Quelles stratégies pour une meilleure insertion sociale des femmes exclues par allégation de sorcellerie ?

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Transcription de la présentation:

Quelles stratégies pour une meilleure insertion sociale des femmes exclues par allégation de sorcellerie ?

INTRODUCTION 1/4 L’Organisation des Nations Unies à travers ses différentes agences a toujours attiré l’attention des Etats sur le rôle primordial du social dans le processus du développement. le développement durable ne peut être atteint que lorsqu’il est centré sur l’homme et recherche le mieux-être de tous. La création d’un environnement économique, politique, social, culturel et légal qui favorise le développement social. L’intégration sociale et la participation de tous à la société, y compris des groupes vulnérables. Le respect de la dignité humaine et l’amélioration du statut des femmes.

INTRODUCTION 2/4 Dans ces conditions, la lutte contre l’exclusion apparaît comme un des axes fondamentaux des politiques de développement durable. lutte non uniforme car l’exclusion est un phénomène multidimensionnel : économique, social et politique. Ces différents aspects recouvrent des réalités différentes selon le contexte et le milieu.

INTRODUCTION 3/4 dimension économique de l’exclusion plus perceptible dans les pays du nord en Afrique, l’exclusion est aussi et surtout une rupture de lien social. exclusion des « mangeuses d’âmes » encore d’actualité au Burkina Faso avec 383 cas dans les 13 centres d’accueil au premier trimestre 2017 . toutes les communautés au Burkina croient en l’existence de la sorcellerie, seuls les mossé excluent les accusées de leur communauté.

INTRODUCTON (fin) 4/4 DEFINITION DU CONCEPT DE L’E XCLUSION SOCIALE DES FEMMES PAR ALLEGATION DE SORCELLERIE LES MANIFESTATIONS DE L’EXCLUSION SOCIALE DES FEMMES PAR ALLEGATION DE SORCELLERIE LES PROBLEMES AUXQUELS SONT CONFRONTEES LES VICTIMES ETAT DES LIEUX ET LIMITES DES APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES LES STRATEGIES POUR UNE MEUILLEURE REINSERTION SOCIALE DES FEMMES EXCLUES

DEFINITION DU CONCEPT DE L’E XCLUSION SOCIALE DES FEMMES PAR ALLEGATION DE SORCELLERIE Les femmes accusées de sorcellerie  constituent cette catégorie de femmes généralement d’un âge avancé, vivant le plus souvent en milieu rural, qui sont accusées par les autres membres de la communauté de pratiquer des rites destinés à nuire ou à faire mourir quelqu’un. Cette accusation ou cette allégation de sorcellerie aboutit généralement à une exclusion sociale. L’exclusion sociale des femmes pour allégation de sorcellerie correspond à tout acte ou comportement tendant à priver ces femmes de leur droit de vivre dans leur famille ou dans leur communauté ou à porter atteinte à leur dignité d’être humain de sorte à menacer leur vie en famille ou en communauté.

LES MANIFESTATIONS DE L’EXCLUSION SOCIALE DES FEMMES PAR ALLEGATION DE SORCELLERIE Les événements à la base de l'exclusion: Il s'agit d'événements malheureux, épidémies, décès surtout ceux des enfants. Les procédés d’allégation: les plus courants sont : consultation de devins (« baga » et « kinkirbaga »), le breuvage de vérité (ou « zângoogo »), le port du cadavre (ou « siingo ») , le serment ( « kaabgo », « teese »), l’accusation Itineraires des femmes exclues: le village natal les centres d’accueil

LES PROBLEMES AUXQUELS SONT CONFRONTEES LES VICTIMES LES FEMMES EXCLUES Rupture avec la communauté dans laquelle elles vivaient ; Rupture de liens familiaux (famille d’origine, famille alliée) ; Rupture de liens avec les enfants ; Fragilisation de la santé du à l’isolement Humiliations, injures Détérioration des biens dans certains cas(destruction d’habitat, de matériel, etc) Mort par suicide Mort par epuisement

LES PROBLEMES AUXQUELS SONT CONFRONTEES LES VICTIMES LES VICTIMES COLLATERALES (Etat, communautés et familles) Perte d’une actrice de développement; conflits intra et interfamiliaux ; augmentation des charges de l’Etat ; privation des enfants de leur mère et grand-mères ; dislocation des familles

ETAT DES LIEUX DES ACTIONS ET APPROCHES DE REINSERTION SOCIALE Sur le Plan Juridique Renforcement du cadre juridique par: Adoption de la loi n° 061-2015/CNT du 6 septembre 2015 portant prévention, répression et réparation des violences à l’égard des femmes et des filles et prise en charge des victimes qui dispose en son article 12 qu’est coupable de violences morales et psychologiques envers une fille ou une femme, quiconque chasse, renvoie, rejette ou inflige des mauvais traitements à une fille ou à une femme accusée ou soupçonnée de sorcellerie. Ces faits sont passibles d’une peine d’emprisonnement de un an à cinq ans et d’une amende de six cent mille (600 000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement. Adoption de la loi n°024-2016/AN du 17 octobre 2016 portant protection et promotion des droits des personnes âgées qui stipule en son article 45 qu’ « est puni d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de un million cinq cent mille (1 500 000) à cinq millions (5 000 000 ) de franc CFA ou l’une de ces deux peines seulement, quiconque est reconnu coupable d’exclusion sociale sur une personne âgée par allégation de sorcellerie ».

ETAT DES LIEUX DES ACTIONS ET APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES Sur le Plan Institutionnel Adoption et mise en œuvre de Politiques, programmes et plans d’actions. Il s’agit notamment : La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) qui s’attèle à développer des mécanismes à même de garantir l’accès de toutes les couches sociales à la protection sociale. La Politique Nationale d’Action Sociale (PNAS) qui vise à assurer la protection et la promotion des groupes sociaux spécifiques et marginalisés ainsi que la création des conditions favorables à une consolidation de la solidarité au sein des populations. Le plan d’Actions National de Lutte contre l’Exclusion Sociale des Personnes Accusées de Sorcellerie couvrant la période 2012-2016 et qui vise à créer un environnement social favorable à l’élimination de l’exclusion sociale des personnes pour allégation de sorcellerie au Burkina Faso.

ETAT DES LIEUX DES ACTIONS ET APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES Sur le Plan Institutionnel (suite) La prise en charge intégrée de 600 pensionnaires des cours de solidarité L’organisation de trois journées de dialogue communautaire avec les chefs coutumiers et traditionnels dans les provinces des Balé, du Passoré et de la Tapoa. Renforcement des capacités des acteurs Réalisation d’activités de sensibilisation sur l’exclusion sociale (causeries, théâtres forum, émissions radio, etc .) Organisation d’actions de réinsertions des femmes exclues vivant dans les centres d’accueil au sein de leur communauté L’organisation d’un atelier de réflexion les 27 et 28 février à Yako sur le rôle de la famille face à l’exclusion

DIFFICULTES/ LIMITES DES ACTIONS ET DES APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES 1/3 DIFFICULTES D’ORDRE INSTITUTIONNEL les termes de la loi qui ne sont pas clairement définis ; l’inapplication de la loi : on privilégie le règlement à l’amiable ; l’impuissance des forces de sécurité à pouvoir lutter  efficacement contre l’exclusion sociale considérée comme un fait social relevant des services en charge de l’action sociale ; l’insuffisance de la sensibilisation pour faire ressortir l’aspect négatif des pratiques et faire prendre conscience des méfaits de l’exclusion des personnes par allégations de sorcellerie ; la peur des communautés de collaborer avec l’action sociale ; la technique d’approche de sensibilisation inadaptée ; le manque de moyens (matériels et financiers) pour lutter efficacement contre l’exclusion sociale des personnes par allégations de sorcellerie.  

DIFFICULTES/LIMITES DES ACTIONS ET APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES 2/3 DIFFICULTES D’ORDRE SOCIO-CULTUREL la réticence de la population à dénoncer les faits ; c’est un fait culturel fortement ancré dans nos coutumes y compris les acteurs eux-mêmes ; les difficultés pour les acteurs de se départir de leurs propres cultures et convictions ; silence coupable des chefs coutumiers qui feignent d’ignorer l’existence de la pratique ; sujet tabou ; la peur d’être exclu si on reçoit la « sorcière » ;

DIFFICULTES/LIMITES DES ACTIONS ET APPROCHES DE REINSERTION SOCIALES 3/3 DIFFICULTES D’ORDRE SOCIO-CULTUREL (suite) existence de pratiques socio-culturelles néfastes telles le port du cadavre. méfiance de la population qui pense que les acteurs protègent les « sorcières/sorciers » ; population non réceptive à la médiation ; mutisme/ manque de communication/ refus de parler de la question ; peur des représailles de la population ; refus d’abandon de leur loi coutumière.

LES STRATEGIES POUR UNE MEUILLEURE REINSERTION SOCIALE DES FEMMES EXCLUES 1/4 Sensibilisation Plaidoyer Médiation Promotion du dialogue au sein des familles Approche communautaire ou solution endogène

LES STRATEGIES ET ACTIONS POUR UNE MEUILLEURE REINSERTION SOCIALE DES FEMMES EXCLUES 2/4 Amélioration du niveau de connaissances des familles et des communautés en matière de droit, santé, nutrition hygiène et assainissement ; organisation des campagnes multimédia de communication en direction de la population sur : le contenu des dispositions juridiques et la nécessité d’y recourir en cas d’exclusion le processus d’exclusion (sous forme de sketch radiophoniques, théâtre  

LES STRATEGIES ET ACTIONS POUR UNE MEUILLEURE REINSERTION SOCIALE DES FEMMES EXCLUES 3/4 ACTIONS (suite) Plaidoyer auprès des leaders communautaires (jeunes, chefs coutumiers, chefs de terre, détecteurs de sorciers, etc.) pour la réalisation d’initiatives locales ;   Suivi des cas réinsérés en vue d’adapter les actions de réinsertion ; Application effective des textes juridiques réprimant l’exclusion sociale ;

LES STRATEGIES POUR UNE MEUILLEURE REINSERTION SOCIALE DES FEMMES EXCLUES 4/4 ACTIONS (suite) Renforcement du rôle et des capacités des familles vulnérables dans la résorption du phénomène Mise en œuvre concertée des actions de lutte contre l’exclusion sociale ;  la réalisation d’initiatives locales par les leaders communautaires pour lutter contre l’exclusion des femmes par allégation de sorcellerie et leur accompagnement par le Ministère en charge de la de la femme et ses partenaires.

CONCLUSION Au terme de notre communication, nous disons que quelque soient les raisons qui la sous- tendent, l’exclusion des femmes par allégation de sorcellerie est un véritable mal social auquel des solutions doivent être apportées. C’est dans cet esprit que nous avons essayé à partir des limites des actions et le rappel du processus d’exclusion des personnes par allégation de sorcellerie, de répertorier des stratégies et actions possibles pour renforcer la lutte contre le phénomène. Nous avons relevé dans ce domaine, que les lois gardent leur intérêt pour interdire et réprimer la pratique ; cependant les dispositions en la matière méritent d’être améliorées et connues par les populations. le recours à la loi ayant des limites dans un pays où l’on note une coexistence du droit moderne et du droit coutumier, nous pensons que la solution passerait également par: la sensibilisation des communautés, le renforcement des capacités des familles à résister, l’identification et la réalisation des initiatives locales par les leaders communautaire et l’accompagnement de ces initiatives par l’Etat. C’est à notre avis sur ces terrains que la lutte contre l’exclusion des femmes par allégation de sorcellerie devrait s’orienter.

JE VOUS REMERCIE