Jacqueline Salenson et Michel Rumeau

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Transcription de la présentation:

Jacqueline Salenson et Michel Rumeau Culpabilité Réunion préparée avec Jacqueline Salenson et Michel Rumeau 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Petit tour d’horizon Philo-Psycho Nietzsche, Spinoza, Freud, Jung,... 3. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 4. En guise de conclusion

Étymologie et définitions Mot savant du XVIII siècle, de même racine que « coulpe » du latin culpa, « faute »; culpabilis « coupable ». Définitions : Le Robert : Etat de celui qui est coupable (qui a commis une faute). Dictionnaire de philosophie Godin : Subjectivement, état de celui qui a transgressé la loi (juridique ou morale) Objectivement, caractère d’une action que la loi interdit Dictionnaire de psychologie : Sensation née d’une faute commise, réelle ou imaginée. Si les fautes réelles, entorse à la loi par exemple, peuvent engendrer de la culpabilité, certains individus peuvent exprimer au travers de leurs comportements un sentiment inconscient de culpabilité.

Petit tour d’horizon Philo-Psycho Pour Spinoza (1632-1677), c'est dans le sentiment de culpabilité d'abord que nous sentons et éprouvons que nous sommes. C'est ce sentiment qui provoque la prise en charge de soi par soi (la responsabilité). Pour Nietzsche (1844-1900), c’est la culpabilité qui fait le malheur de l’homme. La source de la mauvaise conscience, c'est la notion d'un Dieu saint envers lequel on aurait une dette. D’où ses critiques à l’égard du christianisme. Pour Freud (1856-1939), le sentiment de culpabilité est ambivalent : il peut être morbide et naître du refoulement mais aussi être sain, valable et moral, s'il est l'expression de ce Je qui est en nous un véritable pouvoir d'examen, de jugement. Ce sentiment, dû à des fautes subjectives, trouve sa source dans le complexe d’Oedipe. Pour Mélanie Klein et D. W. Winnicott qui ramènent la culpabilité à la relation du nourrisson avec sa mère, il y a également ambivalence car l'enfant simultanément a peur de la fusion avec sa mère (alors que la vie le pousse à grandir, il craint de rester un avec elle) et désire aimer et être aimé de cette mère qui est la source de tous ses plaisirs. Il y a donc tout à la fois attirance vers la mère et rejet de celle-ci. Pour Jung ( 1875-1961), la culpabilité de soi vis-à-vis de soi, c’est le refus de s'accepter soi-même. Ce qui rejoint l’analyse de Lewis Engel et Tom Ferguson (psychologues cliniciens) selon laquelle : on se sent coupable quand on n’est pas capable, de même qu’on est incapable d’agir lorsqu’on se sent coupable. En fin de compte la culpabilité nous construit-elle ou nous déconstruit-elle ?

QUESTIONS D’où vient et comment s’exprime la culpabilité? Responsabilité et culpabilité sont-elles liées ? Toute culpabilité doit-elle être sanctionnée et de quelle façon ?

D’où vient et comment s’exprime la culpabilité ? Animation Jacqueline Salenson Sans loi, de quoi serions nous coupables ? Etre moralement coupable est-ce l’être objectivement ? Selon la « loi » dont il s’agit, la culpabilité ne s’exprime-t-elle pas de différentes façons ?

1. D’où vient et comment s’exprime la culpabilité ? D’où vient-elle ? Etre coupable, c’est commettre une faute en transgressant délibérément la loi. Mais la loi peut être : Objective, exogène, collective, de l’ordre juridico-politique Subjective et consciente, endogène, personnelle, de l’ordre de la morale Subjective et inconsciente, de l’ordre du psychisme. Pour être coupable, il faut d’abord une norme, une référence, une loi définissant ce qui est juste. Il faut ensuite un acte qui transgresse la dite loi. Comment s’exprime-t-elle ? La culpabilité objective s’exprime sous la forme d’une sanction (avertissement, blâme, amende, condamnation, emprisonnement...). La culpabilité subjective s’exprime par le sentiment d’avoir commis une faute, sous forme de : Regret : comme le manque en nous de ce qui ne fut pas et aurait du être. Remord : comme une tristesse présente pour une faute passée, comme le regret du bien qui ne fut pas. Volonté de réparation (dédommagement, compensation, pardon) La culpabilité inconsciente naît selon Freud du refoulement parfois morbide qui trouverait sa source dans le complexe d’Oedipe. Elle s’exprime par un certain mal-être à vivre. Mais peut-on vraiment parler de culpabilité puisque, dans ce cas, la loi n’est pas délibérément transgressée ? On peut être coupable objectivement sans l’être subjectivement et inversement. La culpabilité inconsciente n’est-elle pas la plus ambiguë ? Etre coupable, c’est commettre une faute objective ou subjective ou les deux à la fois. La culpabilité inconsciente est de l’ordre du psychisme qui échappe aux valeurs conscientes (collectives ou personnelles), mais n’en est-elle pas la matrice ?

Responsabilité et culpabilité sont-elles liées ? Animation Michel Rumeau Est-on responsable de ses erreurs ? De quoi et vis à vis de quoi est-on coupable ? Responsable et non coupable; cela a-t-il un sens ?

2. Responsabilité et culpabilité sont-elles liées ? De quoi est-on responsable ? On est responsable de tout ce qu’on fait volontairement, ou de ce qu’on laisse faire et qu’on pourrait empêcher. Ainsi est-on responsable de ses erreurs mais on n’en est pas coupable. Une erreur est une idée fausse qu’on croit vraie La responsabilité suppose la liberté : on est responsable de ce qu’on fait librement. La responsabilité suppose la liberté, mais la responsabilité ne se limite pas à ce qu’on fait volontairement : elle inclut aussi ce qu’on laisse faire et qu’on pourrait empêcher. Sans en être coupable, on est responsable de ses erreurs. De quoi est-on coupable ? Etre coupable, c’est être responsable d’une faute accomplie délibérément. Une faute, « c’ est une erreur qui s’écarte moins du vrai que du bien ou du juste » dit ACS. Toute faute suppose une norme de référence (une loi ou une valeur) transgressée délibérément. Ainsi est-on non seulement responsable de ses fautes mais coupable. Par exemple, on sera responsable d’une faute intellectuelle (une erreur de jugement) mais coupable d’une faute morale. On est coupable de ses fautes, autrement dit, de la transgression délibérée de la loi ou de la morale. Ainsi peut-on être responsable et non coupable, notamment de ses erreurs. On peut être responsable et non coupable, alors qu’on ne saurait être coupable consciemment sans être responsable.

Sans sanction, de quoi serions coupables ? Toute culpabilité doit-elle être sanctionnée et de quelle façon ? Sans sanction, de quoi serions coupables ? Pourquoi sanctionner ? De la sanction morale à la sanction pénale : similitudes et différences ?

3. Toute culpabilité doit-elle être sanctionnée et de quelle façon ? Pourquoi sanctionner ? Une fonction de rétribution : la violation de la règle cause un préjudice à la société. En réponse, la société inflige au coupable un autre préjudice destiné à compenser le premier. Une fonction d’élimination : sa forme la plus radicale est la peine de mort, mais elle a pris également d’autres formes moins barbares telles que le bannissement, l’exil, l’emprisonnement... une fonction d’exemplarité : la peine a alors une fonction d’intimidation afin d’éviter que les personnes tentées de violer la loi ne le fassent. Une fonction de réadaptation sociale : la peine a alors pour objectif de mettre en œuvre les conditions pour que l’individu ne récidive pas. De quoi serions-nous responsables si nous n’avions pas à assumer la responsabilité de nos actes ? Assumer la responsabilité de sa culpabilité, n’est-ce pas ça être sanctionné ? De la sanction morale à la sanction pénale, du sentiment de culpabilité à la peine. N’est-ce pas parce que nous manquons de moralité que nous avons besoin de lois ? La loi n’est-elle pas comme une morale nécessaire à ceux qui en manquent ? Le sentiment de culpabilité n’est-il pas la sanction à laquelle s’expose en son fort intérieur tout individu qui transgresse les valeurs morales qui sont les siennes ? La sanction pénale de la société n’est-elle pas nécessaire à ceux qui manquent de culpabilité endogène par manque de morale ? D’un autre ordre, mais de même nature, la sanction pénale n’est-elle pas le substitut nécessaire à ceux qui manquent de moralité ? La sanction n’est-elle pas inhérente à la culpabilité ? Si nous étions complètement moraux, le sentiment de culpabilité ne pourrait-il pas suffire à sanctionner nos fautes ? Mais dès lors que nous manquons de moralité, qui pourrait prétendre que la culpabilité ne doive pas être sanctionnée autrement ?

En guise de conclusion « La culpabilité n'est, après tout, qu'un sentiment de compassion à l'égard de la détresse et du malheur que l'on a causés. » Staraselski Valère (Ecrivain français contemporain) « Il y aura toujours un chien perdu quelque part qui m’empêchera d’être heureux. » Anouilh Jean Sans me sentir coupable d’avoir mal aimé, comment pourrais-je aimer mieux ?

Prochaines réunions • Mardi 10 février « Intelligence » et choix des sujets du second trimestre • Mardi 10 mars « Révolte » Lundi 19 janvier 18h15 Salle du temps libre à Colombiers « Le corps et l'esprit, une seule et même réalité » Conférence d’Henri Atlan. Mardi 20 janvier 18h15 Auditorium Médiathèque de Béziers « Quelle place pour l'homme dans l'univers ? » Café-Philo Michel Tozzi Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/

Bonne et heureuse année 2009 !