HUMANISME ET RENAISSANCE Découvrir la révolution de la pensée humaniste En comprendre les soubresauts S’interroger sur ses effets jusqu’à aujourd’hui
Comprendre l’esprit humaniste de la Renaissance au travers des représentations féminines Sandro Botticelli « La naissance de Vénus » (détail) huile sur toile ca 1485 Galleria degli Uffizi FIRENZE
Une scène de merveilleux au Moyen-Age
Tableau médiéval castillan La Madone
Une présence féminine effacée au début
La transition vers la Renaissance Domenico Ghirlandaio, L’adoration des mages, 1488.
Léonard de Vinci, Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant, 1510. Mère de la Vierge Marie
Raphaël, La Donna Velata, 1514-16.
Titien, La Vénus d’Urbino, 1538, Florence.
La Dame à la Licorne, Raphaël, 1505-06
Symétrie / ordre / raison Courbes et sensualité Centralité du coeur La Dame à la Licorne, Raphaël, 1505-06 Symétrie / ordre / raison Courbes et sensualité Centralité du coeur Perspective en sfumato Drapé et détails Peau dégagée
Par ses représentations féminines, la Renaissance artistique révèle son nouveau regard sur l’être humain. Moins culpabilisant, moins formaliste, moins rigoriste : ce regard traite plus des émotions, de la vitalité de l’esprit et du cœur. L’humanisme peut se définir comme un mouvement vers l’homme, plutôt que contre lui. La figure féminine a pu en bénéficier, avant la société dont elle est issue...
Cette émancipation de la femme par le corps et l’esprit restait toutefois limitée au XVIe s. Ainsi, Juan Luis Vives, humaniste espagnol, recommande l’étude aux femmes mais avec certaines restrictions : « Je sais que les femmes cultivées sont suspectes à de nombreux hommes et j’approuve assez peu le savoir trop subtil qui ne peut que nourrir en mal les natures mauvaises. Pourtant, à celles qui vivent suivant le bien, l’instruction peut être la gardienne de la pudeur, la source de modèles moraux et l’aiguillon pour suivre la vertu. [...] Si elle écrit afin d’éviter de rester oisive, que ce ne soit pas des vers impudiques ou de viles chansons mais de saintes réflexions sur les sentences des philosophes ou bien des histoires édifiantes pour servir à élever ses enfants ou ses compagnes et se rendre elle-même meilleure ».
Ambrosius Benson, Marie-Madeleine lisant, vers 1525. Louise Labé, Œuvres, 1555 « Étant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines, il me semble que celles qui ont la commodité, doivent employer cette honnête liberté que notre sexe a autrefois tant désirée, à icelles apprendre : et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pouvait venir. Et si quelqu’une parvient en tel degré, que de pouvoir mettre ses conceptions par écrit, le faire soigneusement et non dédaigner la gloire, et s’en parer plutôt que de chaînes, anneaux, et somptueux habits, lesquels ne pouvons vraiment estimer nôtres, que par usage ». Ambrosius Benson, Marie-Madeleine lisant, vers 1525. Le risque est grand encore de limiter l’esprit de la femme à l’étude spirituelle...
Lutter contre la misogynie n’est pas un vain combat à cette époque : Nicole Estienne faisait partie d’une célèbre famille d’imprimeurs et était mariée à un médecin, Jean Liébault, qui consacra un de ses ouvrages aux maladies des femmes. Les Misères de la femme mariée de Nicole Estienne n’est pas contre le mariage en général, mais contre les mariages sans amour qui se révèlent être une prison et un esclavage pour les femmes. Lutter contre la misogynie n’est pas un vain combat à cette époque : « S’elle épouse un riche, il faut qu’elle s’attende D’obéir à l’instant à tout ce qu’il commande Sans oser s’enquérir pourquoi c’est qu’il le fait, Il veut faire le grand et superbe dédaigne Celle qu’il a choisie pour épouse et compagne En faisant moins de cas que d’un simple valet (...) ». Son anagramme était : «J'estonne le ciel»
Les écrits de Nicole Estienne répondaient à la poésie de Philippe Desportes (Stances du mariage, 1590’) : « Jupiter en courroux, certain jour ici-bas Fit descendre la femme aux yeux remplis d'appas, Et portant en la main une boëte (1) féconde Des semences du mal, les procès, le discord, Le souci, la douleur, la vieillesse et la mort, Bref, pour douaire (2), elle eut tout le malheur du monde. Vénus dessus son front mille beautés sema ; Pithon d'autant d'attraits sa parole anima ; Vulcain forgea son cœur ; Mars lui donna l'audace : Bref, le ciel rigoureux si bien la déguisa, Que l'homme épris de flamme aussitôt l'épousa, Plongeant en son malheur toute l'humaine race. (...) Languir toute sa vie en obscur prison, Passer mille travaux, nourrir en sa maison Une femme bien laide, et coucher auprès d'elle ; En avoir une belle, et en être jaloux, Craindre tout, l'épier, se gêner de courroux, Y a-t-il quelque peine en enfer plus cruelle ? (...) O supplice infernal en la terre transmis Pour gêner les humains, gêne mes ennemis : Qu'ils soient chargés de fers, de tourments et de flamme, Mais fuis de ma maison, n'approche point de moi ; Je hais plus que la mort ta rigoureuse loi, Aimant mieux épouser un tombeau qu'une femme.»
Les FEMEN: un combat néo-humaniste ?
Caute = méfiante