Les fonctionnement socio-économique du CDDRA des Monts du lyonnais Une approche par les moteurs du développement Le 28 mars 2013
Plan Introduction Partie 1 : Les moteurs du développement du territoire Partie 2 : Dynamique économique du territoire Partie 3 : Le niveau de développement social du territoire Conclusion
Introduction Pourquoi recourir à l’analyse par les moteurs du développement ?
Pourquoi recourir à l’analyse par les moteurs du développement ? Rappels conceptuels Depuis une quinzaine d'années, les travaux développés par le chercheur Laurent Davezies ont permis de démontrer que les mécanismes du développement territorial répondaient à des logiques radicalement différentes de celles du développement macro-économique. Alors qu’à l’échelle des nations, la variable clef du développement demeure le PIB, c'est-à-dire la création de richesses, au niveau local, c’est le revenu qui demeure la pierre angulaire. La relation croissance du PIB - croissance de l’emploi - réduction du chômage et de la pauvreté qui s’opère assez mécaniquement à l’échelle des nations (phénomène cependant de moins en moins évident et de plus en plus contesté par certains économistes) n’est pas nécessairement opératoire à des échelles géographiques plus fines. Il est fréquent d'observer des territoires bénéficiant d’une forte croissance de leur PIB et de l'emploi pâtir d’une détérioration manifeste de leur niveau de cohésion sociale (tel était le cas par exemple de la Communauté d'Agglomération du Pays Châtelleraudais dans la Vienne au début des années 2000). En d'autres termes, au niveau territorial, et pour reprendre le titre d'une étude réalisée par le chercheur sur le cas francilien, croissance ne signifie pas nécessairement développement. Effectivement, le niveau de développement d’un territoire dépend en réalité bien plus de sa capacité à capter de la richesse (revenu) qu’à seulement en produire (PIB). Or les modalités de captation du revenu ne se limitent pas à la seule exportation de biens et de services par son système productif compétitif. Mais aussi à de puissants mécanismes redistributifs, tant publics que privés, n’ayant aucun lien avec sa capacité productive. Laurent Davezies a classé ces mécanismes en trois composantes : l’économie résidentielle, l'économie publique et les transferts sociaux. En substance, un territoire se développe donc en deux temps. Dans un premier temps, en fonction de sa capacité à capter des revenus à l'extérieur de ses "frontières". Puis, dans un second temps, en fonction de son aptitude à redistribuer ces revenus sous la forme de dépenses de consommation courante dans son économie locale pour stimuler ce que Laurent Davezies qualifie de secteur d'activité domestique, l’Insee l’économie présentielle et la région Rhône Alpes, l’économie de proximité ; terminologie que nous privilégierons dans la suite de ce document.
Les moteurs du développement : éléments de définition Davezies, identifie donc quatre grands types de revenus « importés », qu’il qualifie de revenus basiques, en référence à la Théorie de la Base qui lui a servi de point d’appui pour conceptualiser son approche : Les revenus basiques productifs ou Base productive exportatrice ; Les revenus basiques publics ou Base publique; Les revenus basiques résidentiels ou Base résidentielle ; Les revenus basiques sociaux ou Base sociale. La Base productive exportatrice : composante mondialisée des économies locales Les revenus basiques productifs se composent des salaires, bénéfices industriels et commerciaux, bénéfices non commerciaux et agricoles des actifs qui travaillent dans des secteurs d'activité "exportateurs", c'est-à-dire qui ont pour vocation de produire des biens et des services vendus à l'extérieur du territoire. Le choix de localisation des entreprises de ces secteurs d’activité est généralement guidé par la nécessité d'améliorer, dans une logique d'optimisation de l'offre, leur capacité de production. La qualité de la main d'œuvre, le coût du foncier et de l'immobilier, la pression fiscale, la densité du tissu industriel local constituent à ce titre des variables à forte influence. Elles exposent plus lourdement les territoires aux risques de délocalisation que les entreprises de du secteur domestique. La Base productive constitue en quelque sorte la dimension compétitive des économies locales et demeure la composante la plus soumise aux aléas économiques conjoncturels et aux mouvements de restructuration. Il est fondamental d'avoir à l'esprit que la Base productive conditionne l'existence même des trois autres Bases : sans croissance et création de valeur ajoutée, c'est effectivement tout l'équilibre du système national de redistribution inter-territoriale de richesses qui serait mis en péril. Les Base publique : un amortisseur de choc économique Les revenus basiques publics se composent des salaires des actifs résidant sur le territoire et travaillant dans la fonction publique d'État, Territoriale et Hospitalière. Assez peu sensible aux aléas économiques, la Base publique constitue un véritable amortisseur de choc pour les territoires en temps de crise. Il se pourrait que ce rôle se réduise dans les années à venir en raison de la volonté affichée par nos gouvernants de réduire le poids de la dette publique et d’assainir les comptes publics. Les activités publiques se localisent en règle générale plutôt en fonction de la densité de population.
Les moteurs du développement : éléments de définition La Base résidentielle : moteur majeur des économies locales Les revenus basiques résidentiels se composent des pensions de retraite, des dépenses touristiques marchandes et non marchandes (liées à la présence de résidents secondaires), des revenus des capitaux mobiliers et fonciers liés à la présence de leurs titulaires sur le territoire et des revenus dont bénéficient les actifs qui résident sur le territoire mais travaillent ailleurs (appelés revenus "dortoirs"). Le niveau et la dynamique de la Base résidentielle dépendent très largement des aménités des territoires (qualité du cadre de vie, ensoleillement, proximité de la mer ou de la montagne…). Au même titre que la Base publique, la Base résidentielle dépend de puissants mécanismes de redistribution inter-territoriaux. Pour les pensions de retraite, il s'agit d'un double mécanisme redistributifs à la fois intergénérationnel (conforme à notre système de répartition : les actifs actuels paient pour les "anciens") et géographique (par exemple, un actif ayant travaillé toute sa vie à Lille et qui s'installe pour sa retraite dans le sud de la France). Pour les revenus "dortoirs", il s'agit d'un mécanisme de transfert géographique lié aux migrations domicile-travail quotidiennes des actifs résidant qui travaillent en dehors du territoire. La Base sociale : un vecteur implicite de réduction des disparités spatiales Les revenus basiques sociaux (hors pensions de retraite qui sont intégrées dans la Base résidentielle) se composent des prestations sociales (ou transferts sociaux). Sont comptabilisés dans notre approche les transferts versés en espèces et en nature à des individus ou à des familles. Ces transferts ont pour vocation de réduire la charge financière que représente la protection contre divers risques. Outre la vieillesse et la survie (intégrée dans la Base résidentielle), elles sont associées à cinq grandes catégories de risques : la santé (prise en charge totale ou partielle de frais liés à la maladie, à l'invalidité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles) ; la maternité-famille (prestations liées à la maternité, allocations familiales, aides pour la garde d'enfants) ; la perte d'emploi (indemnisation du chômage) et les difficultés d'insertion ou de réinsertion professionnelle ; les difficultés de logement (aides au logement) ; la pauvreté et l'exclusion sociale (minimas sociaux : revenu minimum d'insertion -RMI, minimum vieillesse, etc.). Les transferts sociaux assurent une fonction explicite de réduction des inégalités sociales et implicite de réduction des disparités territoriales. En général, mais sans que cela soit strictement mécanique, plus leur part est élevée dans l'ensemble des revenus basiques, plus les problèmes sociaux rencontrés sur les territoires sont aiguës.
L’économie de proximité : éléments de définition L’économie de proximité : un gisement d’emplois considérable pour les territoires Les secteurs d’activité de l’économie de proximité se composent, par opposition à ceux de la Base productive exportatrice, de secteurs d'activité assez peu concurrentiels et peu exposés aux aléas conjoncturels (on l'appelle aussi à cet effet le secteur abrité). Tournés exclusivement vers la satisfaction des besoins des populations présentes, ces secteurs d'activité se localisent sur les territoires largement plus pour vendre que pour produire. Leur niveau de développement dépend préférentiellement de la propension à consommer localement des populations résidentes (actives et inactives) et des populations ponctuelles (touristes et résidents secondaires), que l'on peut regrouper sous le terme générique de population présente. L’économie de proximité présente de multiples avantages. Moins concentrée géographiquement que les secteurs d’activité concurrentiels et exportateurs de la Base productive, ses secteurs d’activité se localisent plutôt en fonction de la densité présentielle et se répartissent de manière plus homogène sur le territoire national. Peu soumises aux risques de délocalisation, elles exposent moins les territoires à des chocs brutaux de réduction d'emplois. De surcroît, les compétences requises par les secteurs de l'économie de proximité couvrent un très large spectre de qualifications (allant du boulanger au médecin en passant par le chauffeur de taxi, l'artisan couvreur ou le pâtissier…). Ils demeurent ainsi beaucoup plus ouverts aux populations peu et pas qualifiées que les secteurs d'activité de la Base productive. Les secteurs de proximité concentrent un volume d'emplois particulièrement significatif pour les territoires : 54 % des emplois en moyenne contre 46 % pour les secteurs d'activité concurrentiels de la Base productive (source Insee - Clap 2006). L’économie de proximité ne présente évidemment pas que des vertus. Sans doute plus que les secteurs d’activité concurrentiels, les secteurs d'activité qui la composent ont tendance à offrir des emplois à faibles niveaux de rémunération et/ou à statut précaire (temps partiel, CDD, emploi saisonnier). Si son dynamisme peut avoir une influence tout à fait positive sur le niveau de chômage des territoires, il peut également avoir un effet assez néfaste sur celui de la qualité de l'emploi.
Raccourci conceptuel La prolifération sémantique qui a succédé aux travaux de Laurent Davezies a généré et génère encore de nombreuses confusions qui peuvent avoir une incidence directe dans la compréhension des phénomènes et indirecte sur les choix opérationnels de l’acteur public. Il est pour ce motif impératif de revenir sur quelques définitions et d’avoir l’esprit bien au clair sur ces questions. Éclaircissement sémantique Économie résidentielle : Définition : l’économie résidentielle est une économie de flux qui se compose de différents types de revenu qui viennent de l’extérieur (pensions de retraite, dépenses touristiques, revenus fonciers et « revenus dortoir », cf. supra) Ressort : le développement de l’économie résidentielle dépend du niveau d’aménité des territoires (ensoleillement, qualité environnementale, cadre de vie…) Économie domestique (Davezies) = Économie/Sphère présentielle (Insee) = Économie de proximité (Rhône Alpes) : Définition : ces trois notions regroupent strictement la même chose, à savoir les secteurs d’activité dont le développement ne dépend que de la consommation locale (par opposition aux secteurs d’activité de la Base productive exportatrice) Ressort : la propension à consommer localement des population présentes, en d’autres termes, la propension à redistribuer dans l’économie locale les différents types de revenus captés Ce qu’il faut absolument intégrer - Un territoire se développe en deux temps : Temps 1 : en fonction de sa capacité à capter de la richesse en provenance de l’extérieur Temps 2 : en fonction de sa capacité à redistribuer la richesse captée dans les circuits économiques locaux (économie de proximité) Ce qu’il ne faut ABSOLUMENT pas croire L’économie résidentielle et l’économie de proximité sont des notions qui renvoient à la même chose Seule l’économie résidentielle stimule l’économie de proximité (effectivement, même les transferts sociaux, comme par exemple des indemnités chômage, lorsqu’ils sont dépensés sur le territoire par leur titulaire pour acheter le pain ou le journal, contribuent à alimenter l’économie de proximité)
Représentation simplifiée d’un système socio-économique local Consommation Source : D’après L. Davezies – CNAM
Partie 1 : Les moteurs du développement du territoire Pour une identification de son modèle de développement
La structure des moteurs du développement du territoire Un territoire marqué par une sur-représentation de ses revenus productifs exportateurs et sociaux… … et un net déficit en revenus résidentiels lié à une sous représentation prononcée des dépenses touristiques et des revenus des capitaux et fonciers, et ce en dépit d’une sur-représentation des revenus « dortoirs » et dans une moindre mesure des pensions de retraite La part des transferts sociaux supérieure à la moyenne suggère que la situation sociale du territoire demeure plutôt déséquilibrée Un modèle de développement « productivo-social » symptomatique d’un déséquilibre entre les moteurs de développement du territoire et de difficultés sociales
Le fonctionnement du système de consommation du territoire La problématique de la consommation, pourtant abondamment traitée à l'échelle macro-économique (tant par les experts que par les politiques publiques) et surtout fondamentale pour notre développement, est totalement mise de côté à l'échelon territorial. Aucune statistique n'existe sur le sujet au niveau des territoires. Pour cette raison, nous sommes contraints d’élaborer nous-mêmes les indicateurs nécessaires à son traitement et à son analyse. Nous avons élaborés trois indicateurs : le potentiel de captation : cet indicateur permet d'appréhender le degré d'attractivité d'un territoire à travers sa capacité à capter de la richesse à l'extérieur de son périmètre. Il est calculé en rapportant le volume total de revenus captés (revenus basiques) à la population résidante. Plus l'indicateur est important, plus cela signifie que le potentiel de captation est élevé. l'effet multiplicateur : cet indicateur permet d'appréhender le degré de redistribution des revenus captés à l'extérieur d'un territoire dans son économie locale ; autrement dit la propension à consommer localement. Il est calculé en rapportant le volume total de revenus captés à l'extérieur (revenus basiques) au nombre d'emplois de l'économie de proximité. Exprimé en euros, l'effet multiplicateur peut se lire comme le volume de revenus basiques nécessaire pour la création d'un emploi de proximité supplémentaire. Attention : contrairement au potentiel de captation, plus le montant exprimé par l'effet multiplicateur est important, plus cela signifie qu'il est faible et inversement. le taux de couverture en emplois de proximité : cet indicateur permet de mesurer la densité en emplois de proximité sur un territoire donné. Il est calculé en rapportant le nombre d'emplois de proximité à la population résidante. Du fait de leur robustesse partielle, ces indicateurs ne doivent pas être interprétés isolement mais toujours dans le cadre d'une double mise en perspective avec une moyenne de référence et les uns aux autres. Ce n'est qu'en procédant de la sorte que leur analyse peut permettre d'appréhender les effets de la consommation en matière d’emploi sur les territoires.
Le fonctionnement du système de consommation du territoire Un territoire qui se caractérise par un potentiel de captation de richesse nettement inférieur à la moyenne des ZTRA de la région… … et une très faible propension à redistribuer la richesse captée dans l’économie locale (cf. l’effet multiplicateur inférieur à la moyenne), sans doute liée à l’attractive commerciale de l’agglomération lyonnaise Combinaison qui se traduit par un déficit très prononcé en emplois de proximité (cf. le taux de couverture) Un système de consommation au fonctionnement défaillant en raison d’un déficit en captation de richesse – reflet de la faible attractivité du territoire - et une faible propension à consommer localement - probablement liée à une forte évasion commerciale en direction de Lyon
Partie 2 : Dynamique économique du territoire Analyse de la structure de spécialisation du tissu productif
Mise en perspective de la dynamique de l’emploi salarié privé depuis 1993 au gré des cycles économiques Un territoire qui profite d’une très forte croissance de ses effectifs salariés privés sur longue période La croissance de l’emploi a été quasi-continue depuis 1993 Un tissu productif plutôt préservé des cycles récessifs (1993-1996 et 2001-2005), et même de celui de 2008 (croissance de l’emploi) et qui profite plutôt bien des cycles de croissance
La structure de spécialisation économique du territoire : un profil encore très industriel Le profil de spécialisation du territoire demeure relativement diversifié avec 6 secteurs de spécialisation… … dont trois à vocation industrielle (Fabrication équipements électriques, électroniques, infrastructures et machines, Fabrication autres produits industriels et Fabrication de matériels de transport) et dans l’industrie agro-alimentaire Les secteurs de la Construction ainsi que le secteur semi-marchand Administration publique, enseignement, santé & action sociale pèsent également d’un poids dans l’emploi local supérieur à la moyenne nationale Une structure de spécialisation qui a légèrement évolué entre 1993 et 2009 avec un renforcement du niveau de spécialisation des secteurs Fabrication équipements électriques, électroniques, infrastructures et machines et agroalimentaire et une perte de spécialisation pour les secteurs Extraction, énergie, eau, gestion de déchets & dépollution et Transport et entreposage Malgré un profil de spécialisation pas forcement très favorable car encore très largement spécialisé dans l’industrie, et notamment encore très largement tourné vers l’industrie, le système productif local a enregistré des performances de création d’emplois salariés privés supérieures aux moyennes portées pour partie par la vitalité spécifique de son tissu d’entreprises
Dynamique de l’emploi par grands secteurs d’activité Seulement trois secteurs d’activité, dont 2 de la fabrication, ont enregistré des performances de créations d’emplois négatives depuis 1993 (à des rythmes plutôt plus élevés qu’en moyenne au niveau national, sauf pour le secteur Fab. De matériel de transports) On relèvera les fortes croissances des effectifs salariés des secteurs Fabrication équipements électriques, électroniques, infrastructures et machines et de l’agroalimentaire dans des contextes à la baisse et en stagnation On notera que le secteur d’activité qui a le plus contribué à la croissance des effectifs salariés privés du territoire sur la période est le secteur Activités spécialisés, scientifiques et techniques, services administratifs et de soutien, sans doute porté par le dynamisme de l’intérimaire et qui dépend largement du niveau d’externalisation des entreprises industrielles
Dynamique de l’emploi par sphère : une mutation du tissu productif encore en cours La part des emplois de la sphère présentielle a certes sensiblement augmenté depuis 1975 et est devenue supérieure à 50 % mais reste encore sensiblement inférieure aux moyennes Ce en raison d’une progression rapide de ses emplois, symptomatique d’une évolution du tissu productif vers une plus grande diversification, notamment dans les secteurs d’activités les moins exposés à la concurrence internationale… … et des lourdes destructions d’emplois qui ont affecté la sphère non présentielle (c’est-à-dire concurrentielle) Rattrapage de la sphère présentielle, déclin du non présentiel sur le long terme, le système productif semble amorcer sa transformation Une crainte : quid de la capacité des filières industrielles locales à maintenir leur dynamisme, ce d’autant plus qu’elles portent encore largement les créations d’emplois locales ? Il conviendra de facto d’être particulièrement vigilant, dans une logique d’anticipation des mutations industrielles, sur l’état de santé de ces secteurs dans les années à venir et d’évaluer comment ils se sont sortis de la crise encore en cours
Partie 3 : Le niveau de développement social du territoire Une approche synthétique
Les effets du modèle de développement sur la qualité de l’emploi Le temps partiel affecte nettement plus lourdement la population active occupée du territoire qu’en moyenne en Rhône Alpes et en France métropolitaine La part des actifs salariés à temps partiel a diminué d’un point entre 1999 et 2009 dans des contextes eux aussi plutôt à la baisse, ce en dépit d’une très rapide progression du nombre d’actifs salariés à temps partiel (tendance rendue possible par la progression supérieure des actifs occupés salariés) La proportion d’actifs en contrat « stable » (fonction publique et CDI) demeure supérieure sur le territoire en raison d’un recours nettement moins important au CDD et dans la moyenne de l’emploi intérimaire Une population active plus lourdement touchée par le travail à temps partiel mais nettement moins concernée par les contrats à durée limitée qu’en moyenne dans la région
Analyse synthétique du fonctionnement du marché du travail local Le taux de chômage du territoire demeure structurellement très nettement inférieur aux moyennes de comparaison (inférieur de moitié), ce tant pour les hommes que pour les femmes … en raison d’une stagnation du nombre de chômeurs entre 1999 et 2009 et d’une dynamique démographique favorable marquée par une très forte augmentation de la population active Un territoire marqué par un taux de chômage structurellement inférieur à la moyenne
Analyse synthétique du fonctionnement du marché du travail local Le nombre de DEFM (cat A) a malgré tout progressé sensiblement plus rapidement sur le territoire qu’en moyennes entre 2001 et 2011… Ce en raison d’une intense dégradation du marché du travail local en période de crise (2001-2005 et surtout 2007-2011) et malgré une forte réactivité en période d’amélioration généralisée de l’emploi (2005-2007) La progression du nombre de DEFM à l’échelle du territoire a été largement portée par les DEFM féminins qui ont fortement subi les cycles de détérioration du marché du travail (2001-2005 et 2007-2011) et très peu profité du cycle d’amélioration entre 2005 et 2007. Il n’y a qu’en 2007 que le nombre de DEFM féminins est revenu un seuil inférieur à celui de 2001
Evolution du revenu durant la dernière décennie : un territoire en voie de rattraper son retard Le revenu moyen des foyers fiscaux du territoire demeure, et ce depuis 1998, sensiblement inférieur à la moyenne régionale et nationale Il s’est cependant sensiblement rapproché de ces derniers puisqu’il était inférieur 21,1 % au revenu moyen régional en 1998, de 19,8 % au revenu moyen français contre « seulement » respectivement 14 % et 11,5 % en 2009 Un territoire marqué par un mouvement de convergence de son revenu moyen sur les moyennes régionale et française
Un territoire très peu inégalitaire et marqué par une faible intensité de la pauvreté Le revenu médian des 3 EPCI (ces données ne sont pas disponibles à l’échelle du CDDRA des Monts du Lyonnais) qui composent le territoire sont sensiblement inférieurs aux moyennes de comparaison L’analyse fine de la distribution des revenus à l’échelle des EPCI du territoire révèle que, si le catégories les plus aisées présentent des niveaux de revenu sensiblement inférieurs aux moyennes, les catégories les plus pauvres (le 1er et 2ème décile) présentent des niveaux de revenu sensiblement supérieurs à ces moyennes. Ce qui est révélateur d’une moindre intensité de la pauvreté sur le territoire L’indice de Gini, sensiblement inférieur aux moyennes, est révélateur du faible niveau d’inégalités de revenu qui frappe le territoire et ses intercommunalités. Inégalités tassées vers le bas en raison de la moindre intensité de la pauvreté et de la faiblesse relative des revenus des populations les plus aisées
Conclusion
Un modèle de développement en mutation Le modèle de développement du CDDRA des Monts du Lyonnais présente un profil « productivo-social-dortoir ». Il se caractérise effectivement par une surreprésentation dans son économie de ces trois types de revenu. La combinaison revenus productifs/revenus sociaux est caractéristique des territoires de tradition industrielle ayant subi une restructuration de leur système productif sous le poids de la désindustrialisation. L’apparition des revenus « dortoirs » comme moteur de développement structurant démontre que le territoire se « résidentialise » et qu’il est en train d’amorcer une double mutation. Une transformation de son système productif sous le poids nous l’avons dit de la désindustrialisation qui, ayant des impacts sociaux douloureux, favorise la montée en puissance des transferts sociaux et une transformation plus profonde de son modèle développement lié à une attractivité résidentielle croissante. Le territoire souffre cependant d’un profond déficit en matière de consommation lié à un faible potentiel de captation de richesses (qui montre que bien qu’en croissance, l’attractivité du territoire reste encore assez faible) et une faible propension à consommer localement très probablement liée à une forte évasion commerciale en direction de Lyon. Ce double déficit se traduit par une faible densité en emplois de proximité. Les performances de création d’emplois depuis les années 90 ont malgré tout été excellentes, ce en dépit du déclin de deux secteurs de l’industrie et des réductions d’effectifs dans les secteurs d’activité à forte dimension concurrentielle et exportatrice. Ce grâce à la rapide progression des secteurs d’activité dépendant de la consommation. Malgré sa faiblesse relative, cette dernière semble avoir pris le relais à partir des années 70 pour compenser les lourdes pertes d’emplois enregistrées dans les secteurs plus traditionnels. Les emplois de l’économie de proximité sont ainsi devenus majoritaires en 2009 même si encore plutôt sous-représentés localement. La mutation du tissu productif local ne semble à cet égard pas encore achevée. Le taux de chômage demeure structurellement faible en dépit d’une très rapide progression de la demande d’emploi, tant masculine que féminine, depuis le début des années 2000, et grâce à une très rapide progression du nombre d’actifs sur cette période. Le niveau de précarité des conditions d’emploi de la population active locale demeure en revanche préoccupant en raison de la montée en puissance du temps partiel sur le territoire.
Le niveau de revenu des habitants demeure faible au regard des moyennes de comparaison, ce même si l’intensité de la pauvreté – c’est-à-dire le revenu des plus pauvres – y demeure moins forte. La structure sociale du territoire demeure ainsi extrêmement homogène en raison justement de la moindre intensité de la pauvreté et d’une « paupérisation relative généralisée » des classes moyennes et supérieures. Ce qui pèse évidemment négativement sur la consommation locale. Le CDDRA des Monts du Lyonnais semble se situer à un moment charnière de son existence. Alors que d’un côté, il semble subir une transformation en profondeur de son système productif, son modèle de développement prend lui aussi une autre forme en passant d’un modèle purement productif (héritier du passé industriel) à un modèle « productivo-social-dortoir » qui pourrait à terme, si les effets de la désindustrialisation sont compensés par le processus de « résidentialisation » du territoire et la montée en puissance des mécanismes de consommation, à un modèle « productivo-dortoir ». Effectivement, la proximité de l’agglomération lyonnaise est évidemment un atout pour les actifs du territoire qui pourraient avoir des difficultés à trouver un emploi localement. Il va sans dire que cette mutation ne se fait pas et ne se fera pas sans heurts. Elle doit pour cette raison être accompagnée en toute connaissance de cause, et même réguler, par la puissance publique. Trois axes stratégiques fondamentaux se dessinent ainsi à la lecture des enjeux soulevés par ce diagnostic : accompagner les mutations économiques pour réduire leurs impacts sociaux (il ne s’agit plus ici de parler d’anticipation puisque ces mutations sont déjà largement en cours) et soutenir le maintien des activités productives favoriser la diversification du modèle de développement du territoire en appuyant également le développement de l’économie résidentielle, parfait complément de l’économie productive, via notamment la montée en puissance des revenus « dortoirs » et pourquoi pas en stimulant la fonction touristique du territoire, visiblement largement sous-exploitée encourager la consommation locale pour stimuler les créations d’emplois dans les secteurs de l’économie de proximité en limitant l’évasion commerciale en direction de Lyon
Annexes
Concepts sur les revenus fiscaux par unité de consommation Le revenu fiscal correspond à la somme des ressources déclarées par les contribuables sur la déclaration des revenus, avant tout abattement. Il ne correspond pas au revenu disponible. Le revenu fiscal comprend ainsi les revenus d'activité salariée et indépendante, les pensions d'invalidité et les retraites (hors minimum vieillesse), les pensions alimentaires reçues (déduction faite des pensions versées), certains revenus du patrimoine ainsi que les revenus sociaux imposables : indemnités de maladie et de chômage (hors RMI). Le niveau d’observation du revenu fiscal que nous avons retenu est l’unité de consommation (plutôt que le ménage ou la personne). L’unité de consommation est un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Avec cette pondération, le nombre de personnes est ramené à un nombre d'unités de consommation (UC). La médiane est la valeur qui partage une distribution en deux parties égales. Ainsi, pour une distribution de revenus, la médiane est le revenu au-dessous duquel se situent 50 % des revenus. C'est de manière équivalente le revenu au-dessus duquel se situent 50 % des revenus. La médiane constitue un indicateur plus fiable que la moyenne. Le premier décile est le revenu au-dessus duquel se situent 90 % des revenus. Le 1er décile concentre ainsi les 10 % des ménages (exprimés en unités de consommation) les plus pauvres. Le neuvième décile est le revenu au-dessous duquel se situent 90 % des revenus. Le 9ème décile concentre ainsi les 10 % des ménages (exprimés en unités de consommation) les plus riches. Le niveau d’inégalités sociales, c’est-à-dire entre habitants, est appréhendé à partir d’un indice de Gini. L’indice de Gini est un indice d’inégalités appliqué dans le cas présent au revenu fiscal par unité de consommation (cf. supra). L’indice de Gini varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où tous les revenus seraient égaux. A l'autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, celle où tous les revenus sauf un seraient nuls. Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé. Une baisse de l'indice de Gini observée entre deux dates indique une diminution globale des inégalités. A l'inverse, une élévation de l'indice reflète une augmentation globale des inégalités. .
Contact Olivier Portier – OPC 120 Avenue St Exupéry – 92 160 Antony Tel : 01 40 91 60 22 Mob : 06 63 19 06 79 Mail : olivier.portier@opconsultant.com