Gustave Flaubert (1821-1880) Balzac se fait l’analyste de la société; Flaubert s’en fait le critique. Flaubert est un adepte du “culte de l’Art.” Selon cette “religion,” l’Art est supérieur à la vie. La réalité est désagréable, impure et indigne: la seule réponse raisonnable qu’elle suscite, c’est un profond pessimisme métaphysique.
Flaubert (suite) L’importance de l’art et de la littérature, c’est leur pouvoir de transcender les exigences de la vie. C’est dans la pratique de la littérature que l’homme se libère, s’échappe de la réalité, qu’il se rachète.
Flaubert (suite) Emma Bovary dans Madame Bovary (1857) et Frédéric Moreau dans L’Education sentimentale (1869) sont pénétrés des clichés romantiques de la première moitié du siècle, mais leurs rêves et leurs désirs sont voués à l’échec dans un monde qui a subi les échecs politiques et sociaux de la Révolution de 1848.
Flaubert (suite) Pour Flaubert, comme pour Baudelaire, la vocation de l’artiste est de transmuer la réalité au moyen de l’art: l’art fournit un accès au domaine de la rêverie et de l’idéal que la vie n’offre plus. L’artiste doit se détacher du monde pour pouvoir se consacrer à son travail: Flaubert insiste sur la solitude, la discipline et l’austérité qu’exige la vie de l’écrivain.
Flaubert (suite) Dans sa correspondance, Flaubert se fait le théoricien du roman, un genre relativement récent dans l’histoire littéraire. Pour lui, le récit est un art aussi raffiné, aussi précis, aussi poétique que la poésie mème. Le langage, c’est une matière à travailler.
Flaubert (suite) Flaubert a fait des innovations au niveau des techniques narratives. Pour lui, le “style,” pris dans un sens large, comprend tous les efforts de l’artiste et représente la vision de l’artiste mise en oeuvre.
Flaubert (suite) Flaubert s’explique dans une lettre à Louise Colet: “Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style […] un livre qui n’aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. […] C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se posant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui tout seul une manière absolue de voir les choses.”
Flaubert (suite) A la différence de Balzac—les “intrusions du narrateur”—Flaubert croit que l’écrivain ne doit pas se révéler dans son oeuvre. Dans une autre lettre, il décrit cette célèbre doctrine de l’impersonnalité de l’art, l’impassibilité de l’auteur dans son oeuvre: “L’auteur, dans son oeuvre, doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout, et visible nulle part.” Considérons, par exemple, le “discours indirect libre.”
Flaubert (suite) Avec Flaubert s’achève la scission, la séparation entre l’artiste et le grand public qui s’était ébauchée chez les Romantiques. L’artiste est devenu le critique, voire l’ennemi de la sociéte bourgeoise. L’arme principale que Flaubert manie dans le combat, c’est l’ironie.