La jarre fêlée
En des temps fort anciens vivait en Chine un porteur d’eau, cheminant avec ses deux jarres aux bouts d’une palanche passée sur son épaule. Une des deux jarres présentait une fêlure, alors que l’autre était parfaitement intacte, rapportant à chaque trajet du porteur l’intégralité de son contenu. De son côté, et au bout du chemin de la source à la maison, la jarre fêlée ne rapportait plus que la moitié de sa contenance.
Et tout au long de deux longues années, le porteur d’eau ne rapporta ainsi qu’une jarre et demie d’eau à chaque trajet. La jarre intacte tirait une fierté naturelle du parfait accomplissement de sa tâche quotidienne. De son côté, la pauvre jarre fêlée avait honte de ce qu’elle effectuait, et se lamentait de ne pouvoir faire que la moitié du travail escompté d’elle.
La jarre fêlée interpela un jour le porteur d’eau, au bord de la source, après avoir enduré ce qu’elle considérait comme étant l’échec de son travail. « Ô Maître, je ressens une grande honte de voir ma fêlure laisser s’échapper l’eau tout au long de votre trajet. »
« N’as-tu donc pas vu que des fleurs s’épanouissent le long du chemin? La raison en est que, connaissant ta particularité, j’ai semé des plantes florales de ton côté du chemin, aussi les arroses-tu régulièrement au retour de la source… » Le porteur d’eau lui répondit:
... Depuis deux ans, nous cueillons régulièrement ces fleurs pour orner la table de la maison. Tu n’aurais pas présenté cette fêlure, il est évident que la maison n’aurait pas été décorée joliment comme elle l’est chaque jour. »
Chacun d’entre nous porte en lui des particularités. Et chacun d’entre nous EST une jarre fêlée.
Et c’est de par ces particularités et ces fêlures en nous que la vie peut nous paraître agréable et que nous en tirons de la satisfaction.
Nous nous devons d’accepter les spécificités de chacun dans la vie, et de chercher en eux ce qu’il y a de bien. x
Longue vie à tous mes amis « jarres fêlées » ! x x
Création: Guyloup Mise en texte: Minhtam Ha Illustration sonore: ‘Limelight’- Charlie Chaplin Version originale en vietnamien: Minhtam Ha Adaptation française sur une suggestion de Suzanne Thu Thuy, MC 65