La Soie Proposé par Jackdidier. Texte hommage de Simone Robert
Presque cinq millénaires qu’un Empereur de Chine Et sa divine épouse avaient un grand jardin. Ils y revenaient tous deux dans les jolis matins Pour déguster leur thé sous la brise câline.
Un jour, quelle surprise! À l’ombre du mûrier Un cocon est tombé dans la tasse brûlante. La belle s’en saisit, éberluée, tremblante, Car il s’en déroula un long fil argenté.
La route de la Soie par Marco Polo.
La soie venait de naître, un privilège immense Qui trois mille ans plus tard se vendait à prix d’or Par des Chinois heureux de battre le record D’un commerce juteux, une vraie providence.
Même Louis XIV aimait beaucoup la soie Favorisa longtemps sa production en France Ce qui lui a valu d’avoir son opulence Dans toutes les Cévennes au bon temps d’autrefois.
Vers 1850 beaucoup de filatures Assurent du travail aux filles du terroir Les fileuses de soie usant de leur savoir Echaudent les cocons affrontant des brûlures.
Des vapeurs d’eau bouillante inondent leur visage, Un balai de bruyère est dans toutes les mains. Qui sondent les bassins, dévidant avec soin Des quintaux de cocons, quel vigoureux ouvrage !
Mais la pébrine vient et sème la panique. Jean-Baptiste Dumas doit appeler Pasteur Qui va éradiquer d’un esprit salvateur Le mal des vers à soie, il en sort héroïque.
Maints foyers sont dotés d’une magnanerie, Vaste pièce aérée située à l’étage Où les magnanarelles abattent de l’ouvrage Elevant leurs magnans au printemps refleuri.
Les mûriers généreux donnent de belles feuilles Que ramassent en chœur les femmes, les enfants, Gais, leur sac débordant, reviennent en chantant Les mamans, le petits, souvent même l’aïeule.
A quelque temps de là se place la bruyère Pour que les vers à soie fabriquent des cocons Puis le décoconnage ensemble à la maison Récompense l’effort de familles entières.
La mère pèsera sur la vieille romaine Le fruit d’un long travail comme un fameux trésor Apprenant aux plus jeunes à louer l’arbre d’or Grâce auquel ils vivront pendant plusieurs semaines.
Le père et son cheval jusqu’à la filature Partiront un matin voir le négociant Qui paiera les cocons avec argent comptant Scellant pour une année ce métier de nature.
Longtemps notre région sera une championne Mais viendra le vingtième avec ses concurrents. Le canal de Suez mènera d’Orient Aux canuts de Lyon, la fameuse rayonne.
Ainsi s’est achevée la sériculture Il y a maintenant de nombreuses années Qui fut dans les Cévennes une grande épopée Dont le progrès sonna la fin de l’aventure.
Saint Jean du Gard : Musée des Vallées Cévenoles Maison Rouge
Texte poétique de Simone ROBERT Poétesse Cévenole. Chevalier des Arts et des Lettres Grand Prix de poésie Paul Valéry. Images du net, sélectionnées par Jackdidier Qui vous invite à visiter le tout récent Musée des Vallées Cévenoles, Maison Rouge à Saint Jean du Gard, relatant le travail régional de la Soie.