Violences conjugales et parentalité « L’enfant n’est jamais un point de départ absolu , il n’affronte pas la vie avec sa seule expérience mais avec celle de tous ceux … qui l’ont précédé dans l’existence. » (M. Godelier) CVFE: Collectif contre les violences conjugales (Aït Hmad Aïcha) SASJ: Service d’aide sociale aux justiciables de Verviers (De Vos Caroline)
Pauvretés et violences conjugales « Un des besoins essentiels des êtres vivants est de pouvoir se reposer en paix et donc d’avoir confiance de façon stable en ses proches et son entourage » F. Héritier La violence conjugale et la pauvreté ont ceci de commun: l’arbitraire et l’oppression Les dynamiques à l’œuvre dans les processus de précarisation ne dépendent pas seulement du revenu et des biens matériels. Une personne qui ne peut vivre en sécurité est dans état de grande vulnérabilité et cette vulnérabilité s’étend à ses enfants. Un contexte de violence conjugale se distingue par l’impossibilité de se déployer en tant qu’ humain et d’orienter ses droits fondamentaux Les violences conjugales comme la pauvreté sont des obstacles à la liberté, à la responsabilité et au bien être humain.
constats de départ: - Les concepts d’auteurs et de victimes propres aux violences conjugales occultent la complexité de la souffrance familiale. - La souffrance des enfants interpelle les parents et les services d’aide aux familles. - La violence conjugale affecte la parentalité, et est un facteur de précarité et de rupture des liens. Un questionnaire sous forme d’entretien semi-structuré pour explorer les représentations des pères et des mères au sujet de la violence et des besoins de leurs enfants Une intervention groupales avec des mères axée sur le vécu maternel et la dynamique familiale Un protocole d’intervention familiale axé sur les enfants et la parentalité. Avec pour objectif une sensibilisation aux besoins de leur enfant, et plus largement d’amener parents et enfants à se rejoindre tout en favorisant une différenciation des vécus.
Caractéristiques spécifiques à la parentalité en contexte de violences conjugales Absorption de l’énergie, de la disponibilité des parents Confusion et projections du vécu des parents sur les enfants Risque de démobilisation des pères de leur fonction paternelle Souffrance de l’enfant en lien avec la violence et la dynamique parentale
Choix des outils d’intervention
Représentation familiale d’un enfant, 9 ans maman papa Mes frères et moi
Le protocole d’intervention familiale Séance 1/ rencontre individuelle et parcours de vie autour de la parentalité Séance 2/ entretien parent/enfants autour de l’histoire familiale (adaptation du jeu de l’oie systémique) Séance 3/ entretien avec le parent ; représentations parentales de la dynamique familiale de violence (figurines) Séance 4/ entretien avec l’enfant ; représentation de la dynamique familiale (vidéo et figurines) Séance 5/ entretien avec le parent : projection de la vidéo et travail autour des représentations/sensibilisation au vécu de l’enfant Séance 6/ entretien familial : clôture ; reconnaissance de la place de chacun et de la différence des vécus.
Résultats groupe de mères et enquête Ce que le groupe a permis : a) l’homme est repositionné par la mère en tant que père de l’ enfant et plus uniquement en tant qu’acteur de violence. b) Prise de conscience que la violence conjugale éloigne le parent des besoins et des affects de son enfant et que la violence conjugale est un facteur de précarisation économique psychique et sociale des mères et des enfants Ce que l’enquête nous apprend : La majorité des pères et mères reconnaissent l’impact des VC sur les enfants (même bébés) 89% des parents estiment que leur enfant a été exposé à la VC 61% des parents estiment que l’arrivée de l’enfant a augmenté les tensions (21% estiment que cela a diminué les tensions) Pendant les conflits, les émotions des enfants majoritairement perçues par les parents sont la peur et la tristesse 60% des parents pensent que l’autre parent s’éloigne de l’enfant suite à la V.C ;
Suite enquête…. 30% des pères en contexte de violence conjugale s’attribuent la responsabilité de la souffrance de l’enfant, et 19% des mères s’attribuent cette responsabilité. Concernant les interventions parentales après les conflits : 32% des parents tentent d’apaiser l’enfant par des câlins (sans parole), 28% ne posent aucun acte direct pour apaiser l’enfant, 20% parlent à l’enfant 72% des pères vont d’abord se centrer sur eux (se calmer, sortir de la maison, s’éloigner du conflit) 84% des parents pensent que leur enfant aurait besoin de parler à l’extérieur de la famille de ce qu’il vit. 64% des mères s’estiment en difficulté relationnelle avec leur enfant .
« …nulle part, un homme et une femme ne suffisent à faire à eux seuls un enfant…» (M. Godelier) Violence conjugale vulnérabilité familiale précarités Réinvestir la parentalité a pour effet de diminuer la souffrance des parents et des enfants et d’augmenter leur dignité