Français 9 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014 La poésie Français 9 Madame Lisette Valotaire École du Carrefour 2014
Au Champ d'honneur (Adaptation du poème: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation française du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' À nos parents, à nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. À vous jeunes désabusés À vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'âme Le goût de vivre en liberté. Acceptez le défi, sinon Les coquelicots se faneront
Au Champ d'honneur (Adaptation du poème: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation française du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' À nos parents, à nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. À vous jeunes désabusés À vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'âme Le goût de vivre en liberté. Acceptez le défi, sinon Les coquelicots se faneront In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
Au Champ d'honneur Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers. In Flanders Fields In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below.
Au Champ d'honneur Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' À nos parents, à nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. In Flanders Fields We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields.
Au Champ d'honneur À vous jeunes désabusés À vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'âme Le goût de vivre en liberté. Acceptez le défi, sinon Les coquelicots se faneront Au champ d'honneur. In Flanders Fields Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
Au Champ d'honneur (Adaptation du poème: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation française du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' À nos parents, à nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. À vous jeunes désabusés À vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'âme Le goût de vivre en liberté. Acceptez le défi, sinon Les coquelicots se faneront In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
Au Champ d'honneur (Adaptation du poème: In Flanders Fields, de John McCrae) *Adaptation française du major Jean Pariseau Au champ d'honneur, les coquelicots Sont parsemés de lot en lot Auprès des croix; et dans l'espace Les alouettes devenues lasses Mêlent leurs chants au sifflement Des obusiers. Nous sommes morts Nous qui songions la veille encor' À nos parents, à nos amis, C'est nous qui reposons ici Au champ d'honneur. À vous jeunes désabusés À vous de porter l'oriflamme Et de garder au fond de l'âme Le goût de vivre en liberté. Acceptez le défi, sinon Les coquelicots se faneront In Flanders Fields John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields.
In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, John McCrae In Flanders fields the poppies blow Between the crosses, row on row, That mark our place; and in the sky The larks, still bravely singing, fly Scarce heard amid the guns below. We are the Dead. Short days ago We lived, felt dawn, saw sunset glow, Loved, and were loved, and now we lie In Flanders Fields. Take up our quarrel with the foe: To you from failing hands we throw The torch; be yours to hold it high. If ye break faith with us who die We shall not sleep, though poppies grow In Flanders Fields. Traduction littérale Dans les champs de Flandres, les coquelicots ondulent Entre les croix alignées Qui marquent notre place; et dans le ciel Les alouettes chantent toujours bravement, volent On les entend à peine au milieu des tirs en dessous Nous sommes les morts. Il y a peu de temps Nous vivions, ressentions l'aube, regardions la lueur du soleil couchant Nous aimions et nous étions aimés et maintenant nous sommes allongés Dans les champs de Flandres. Reprenez notre querelle avec l'ennemi : Que nous vous envoyons de nos mains défaillantes Il vous appartiendra de tenir la torche élevée Si vous brisez la foi qui avec nous se meurt Nous ne dormirons pas, pourtant les coquelicots poussent
Les figures de style
Allégorie (f.) : Figuration d’une abstraction par une image, un tableau, souvent par un être vivant. Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule. […] (Victor Hugo (1802-1885), Les Contemplations (1856), Livre IV, « Mors »)
Allitération (f. ) : C’est la répétition de sons identiques Allitération (f.) : C’est la répétition de sons identiques. À la différence de l’assonance, le terme « allitération » est réservé aux répétitions de consonnes. « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » (Racine, Andromaque, V, 5) « Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine / Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. » (Rimbaud, « Le Dormeur du val ») « Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches ou archisèches ? » (virelangue classique)
Anaphore (f.) : Une anaphore est un procédé qui consiste à commencer par le même mot les divers membres d’une phrase. Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume, Qu’il me fasse à longs traits goûter son amertume ; Je veux, sans que la mort ose me secourir, Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. (Corneille, Suréna (1674), I, 3)
Un homme est mort qui n’avait pour défense Que ses bras ouverts à la vie Un homme est mort qui n’avait d’autre route Que celle où l’on hait les fusils Un homme est mort qui continue la lutte Contre la mort contre l’oubli. (Paul Éluard, Au rendez-vous allemand (1944), « Gabriel Péri »)
Antithèse (f.) : Une antithèse est un procédé qui consiste à rapprocher deux pensées, deux expressions, deux mots opposés pour mieux faire ressortir le contraste. « […] un homme est là / qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; / qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile […]. » (Victor Hugo, Ruy Blas, acte II, scène 2)
Assonance (f.) : C’est la répétition d’une même voyelle dans une phrase ou un vers. Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages. (Lamartine) Les vendredis sanglants et lents d’enterrements. (Apollinaire)
Comparaison (f.) : Une comparaison est une mise en relation de deux termes à l’aide d’un terme comparant (comme, tel, semblable à, etc.). Cet enfant est blanc comme un cachet d’aspirine. La terre est bleue comme une orange. Le poète est semblable à un prince.
Ellipse (f.) : Une ellipse consiste à omettre volontairement certains éléments logiquement nécessaires à l’intelligence du texte. Louise porte une robe verte, Annie une robe noire. Il m'a révélé que le plus important est d'aimer, le moins, de posséder.
Euphémisme (m.) : L’euphémisme est une figure très connue qui consiste à remplacer une expression littérale (idée désagréable, triste) par une forme atténuée, adoucie. Il a vécu. (plutôt que : Il est mort.) Les personnes du troisième âge. (plutôt que : les vieux) Elle nous a quittés. (plutôt que : Elle est morte.)
Hyperbole (f.) : Elle consiste à mettre en relief une idée au moyen d’une expression exagérée. L’hyperbole est donc une exagération exprimée par l’accumulation, par l’emploi d’intensifs ou par l’emploi de mots excessifs. Dire je meurs de faim pour exprimer sa grande faim. Dire un géant pour désigner un homme de très grande taille. Dire c’est à mourir de rire pour dire que quelque chose est vraiment très drôle.
Ironie (f.) : Elle consiste à dire le contraire de ce qu'on pense, pour souligner combien l'idée ou le fait exprimé est absurde ou contraire à la réalité. Souvent, pour ironiser, on utilisera un trait positif afin d'exprimer une opinion négative. Entrer dans la cage du lion, quelle bonne idée! Il vit dans un château sans électricité ni eau courante.
Litote (f.) : Une litote consiste à dire moins pour suggérer davantage. La litote s’oppose à l’euphémisme. Dire « Il n’est pas laid. » pour dire « Il est beau. » Dire « Elle n’est pas mauvaise, cette tarte! » pour dire « Elle est très bonne.»
Métaphore (f.) : Elle consiste à établir une comparaison entre deux réalités, comparaison qui est fondée sur une analogie que l’on instaure entre les deux référents. Elle ne comporte aucun élément grammatical, par exemple comme, ainsi que, tel, semblable à. L'œil d'un homme est une fenêtre. Cet homme d’affaires est un requin.
Métonymie (f.) : La métonymie est une figure de style qui consiste à désigner un objet ou une idée par un autre terme que celui qui convient (par glissement de sens). On parle de métonymie quand le même mot désigne : le tout et la partie : une bonne plume pour un bon écrivain ; l’objet et sa matière : un verre pour un récipient en verre ; le contenu et le contenant : boire un verre pour dire boire le contenu d’un verre ; le lieu et l’activité : un théâtre, une cuisine ; l’activité et l’instrument, l’objet : faire du piano, jouer aux cartes ; la cause et l’effet : boire la mort pour boire le poison ; l’écrivain et son œuvre : lire un Flaubert.
Oxymore (m.) : L’oxymore est une figure d’opposition qui consiste à réunir deux termes de sens contraires. « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles […] » (Corneille, Le Cid, acte IV, scène 3)
Personnification (f.) : La personnification attribue à une chose abstraite les propriétés d’un être animé (homme, animal). Le cactus dressait ses épines et attendait patiemment le lézard qui tenterait de lui voler sa fleur. La musique habitait cette maison depuis trois générations.
Les types de poèmes
A) Le haïku Le haïku, terme popularisé par Shiki (1867-1902), est une forme classique de la poésie japonaise dont la paternité est attribuée à Bashô (1644-1694). Le haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne. Le haïku est un poème de trois lignes, généralement avec 17 syllabes (5 dans la première ligne, 7 dans la deuxième et 5 dans la troisième.
Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau. (Bashō)
furuike ya (古池や) (fu/ru/i/ke ya): 5 kawazu tobikomu (蛙飛込む) (ka/wa/zu to/bi/ko/mu): 7 mizu no oto (水の音) (mi/zu no o/to): 5 vieil/ancien étang(s) ah grenouille(s) tomber/plonger bruit(s) de l'eau Dans la vieille mare, une grenouille saute, le bruit de l'eau.
ce bleu au centre de l'œil étang qui attire les oies en partance (Micheline Beaudry)
Cohue du métro - sur ce manteau bleu marine un cheveu blanc (Henri Chevignard)
Dévoré par un chat - L’épouse du criquet Crie son deuil Dévoré par un chat - L’épouse du criquet Crie son deuil. (Takarai Kikaku)
parc viennois sifflant un air de Mozart gamin sur patins (Janick Belleau)
algue flottante dans bain bouillonnant ta chevelure (Janick Belleau)
clair de lune son corps au seuil de la mort plus blanche la neige (Janick Belleau)
B) Le calligramme Un calligramme est un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin, généralement en rapport avec le sujet du texte. Le calligramme stimule l'imaginaire autant par son aspect visuel que par ses mots.
C) L’acrostiche L’acrostiche est un texte poétique dont les premières lettres de chaque vers forment un mot lorsqu’on les lit à la verticale. Ce mot peut être le sujet du poème, le nom de l’auteur ou encore de la personne à laquelle il est destiné. L’acrostiche peut aussi être utilisé si l’on veut cacher un message dans un poème.
D) La fable Une fable est une histoire imaginaire généralement en vers dont le but est d’illustrer une morale. Héritée de l’Antiquité, la fable a souvent pour héros des animaux, chargés alors de représenter les hommes (Fables de La Fontaine, par exemple).
La cigale et les fourmis (Ésope) C’était en hiver ; leur grain étant mouillé, les fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent : « Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? – Je n’en avais pas le temps, répondit la cigale : je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez : « Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la négligence, si l’on veut éviter le chagrin et le danger.
Le corbeau et le renard - Jean de la Fontaine (1621-1695) Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : Et bonjour, Monsieur du Corbeau, Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie, Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute. Cette leçon vaut bien un fromage sans doute. Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
LE CORBEAU ET LE RENARD (version traduite d’Ésope) Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : « Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux. » Cette fable est une leçon pour les sots.
La cigale et la fourmi Jean de la Fontaine (1621-1695) La Cigale, ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvu Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle. Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'août, foi d'animal, Intérêt et principal. La Fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. Vous chantiez ? j'en suis fort aise : Eh bien ! dansez maintenant.
E) Le poème lyrique La poésie lyrique aborde généralement des émotions et des sentiments liés à l’existence : les thèmes récurrents sont l’amour, la mort, la nature, etc. Le poète évoque alors ce qu’il ressent, mais aussi ce que peuvent ressentir tous les hommes. Le lyrisme exprime toujours une émotion, un bouleversement de la sensibilité. Les marques du registre lyrique : l’emploi de la première personne du singulier ; le vocabulaire des émotions et des sentiments ; une ponctuation expressive (points d’exclamation, points d’interrogation) ; la présence d’adverbes d’intensité ; l’emploi de figures de style (comparaisons, métaphores, …)
Pâle étoile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Pâle étoile du soir, messagère lointaine, Dont le front sort brillant des voiles du couchant, De ton palais d'azur, au sein du firmament, Que regardes-tu dans la plaine? La tempête s'éloigne et les vents sont calmés. La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère; Le phalène doré, dans sa course légère, Traverse les prés embaumés.
Pâle étoile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Que cherches-tu sur la terre endormie? Mais déjà, vers les monts, je te vois t'abaisser; Tu fuis, en souriant, mélancolique amie, Et ton tremblant regard est près de s'effacer. Étoile qui descends vers la verte colline, Triste larme d'argent du manteau de la Nuit, Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine, Tandis que pas à pas son long troupeau le suit,
Pâle étoile du soir Alfred de Musset (1810-1857) Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense? Cherches-tu, sur la rive, un lit dans les roseaux? Ou t'en vas-tu, si belle, à l'heure du silence, Tomber comme une perle au sein profond des eaux? Ah! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux, Avant de nous quitter, un seul instant arrête; --- Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux!
F) La prose Le poème en prose est né au XIXe siècle avec le recueil de poèmes Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand. Le poème en prose représente pour l'écrivain une grande liberté d'expression et se distingue des autres poèmes habituels principalement en raison du fait qu'il contient des procédés issus de la façon usuelle de parler (vers inégaux, pas de rimes, pas de strophes). En d'autres mots, le poème écrit en prose ressemble à première vue à un texte courant, mais renferme une langue poétique qui cherche, entre autres, à surprendre et à émouvoir.
Guerre Enfant, certains ciels ont affiné mon optique : tous les caractères nuancèrent ma physionomie. Les Phénomènes s'émurent. - À présent, l'inflexion éternelle des moments et l'infini des mathématiques me chassent par ce monde où je subis tous les succès civils, respecté de l'enfance étrange et des affections énormes. - Je songe à une Guerre, de droit ou de force, de logique bien imprévue. C'est aussi simple qu'une phrase musicale. - Arthur Rimbaud
Vous brûlerez Au pays de pierre fendre, l'année commence par une infinité de matins couchés en rond de chien sous les poêles, sourds à ce qui monte dehors, même à l'appel cassé des vieilles corneilles. Les heures sont figées au fond des bols. Un diamant trace et trace sur les vitres une flore impossible et superbe. Dans cette maison-là vous pensez souvent à la solitude et à la santé des territoires. En ce moment, immobile à la fenêtre, vous vous demandez. Plus tard, vers les quatre heures, les lointains s'enflammeront, la plaine frisera de vent, un fleuve de farine déferlera dans les plis de la neige durcie. Vous deviendrez peu à peu la force de l'horizon, glisserez hors de vous, filerez sur le totalement neuf, contre l'écume qui éveille. Vous brûlerez. - Pierre Morency
G) Les vers libres Un poème en vers libres est un poème qui ne présente aucune structure formelle régulière : ni vers mesurés, ni rimes, ni strophes. Cependant, et là se trouve sa principale différence avec le poème en prose, le poème en vers libres respecte certaines règles de disposition : une mise en page dégagée laissant plusieurs zones blanches, la présence (habituellement) de majuscules en début de ligne, des échos sonores (qui ne sont pas uniquement des finales rimées), des longueurs métriques variables, des séquences de vers à dimension variable séparées par un saut de ligne (simili-strophes), etc.
Chanson d'automne Paul Verlaine (1844-1896) Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.
Marine Arthur Rimbaud (1854-1891) Les chars d'argent et de cuivre - Les proues d'acier et d'argent - Battent l'écume, - Soulèvent les souches des ronces. Les courants de la lande, Et les ornières immenses du reflux Filent circulairement vers l'est, Vers les piliers de la forêt, - Vers les fûts de la jetée, Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.
L'homme et la mer Charles Baudelaire (1821- 1867) Homme libre, toujours tu chériras la mer! La mer est ton miroir, tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais a plonger au sein de ton image; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets; Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes; O mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, O lutteurs éternels, O frères implacables!
Une allée du Luxembourg Gérard de Nerval (1808-1855) Elle a passé, la jeune fille Vive et preste comme un oiseau : A la main une fleur qui brille A la bouche un refrain nouveau C'est peut-être la seule au monde Dont le cœur au mien répondrait Qui venant dans ma nuit profonde D'un seul regard l'éclaircirait !... Mais non ! Ma jeunesse est finie... Adieu, doux rayon qui m'as luit, Parfum, jeune fille, harmonie ... Le bonheur passait, - Il a fui !
Automne Guillaume Apollinaire (1880-1918) Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux Et s'en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d'amour et d'infidélité Qui parle d'une bague et d'un coeur que l'on brise Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises
L'Albatros Charles Baudelaire (1821- 1867) Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à coté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
H) Le sonnet Le sonnet est l'une des formes poétiques et classiques les plus strictes de la poésie. Le sonnet doit respecter plusieurs règles strictes : Il doit être composé de 14 vers. Il doit contenir deux quatrains (strophe de quatre vers) suivis de deux tercets (strophe de trois vers), entièrement formés d'alexandrins (vers de douze syllabes). La disposition des rimes composant la finale de chacun des vers doit épouser la structure suivante : ABBA ABBA CCD EDE. Les rimes masculines et les rimes féminines doivent alterner et ne devraient pas se répéter. Aucun mot ne doit apparaître plus d'une fois (sauf les pronoms, les prépositions, les conjonctions et les interjections); la richesse du vocabulaire est primordiale. Chaque strophe doit être cohérente et constituer une unité de sens complète; une idée ne peut être complétée dans la strophe suivante, c'est-à-dire que les quatrains et les tercets doivent représenter deux blocs distincts, non seulement dans la forme, mais aussi dans le contenu. Le dernier vers doit être constitué d'une chute (vers final) qui clôt le poème de manière à marquer fortement le lecteur. Il faut que le sonnet soit cohérent et ait une signification.
Le dormeur du val Arthur Rimbaud (1854-1891) C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit
I) La ballade La ballade est une espèce de rondeau composé de trois couplets et d’un envoi, en vers égaux, avec un refrain, c’est-à-dire avec le retour du même vers à la fin des couplets, ainsi qu’à la fin de l’envoi. Les trois couplets sont symétriquement égaux, soit pour le nombre des vers, soit pour l’enlacement des rimes. Le couplet est une stance de huit, de dix ou de douze vers, divisée en deux parties égales, c’est-à-dire qui présente un sens complet au milieu. L’envoi, qui répond ordinairement à la seconde partie de la stance, n’est qu’un demi-couplet, de sorte que la pièce entière se compose de 28, 35 ou 42 vers.
Paul Verlaine (1844-1896) À propos de deux ormeaux qu'il avait À Léon Vanier Mon jardin fut doux et léger Tant qu'il fut mon humble richesse : Mi-potager et mi-verger, Avec quelque fleur qui se dresse Couleur d'amour et d'allégresse, Et des oiseaux sur des rameaux, Et du gazon pour la paresse. Mais rien ne valut mes ormeaux. De ma claire salle à manger Où du vin fit quelque prouesse, Je les voyais tous deux bouger Doucement au vent qui les presse L'un vers l'autre en une caresse, Et leurs feuilles flûtaient des mots. Le clos était plein de tendresse. Mais rien ne valut mes ormeaux.
Hélas ! quand il fallut changer De cieux et quitter ma liesse, Le verger et le potager Se partagèrent ma tristesse, Et la fleur couleur charmeresse, Et l'herbe, oreiller de mes maux, Et l'oiseau, surent ma détresse. Mais rien ne valut mes ormeaux. ENVOI Prince, j'ai goûté la simplesse De vivre heureux dans vos hameaux : Gaîté, santé que rien ne blesse. Mais rien ne valut mes ormeaux.