Analyse de la pluralité linguistique :

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
L’erreur C. Tardieu
Advertisements

L’interrogation Il existe deux types d’interrogation directe : l’interrogation totale et l’interrogation partielle. l’interrogation totale demande une.
Le discours indirect.
LES MOYENS PEDAGOGIQUES
INTRODUCTION Définition : Cordial c’est un correcteur orthographique et grammaticaux des textes. Les pluspart des logiciels de traitement de texte possèdent.
ACCUEILLIR UN ENFANT NON-FRANCOPHONE
Le cadre européen commun de référence en langues
Bilinguisme Orthophonie Lille 2004
Séminaire de Sociolinguistique
Paris Grooming: lorsque c est toi qui a é lu(e) Ruud Bullens.
Les facteurs socioculturels du comportement
Analyse de la pluralité linguistique :
Cours présentielle avec 1er année.
L’insécurité linguistique
L'épreuve - preuve Ou l'indicateur d'acquisition de la compétence
Sociolinguistique - 4 A propos de l’élaboration d’une norme
Les politiques linguistiques : définitions, modalités et enjeux
Ce réflexe automatique et inconscient est-il nécessairement sain ? Cliquez pour avancer Nicole Charest © /
Le cas de la fonction publique fédérale Droits et pratiques linguistiques au travail dans la région dOttawa : Colloque annuel du CRCCF La francophonie.
Analyse de la pluralité linguistique :
On connaît tous les « lois et règlements » des femmes. Voici maintenant ceux des hommes. Vue sur pps-humour.compps-humour.com.
A. E. ARCHAKIAN Université Linguisitique V. Brioussov Chaire de pédagogie et de méthodolgie de lenseignement des langues étrangères Erévan 2010.
Gestion de la communication dans le cadre des soins de santé mentale
les objectifs pedagogiques
La langue de l’autre Accueillir les enfants nouvellement arrivés en France, les enfants du voyage et leurs familles. Casnav Aix-Marseille Approches culture.
Analyse de la pluralité linguistique :
Introduction à la sociolinguistique
Entre exposé magistral et situations d’apprentissage
Florimage présente.
En linguistique et en ethnolinguistique : sentiment d'insécurité linguistique
les caprices de la langue
Le créole et le français: lambivalence haïtienne Prof. S. Katz Bourns le 18 septembre 2012 French 59, Prof. C. Bergin.
L’erreur C. Tardieu
La parole des élèves en classe : quelles fonctions ? 2e journée académique du français langue seconde - CASNAV Grenoble - 28 mai 2009 Chantal Parpette.
Annette Boudreau Université de Moncton Ottawa (le 2 mai)
Exemple d ’ articulation en é valuation not é e et é valuation par comp é tence Acrosport Niveau 1. Classe de 4 e Comp é tence attendue : Concevoir et.
Comment l’enfant apprend à parler? Quelques éléments à partir de Bruner Données sur le langage – Angers le 5 janvier 2010.
1  On observe souvent que les langues ne peuvent se suffire à elles- mêmes, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent répondre à tous les besoins de communication.
Marchés linguistiques
Pratiques et représentations langagières
Pour écrire une rédaction
L’identité Linguistique
L’INTERCULTURALITE.
Une enquête en pays de Vaud Pascal de Singy, 1996.
A propos de diglossie et bilinguisme
PEFEP Autoévaluation des compétences en langue(s) étrangère(s)
Thème 1 : Se présenter et présenter quelqu’un. Cours 2 : Se présenter.
Docteur en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives
Thème 1 : Se présenter et présenter quelqu’un
Langue française I module A
Quelle est la maison de Dieu ?
Réflexion personnelle sur l’identité Numérique
L’évaluation diagnostique en protection de l’enfance et la participation de l’usager Regards comparés France/Allemagne.
Niveaux d’appréhension du bi- plurilinguisme
Le rationalisme.
George Berkeley IVème partie. George Berkeley Principes de l’entendement humain 1710 La substance existe par elle-même. On ne peut l’envisager.
Le Pitch appliqué au recrutement
Міністерство освіти і науки, молоді та спорту України Дніпропетровський Національний Університет ім. Олеся Гончара Контрольна модульна робота з курсу «Теоретична.
Grammaire scolaire et variation Emmanuelle Guerin Université d’Orléans Laboratoire Ligérien de Linguistique MoDyCo.
MES STRATÉGIES DE LECTURE
Sociologie des sciences IEP Toulouse 2ème année Vincent SIMOULIN.
Les variétés linguistiques.  Toute réflexion sur la variation et les variétés linguistiques, sur la proposition méthodique, repose sur l’idée que la.
Le CECRL. 1.Quels sont les objectifs de la Division des politiques linguistiques du Conseil de l’Europe ? · Favoriser le plurilinguisme et le pluriculturalisme.
Présenté par  Samira BELHORMA  Imane ZEHHAF. Introduction I. Définitions II. Quand et comment évaluer une compétence? III. Le contexte d’évaluation.
La propagation de la lumière
*Lycée qualifiant Salaheddine al ayoubi-Taourirt 1 L.Q. SalaheddineElAyoubi- Taourirt
Analyse de la pluralité linguistique :
Analyse de la pluralité linguistique :
Analyse de la pluralité linguistique :
Analyse de la pluralité linguistique :
Transcription de la présentation:

Analyse de la pluralité linguistique : (In) sécurité linguistique

Définitions Cette notion est apparue d’abord chez Labov («La stratification sociale de ‘r’ dans les grands magasins new yorkais »), 1966). Il part du principe de la discordance entre la prononciation effective de certains locuteurs et ce que ces mêmes locuteurs prétendent prononcer.

D’après Labov, l’insécurité linguistique est caractéristique de la petite bourgeoisie. C’est dans la classe sociale en transit, qui aspire à une ascension au sein de la communauté: la petite bourgeoisie, qu’on trouve le plus d’insécurité linguistique. Il observe que « les fluctuations stylistiques, l’hypersensibilité à des traits stigmatisés que l’on emploie soi-même, la perception erronée de son propre discours, tous ces phénomènes sont le signe d’une profonde insécurité linguistique chez les locuteurs de la petite bourgeoisie » (Labov, 1976, p.200)

L’insécurité linguistique est donc « la manifestation d’une quête de légitimité linguistique, vécue par un groupe social dominé, qui a une perception aiguisée tout à la fois des formes linguistiques qui attestent sa minorisation et des formes linguistiques à acquérir pour progresser dans la hiérarchie sociale. » (Francard, article « Insécurité linguistique », in Moreau, 1997, pp. 171-172)

Louis-Jean Calvet : « On parle de sécurité linguistique lorsque, pour des raisons sociales variées, les locuteurs ne se sentent pas mis en question dans leur façon de parler, lorsqu’ils considèrent leur norme comme la norme. A l’inverse, il y a insécurité linguistique lorsque les locuteurs considèrent leur façon de parler comme peu valorisante et ont en tête un autre modèle, plus prestigieux, mais qu’ils ne pratiquent pas. » (La sociolinguistique, QSJ, p. 50).

Pourquoi la diglossie favorise-t-elle l’insécurité linguistique ? L’ouvrage de N. Gueunier, Genouvrier et Khomsi, 1978, Les Français devant la norme est le premier à exploiter le concept d’insécurité linguistique dans le domaine francophone. Il s’agit d’une étude faite sur quatre milieux urbains : Tours, Lille, Limoges et Saint-Denis-de-la-Réunion. Cette recherche originale (démarche proche de celle de Labov) met en évidence l’hypothèse d’une relation privilégiée entre insécurité linguistique et situation de diglossie : l’insécurité linguistique est d’autant plus manifeste que le parler régional est vivace, les interférences de celui-ci étant réputées « abâtardir » le français.

Indices de l’insécurité linguistique Dépréciation des usages linguistiques de sa communauté, Souci de correction linguistique, Perception erronée de son propre discours,…

4- L’hypercorrection : À cause de la pression sociale de parler parfaitement, beaucoup de locuteurs sont victimes de l’hypercorrection. L’hypercorrection est la substitution d’une prononciation, d’une forme grammaticale, ou d’un usage que le locuteur croit être correct dans un contexte inconvenant. Un locuteur fait l’hypercorrection pour impressionner quelqu’un ou afficher ses connaissances de la langue. Par exemple: Est-ce que voulez-vous un sandwich? («Est-ce que» n’est pas nécessaire, ou on peut dire «est-ce que vous voulez…»).

L’hypercorrection est une « réalisation linguistique « fautive » mais dont le caractère fautif ne tient pas tant à l’ignorance de la règle Qu’à un excès de zèle, si l’on peut dire : on en fait un peu trop, dans certains cas où l’on se sent plus ou moins « contrôlé », pour montrer qu’on connaît la forme grammaticale ou le mot ou la prononciation qui convient, alors qu’en fait on ne maîtrise pas suffisamment la règle qu’on devrait appliquer spontanément. Il en va ainsi quand tel individu répond : «  j’en suis bien t’aise», induit en erreur par l’énoncé valorisé : « j’en suis fort aise » qu’il ne réalise pourtant pas mais dont il reproduit un élément, élément dont on sait qu’il est une marque de distinction : la liaison

Selon Henri Boyer, l’hypercorrection est donc bel et bien la manifestation tangible et le symptôme évident d’une attitude d’insécurité linguistique dont on sait qu’elle habite les usagers de la communauté linguistique en situation d’handicap socioculturel, possédant un capital langagier déficient mais cependant plus ou mois obsédés par l’usage légitime de la langue et l’utilisation de ses formes de prestige (par exemple le subjonctif). (…) En ce qui concerne la communauté linguistique de France, il s’agit d’une représentation puriste, conservatrice de l’usage de la langue, tout entière investie par le caractère exclusif de la Norme, celle qui fonde le Bon Usage, le seul légitime. Norme qu’on qualifiera donc de « puriste », car à travers elle, toute « différence ‘ perçue comme « fautive ») est considérée comme une menace, sa généralisation comme un facteur de « désintégration.

Bibliographie : - Boyer H. (2001). Introduction à la sociolinguistique, Paris, Dunod. - Boyer H. (2003), De l’autre coté du discours, Paris, L’Harmattan. - Bourdieu P. (1982), Ce que parler veut dire, Paris, fayard. Calvet, L.J. (1993) : La Sociolinguistique, Que sais-je ?, Paris, PUF. - Francard M. « Insécurité linguistique », in Moreau M.L., 1997 Sociolinguistique. Concepts de base, Belgique, Mardaga. - Gueunier N., Genouvrier E., Khomsi A. (1978) : Les Français devant la norme, Paris, Champion. - Hamers, J.-F., Blanc, M., 1983, Bilinguisme et bilingualité, Bruxelles, Dessart & Mardaga.