Steve Coleman and Five Elements Astronomie/astrologie Zoom sur une œuvre Vincent Bessières
Steve Coleman, une personnalité essentielle du jazz de la fin du XXe siècle Le dernier chef de file majeur ? Le rythme comme lieu d’exploration Une pensée théorique, philosophique et musicale complexe, nimbé d’ésotérisme Un saxophoniste à la sonorité et au phrasé très identifiables Juan Carlos Hernandez
Une brève histoire du M-Base Un collectif informel de musiciens (New York, 1984) Une ambition créative Un acronyme qui a fait couler beaucoup d’encre : Macro-Basic Array of Structured Extemporizations « Trouver sa voie par la musique » Les personnalités les plus emblématiques : Steve Coleman, Greg Osby, Gary Thomas (saxophones), Graham Haynes (cornet), Robin Eubanks (tombone), David Gilmore, Kelvyn Bell (guitare), Geri Allen, Andy Milne (piano, claviers), Kevin Bruce Harris, Reggie Washington (basse), Marvin Smitty Smith (batterie), Cassandra Wilson (chant)…
Une brève histoire du M-Base Culture funk, ancrage jazz, métriques impaires, sens de l’architecture et ambition conceptuelle Un mouvement underground qui a fait école en Europe Du collectif à la communauté de pensée Exemple : « Anatomy of a Rhythm » Cassandra Wilson (voix) Steve Coleman (sax alto) Greg Osby (sax alto) David Gilmore (guitare) Andy Milne (piano) Reggie Washington (basse) Marvin Smitty Smith (batterie) New York, déc. 1991-janv. 1992.
Cellules rythmiques et polyrythmie sax piano basse batterie Exemple : « Eight Base Probing » Extrait de On the Rising of the 64 Paths, Label bleu, 2002. Steve Coleman (saxophone alto) Jonathan Finlayson (trompette) Malik Mezzadri (flûte) Anthony Tidd (basse électrique) Reggie Washington (contrebasse) Sean Rickman (batterie)
Une œuvre sous le signe de l’ésotérisme Une pensée géométrique De multiples références extra-européennes La musique comme langage à part entière : « I have always been attracted to the idea of using symbolic sound languages because they leave space for the interpretive powers of the listener. »
Un exemple de symbolisme musical : « Reciprocity » (1999) « Le concept de réciprocité est partout manifeste, même s’il n’est pas toujours évident. Les deux tons pulsés à la basse et à la pipa (A et G#, soit Do et Sol dièse) représentent la dualité. Il n’y a que deux clés dans cette musique, tout le matériau mélodique consiste en deux spirales tonales doubles qui sont analogues à l’idée de Ida et Pingala dans la pratique du yoga, du Yin et du Yang dans la philosophie chinoise, des énergies de la Lune et du Soleil (G# et A). Ces spirales alternent comme suit: Yin Yang A# E# B# F## C## F# C# G# D# D A E B G Eb Bb F C
Un exemple de symbolisme musical : « Reciprocity » (1999) La Batterie représente toujours le mouvement et le principe du devenir. L’interaction entre les énergies de la Lune et du Soleil s’intensifient avec l’entrée de la longue mélodie/improvisation semblable à une parole, jouée par le saxophone alto et la trompette de Ralph Alessi. (de 0’17 à 1’52 puis improvisation de SC) Les cellules harmoniques jouées par le quatuor à vent représentent symboliquement la dualité qui progresse vers la diversité, cette progression est une étude d’équilibre. (de 2’10 à 3’01) Shane Endsley (trompette bouchée) et Jeff Scott (cor) jouent une mélodie majestueuse au-dessus de la diversité (les vents). (de 3’01 à 4’01) Après la section qui met au premier plan la composition spontanée des musiciens individuellement (Gary Thomas au ténor de 4’02 que rejoint Shane Endsley à 5’19, puis Ralph Alessi à 6’48 rejoint à 7’14 par Steve Coleman) les différents symboles sonores sont joués tous ensemble. » (de 8’16 à la fin) Extrait de The Ascension to Light, BMG RCA Victor, 1999. Steve Coleman (sax alto), Gary Thomas (sax ténor), Ralph Alessi, Shane Endsley (trompette), Vijay Iyer (piano), David Gilmore (guitare), Anthony Tidd (basse électrique), Sean Rickman (batterie), Quintette à vents (flûte, hautbois, clarinette, cor, basson) Imani Winds, Min Xiao-Fen (pipa).
The Five Elements (2011) Jen Shyu : voix Jonathan Finlayson : trompette Steve Coleman : saxophone alto David Virelles : piano, claviers Miles Okazaki : guitare
Astronomical/Astrological Music Project Correspondances entre les cycles: « Il y a une raison pour laquelle, dans le passé, l’astronomie et l’astrologie étaient reliées et fréquemment considérées comme une seule et même discipline. Des rythmes différents qui évoluent par cycles avec des relations spécifiques entre eux peuvent posséder une qualité et un fonctionnement similaire à ce qui se produit au sein des relations entre les cycles des planètes. Ceux qui ont un penchant ésotérique pourront étudier les effets de telles combinaisons et leur appliquer un symbolisme approprié (…). Ainsi il est possible d’affiner l’idée, la qualité, le sens et les effets possibles d’un rythme, d’une mélodie ou d’une progression harmonique. » « Etonnamment pour un concept qui repose si lourdement sur le rythme, l’ensemble réuni pour ce projet n’inclut pas de batterie, car je voulais essayer une approche qui soit plus souple et plus subtile. »