Influence de la variabilité climatique ( précipitations ) sur le taux de sédimentation dans certains barrages Algériens Présentée par Mr MEDJBER A. Maître de Conf. (A) Université de Saida
2 . Situation géographique des barrages étudiés S O M M A I R E 1 . Introduction 2 . Situation géographique des barrages étudiés 3 . Variation du volume moyen de la sédimentation dans les barrages étudiés 4 . Relation entre la moyenne interannuelle des précipitations et le taux de sédimentation 5 . Conclusion
Introduction Le processus de l’envasement dans les barrages constitue un problème qui influe sur la gestion de l’eau emmagasinée dans le barrage du fait qu’il diminue le volume d’eau utile du barrage. Ce problème de sédimentation est lié au phénomène de l’érosion hydrique dans le bassin versant qui lui-même est conditionné par certains paramètres tels que la nature des sols , la couverture végétale ,la pente des versants , la quantité des précipitations et leurs intensités . etc.. L’érosion dans les bassins versants est généralement importante et les quantités transportées sont extrêmement variables. On définit l’importance de ce phénomène par le taux annuel de l’érosion par exemple en T/Km2/An. Ce paramètre peut varier de quelques dizaines à plusieurs milliers.[1]. En Algérie les concentrations moyennes de sédiments transportées par l’eau des oueds varient de 50 à 150 g/l et les valeurs maximales peuvent atteindre 600g/l et plus. L’étude de L’érosion spécifique effectuée sur 30 bassins versants Algériens donne des valeurs variant de 30 à 3350 T/Km2/An. [2].
Situation géographique des barrages étudiés Les barrages sur lesquels a portée l’étude de la sédimentation sont situés au nord-ouest et au centre-nord de l’Algérie, ils appartiennent a différents bassins versants hydrologiques (fig .1). Les barrages de Beni-Bahdel et Meffrouch sont situés dans la région de Tlemcen et sont inclus dans le bassin versant de l’oued Tafna. Les barrages de Bouhanifia et Sarno sont situés dans la région de Mascara et Sidi-Bel-Abbes et font partie du bassin versant de la Macta. Les barrages de Bakhadda , Fodda , Ghrib et Boughezoul sont situés dans le bassin versant de l’oued Chéliff (fig.1).
Fig. 1 Localisation géographique des barrages étudiés. 1 Barrage de Boughezoul 3 Barrage Fodda 6 Barrage de Bouhanifia 2 Barrage de Ghrib 4 Barrage de Bakhadda 7 Barrage de Beni-Bahdel 5 Barrage Sarno 8 Barrage Meffrouch
Variation du volume moyen de la sédimentation dans les barrages étudiés Dans cette étude nous avons sélectionné huit barrages contrôlant des bassins versants de différentes surfaces. Les mesures du taux de sédimentation dans les barrages sont obtenues à partir de mesures bathymétriques effectuées par l’agence nationale des barrages ( A.N.B) au cours de certaines périodes, ces périodes varient d’un barrage à un autre. L’analyse de la sédimentation moyenne annuelle (en Hm3) montre que le taux le plus faible est observé dans les barrages de Sarno , Beni-Bahdel et Meffrouch (Tableau 1). Le taux le plus élevé est observé dans les barrages de Ghrib et Fodda. On constate que la moyenne de l’envasement sur les périodes étudiées a diminuée d’une façon générale durant les périodes récentes d’observation part rapport aux anciennes périodes d’observation ( voir Tableau 1 ). Pour le barrage de Fodda le taux moyen annuel de sédimentation au cours des différentes périodes varie de 1.01 à 2.55 Hm3. Pour le barrage de Ghrib le taux moyen annuel varie de 1.11 à 3.48 Hm3. Concernant le barrage de Beni-Bahdel le taux de sédimentation moyen annuel varie de 0.006 à 0.15 Hm3.
Tableau 1 Caractéristiques des barrages étudiés N° Nom du Barrage Surface du Bassin Versant En Km2 Envasement en Hm3 Période de calcul Nombre D’années Moyen en Hm3/an Moyenne Inter – Annuelle des Précipitations sur la Période en mm 1 BOUGHEZOUL 19 740 9.00 8.12 11.40 1934-1950 1951-1965 1966-1986 16 14 20 0.56 0.58 0.57 294 362 352 2 GHRIB 23 300 87.00 15.22 12.21 1939-1964 1965-1974 1975-1986 25 09 11 3.48 1.69 1.11 555 487 461 3 FODDA 800 48.50 07.00 28.00 11.17 1932-1951 1952-1955 1956-1974 19 03 18 2.55 2.33 1.55 1.01 570 498 520 464 4 BAKHADDA 1300 3.94 0.70 0.22 1963-1967 1968-1974 04 06 0.98 0.11 0.02 673 373 5 SARNO 264 0.76 0.41 1955-1974 0.040 0.037 419 337 6 BOUHANIFIA 7850 9.5 11.0 0.5 1944-1953 1954-1965 1966-1967 01 1.05 1.00 0.50 484 423 276 7 BENI-BAHDEL 1016 4.45 0.07 1944-1974 30 0.15 0.006 545 402 8 MEFFROUCH 85 3.0 0.4 1940-1967 1968-1986 27 697 681
Relation entre la moyenne interannuelle des précipitations et le taux de sédimentation Au cours du dernier siècle le climat algérien s’est distingué par des alternances de périodes sèches et de périodes pluvieuses,ces variations de la pluviosité peuvent avoir une influence sur le taux d’érosion hydrique dans le bassin versant. Les dernières décennies ont étés particulièrement sèches. Dans le Tableau 1 nous présentons les valeurs de l’envasement en hm3 dans les différents barrages pour certaines périodes , par la suite nous avons évalués le taux moyen de l’envasement pour chaque période . Nous avons ensuite calculé le module pluviométrique interannuel correspondant à ces périodes. L’étude des modules moyens interannuels de précipitations fait apparaître que ce module à diminué au cours des périodes récentes d’une façon généralisé pour l’ensemble des stations pluviométriques étudiées, stations se trouvant à coté des barrages étudiés. Si on prend la région de Beni-Bahdel ( région de Tlemcen) le module passe de 545 mm durant la période de 1944 à 1974 à 402 mm pour la période de 1975-1986.
Pour la région de Ghrib le module pluviométrique qui était de 555 mm entre 1939 et 1964 passe à 461 mm entre 1975 et 1986 ( Tableau 1). Cette variation climatique ( précipitations ) est confirmée par l’étude de Meddi & Meddi (2007) qui montre une diminution des précipitations dans le nord-ouest de l’Algérie au cours des dernières décennies. D’autre part nous avons calculé pour chaque barrage le taux moyen interannuel de sédimentation pour les périodes d’observation correspondantes. L’analyse des valeurs de sédimentation montre que ce taux diminue au fur et à mesure de l’évolution dans le temps c'est-à-dire vers les périodes récentes . Afin de mieux appréhender la variation de la sédimentation et sa liaison avec les précipitations, nous avons tracé des graphes ( Fig. 2 ) mettant en liaison le taux moyen de sédimentation en fonction de la pluviométrie moyenne pour des périodes correspondantes. Il ressort de l’analyse des graphes de la Figure 2 l’existence d’une certaine liaison entre les deux paramètres, en effet on constate que le taux de sédimentation augmente en fonction de l’augmentation de la pluviométrie.
Figure 2. Relation entre le taux d’envasement moyen et la moyenne interannuelle des précipitations dans les barrages
Fig. 2 Relation entre le taux d’envasement moyen et la moyenne interannuelle des précipitations dans les barrages
Il va s’en dire que la rareté des mesures bathymétriques ne nous permet pas d’approfondir la question , mais dégage quand même une tendance montrant la variabilité du taux de l’érosion dans le bassin versant donc du transport solide et son dépôt dans les cuvettes des barrages en fonction du taux moyen de précipitations et ceci est constaté dans les huit barrages étudiés. Cette étude montre l’importance qu’exerce le facteur climatique sur le taux d’érosion hydrique dans la région d’étude, érosion hydrique quantifiable en partie sous forme de dépôts de sédiments dans les barrages. La tendance du taux de l’envasement au cours de ces dernières décennies va à la diminution, elle suit la tendance à la diminution des précipitations. Si l’on prend l’exemple du barrage de Ghrib on constate que le taux moyen d’envasement qui était de 3.48 Hm3 durant la période de 1939 à 1964 est passé à 1.11 Hm3 pour la période de 1975-1986 , le taux moyen des précipitations quant à lui est passé de 555 à 461 mm durant ces périodes.
CONCLUSION L’érosion hydrique reste un problème majeur en Algérie septentrionale , la compréhension de ce phénomène , les facteurs déterminants ainsi que leurs variations permettra de mieux appréhender les mesures de lutte contre ce phénomène qui détruit la couche superficielle des sols et réduit le volume utile des barrages . A travers cette étude nous avons réussi à montrer la liaison étroite qui existe entre le facteur précipitation et le phénomène de la sédimentation dans les barrages étudiés. De plus cette étude a montré la tendance à la diminution de ce phénomène ces dernières décennies suivant ainsi la tendance à la diminution de la moyenne des précipitations dans la région. Ces variations sont donc la conséquence du changement climatique qui affecte plusieurs régions du globe . L’approfondissement de cette étude pourrait être poursuivie à la faveur de l’acquisition de nouvelles données récentes relatives aux taux d’envasement dans les barrages étudiés et dans d’autres régions du pays.
Références Berthier, A.(1973) Quelques problèmes posés par la création de barrages sur une rivière transportant des débits solides. X congrès international des grands barrages, Montréal , 1970 ,489-506. Mekerta, B.& Tisot, J.P.(1993) Etude de la sédimentation dans les retenues des barrages. I Congrès national des grands barrages,Alger . Meddi, H. & Meddi, M. (2007) Variabilité spatiale et temporelle des précipitations du nord-ouest de l’Algérie. Géographia Technica, no.2, 49-55. Remini ,B. , Leduc, C. & Hallouche,W. (2009) Evolution des grands barrages en régions arides : quelques exemples algériens. Sécheresse 20 (1), 96 103. Rognon, P. (1996) Sécheresse et aridité leurs impact sur la désertification au Maghreb. Sécheresse 7 (4) , 287 297. Servat, E. & Mahé G.( 2009) Eaux et zones arides: enjeux et complexité. Sécheresse 20 (1), 7 8. Taleb, A. (1987) Conception d’un barrage en vue de réduire l’envasement de la retenue.Thèse de Doctorat , Université de Liège , 1987. Touaibia, B., Aidaoui, A., Gomer, D. & Achite,M.(2001) Quantification et variabilité temporelles de l'écoulement solide en zone semi-aride de l'Algérie du Nord Journal des Sciences hydrologiques, 46 (1) 41 53. Tribak,A. , El Garouani, A. & Abahrour, M. (2009) Evaluation quantitative de l’érosion hydrique sur les terrains marneux du Pré-Rif oriental (Maroc) : cas du sous-bassin de l’oued Tlata. Sécheresse 20 (4), 333 337