Quelles stratégies de croissance économique pour les pays africains : substitution des importations ou promotion des exportations ? Deuxième Congrès des.

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Transcription de la présentation:

Quelles stratégies de croissance économique pour les pays africains : substitution des importations ou promotion des exportations ? Deuxième Congrès des Economistes Africains Abidjan, Côte d’Ivoire Novembre 24 – 26, 2011 CHASSEM TCHATCHUM Nacisse Palissy Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire Yaoundé, Cameroun

Plan de présentation 1. Problématique et hypothèse 2. Données et méthodologie empirique 3. Résultats et analyses 4. Conclusion et recommandation

Problématique et hypothèse Substitution des importations = Remplacement des biens importés par les biens produits localement pour diminuer la dépendance et diversifier l’appareil de production par étapes en remontant la filière de production De l’indépendance jusqu’aux années 80, la plupart des pays africains ont mis en oeuvre diverses stratégies de substitution des importations, à travers les mesures restrictives telles que : la protection tarifaire et non tarifaire, le contrôle de change et les licences d’importation. Au debut, ces stratégies se sont traduites par des effets positifs sur la production manufacturière et l’emploi. Durant les années 70, l’Afrique réalisait un taux de croissance industrielle moyen de 5,5% (UNECA 2004). Par la suite, elles se sont heurtées à plusieurs problèmes dont : la productivité médiocre de nouvelles entreprises, et l’augmentation rapide des importations des biens intermédiaires et des biens d’équipement nécessaires à la production des biens finaux, se traduisant par des déséquilibres commerciaux et des déficits de balance des paiement. Résultats : échec des politiques de substitution des importations. Le taux de croissance industrielle moyen tomba à 2,5% au courant de la période 1980-84, puis à 0,4% entre 1985 et 1987 (UNECA 2006).

Problématique et hypothèse Promotion des exportations = Accroissement des exportations afin d’augmenter la capacité d’importations nécessaire à la production et stimuler la demande des biens produits. Cette stratégie prône l’ouverture des marchés à la concurrence Face aux problèmes liés à la mise en oeuvre des stratégies de substitution des importations, les pays africains adoptent au milieu des années 80, les stratégies de promotion des exportations pouvant leur permettre de participer activement au commerce mondial et ainsi, de promouvoir leur croissance économique. Malheureusement, jusqu’à présent, les pays africains n’ont eu que très peu d’avantages de la libéralisation des échanges malgré les réformes commerciales entreprises. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales a fortement diminué en passant de 4,1% à 1,6% entre 1980 et 2000, et sa part dans les importations a également chuté de 3,2% à 1,3% au cours de la même période (UNCEA, 2004). En outre, le taux de croissance moyen du PIB est restée en dessous du seuil de 7% nécessaire pour atteindre les OMD. Au contraire, les moteurs de la croissance économique des pays africains ont tendance à s’emballer plus souvent, et ne tournent qu’à la suite d’une trouvaille minière ou d’un don gracieux.

Problématique et hypothèse Pourquoi l’échec des politiques de substitution des importations et des politiques de promotion des exportations ? Hypothèse : La combinaison des deux groupes de politiques : “substitution des importations” et “promotion des exportations”, conduit à une croissance économique forte des pays africains, qu’un seul groupe de politiques. La plupart des pays qui ont mené des politiques de substitution d’importations ont diversifié leurs exportations (Brésil, Inde, Chine). Les pays qui ont eu les plus grands succès à l’exportation (Corée du Sud, Brésil, Mexique, Chine) sont passés par une ou des phases préalables de substitution aux importations.

Données et méthodologie empirique Le modèle théorique choisit est celui de Solow (1956) réduit au capital physique par tête comme seul déterminant de la croissance économique. Ainsi, en plus des exportations et des importations qui sont les variables d’intérêts, l’investissement local et l’investissement direct étranger (IDE) sont considérés dans les déterminants de la croissance économique. Compte tenu de l’importance de l’aide publique au développement (ODA) dans les pays africains, nous l’avons également introduit parmi les déterminants de la croissance économique. Les données utilisées sont des observations annuelles de 34 pays africains sur 54 au total (20 autres pays ont été exclus de l’analyse à cause des données manquantes) sur la période 1970-2005. Elles proviennent du CD-ROOM de la Banque mondiale (WDI 2007). Pour apprécier la croissance économique, nous avons utilisé le taux de croissance du PIB par tête. Les autres variables : exportations, importations, investissement local, investissement direct étranger (IDE) et aide publique au développement (ODA) sont approchées par leur taux de croissance. Une variable dummy valant « 0 » sur la période 1970-1979 et « 1 » sur la période 1980-2005 permet de tenir compte des deux stratégies adoptées.

Données et méthodologie empirique La méthode empirique utilisée est basée sur celle des modèles dynamiques sur données de panel des déterminants de la croissance économique. La forme usuelle de ces modèles est la suivante : yi,t = α yi,t-1 + β’ Xi,t + μi + εi,t où yi,t représente la croissance économique du pays i de l’année t, Xi,t est la matrice des déterminants de yi,t, α et β sont les paramètres à estimer, μi ≈ N(0,σμ) est l’hétérogénéité pays , et εi,t ≈ N(0,σε) est le terme d’erreur . Blundell et Bond (1998) propose une méthode d’estimation garantissant la convergence des estimateurs des paramètres.. Déterminants de la croissance économique Signe attendu des paramètres (β) Hypothèses sur le statut d’endogéneité des déterminants de la croissance économique / Justification des signes attendus Investissement domestique + Endogène / Evident Investissement étranger direct Endogène / IDE permettent d’introduire de nouvelles technologies dans l’économie. Une nouvelle technologie est supposée avoir un impact positif sur la productivité de l’ensemble de l’économie. Aide publique au développement ± Prédéterminé / Positive si elle est orientée vers les pays à forte croissance, et Négative sinon Exportations Endogène / Evident Importations Endogène / Idem comme pour IDE Variable Dummy Exogène / Positive si le taux de croissance moyen sur 1980 – 2005 est grand que celui sur 1970 – 1979, et Négative sinon

Résultats et analyses Variables explicatives coefficients p-values Taux de croissance du PIB par tête (-1) 0,117 0,244 Taux de croissance de l’investissement local 0,074* 0,074 Taux de croissance de l’investissement direct étranger 0,000 0,689 Taux de croissance de l’aide publique au développement -0,003 0,333 Taux de croissance des exportations 0,120** 0,001 Taux de croissance des importations 0,993 Dummy [vaut 0 sur 1970-1979 et vaut 1 sur 1980-2005] -1,129 0,553 Fisher 6,64** AR(1) -3,64** AR(2) -0,05 0,959 Sargan 243,61 0,584 Les p-values sont calculés à partir de l’erreur standard de White robuste à l’hétéroscédasticité. **, et * indiquent respectivement la significativité statistique à 1% et 10%. L’hypothèse nulle du test de Sargan est : « l’éxogénéïté des instruments». Ainsi, plus grande est la p-value, plus exogène sont les instruments. Le test d’autocorrélation a pour hypothèse nulle « l’absence d’autocorrélation » et est appliqué aux résidus différenciés Δεi,t. Le test AR(1) rejette en général l’hypothèse nulle car Δεi,t=εi,t-εi,t-1 et Δεi,t-1=εi,t-1-εi,t-2 ont en commun εi,t-1. Le test AR(2) est plus important car il permet de détecter l’autocorrélation des εi,t

Résultats et analyses Les coefficients de l’investissement local et des exportations sont positifs et significatifs respectivement à au moins 10% et 1%. Ceux des importations et de l’investissement direct étranger sont nuls, alors que ceux de l’aide publique au développement et du Dummy sont négatifs. Ainsi, les exportations affectent positivement et significativement la croissance économique des pays africains. Un accroissement de 1% des exportations accroit, toutes choses étant égales par ailleurs, le PIB par tête de 0,12 %. La nullité du coefficient de l’IDE contredit l’hypothèse et pourrait s’expliquer par le faible niveau de l’investissement direct étranger dans la plupart des pays africains : en moyenne, il n’a représenté qu’environ 1,3% du PIB africain sur la période 1970-2005. La nullité du coefficient des importations contredit aussi l’hypothèse et pourrait s’expliquer par le fait que les biens importés sont en général les biens de consommation qui n’améliorent pas significativement les systèmes de production locale. Ces biens sont souvent, pour l’essentiel, les produits agroalimentaires, vestimentaires et les commodités, qui n’ont ni un impact positif sur la production parce qu’ils n’apportent pas de nouvelles technologies à l’économie, ni un impact négatif parce qu’en général, ils ne sont pas en confrontation avec d’autres biens semblables produits localement. Ceci pourrait également traduire l’incapacité des pays africains non seulement à imiter et à innover mais aussi à développer leur base productive ayant pour conséquence l’importation en très grande proportion des biens de consommation par rapport aux biens d’équipement. Le signe négatif du coefficient de la variable Dummy implique que les pays africains ont enregistré en moyenne des taux croissance économique moins élevé durant la période de mise en œuvre des stratégies de promotion des exportations qu’au cours de la période de mise en œuvre des stratégies de substitution des importations. Enfin, l’aide publique au développement est supposée prédéterminée, et par conséquent, le signe négatif de son coefficient signifierait tout simplement que l’aide est en général orientée, toutes choses étant égales par ailleurs, vers les pays qui réalisent de faibles taux de croissance économique.

Conclusion et recommandation COMBINER LES DEUX STRATEGIES “SUBSTITUTION DES IMPORTATIONS” ET “PROMOTION DES EXPORTATIONS” La présence d’une relation positive et fortement significative entre le taux de croissance des exportations et le taux de croissance du PIB par tête indique que les politiques de promotion et de diversification des exportations boostent la croissance économique des pays africains. L’absence d’une relation entre le taux de croissance des importations et le taux de croissance du PIB par tête suggère qu’une stratégie de croissance économique basée sur les politiques de substitution des importations pourrait être bénéfique aux pays africains. Ceci ne peut se faire sans une stratégie de promotion des exportations.

« Africa must unite » MERCI