Média et opinions publiques depuis la fin du XIXe siècle T L Histoire

Problématique Comment les media ont-ils mis en avant des « affaires » dans le grand public depuis la fin du XIXe siècle ?

I- Les années 1890-1930 1- Une période favorable à l’écrit Vers 1890, la scolarisation est générale. La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse favorise les journaux : 322 titres, 2 millions d’exemplaires en 1900, nombreux clubs de lecture.

Les journaux sont peu coûteux : impression sur du papier de faible qualité, illustrations et photographies de plus en plus nombreuses, variété des titres (information générale, opinion politique, presse populaire…).

2- L’affaire Dreyfus et la presse Le capitaine Alfred Dreyfus est accusé à partir de 1894 de trahison, dans un procès militaire à charge. Sa seule faute : être juif. Le vrai coupable n’est pas condamné. La presse s’empare de cette affaire dès l’enquête : la plupart des journaux, catholiques et conservateurs, sont anti-dreyfusards.

C’est le cas de La libre parole, journal antisémite C’est le cas de La libre parole, journal antisémite. Les journaux dreyfusards, comme l’Aurore, qui publie le « J’accuse » de Zola (1898), sont peu nombreux mais influents. En 1899 Dreyfus est gracié, et réhabilité quelques années plus tard : les journaux ont joué un rôle moteur dans l’affaire, et les français se sont habitués à lire une presse variée, qui publie les affaires en « feuilletons ».

3- La crise du 6 février 1934 Le 6 février 1934, une manifestation d’extrême-droite à Paris, qui menace de se transformer en coup d’Etat, est violemment dispersée par l’armée : il y a plusieurs morts et de nombreux blessés. Les journaux d’extrême-droite dénoncent un gouvernement « assassin », la presse de gauche condamne également le gouvernement, qui démissionne.

La presse a donc contribué à la chute d’un gouvernement instable, et à forger une opinion publique qui va voter à gauche (Front populaire) lors des élections de 1935. Dans cette période se développent de nouveaux média : la radio (TSF), contrôlée par l’Etat, et les informations cinématographiques.

II- La révolution audiovisuelle av. 68 1- 1940-1945 : le poids de la radio Pendant la seconde Guerre mondiale, la radio (60% des foyers équipés) fournit l’essentiel de l’information : propagande (Radio-Stuttgart), informations de la BBC… Pétain annonce l’armistice du 17 juin 1940 à la radio, de Gaulle son appel du 18 juin par la BBC.

Les journaux officiels font la propagande de la collaboration (Je suis partout) ; les titres de la Résistance (Libération, l’Humanité…) font une propagande inverse, avec d’autres formes de communication (affiches, tracts). Ils deviendront officiels en 1945.

2- Les débuts de l’audiovisuel (années 50-68) 1960 : 5% de téléviseurs, 90% de radios dans les foyers. Les informations (y compris la presse) sont censurées par le gouvernement, en particulier pendant la Guerre d’Algérie. 1968 : 58% de téléviseurs.

Depuis le 6 mai, le transistor est devenu le cordon ombilical qui relie la France à sa révolution. La télévision, muselée ou presque, a pour l’instant renversé le régime de l’image. Le pouvoir est à la parole. Et dans le domaine de l’information, les radios périphériques, grâce à leur souplesse, à leur mobilité, grâce aussi à une certaine liberté, ont affirmé leur puissance et, dans l’ensemble, assumé leurs responsabilités. Danièle Heyman, L’Express, 3 juin 1968.

Triple crise, sociale, estudiantine et politique dans les années 60, qui trouve un écho dans les média. Guy Debord, dans La Société du spectacle (1967), défend la thèse de l’aliénation de la société par le système marchand.

En 1968, les média participent à la crise, surtout la radio, qui relaie les informations en direct. En 1974, Valéry Giscard d’Estaing supprime l’ORTF ainsi que le ministère de l’Information (censure) et accorde l’autonomie aux trois chaînes de télévision et à Radio France. Années 1970 : les "radios libres" se multiplient dans la clandestinité. Elles sont légalisées par la gauche en 1981. diversification des media.

III- La démocratie d’opinion (ap. 90) Période de crise depuis les années 80 : chômage élevé, crise économique, abstention aux élections, défiance des politiques. Multiplication des chaînes TV (Sat, TNT) Internet, qui multiplie les sources d’informations (podcasting, blog, réseaux sociaux…).

De nombreuses questions se posent : Internet (blogs, Facebook…) : manipulation politique possible ; Problème des sources d’informations dans ces media, en particulier non-professionnels ; Multiplication des « sondages d’opinion » : absence de débat public, de suffrage universel… : « tyrannie des media » ?

Conclusions : Les media ont un rôle de plus en plus important dans l’information et la régulation de la politique, par les « affaires » fréquemment mise en lumière. La multiplication récente des média, via internet, pose cependant de nouvelles questions : fiabilité et opacité des sources, manipulation dans des buts publicitaires et politiques...