Les facteurs impliqués dans l’apprentissage du langage chez l’enfant Kristell Boucher-Marcuri Alexandrine J.-Lamontagne Andréanne Lemaire
Étapes du développement du langage Quels sont les facteurs impliqués dans l’apprentissage du langage chez l’enfant ? L’enfant est … «celui qui ne parle pas bien, qui est sans éloquence ; et c’est ensuite celui qui ne peut pas encore prendre la parole en raison de sa jeunesse, donc le tout jeune enfant» (Larousse, 1999, p.327). Étapes du développement du langage Facteurs innés ou relevant de la nature Facteurs acquis ou relevant de la culture
Les étapes d’acquisition du langage la phase de la perception des sons articulés la phase prélinguistique la phase linguistique la phase de la syntaxe et de la grammaire
La phase de la perception des sons articulés Distinction des syllabes Reconnaissance des mots Langage réceptif «Selon les linguistes, capacité de l’enfant à comprendre (recevoir) le langage, sans arriver à l’utiliser» (Bee & Boyd, 2003, p.100).
La phase prélinguistique Gazouillement Babillage Restriction aux sons entendus Langage gestuel «Langage qui s’exprime par des gestes ou par une combinaison de gestes et de sons» (Bee & Boyd, 2003, p.100).
Production des premiers mots Holophrases Langage expressif : La phase linguistique Production des premiers mots Holophrases Langage expressif : «Selon les linguistes, capacité de l’enfant à s’exprimer et à communiquer oralement» (Bee & Boyd, 2003, p.100).
La phase de la syntaxe et de la grammaire 2 stades grammaticaux Premier stade Premières phrases (constituées d’environ 2 mots) Deuxième stade Explosion de la grammaire (verbes auxiliaires, articles, prépositions, pluriels...) Phrases complexes
FACTEURS INNÉS Théories INNÉISTES Théories CONSTRUCTI-VISTES
Théories innéistes POURQUOI ? Complexité considérable des processus Similitudes entre les premières étapes de l’apprentissage du langage (… différences culturelles)
Théories INNÉISTES Structures impliquées Mécanismes neuronaux et bases génétiques Prédispositions innées au traitement de l’information
Structures impliquées …LES AIRES… Aire de Broca : production du langage Aire de Wernicke : sens des mots Arcuate fasciculus: répétition Latéralisation des structures (une population de droitiers!)
Mécanismes neuronaux… Ghislaine Dehane-Lambertz (2002) : IRMf Résultats réponses d’activation cérébrale aux mots entendus: enfants de 3 mois = adultes Conclusion: organisation précoce et relativement semblable des aires auditives & latéralisation du langage
… et bases génétiques Études sur les familles dont des troubles de langage sont transmis de génération en génération Trouvaille du gène responsable: le FOXP2 Son implication, plus qu’importante dans l’acquisition du langage!!
Prédisposition au traitement de l’information Dan Slobin (1985) Connaissance innée? Non, mais… Principes d’exploitation: ensemble d’habiletés cognitives et perceptuelles spécifiques au langage Règles d’écoute: préférence du langage bébé, attention portée au début, fin des suites de tonalité & aux mots accentués
Théories CONSTRUCTIVISTES Construction du langage (processus) Lien avec le développement cognitif plus global
…Théories constructivistes et liens avec le développement cognitif plus global Jeu symbolique et imitation vs apparition des premiers mots : phase de compréhension symbolique générale Schèmes sensori-moteurs et thème des premiers mots Notion de permanence de l’objet : ‘’oh oh’’ et ‘’parti’’
Liens entre les théories -Prédisposition biologique des enfants pour l’apprentissage du langage -Briques vs étapes de construction de l’édifice… pas suffisants en soi: climat et contexte environnemental nécessaires à l’élaboration
Facteurs acquis ou relevant de la culture Théories de l’APPRENTISSAGE Théories environnementales : ENVIRONNEMENT LINGUISTIQUE
Théories de l’apprentissage : le conditionnement opérant Les enfants apprennent à parler de façon appropriée, car leur langage grammatical est renforcé (Skiner, 1957). RENFORCEMENT = approbations, attention, affection, rires, sourires, récompenses matérielles… Intro : Pour les théoriciens de l’apprentissage, le langage = évidemment appris, car c’est l’env. qui façonne l’enfant. Pour ces chercheurs, l’enfant apprend à parler = renforcement + imitation
Succession de renforcements Renforcement sélectif par les proches du babillage Augmentation des probabilités que ces sons soient de nouveau produits Renforcement sélectif par les proches du babillage transformé en mots Augmentation des probabilités que ces mots soient de nouveau produits
Augmentation des probabilités que ces phrases soient reproduites Renforcement par les proches des combinaisons de mots (phrases… primitives à grammaticales plus longues) Augmentation des probabilités que ces phrases soient reproduites Étude de Whitehurst et Valdez-Menchaca (1988) : rapidité d’acquisition du nom juste d’un nouveau jouet et renforcement par ce jouet Conclusion : Donc en récompensant les tentatives langagières de l’enfant, il est davantage encouragé à répéter l’expérience afin de recevoir de nouveau un renforcement.
Théories de l’apprentissage social : l’imitation Les enfants apprennent à parler en écoutant attentivement, en mémorisant et en imitant le langage de leurs proches (Bandura, 1971). Babillage sans signification à mots significatifs de la langue la plus souvent entendue Arriver à parler la même langue que leurs parents… jusqu’au même accent régional! Avant point 2 :L’imitation semble donc jouer un rôle important, car les enfants apprennent ce qu’ils entendent. Avant point 3 : Ex: de la naissance à 6 mois = réception de tous les sons de toutes les langues. Vers 2 ans = émondage des connexions neuronales non utilisées ou non renforcées par la langue maternelle, mais aussi écoute, mémorisation et imitation du langage entendu.
Étude de Masur (1995) : lien entre rapidité de l’acquisition langagière et habiletés d’imitation des gestes et des actions des proches Étude de Bohannon et Bonvillain (1997) : enfants utilisant les mêmes mots sophistiqués ou inhabituels que leurs parents Point 2 : Les parents qui encouragent la conversation plus fréquemment et qui utilisent de nouveaux mots ou des mots plus sophistiqués dans les contextes de jeu, de lecture de livres ou d’intervention de soutien ont des enfants qui ont un langage plus développé, utilisant les mêmes nouveaux mots ou mots sophistiqués que leurs parents. Conclusion : Le langage de l’enfant est celui qu’il entend chez sa mère et qu’il tente d’imiter avec de plus en plus d’efficacité.
Critiques des théories de l’apprentissage Le conditionnement opérant a eu peu de succès concernant le développement de la syntaxe. L’imitation ne peut à elle seule expliquer l’apprentissage du langage étant donné la créativité langagière de l’enfant. Intro : Malgré toutes ces observations pertinentes à propos de l’apprentissage des premiers mots et de la grammaire… Point 1 : les renforcements donnés par les mères dépendent davantage du sens véritable (sémantique) de ce qui est dit par l’enfant que de la valeur syntaxique de la phrases. Point 2 : Plusieurs des premières phrases d’un jeune enfant sont très créatives et n’apparaissent pas dans le langage des adultes, donc elles ne peuvent pas être issues de l’imitation. Conclusion : Intéressant de se pencher sur les théories env. pour compléter l’apport des théories de l’apprentissage
Théories environnementales : le langage bébé Langage simple Mots prononcés d’une voix plus aiguë et plus lente que lors d’une conversation entre adultes Phrases courtes Vocabulaire concret Formes grammaticales simples Répétitions fréquentes et emphases sur les mots-clés Intro : Comme les théoriciens de l’apprentissage l’ont mentionné, le langage est essentiellement un moyen de communication qui s’acquiert dans un contexte d’interaction avec l’env. Exploration de différentes facettes de cet env. linguistique Le langage bébé : Des recherches à travers différentes cultures s’accordent pour présenter une tendance presque universelle des proches plus âgés à s’adresser au enfant avec le langage bébé
Simplicité, répétition et attention Quelques jours après la naissance, les nouveau-nés distinguent le langage bébé du langage s’adressant à un adulte. Préférence pour le langage bébé Lorsque l’attention de l’enfant est attirée par ce ton particulier, la simplicité et la répétition des mots et des phrases peuvent l’aider à apprendre les formes grammaticales répétitives. Intro : Cette forme de langage peut être fort utile, voire nécessaire pour aider l’enfant à appendre une langue. Conclusion : L’enfant traiterait plus d’info à propos des objets s’ils sont introduits par le langage bébé.
Augmentation et reformulation Répétition des phrases de l’enfant en leur donnant de légères variations Augmentation : version plus longue, correcte et enrichie Reformulation : nouvelle forme à la phrase, différente de celle de l’enfant Étude de Bohannon (1996) : lien entre utilisation de ces stratégies et scores plus élevés à des tests de langage expressif Intro : Les parents répondent à des paroles qui ne sont pas grammaticales d’une façon qui communique subtilement à leur enfant qu’une erreur à été commise et qui procure l’info qui devrait être utilisée pour corriger cette erreur. Conclusion : Ces variations représentent des phrases plus ou moins nouvelles qui semblent capter l’attention de l’enfant de façon à ce que celui-ci remarque davantage la nouvelle formulation grammaticale de sa phrase.
Zone proximale de développement Vygotsky (1978) Pas trop facile : L’enfant est toujours exposé à de nouvelles relations sémantiques et grammaticales. Pas trop difficile : Les phrases sont adaptées aux compétences de l’enfant, tout en demandant l’assistance d’un pair plus expérimenté. Intro : Les parents augmentent graduellement la longueur et la complexité de leurs phrases en langage bébé selon que le langage de leur enfant devient plus élaboré et plus sophistiqué. À tout moment, les phrases des parents restent légèrement plus longues et plus complexes que celles de leur enfant : situation qui peut paraître idéale pour l’apprentissage du langage = référence à la zone proximale de dév.
Théories environnementales : l’importance de la conversation Il faut d’abord qu’on parle à l’enfant. L’enfant apprend que le langage implique des tours de paroles. Il devient actif et impliqué dans la conversation (essentiel). Intro : Le rôle des interactions sociales dans l’apprentissage du langage est d’une grande importance : il faut d’abord qu’on parle à l’enfant.
Étude de Hart et Risley (1995) : l’enfant à qui on parle beaucoup, à qui on lit des histoires, dont les parents utilisent un vocabulaire riche et étendu et dont les parents multiplient les occasions d’être actif au niveau linguistique, commence à parler plus tôt, utilise un vocabulaire plus varié et apprend à lire plus facilement à l’école. L’enfant qui vit une situation contraire durant les premières années de la vie ne semble pas rattraper son retard plus tard au cours de son développement.
Quels sont les facteurs impliqués dans l’apprentissage du langage chez l’enfant ? Bases biologiques et génétiques Développement cognitif Renforcement et imitation Langage bébé et conversation Présentation non exhaustive : Il serait également très intéressant d’évaluer le lien possible avec d’autres facteurs environnementaux et l’apprentissage du langage chez l’enfant (l’affectivité, situation sociale et familiale…)