L’art surréaliste Sources: http://www.centrepompidou.fr
L’art surréaliste Les artistes surréalistes mettent en œuvre la théorie de libération du désir en inventant des techniques visant à reproduire les mécanismes du rêve. S’inspirant de l’œuvre de Giorgio De Chirico, unanimement reconnue comme fondatrice de l’esthétique surréaliste, ils s’efforcent de réduire le rôle de la conscience et l’intervention de la volonté. Le frottage et le collage utilisés par Max Ernst, les dessins automatiques réalisés par André Masson, les rayographes de Man Ray, en sont les premiers exemples. Peu après, Miró, Magritte et Dali produisent des images oniriques en organisant la rencontre d’éléments disparates.
Quelques définitions Écriture automatique: Inspirée de la psychanalyse, et surtout de la poésie d’Arthur Rimbaud et de Lautréamont, l’écriture automatique consiste à écrire si rapidement que la raison et les idées préconçues n’ont pas le temps d’exercer leur contrôle. Le premier texte issu de cette méthode, Les Champs magnétiques de 1919, a été rédigé tour à tour par André Breton et Philippe Soupault. Frottage:Équivalent pictural de l’écriture automatique, le procédé du frottage a été découvert par Max Ernst à l’occasion d’un épisode précis de sa vie, en 1925. En fixant le plancher usé d’une auberge où il séjournait en Bretagne, il décide de relever l’empreinte de cette matière en frottant à la mine de plomb un papier posé sur les lattes de bois. Il étend ensuite ce procédé à d’autres textures et publie son premier recueil de frottages, Histoire naturelle, en 1926. Il poursuit cette recherche en utilisant la peinture à l’huile. Fumage: En 1937, le peintre autrichien Wolfgang Paalen invente le procédé du fumage: il réalise des dessins tracés en promenant la flamme d’une bougie sur une feuille de papier. Plus tard, il applique cette technique à la peinture à l’huile. Il annonce ainsi les peintures de feu d’Yves Klein. Grattage:Inventé par Max Ernst en 1927 comme extension du frottage, le grattage est surtout pratiqué par Esteban Francès, peintre d’origine espagnol et rallié au Surréalisme en 1937. Cette technique consiste à gratter à la lame de rasoir des couches superposées de peinture de différentes couleurs, afin de faire surgir des formes plus ou moins transparentes et diaprées. Objet surréaliste: Après les Ready-made de Marcel Duchamp, André Breton suggère au milieu des années 20 de fabriquer "certains de ces objets qu’on n’aperçoit qu’en rêve", et "dont le sort paraît infiniment problématique et troublant". Comme chez Duchamp, il s’agit d’assembler des objets déjà existants et de peu de valeur. Mais contrairement à lui, les surréalistes attendent du nouvel objet qu’il provoque une réaction affective, voire "une émotion sexuelle particulière" selon Salvador Dali.
Giorgio De Chirico, Portrait prémonitoire de Guillaume Apollinaire, 1914 Huile sur toile 81,5 x 65 © Adagp, Paris 2005 Ce tableau, vraisemblablement intitulé Homme-cible lors de sa création, n’a acquis son titre définitif qu’après la blessure de Guillaume Apollinaire en 1916, que De Chirico avait, en quelque sorte, annoncée.
René Magritte,Querelle des universaux, début 1928 Huile sur toile Achat 1993 53,5 x 72,5 AM 1993-116 © ADAGP Les mots "feuillage", "cheval", "miroir", "canon", écrits sur la toile, remplacent l’image qu’ils désignent. Placés à l’extrémité des pointes d’une étoile énigmatique et inscrits chacun sur une tache brune, "une forme quelconque qui peut remplacer l’image d’un objet", ces mots participent pleinement à la composition spatiale d’une nouvelle image fantomatique. Grâce à cette toile, la connexion que nous établissons spontanément entre les objets, les images et les mots, se trouve mise en déroute.
Salvador Dali, Lion, Cheval, Dormeuse invisibles, 1930 Huile sur toile 50,20 x 65,20 Don de l’association Bourdon, 1993 AM 1993-26 © ADAGP Composée au printemps 1930, cette toile développe pour la première fois le processus d’apparition des images doubles, triples, et même multiples, qui relèvent de l’activité paranoïaque critique tout juste instituée par Dali: "récemment, au travers d’un processus nettement paranoïaque, j’ai obtenu l’image d’une femme dont la position, les ombres et la morphologie, sans altérer ni déformer en rien son aspect réel, sont en même temps un cheval". Par cette multiplication des images possibles, Dali entend instaurer un doute sur ce que représente l’image, pour étendre ensuite cette attitude critique à toute la réalité. Dans cette toile, la remise en cause de l’univocité de la
Victor Brauner, Loup-table, 1939-1947 Bois et éléments de renard naturalisé 54 x 57 x 28,5 Don de Jacqueline Victor Brauner, 1974 AM 1974-27 © ADAGP Le loup-table constitue un objet surréaliste, proche du ready-made avec sa table fabriquée en série, mais introduisant avec le renard naturalisé un "objet trouvé", notion propre au Surréalisme: il s’agit d’un objet qui s’impose de lui-même à la sensibilité du spectateur grâce à une forte connotation symbolique. La fourrure du Loup-table, terme qui évoque lui-même le mot "redoutable", symbolise à la fois la chaleur et la mort, ce qui a conduit André Breton à interpréter cette œuvre comme un signe prémonitoire de la Seconde Guerre mondiale.
Films surréalistes Luis Buñuel L’Âge d’or, 1930 Collection Musée national d’art moderne, Centre Pompidou Un chien andalou et L’Âge d’or comptent ainsi au nombre, très petit nombre, de films surréalistes. Et peut-être même sont-ils les seuls, car les seuls à avoir reçu la pleine et entière approbation du groupe.