaluation précoce contestée « c’est mon premier enfant et on ne m’a pas laissé la chance de l’élever correctement, on me l’a prise à la maternité, on n’a pas essayé de savoir si je pouvais être une bonne ou une mauvaise mère, on me l’a prise à l’accouchement. »

L’acceptation partielle rationalisée « il n’y a pas de formation pour être parent, ce serait bien moi je trouve d’avoir un coach, un service qu’on pourrait appeler pour dire qu’on est à bout, qu’on n’en peut plus. Ce qu’on voit à la télé, c’est pour imager en fait, le truc super Nanny, moi je trouve que dans la réalité on devrait avoir un service comme cela, qui nous aide, qui soit à la PMI, un coach comme cela. La puéricultrice aide quand l’enfant est bébé, mais après quand il est plus grand, c’est là que les problèmes arrivent et cela manque, il n’y a plus personne »

La demande d’aide explicite « De toutes façons c’était pour leur bien. J’ai placé mes enfants parce que leur père m’avait fait des menaces alors je lui ai dit tu peux me faire mal à moi mais tu ne toucheras pas aux enfants… après il est allé en prison…Cela me permettait de les mettre en sécurité »

2- Le temps de l’invisibilité -« Ça a été dur, j’ai fait une dépression après, pendant un an, je suis restée cloîtrée. J’en voulais à la justice, personne n’est venu m’aider. Les voisins qui savaient crachaient sur ma boite aux lettres. Au début, je faisais croire que mon fils était chez mes parents. Mais ils ne sont pas idiots. Ils ont fini par comprendre. J’ai perdu certains amis. Ils ont pu imaginer qu’il s’était passé des choses... Là, je suis actuellement en contrat de 6 mois dans l’entreprise et renouvelable deux ans, je cache le fait d’avoir un enfant placé ».

Extrait de la conscience de V.Hugo Alors il dit : « je veux habiter sous la terre Comme dans son sépulcre un homme solitaire ; Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. » On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! » Puis il descendit seul sous cette voûte sombre. Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain, L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

Illustration par François Chifflart 1850

3- Le temps de l’installation dans le statut de parent séparé de l’enfant

La visite comme révélation du manque « je n’arrivais pas à pleurer, j’étais bloquée, je n’osais pas pleurer devant le petit, j’avais un blocage, c’est dingue ! C’est … je sais pas , le déclic de l’absence, l’absence brutale. Cette première visite, cela m’a rendu l’absence concrète, cela m’a fait réfléchir, parce qu’après je suis restée deux semaines sans le voir, il a fallu qu’il retrouve ses esprits… et là cela m’a fait réfléchir, oh ouais ! depuis j’ai retrouvé mes repères de maman, finalement cela a été très dur mais cette séance m’a apporté quelque chose, comme une révélation du manque… Dur mais cela m’a aidé et depuis cela se passe super bien »

Qui rencontre-t-on vraiment ? Mon enfant, cet étranger Vous savez quand vous venez voir votre enfant au foyer pendant deux heures… vous ne vous en rendez pas vraiment compte mais vous perdez un peu le lien. On retrouve une petite fille différente, plus sage parce qu’elle est contente de voir maman, presque timide des fois, mais en même temps tellement autre, proche parce qu’on peut la toucher, et si loin… »

Ma mère, cette étrangère « Quand je la vois, je lui fais un bisou, et je me sens obligée de l’appeler maman, mais pour moi, c’est une personne comme ça… Je joue à l’appeler maman, mais c’est faux, ce n’est pas une étrangère mais presque. Il y a des choses que je ne dis pas parce que j’ai peur de sa réaction… Tous les mercredis comme cela, cela n’a pas de sens ! Le mercredi matin, je ressens surtout l’envie de ne pas y aller. »

Le temps de la visite, un temps saturé

« Je peux la prendre dans les bras, je lui fais des bisous, elle me répond des fois. Elle dit maman, cela me touche même si je ne suis pas sure qu’elle me prenne pour telle. Elle peut dire maman à tout le monde. »

J’avais de l’émotion, voir le papa, la maman, c’était la première fois que je revoyais mon mari en tant que père, il y a des choses qui se manifestent qui sont superbes entre un petit garçon et son père. C’était marrant, c’était une vie de famille ! C’était une vraie vie de famille que je voyais enfin, et puis la séparation, la fin de la visite, c’était comme si j’avais rêvé un moment, et puis terminé, cela a été trop vite.

Les positions privilégiées par les professionnels

Trois conceptions du stress

Les types de coping

Types de coping et stratégies

Stratégie d’évitement « J’ai rien loupé comme rendez-vous mais ça me prend la tête, ça m’emmerde en fait ces gens là derrière mon dos qui me posent toujours les mêmes questions, les mêmes rengaines. On tend le dos, c’est tout. Je cherche pas à discuter, j’ai qu’une hâte, c’est de partir »

Stratégie de résolution de problème « En fait je pense que à partir du moment où ils ont réussi à m’expliquer où étaient les problèmes, à ce moment là… On m’a expliqué plein de fois, mais il y a eu un moment où j’ai mieux compris, où… j’ai mieux compris parce que j’étais moins dans le refus. Au départ, on vous enlève votre enfant, donc vous n’êtes pas à même d’entendre. Même si c’est la décision du juge, vous vous n’avez des contacts qu’avec le foyer, donc le refus il est contre le foyer. Ensuite, on fait des synthèses, il y a des choses avec lesquelles on est d’accord et d’autres non… »

Fuite dans la rêverie « Nous parlons de tout et de rien. Ma mère cherche aussi à éviter la confrontation donc du coup elle nous demande par exemple quelle serait la maison de nos rêves... pour éviter les silences… mais j’arrive très vite à la cerner au niveau de ce qu’elle fait, et je ne crois pas à ce rêve, moi je laisse mes sœurs répondre. »

Dilution de la confrontation « L’éducatrice pense que c’est bien d’avoir une rencontre privilégiée avec ma mère, mais Je n’aime pas cela, parce que je ne peux plus échapper à la situation, alors que quand mes sœurs sont là, c’est elles qui parlent. Je pense qu’ils veulent que quelque chose se passe entre ma mère et moi, mais ils me disent aussi de ne pas lancer trop de venin à ma mère, or moi j’ai un gros sac de reproches à lâcher »

Stratégie d’anticipation et d’élucidation « J’aimerai bien préparer la visite avant quand même, et en parler après un peu et pouvoir organiser un temps sans forcer, mais un temps pour parler, pour apprendre des choses de la vie d’avant, mais une fois qu’on sait tout de l’histoire d’avant, ce n’est plus utile. »

Panel de stratégies enfantines « J’ai dit que je ne voulais pas aller le mercredi. C’est vrai que je n’ai pas vraiment envie d’y aller, quand j’étais petite, je me cachais partout, je faisais des colères, maintenant, je pleure, je refuse de m’habiller ou je ne mange pas… Mais j’arrive quand même à me raisonner… Après j’ai mon poney donc je décompresse ou j’évacue tout dans ma famille d’accueil, ça se transforme en colère et moitié en haine… en fait c’est là que je gronde, au lieu d’attaquer ma mère, c’est ici que je fais la tête alors que ma famille d’accueil n’a rien fait ! »

Le clivage conversationnel « Cela me soûle les visites parce que je n’arrive pas à parler avec ma mère comme je le veux. Je n’arrive pas à lui parler comme je voudrais parce que ce n’est pas spontané, il y a des trucs que j’aimerais lui dire et que je lui dis au téléphone, mais pas devant l’éducatrice….je voudrais lui parler de mon internat, des bêtises que je fais là bas, mais pas devant l’éducatrice, elle a d’autres enfants qu’elle suit dans le même internat…. C’est mon intimité alors je fais le tri. »