Commentaire de Matthieu 19. 1-12 Aix 2011 - Guillaume Argaud

Déroulement v1-2 : Jésus va de Galilée en Judée, après ses discours du ch18. Question des pharisiens, v3 : Ils viennent à Jésus pour l'éprouver. Ils lui demandent s'il est permis de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit. Réponse du Seigneur, v4-6 : Le référent : N'avez-vous pas lu ? Le projet de Dieu : Ils seront une seule chair. En pratique : Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. Reformulation des pharisiens, v7 : pourquoi Moïse a-t-il commandé de donner une lettre de divorce et de la répudier ? Réponse du Seigneur, v8-9 : Le référent : A cause de votre dureté de cœur, Moïse vous a permis. Le projet de Dieu : Au commencement, il n'en était pas ainsi. En pratique : quiconque répudiera sa femme si ce n'est pour cause de fornication et en épouse une autre commet adultère. Réaction des disciples, v10 : Si telle est la condition de l'homme... Réponse du Seigneur, v11-12 : Qui peut le recevoir le reçoive.

Vocabulaire Pharisiens : de Parash, distinguer, séparer. Ils sont attachés à la loi plus qu'à Dieu. On peut autant craindre la loi que chercher à l'utiliser en la tordant. Eprouver : faire passer une épreuve, mettre en difficulté. C'est la motivation des pharisiens à l'égard de Jésus, le Christ. Divorce : du grec "apostasion", éloignement, séparation (définition statique) Répudiation : du grec "apoluo", congédier, détacher (définition dynamique, Mat 1. 19 : Joseph se proposa de la répudier secrètement). Du latin "repudiatio", rejet. Synonyme : choridzo, séparer, 1Co 7. 10. Fornication : du grec "porneia", relation sexuelle tarifée. Du latin "fornix", voûte. Terme du registre moral. "Ce que Dieu a uni" : le lien conjugal (Jn 4. 18 : celui que tu as maintenant n'est pas ton mari) Adultère : du grec 'moichos", infidélité, relation illicite. Du latin "adulterare", fausser [le contrat de mariage]. Terme du registre juridique.

Si un homme prend une femme et l’épouse, et qu’il arrive qu’elle ne trouve pas grâce à ses yeux, parce qu’il aura trouvé en elle quelque chose de malséant, il écrira pour elle une lettre de divorce, et la lui mettra dans la main, et la renverra hors de sa maison. Et elle sortira de sa maison et s’en ira, et elle pourra être à un autre homme. Et si le dernier mari la hait, et qu’il lui écrive une lettre de divorce et la lui mette dans la main, et la renvoie de sa maison, ou si le dernier mari qui l’avait prise pour sa femme vient à mourir : alors son premier mari, qui l’a renvoyée, ne pourra pas la reprendre pour être sa femme, après qu’elle aura été rendue impure ; car c’est une abomination devant l’Éternel : tu ne chargeras pas de péché le pays que l’Éternel, ton Dieu, te donne en héritage. Deutéronome 24. 1-4

La loi et son rôle La loi de Deut 24. 1-4 règle une question matrimoniale. Le rôle de la loi est de mettre de l'ordre dans l'organisation du pays. "Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir" (Matthieu 5. 9) "Les nations qui n'ont point de loi" (Romains 2. 14) "Par la loi est la connaissance du péché" (Romains 3. 20) "Annulons-nous la loi par la foi ? Qu'ainsi n'advienne ! Au contraire, nous établissons la loi" (Romains 3. 31) "La loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon" (Romains 7. 12) "La loi a l'ombre des choses à venir, et non l'image même des choses" (He 10. 1)

Quelques principes qui se dégagent de ce texte "Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas" (v6) : la volonté de Dieu pour le mariage est qu'il soit honoré. Dieu ne veut pas le divorce. "A cause de la dureté de votre cœur... vous a permis" (v8) : le lien peut être rompu. Les conditions de rupture ne sont pas spécifiées. "...si ce n'est pour cause de fornication et en épousera une autre commet adultère" (v9) : l'adultère ne peut se commettre que quand on est marié. C'est donc l'adultère qui est une/la cause de séparation. Le Seigneur le reproche aux pharisiens.

Ces principes se retrouvent ailleurs "Que le mari ne se sépare pas de sa femme" (1Co 7. 10) : la volonté de Dieu pour le mariage est qu'il ne soit pas rompu. Dieu n'autorise pas le divorce. "Si un frère a une femme incrédule..." : les difficultés liées au mariage existent (1Co 7. 12). Gardons des motivations pures. "Si l'incrédule s'en va, qu'il s'en aille" (1Co 7. 15) : la loi de Moïse est donnée pour mettre dans l'ordre dans la société. Le lien peut être rompu.

Quelques questions Qui unit ? Dieu, par l'autorité (Gen 24. 67; Ruth 4. 9; Ro 13. 1) Quand les époux sont-ils unis ? En France, à la mairie. Le lien du mariage peut-il être rompu ? Oui, par le divorce (Deut 24. 4; Mat 19. 9; 1Co 7. 15) La rupture du lien est-elle un péché ? Oui (Mal 2. 13-16, 1Co 7. 10). Quand peut-on considérer qu'il est rompu ? Quand le divorce a été prononcé (Jn 4. 18). Quand est-on adultère ? On ne peut tromper que celui avec lequel on a fait une alliance (terme juridique). Le remariage provoque-t-il l'adultère ? Non. Si on est divorcé, le lien du mariage est rompu, et on ne peut donc plus être adultère. En Mt 19. 9, l'adultère est dans la motivation du divorce. Comment se fait-on eunuque pour le royaume des cieux ? En mettant en œuvre la volonté de Dieu. Comment le Seigneur aide-t-il ? En affirmant la vérité (mariage, lien, adultère)

En pratique Divorcer est un péché (v6) Le divorce est prononcé par la loi du pays et ses représentants (v7) Quand le divorce est prononcé, le lien est rompu (v7) On ne peut plus être adultère vis à vis du premier mari quand on a divorcé (v7) Être marié n'est pas facile, divorcer est présenté comme une solution pour les pharisiens et les disciples (v10). Tout marié, divorcé, divorcé remarié peut et doit se relever, avec la grâce de Dieu qui est suffisante. (v12) Remariage envisagé (v9), mais désapprouvé (1Co 7. 11) ; obligation ou liberté de bien faire ? Principes et cas particuliers (1Co 7. 10; 12).