Les enjeux éthiques de la recherche sur les cellules souches La classification (contingente) de thèmes que nous utilisons pour ce cours distingue entre : 1) Recherche sur des sujets humains 2) Recherche sur des animaux 3) Génie génétique (recherche sur des cellules souches, clonage [et d’autre formes de génie génétique qui ne nous préoccupent pas ici]) Pourquoi traiter cellules souches et clonage séparément?

Définition et pratiques Qu’est-ce que c’est une cellule souche? => une celle qui ne se spécialise pas comme les autres cellules de notre corps, mais elles sont responsables pour le renouvellement et la réparation de cellules endommagées Développements importants: 24 février 1997: ‘Dolly the Sheep’ est né à Edinburgh en Écosse; un an plus tard, Dolly donne le jour à un petit mouton elle-même; Dolly meurt à l’âge de six ans 12 février 2004: une équipe de recherche en Corée du Sud réussit à cloner des embryons humains et d’en obtenir des cellules souches

Pratiques d’obtenir des cellules souches des cellules souches adultes - pas problématique d’un point de vue éthique (consentement applique) - problèmes: disponibilité, réjection immunologique - potentiel: réprogrammation des cellules souches foetales, p.ex. du cordon ombilical après naissance / de foetus avortés - problématique éthique: parallèle à l’avortement - problème: disponibilité des cellules souches embryonnaires, dérivées d’embryons humains à l’age de 5-6 jours, qui ont été obtenu par fertilisation in vitro - avantage: reproduisent infiniment - cellules ‘pluripotent’ (mais pas ‘totipotent’) - problématique éthique: fertilisation in vitro - domaine de recherche très jeune

Clonage thérapeutique versus clonage reproductif La technique est la même: ‘cell nuclear replacement (CNR)’: on remplace le nucleus d’une ovocyte avec le nucleus de la cellule à cloner et puis on rend actif le développement de l’ovocyte sans fertilisation. Clonage reproductive: Reproduction d’un organisme entier identique (génération d’une cellule totipotente) => actuellement interdit partout Clonage thérapeutique: Reproduction d’un certain type de cellule d’un patient pour remplacement (génération de cellules pluripotentes) => actuellement la seule manière d’éviter la réjection immunologique; situation légale varie (voire European Science Foundation Policy Briefing)

Le statut quo légal Canada - un des cadres législatifs les plus strictes: [si j’ai bien compris] les cellules doivent être crées pour la reproduction initialement États-Unis: relativement strictes (avec l’exception de la Californie); pas de fonds publics pour des recherches sur des cellules souches Europe: [voire European Science Foundation Policy Briefing] Un exemple de cette semaine: la création de la ‘World Stem Cell Foundation’ (Globe and Mail, mercredi 19 octobre, page A10)

Les cellules souches embryonnaires: instrumentalisation d’embryons humains? Distinction importante: cellules obtenues avec intention initiale de reproduction ou non? Respect de la dignité humaine Est-ce qu’une cellule souche peut / doit être considérée comme un être humain? Les parallèles avec l’avortement L’argument de la potentialité d’une vie humaine => un critère plus plausible? L’indépendance d’un être humain

Les cellules souches embryonnaires: pente glissante vers le clonage? Le souci: Comme la technique est la même, la permission de clonage thérapeutique mènera-t-elle automatiquement à la pratique de clonage reproductive? Un aspect central du débat éthique dans ce contexte: Est-ce que nous pouvons établir des contrôles législatifs effectifs pour exclure le clonage reproductif?

L’argument de la pente glissante Revendication: Si on permet X, il y aura une progression naturelle vers Y. => ‘progression naturelle’? Deux types de pente glissante: ‘résultat horrible’ et ‘résultat arbitraire’ (Bernard Williams, “Which Slopes are Slippery?”, dans: Making Sense of Humanity and Other Philosophical Papers, Cambridge University Press, 1995)

Pour une cohérence régulatrice Enjeux éthiques similaires pour les pratiques de la fertilisation in vitro, la recherche sur des embryons, et l’avortement => un cadre régulateur cohérent devrait traiter ces phénomènes d’une manière similaire aussi Des exemples pour des approches cohérentes: le Vatican et l’Angleterre Un exemple pour une approche incohérente: l’Allemagne [voire argument présenté dans l’article de Nikolaus Knoepffler]

Des considérations légales et économiques Volet économique: Un cadre régulateur peu stricte attira des entreprises en biotechnologie L’option politique de ne pas offrir des fonds publics pour la recherche sur les cellules souches, est-elle attractive? Volet légal: La question du mouvement des chercheurs entre législations différentes Voire recommandation 5 de la ‘European Science Foundation’: “When therapies from the study of human stem cells become available, patients from all countries will wish to use these results. The ESF recommends that, in developing their legislative framework for this type of research, European countries take this reality into consideration.”

Vers un cadre régulateur harmonisé? Pro: Éviter ‘l’arbitrage régulatrice’; refléter la réalité scientifique Contre: Cultures différentes; les cadres législatifs divergents peuvent être regardés comme des expérimentations sociales. Une harmonisation réduit les possibilités d’observer les conséquences et avantages de plusieurs cadres légaux au même temps. (Cf. John Stuart Mill, On Liberty)

Lien aux théories normatives Conséquentialisme: appel aux bénéfices énormes de ce type de recherche; argument de la pente glissante Éthique déontologique: la question d’une instrumentalisation possible des embryons humains utilisés pour la recherche Éthique de la vertu: Est-ce qu’on pourrait dire que l’acceptabilité de la recherche sur les cellules souches dépend de la manière dans laquelle est fait / du caractère du chercheur? (voire l’approche éthique de la vertu présentée dans le contexte d’avortement dans Oakley)

Conclusions Seulement certains types de recherches sur les cellules souches sont contentieux (embryonnaires) Les deux considérations éthiques concernent l’instrumentalisation possible des embryons et le danger d’une pente glissante vers le clonage reproductif La manière dont laquelle on se positionne vis-à-vis ces problèmes sera probablement similaire aux approches à l’avortement et à la fertilisation in vitro