Fig. 1. Où souhaitent ils travailler Les internes de psychiatrie en France moins mobiles que leurs homologues européens : étude observationnelle européenne par internet T. Gargot 1,2,*, B. Chaumette 1, C. Feteanu1,2, M. Pinto Da Costa3 1. Interne en psychiatrie à Paris, 2. Participant à l’organisation de l’EFPT, 3. Interne en psychiatrie à Porto * thomas_gargot@hotmail.com Introduction Méthode La fédération européenne des internes de psychiatrie (EFPT) a réalisé une étude observationnelle en ligne sur la migration des internes de psychiatrie en Europe[1] suite à un rapport de la WPA[2] pointant la problématique de la fuite des jeunes psychiatres des pays où ils ont été formés vers des pays plus riches. Ceci pourrait entraîner une dégradation de la qualité des soins fournis. Au contraire, une mobilité courte est aussi l’opportunité pour les jeunes psychiatres de découvrir d’autres approches complémentaires qui peuvent enrichir leur pratique. Cette étude a permis d’évaluer la mobilité des internes français et l’attractivité de la France. Entre 2013 et 2014, 2281 internes de 33 pays européens ont participé à cette étude «Brain Drain» initiée par l’EFPT et relayée en France par l’AFFEP. Nous présenterons ici les résultats concernant les internes ayant fait leurs études en France. Résultats Fig. 1. Où souhaitent ils travailler dans 5 ans ? Fig. 2. Motivations pour quitter la France 193 personnes ont répondu en France (2ème pays avec le plus grand nombre de participants). 65 % de ces internes sont des filles, 89 % ont moins de 30 ans, 75 % sont en couple et 11 % ont des enfants. Des internes de la première à la dernière (4ème année) ont répondu en proportion équilibrée (de 18 % à 28 %). 8 n'avaient pas la nationalité française, ce qui fait de la France le 7ème pays le plus attractif de l'étude. A contrario, 4 français émigrés ont répondu à l'étude. 30 % des français ont déjà vécu à l'étranger entre 3 et 12 mois. Quand les français migrent, ils partent surtout vers la Belgique, la Suisse ou les Etats-Unis. Seuls 5 % des internes ont passé plus d'un an à l'étranger, soit 3 fois moins que dans les autres pays européens (p < 10-4) ce qui place la France à la 14ème place en terme d’expérience de mobilité courte. La mobilité depuis et vers la France est donc faible. Cette faible mobilité ne s’explique pas par un manque d’envie : 71 % des internes a déjà envisagé de partir à l’étranger. Mais la plupart ne pense pas faire de démarches pratiques et 65 % des répondeurs pensent qu'ils resteront en France dans les 5 prochaines années (Fig. 1.). Fig. 3. Salaires des internes de psychiatrie en Europe Fig. 4. Proportion des internes qui envisagent de quitter leur pays Le salaire des internes de psychiatrie en France est compris entre 1500 et 1999 € ce qui est un salaire moyen en Europe (Fig. 3.). Les internes en sont modérément satisfait. A l’échelle européenne, un salaire bas est le premier facteur expliquant l’émigration (Fig. 4.) alors que les raisons principales pour quitter la France seraient personnelles, académiques ou liées à l'environnement culturel (Fig. 2.). Conclusion La France n’est pas touchée par le phénomène de fuite des cerveaux mais n’est pas non plus un pays attractif. Les mobilités courtes sont elles aussi limitées. Des difficultés davantage culturelles, la maîtrise des langues étrangères ou le manque d’aides à la mobilité pourraient expliquer cette moindre mobilité des français par rapport aux autres internes européens. Depuis 2011, l'EFPT cherche à répondre à cette volonté de mobilité par un programme d'échange [3] de 2 à 6 semaines parmi 13 pays européens dont la France participe activement en accueillant des internes étrangers dans le cadre du programme à Paris, Grenoble, Amiens. Ainsi, 100 échanges européens ont déjà été organisés par l’EFPT dans un programme ouvert à tous les internes d’Europe. - [1] Pinto da Costa M. A challenge of the 21st century: brain migration in psychiatry. International Psychiatry 2012; 9 (3): 75-6. - [2] Gureje O, Hollins S, Botbol M. et al. Report of the WPA Task Force on Brain Drain World Psychiatry 2009; 8: 115-8. - [3] http://efpt.eu