Journée d'actualisation VIH 18.03.2010 Frédéric Lancel (Association AIDES)

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Transcription de la présentation:

Journée d'actualisation VIH Frédéric Lancel (Association AIDES)

Lorsque je regarde en arrière dans les premières années du VIH, je pense "Que de chemin parcouru !". Médecins, infirmiers, professionnels de santé dans des domaines respectifs, associations de lutte contre le sida, personnes touchées par la maladie ou concernées par la maladie, nous avons avancé parfois les uns à côté des autres, parfois les uns contre les autres et parfois, heureusement, les uns avec les autres.

Mais le VIH a un visage. Et, à l'instar d'une pièce, il nous offre deux faces : celle de la victoire et celle de la défaite. Victoire de la science à comprendre les modes de transmissions du virus, à comprendre son mode de diffusion, à tenter d'en stopper les effets grâce aux trithérapies. Mais échec devant la recherche d'un vaccin ou même, à en bloquer la transmission.

Victoire sur la vie car l'espérance de vie d'une personne séropositive a considérablement augmenté, permettant de maintenir une activité et de mener une vie relativement correcte. Cependant, est-ce si facile de vivre avec des effets secondaires réccurents, lorsque le corps plus que la volonté vous empêche de travailler, lorsque que vos revenus vous maintiennent dans la précarité ou lorsque la vie sentimentale est si complexe ? Et je ne parlerais pas du défi qui nous attends, à savoir le vieillissement des personnes séropositives...

Victoire sur la prévention là où les centres de dépistage ont fleuris, où les médias relaient l'information, où le prévervatif masculin est disponible dans un très grand nombre de lieux. Mais échec d'un dépistage banalisé et généralisé, d'une adaptation du discours de prévention pour le rendre plus attractif, d'un préservatif féminin encore confidentiel, peu diffusé et trop cher, où la reconnaissance des techniques de réduction des risques (qui a prouvé son efficacité dès 1984 avec les consommateurs de produits) ai été reconnu seulement grâce au travail formidable de Mme Lert et M. Pialoux.

Victoire enfin, lorsque les personnes séropositives peuvent accéder à certaines partis du monde, comme aux Etats-Unis, lorsque l'accès aux générique est une réalité dans certains pays mais menace de cette même réalité à cause de la crise traversée par le Fonds Mondial de lutte contre le Sida, privant des associations efficaces de terrain des fonds nécessaires à leurs actions ou privant les personnes de l'accès au soin.

En Picardie, l'association AIDES est relativement jeune. Lorsque nous sommes revenus après plus de 10 ans d'absence, nous n'étions plus les mêmes. Bien évidemment, notre équipe était fondamentalement nouvelle mais notre structure avait évoluée aussi et nos méthodes s'étaient améliorées. La mobilisation a été forte, preuve que la région avait besoin d'un engagement dans la lutte contre le VIH.

Notre présence au sein des établissements de soins a été rapide et régulière, malgré des ajustements nécessaires et, parfois, une réticence à changer de vieilles habitudes. Lorsque la jonction entre le médical et l'associatif est faite, le gain pour les personnes est supérieur à la somme de nos deux interventions.

Concernant la population migrante, notre présence sur le terrain a permis également plusieurs avancées : la mise à disposition de matériel de prévention pour des personnes qui n'osent pas en prendre ou en parler ailleurs que dans des lieux de sociabilité communautaires. L'enjeu est de faire prendre conscience des enjeux de la prévention et non pas de leur expliquer car les migrants d'afrique sub-saharien ont malheureusement trop bien compris que leur peau était associée à la maladie !

Communauté homosexuelle, surtout, où notre présence a été plus que nécessaire. Nécessité de la mise à disposition de préservatif, nécessité de structurer cette communauté à travers des partenariats avec d'autres associations ou avec des bars majoritairement. Nécessité de faire de la prévention de terrain, d'aller voir les personnes une par une s'il le faut, et de parler autrement du préservatif. Car le préservatif comme moyen de prévention est un discours déjà trop entendu, trop su, trop vite oublié. Le préservatif comme moyen de plaisir, associé au gel lubrifiant que nous n'oublirons pas, doit être attaché à sa réalité : le sexe.

Enfin, l'enjeu de l'association AIDES en Picardie sera de pouvoir ouvrir un local sur Amiens pouvant bénéficier à toute la région afin d'accueillir dans les meilleures conditions les personnes séropositives ou séro-interrogatives et de développer nos actions de façon pérenne sur les 3 départements.

C'est pour toute ces victoire et tous ces échecs que, nous tous, médecins, infirmiers, professionnels de santé dans des domaines respectifs, associations de lutte contre le sida, personnes touchées par la maladie ou concernées par la maladie devons plus que jamais travailler ensemble !

Lorsque je regarde en arrière dans les premières années du VIH, je pense "Que de chemin parcouru !" et j'ajoute ensuite : "Que de chemin il nous reste à faire !"