Behavioral economics Economie comportementale

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Transcription de la présentation:

Behavioral economics Economie comportementale 2011-2012 Behavioral economics Economie comportementale Claudia Senik Université Paris-4 Sorbonne Paris School of Economics senik@pse.ens.fr

Plan I. Anomalies dans les choix II. Anomalies dans les jugements I.1. en environnement certain I.2. en environnement incertain II. Anomalies dans les jugements III. Incertitude intra-individuelle et choix inter-temporels IV. Nudge V. Interactions sociales VI. Application aux marchés financiers

V. Interactions sociales Prédictions de la théorie des jeux: confrontation aux expériences (depuis les années 1950) 4 thèmes: Coopération Coordination Négociations Confiance Ces observations ont renouvelé la théorie standard en y introduisant l’hypothèse de préférences sociales

Rappels, théorie des jeux, interactions stratégiques Information imparfaite, interactions stratégiques, théorie des jeux. stratégie dominante : stratégie qui donne un gain supérieure à toutes les autres stratégies, quelle que soit la stratégie de l’autre. équilibre de Nash : situation de non regret : ensemble de stratégies tels qu’aucun des 2 joueurs n’aurait intérêt à changer unilatéralement de stratégie. Comportements coopératifs et non-coopératifs.

Coopération Théorie économiques standard prédit des comportements opportunistes individualistes, mais expériences révèlent des comportements coopératifs. Jeux simples: dilemme du prisonnier, jeu de contribution au bien public (public good game) ou exploitation d’une ressource commune. Point commun: correspondent à une situation de conflit entre intérêt individuel et intérêt collectif. Conflit d’intérêt conduit en théorie à un équilibre non-coopératif sous-optimal.

Dilemme du prisonnier Vous jouez avec un partenaire anonyme qui joue en même temps que vous et avec lequel vous ne pouvez pas communiquer. Vous êtes le joueur 1 et la matrice des gains est représentée ci-dessous. Le premier chiffre est votre gain, et le 2è celui de votre partenaire. Que choisissez-vous: A ou B? B est une stratégie dominante pour le joueur 1 et pour le joueur 2. Si les joueurs sont rationnels, ils vont donc jouer B et c’est l’équilibre (B,B) qui va se réaliser. Equilibre de Nash mais équilibre sous-optimal Dilemme entre rationalité individuelle et rationalité collective On observe qu’environ 60% des sujets jouent la coopération (A). Le taux de coopération est très sensible aux paramètres de gains: davantage de coopération lorsque les gains de la coopération sont plus élevés. .

Dilemme du prisonnier- suite Le dilemme du prisonnier a fait l’objet d’un très grand nombre d’expériences. Le taux de coopération dépend des paramètres du jeu (structure des gains, communication entre joueurs) et des caractéristiques des joueurs (âge, sexe, personnalité, culture). Nombre important d’expériences avec dilemme du prisonnier en jeu répété.  Les joueurs coopèrent lors des premiers épisodes de jeu puis cessent de le faire à l’approche de la fin du jeu. Car ils sentent de plus en plus le danger de ne pas être le premier à « trahir ». « effet de fin de jeu » Mais la trahison de dernière période n’est pas systématique

Jeu du bien public (public good game) Généralisation du dilemme du prisonnier même conflit entre intérêt individuel et intérêt collectif mais dans un cadre plus général, avec plus de 2 joueurs

Jeu du bien public (public good game) n joueurs reçoivent chacun 10 jetons qu’ils peuvent décider de conserver ou de placer en partie dans une cagnotte commune. Chaque jeton gardé rapport 2 € à son propriétaire. Chaque jeton placé dans la cagnotte rapporte 1 € à chacun des n joueurs. Le gain de chaque joueur est donc de 2€ * nombre de jetons conservés + 1€ * nombre total de jetons placés par tous les joueurs. Par exemple, si vous conservez 5 jetons et que les 3 autres participants placent 12 jetons en tout dans la cagnotte, votre gain est de 10 + 17 = 27€ Prédiction si tous les individus sont égoïstes et rationnels: personne ne met rien dans la cagnotte, de peur que les autres ne mettent rien. Chacun gagne 20 €. Pourtant, avec n=4 joueurs par exemple, si tout le monde met tous ses jetons dans la cagnotte, il y aura 40 € dans la cagnotte, soit 40€ pour chacun > 20 €. Equilibre coopératif supérieur à l’équilibre non-coopératif. Mais si j’anticipe que tous les autres vont mettre tous leurs jetons dans la cagnotte, j’ai intérêt à garder tous mes jetons et mon gain sera de 50 €.

Jeu du bien public - suite La prédiction théorique est que chaque joueur va se comporter en passager clandestin, en conservant tous ses jetons et en espérant que les autres vont mettre leurs jetons dans la cagnotte. Les expériences montrent que les joueurs contribuent en moyenne entre 40% et 60% de leur dotation initiale lors du premier tour de jeu. Très peu de joueurs ne mettent aucun jeton dans la cagnotte. Lorsque le jeu est répété, le niveau de contribution moyen démarre autour de 50% de la dotation initiale puis décroît jusqu’à des niveaux parfois très faibles lors du dernier tour. Analyse des données individuelles: 3 grands types de comportement: 1. Les contributeurs inconditionnels qui contribuent toute leur dotation quel que soit le comportement des autres dans les périodes précédentes. 2. Les passagers clandestins inconditionnels qui contribuent toujours 0. 3. Les contributeurs conditionnels: le type le plus fréquent, qui ajustent leur contribution au niveau moyen observé dans la période précédente.

Jeu du bien public - suite Comment rendre compatible l’intérêt individuel et collectif? Fehr et Gachter (2000) introduisent la possibilité pour chaque joueur de « punir » les autres membres du groupe moyennant un coût privé: Les contributions individuelles sont rendues publiques à la fin de chaque période À ce moment, chaque joueur peut acheter des droits de punition qui lui permettent d’infliger une perte à chacun des membres du groupe qu’il souhaite punir. Le jeu est répété avec des groupes différents à chaque période (pour éliminer tout comportement stratégique dans la décision de punition). La théorie prédit un équilibre où aucun joueur ne paie pour punir les autres. Mais Fehr et Gachter observent que les niveaux de contribution sont plus élevés lorsque l’on introduit la possibilité d’une punition. Les rares individus qui se comportent en passager clandestin sont effectivement punis par les autres.

Jeu de bien public - suite Masclet et al. (2003) modifient le jeu précédent en donnant la possibilité aux joueurs non pas de réduire les gains des autres, mais d’exprimer leur niveau de désapprobation sur la contribution de chacun des autres joueurs.  ce mécanisme de sanction informelle, fondé sur la pression des pairs, aboutit à une forte augmentation du niveau des contributions.

Le jeu de la ressource commune (symétrique du jeu du bien public) 4 joueurs ne pouvant communiquer. Il y a 40 jetons dans un pot commun. Chacun des joueurs peut retirer entre 0 et 10 jetons du pot commun. Le gain de chaque joueur est égal à 2€ * nombre de jetons retirés + 1€ * nombre total de jetons restés dans le pot Exemple: vous retirez 5 jetons et vos 3 partenaires font de même: votre gain est de 2* 5 + 1* 20=30€ Combien de jetons retirez-vous du pot? Théorie: l’unique équilibre de Nash = chaque joueur retire 10 jetons et il ne reste plus rien dans le pot. Chacun gagne 20€. Problème de passager clandestin. Equilibre sous-optimal (< situation où personne ne retire aucun jeton où chacun gagne 40€). Ce jeu fait référence à la tendance des individus à surexploiter à des fins personnelles les ressources communes. Cf « tragédie des communs » (Hardin, 1968). Resources naturelles épuisables, réserves de poissons, etc. Dans les expériences: les sujets coopèrent: ils retirent généralement 50% des jetons du pot commun.

Jeu du bien public et jeu de la ressource commune Perception potentiellement différente des 2 jeux: bien public: placer des jetons dans le pot commun=externalité positive Ressource publique: retirer des jetons=externalité négative On observe un niveau de coopération plus important dans le jeu du bien public que dans le jeu de la ressource publique (Andreoni, 1995, Willinger et Ziegelmeyer 1999).

Biens publics et ressources publiques - interprétation Les sujets sont enclins à coopérer dans une certaine mesure, contrairement aux prédictions de la théorie des comportements stratégiques non coopératifs. Altruisme, motivation sociale? Ou intérêt bien compris + confiance Dans les deux cas, cela reste un comportement rationnel

Jeux de coordination en général Interactions stratégiques pouvant conduire à plusieurs équilibres. Question = sur quel équilibre se coordonner? Quel équilibre sélectionner? En théorie, pas de réponse. Recours aux expériences pour identifier les issues les plus probables. Les individus utilisent des « trucs » pour se coordonner (Cf point focal pour gens qui risquent de se perdre en route)

Jeux de coordination – point focal (Schelling 1960) Vous et votre partenaire devez vous répartir une somme de 100 $ si vous réussissez à vous mettre d’accord sur le partage de cette somme sans pouvoir communiquer. Chacun doit noter confidentiellement le montant qu’il réclame. Si la somme des deux montants réclamés est ≤ 100$, chacun reçoit exactement le montant qu’il a demandé. Si la somme des 2 montants réclamés >100$, vous ne recevez rien. Combien demandez-vous? Problème difficile a résoudre a priori car il y a une infinité d’équilibres possibles (tels que S1+S2 ≤ 100). Expériences:  36 sujets sur 40 s’accordent pour un partage égalitaire 50/50. Le individus sont capables de se coordonner sur des indices que la théorie ne reconnaît pas. Ici, la répartition égalitaire constitue un « point focal » = un repère conduisant à une coordination sur une stratégie particulière. L’existence d’un point focal suppose une communication antérieure au jeu éducation des joueurs, morale, culture, conventions, normes sociales, etc.

Jeux de coordination – équilibre dominant en terme de paiement (pay-off dominant) versus équilibre dominant en terme de risque (risk-dominant) Jeu de la chasse au cerf (référence JJ Rousseau: difficulté de la coopération entre les hommes) Vous jouez avec un partenaire anonyme qui joue en même temps que vous et avec lequel vous ne pouvez pas communiquer. Vous êtes le joueur 1 et la matrice des gains est est représentée ci-dessous. Le premier chiffre est votre gain, et le 2è celui de votre partenaire. Que choisissez-vous: A ou B? Théorie: Le jeu admet 2 équilibre de Nash (A, A) et (B, B). (A,A) est optimal, i.e. unanimement préféré, (B,B) est sous-optimal. Problème: jouer A est plus risqué car si l’autre joue B mon gain est 0, alors que jouer B est moins risqué: gain certain de 8 €. Conflit entre intérêt commun et risque. En fait les deux équilibres ont propriétés spécifiques: (A,A) est « payoff-dominant » (B,B) est « risk-dominant » (minimise le risque).  Résultats expérimentaux: Cooper et al. (1994): 97% des sujets choisissent B.

Jeu de la chasse au cerf - suite Justification de l’intervention publique pour orienter les individus vers les « bons » équilibres. Importance de favoriser la communication. Cooper et al. (1994): la proportion de sujets choisissant A passe de : 3% sans communication à 53% avec communication unilatérale (un seul joueur peut faire une annonce, sans réponse possible de l’autre), et 91% avec communication bilatérale (un joueur fait une annonce, l’autre lui répond).

Jeu de l’ultimatum (Güth et al. 1982) Modèle de négociation le plus simple. Offre « à prendre ou à laisser ». L’un des joueurs fait une offre à l’autre et quitte la table de négociation (pouvoir de répartition). L’autre ne peut faire de contre-offre mais peut simplement accepter ou refuser les conditions proposées (pouvoir de véto). Exemple. Une somme de 100€ est à répartir entre le joueur 1 et le joueur 2. Les 2 joueurs ne se connaissent pas mais connaissent tous deux le montant à répartir. Le joueur 1 reçoit le droit de proposer une répartition et fait une offre au joueur 2 (>0). Celui-ci peut: soit accepter l’offre, auquel cas il reçoit le montant offert et le joueur 1 garde la différence soit refuser l’offre, auquel cas les deux joueurs reçoivent 0 € Vous êtes le joueur 1. Quel montant entre 0 et 100€ offrez-vous au joueur 2? Vous êtes le joueur 2 et vous apprenez que le joueur 1 vous offre 1 €. Acceptez-vous l’offre? Solution théorique: le joueur 1 fait l’offre la plus petite possible (1€) et ce dernier accepte car d’un point de vue rationnel, n’importe quelle somme est préférable à 0 €. Autrement dit, le joueur 2 acceptera toujours n’importe quelle somme positive, et le joueur 1 a donc intérêt à lui offrir la plus petite somme positive acceptable.

Jeu de l’ultimatum - suite Résultats des expériences: Les offreurs (joueurs 1) proposent en moyenne 40% du montant total. L’offre modale est la répartition égalitaire Très peu d’offreurs choisissent de tout garder pour eux Les joueurs 2 rejettent en général les offres de montant ≤20% du total. Jeu testé un grand nombre de fois, avec multiples variantes (mises au enchères des rôles, somme à partager, anonymat, variables démographiques -âge, sexe- et culturelles, etc. résultats robustes Interprétations possibles: Joueur 1: altruisme ou considérations stratégiques sur la réaction du joueur 2 Joueur 2: norme d’équité, normes sociales, émotions (indignation)

Jeu de l’ultimatum - suite Variante: jeu du dictateur: le joueur 1 doit simplement décider du partage de la somme qu’il reçoit, sans réponse du joueur 2 (qui doit l’accepter). Les résultats expérimentaux montrent que l’offre moyenne du joueur 1 est de 20% du montant. On peut en déduire que parmi les 40% offerts dans le jeu de l’ultimatum, la moitié correspond à des considérations purement altruistes et la moitié à des considérations stratégiques. Autre variante (Bolton et Zwick, 1995): jeu de l’ultimatum simplifié. Le joueur 1 a 2 options: proposer un partage égalitaire (50/50) ou un partage inégalitaire en sa faveur. Dans un traitement, l’expérimentateur ne peut pas identifier l’identité des sujets qui font les offres (double anonymat). Dans le traitement de référence, il peut l’identifier. Enfin, dans un troisième traitement, le joueur 1 joue en impunité: en cas de refus du joueur 2, le joueur 1 conserve sa part et le joueur 2 ne reçoit rien. Résultats: l’option inéquitable est choisie dans 30% des cas dans le traitement de référence, Dans 40% des cas dans le traitement en double aveugle Dans 46% des cas dans le traitement en impunité => c’est bien la peur du refus du joueur 2 qui motive le joueur 1

Confiance et réciprocité (Arrow 1974) Jeu de Berg, expérience de Dickhaut et McCabe (1995) souvent appelé jeu d’investissement 2 joueurs ne pouvant pas communiquer. Chacun reçoit 10€ au début de l’expérience. Le joueur 2 peut décider d’envoyer tout ou partie au joueur 2. S’il n’envoie rien, chacun conserve ses 10€. Si le joueur 1 envoie une somme S, le joueur 2 reçoit 3*S. Ensuite, le joueur 3 peut choisir de renvoyer ou non des € (R) au joueur 1. Le gain du joueur 1 est = 10 – S + R Le gain du joueur 2 =10 + 3S –R Vos êtes le joueur 1. Quelle somme (entre 0 et 10€) envoyez-vous au joueur 2? Vous êtes le joueur 2. Le joueur 1 vous a envoyé 5 €. Quelle somme (entre 0 et 15 €) lui renvoyez-vous?  Mesure expérimentale de la confiance(de la part du joueur 1) et de la réciprocité (de la part du joueur 2).

Jeu de la confiance - suite Solution théorique: le joueur 2 est en situation de « dictateur », le joueur 1 ne peut rien modifier à sa décision. Or son choix rationnel est de tout garder pour lui, quelle que soit la somme S envoyée par le joueur 1. Anticipant ce raisonnement, le joueur 1 choisit de ne rien lui envoyer. Donc l’équilibre est S=0, R=0. Mais ce jeu comporte un dilemme social car le gain total des joueurs = 20+ 2S, qui est maximal quand S=10. Donc si le joueur 1 avait parfaitement confiance, l’optimum social pourrait être réalisé. Résultats expérimentaux: Berg et al.(1995): 30 des 32 joueurs investissent une partie de leur dotation: 5,16 $ en moyenne. Les joueurs 2 se montrent assez loyaux: ils renvoient en moyenne 4,66 $. Le joueur 1 réalise donc un gain = (10-4,84) + 4,66=9,5 $ et le joueur 2 un gain= 10 + 5,16*3 – 4,66 = 20,82. => La réciprocité n’est pas nulle, mais insuffisante pour garantir l’égalité.

Jeu de la confiance - suite Version dynamique du jeu (Cochard et al. 2004): niveaux de confiance et de réciprocité plus élevé quand le jeu est répété. Mais de nouveau, lors des 2 derniers tours de jeu (connus à l’avance), le montant renvoyé par le joueur 2 devient très faible. Jeu de Berg souvent étudié. Différences inter-culturelles (Allemagne/France par exemple) Interprétations: le joueur 2 est partagé entre une obligation morale de rendre au joueur 1 son don, et de le récompenser de sa confiance, et son intérêt personnel. Con comportement révèle ses préférences. Motivations possibles du joueur 1 : altruisme; ou calcul stratégique où il compte sur la réciprocité du joueur 2. Mais incertitude sur cette réciprocité: risque. La somme S envoyée par le joueur 1 peut refléter son altruisme ou sa confiance.

Confiance et sanctions Les incitations mises en place pour inciter les agents à agir dans le sens de l’intérêt collectif peuvent être contreproductives (Benabou et Tirole). Fehr et Rockenbach (2003): version modifiée du jeu de Berg où le joueur 1 peut sanctionner le joueur 2 s’il juge le montant retourné insuffisant. Concrètement; le joueur 1 peut formuler un souhait sur le montant qu’il voudrait recevoir (R). Le joueur 2 reste libre d’envoyer la somme qu’il veut (R) puis le joueur 2 peut le sanctionner en réduisant ses gains. Résultat: l’introduction du mécanisme de sanction ne favorise pas la loyauté du joueur 2, au contraire! Le niveau de confiance (S) et le niveau de loyauté (R) baissent en présence de sanctions! Crowding out effect, motivations intrinsèques versus extrinsèques Mais résultat jamais reproduit… cf. Katrin Schmeltz

Application: salaire d’efficience Akerlof (1982): don contre don (Marcel Mauss): l’employeur rémunère son salarié au dessus du salaire de marché et attend en « contre-don » un effort plus élevé et une productivité plus élevée. Expérience: 2 joueurs ne peuvent communiquer. Le joueur 1 joue le rôle d’un employeur, le joueur 2 d’un employé. L’employeur commence et fie un salaire S entre 0 et 10 €. Le salarié prend connaissance de ce salaire proposé puis choisit un niveau d’effort (E entre 0 et 10). Chaque unité d’effort coût 0,25 € au travailleur et rapport 3 euros à l’employeur. Le gain du travailleur= salaire – coût de l’effort = S – 0,25.E Le gain de l’employeur= 3.E – S Exemple: S=2 et E=1: gain du travailleur=1,75 €; gain de l’employeur=1 €. 1. vous êtes l’employeur. Quel salaire proposez-vous au travailleur? 2. L’employeur vous a proposé un salaire de 5€. Quel niveau d’effort choisissez-vous?

Application: salaire d’efficience - suite Théorie: le salarié apprend le salaire payé par l’employeur. Puisque celui-ci est fixé, son intérêt est de fournir l’effort minimal (puisque sa rémunération n’en dépend pas). L’employeur anticipe cet alea moral et propose donc un salaire minimal =0. Autrement dit, la théorie prédit l’absence de contrat d’efficience dans ce cas. Expériences: l’employeur offre fréquemment des salaires aux alentours de 5 €. Le niveau moyen d’effort du travailleur est en moyenne entre 2 et 4. Si S=5 et E=3, gain de l’employeur=4€ et gain de l’employé=4,25€. L’employeur propose donc un salaire élevé, et le travailleur répond en fournissant un effort élevé. Réciprocité. Fehr et Gachter (2001): introduisent la possibilité de sanction du travailleur par l’employeur en cas d’effort insuffisant. L’employeur peut indiquer à l’avance le niveau d’effort souhaité. Normalement cela devrait jouer un rôle incitatif conduisant à un niveau d’effort plus élevé Mais empiriquement, c’est le contraire: les employé fournissent moins d’effort avec incitation et sanctions que sans! Interprétation: Incitations= motivations extrinsèques, qui évincent les motivations intrinsèques (morales). Réciprocité= motivation intrinsèque et gratuite.

Crèche, don du sang, etc. Gneezy, U., Rustichini, A. (2000). Economists usually assume that monetary incentives improve performance the effect of monetary compensation on performance is not monotonic. Study in a group of day-care centers, where parents were coming later than the due time to collect their children. In the test group we introduced at the fourth week of the study a fine for late arrival. The fine was 10 NIS for a delay of ten minutes or more.  The effect was an increase in the number of late arrivals after the introduction of the fine.

Modèles de préférences sociales Incorporation de motivations sociales dans la théorie de l’utilité Modèles fondés sur les intentions (équité se juge sur les motivations des joueurs) Modèles fondés que les rémunérations (équité se juge sur les rémunérations finales) Les expériences suggèrent que les modèles fondés sur les intentions sont de meilleures descriptions de la réalité.

Modèle d’équité intentionnelle (Rabin 1993) Hypothèse: altruisme conditionnel: les individus sont altruistes, bienveillants, envers ceux qui le sont aussi. Un joueur souhaite un gain élevé à un joueur qui q de bonnes intentions, mais souhaite un gain faible à un joueur ayant de mauvaises intentions. Joueurs: A et B. gains xA et xB Théorie standard: l’utilité du joueur A ne dépend que de son gain propre: UA =uA (xA) Préférences sociales: : UA =uA (xA , xB) Pour simplifier supposons une fonction séparable: : UA =v (xA ) + a.v( xB) S’il y a sympathie: a>0; s’il y a envie: a<0 ; si pas de préférences sociales: a=0 a = degré de sympathie Un joueur a un a>0 s’il anticipe que c’est le cas de l’autre joueur. Notion d’équilibre équitable (fairness equilibrium): équilibre de Nash psychologique=ensemble de stratégies et de croyances concernant les intentions des autres joueurs tel que: Aucun joueur n’a intérêt à changer de stratégie étant donnés les stratégies des autres joueurs et les croyances sur les intentions des autres Les anticipations sur les intentions des autres joueurs s’avèrent correctes

Modèle d’équité intentionnelle (Rabin 1993) - suite Un équilibre équitable n’est pas forcément un équilibre de Nash et réciproquement  nouvelles issues rationnelles aux interactions stratégiques. Exemple: dilemme du prisonnier: la coopération (que l’on observe effectivement) est un équilibre équitable (mais pas un équilibre de Nash). Les croyances sur les intentions de l’autre crée une intention similaire, et sont auto-réalisatrices, donc correspondent à un équilibre. Le dilemme du prisonnier devient un jeu de coordination avec 2 équilibres possibles (coopération/non coopération). Le problème des joueurs est maintenant de sélectionner le bon équilibre en coordonnant leurs intentions. Coordination réussie s’ils ont les mêmes intentions.

Modèles d’aversion pour l’inégalité (des gains) Fehr et Schmidt (1999), Bolton et Ockenfeld (2000) Hypothèse: les individus ont une utilité qui augmente avec leurs propres gains (revenus) diminue lorsque les inégalités entre joueurs augmentent. L’individu n’aime pas gagner moins que les autres (privation relative) mais il n’aime pas non plus gagner plus. Il est donc prêt à sacrifier une partie de ses gains pour réduire les inégalités. Jeu à 2 agents. X1 =gain du joueur 1, x2 gain du joueur 2. L’utilité du joueur 1= U1 = x1 – a1. max(x2– x1 ,0) – b1 .max(x1 – x2 , 0) avec 0≤ b1 ≤ 1 et b1 ≤ a1 a1 est un coefficient d’envie et b1 un coefficient de culpabilité. On suppose que le premier est plus fort que le second.

Tests de la pertinence des modèles fondés sur les intentions versus modèles d’aversion pour les inégalités des gains Falk, Fehr et Fishchacher (2003): 3 jeux d’ultimatum « discrets » (qui restreignent l’ensemble des stratégies possibles). Le joueur 1 peut proposer au joueur 2 soit la répartition (8,2) soit une autre répartition qui, selon les traitements, est (5,5), (2,8) ou (10,0). La question est de savoir dans quelle mesure la réaction du joueur 2 à une offre (8,2) dépend de l’alternative qui a été proposée aux joueur 1. D’après les modèles fondés sur les gains, cette réaction devrait être indépendante de l’alternative (c’est le résultat qui compte et non l’intention ou l’équité du joueur 1). On devrait observer le même taux de rejet des offres. En revanche, les modèles fondés sur les intentions prédisent que le taux de rejet des offres (8,2) dépendra de l’alternative. Commenter chaque cas. Résultat: l’offre est rejetée dans 44% des cas lorsque l’offre alternative est (5,5), dans 27% des cas lorsque l’offre alternative est (2,8) et dans 9% des cas lorsque c’est (10,0). => ce sont bien les intentions du joueur 1 qui comptent et non uniquement le gain final.