Evaluation de la communication pragmatique et du langage dans le cadre des troubles autistiques FNO/ANCRA
Participer au diagnostic Envisager la prise en charge Les personnes autistes présentent des difficultés d’accès à une communication fonctionnelle, basée sur l’échange et le partage. Difficultés qui constituent un des signes cardinaux de l’autisme. Les évaluer, c’est participer à la pose du diagnostic et pouvoir jeter les bases d’une prise en charge adaptée.
« Les comportements non verbaux, aussi bien que le langage verbal, doivent être examinés sur la base de leur usage fonctionnel plutôt que sur celle de leurs caractères structuraux. » A.M. Wetherby C’est pourquoi, outre la description de l’aspect formel du langage, s’il y a lieu, le bilan comportera un examen de la communication sous son angle pragmatique.
Communication pragmatique Capacité à adapter son langage au contexte communicatif. Etude des règles qui gouvernent l’usage du langage dans un contexte.
Evaluer la communication pragmatique Deux types d’évaluation: L’enfant sans langage Consiste à établir un profil des fonctions et des moyens de communication de l’enfant et à situer son niveau de développement dans les domaines considérés comme précurseurs de la communication. L’enfant ayant développé le langage Consiste à établir une évaluation formelle du langage et à évaluer ses difficultés de communication sociale et pragmatique.
Contenu du bilan Entretien / Anamnèse Observation clinique Tests et outils d’évaluation clinique Conclusions Propositions d’intervention En ce qui concerne le bilan : Les parents seront reçus pour un entretien. Une observation de l’enfant en situation de jeu sur une ou plusieurs séances éventuellement filmées sera pratiquée. Les conclusions et propositions seront communiquées lors d’une réunion de synthèse ou bien transmises et discutées avec le médecin coordonnant l’action thérapeutique.
Les outils d’évaluation de la communication pragmatique Enfants sans langage La grille de Wetherby et Prutting adaptée par M.F. Livoir-Petersen(1984) ERC-PV : Dansart et al.1988 (Tours) ECSP : Guidetti et Tourrette (1993)
Les outils d’évaluation de la communication pragmatique Enfants possédant le langage Test des Habiletés Pragmatiques B.Schulman (1985) traduit par A. Monpetit (Montréal) Grille d’observation des interactions des proches avec l’enfant PTP: Profil des troubles pragmatiques M. Monfort-A. Juarez – I. Monfort-Juarez LCLP: S.Tattershall Echelle australienne
Les échelles de développement OEP : évaluation formelle J. Brisot – C. Bousquet (Montpellier) Grilles d’observation N. Denni-Krichel (Strasbourg)
Liste de Wetherby et Prutting adaptée par MF Livoir-Petersen A partir d’une situation de jeu semi- structurée, filmée, On recense les actes de communication intentionnels initiés par l’enfant, On répertorie les comportements utilisés : regards, gestes conventionnels ou non, mimiques, émissions vocales, etc., On établit une classification selon leurs fonctions de communication et on compare leurs occurrences pour définir un profil de communication.
Liste de Wetherby et Prutting adaptée par MF Livoir-Petersen Liste de 15 actes de communication non-interactifs (communication privée, de soi à soi) interactifs classés selon leurs fonctions : régulation comportementale interaction sociale attention conjointe
L’acte de communication « Il commence quand l’enfant initie une interaction avec l’adulte ou un objet et se termine quand l’attention de l’enfant se porte ailleurs ou quand, dans le dialogue, un tour de rôle est échangé.» Wetherby et Prutting (1984)
Intentionnalité d’après Wetherby Persistance du comportement jusqu’à ce que le but soit atteint Satisfaction quand le but est atteint Ritualisation par abréviation ou exagération du signal utilisé de manière répétitive pour obtenir le même but Alternance de la fixation du regard entre le but et le partenaire dans l’interaction. En effet, selon Wetherby, les comportements non verbaux, aussi bien que le langage verbal, doivent être examinés sur la base de leur usage fonctionnel plutôt que sur celle de leurs caractères structuraux. A partir des recherches de Wetherby, il sera donc prêté aux enfants autistes des intentions et des moyens de communication. Seront alors étudiés les actes de communication à travers leurs effets ainsi que les fonctions et les comportements de communication.
Communication intentionnelle entre 9 et 13 mois (Austin et Stern) selon un continuum développemental conscience rudimentaire d’un but coordination de comportement (Prizant et Wetherby) Austin (62) et Stern (85) estiment que la communication intentionnelle existerait entre 9 et 13 mois chez l’enfant normal. Elle se met en place selon “ un continuum développemental, à partir de la conscience rudimentaire d’un but vers la reconnaissance d’une personne en tant que partenaire dans la communication et finalement jusqu’à la coordination de comportement pour faire signe à une personne dans la poursuite d’un objectif ” (Prizant et Wetherby – 86, cités par M.F. Petersen).
Comportements de communication Emissions vocales - verbales Regards orientés vers le visage d’autrui Gestes conventionnels non verbaux Gestes non conventionnels non verbaux Mimiques et gestuelle émotionnelles Comportements émotionnels corporels On recense plusieurs catégories de comportements de communication Wetherby a publié ses recherches sur la comparaison des profils de communication d’enfants “ ordinaires ” et d’enfants autistes en 1984, 88 et 89. Elle note que le nombre total d’actes de communication et le nombre d’actes de communication interactifs des autistes ne sont pas inférieurs à ceux des autres enfants. Mais les enfants “ ordinaires ” utilisent surtout des fonctions de communication à fins sociales alors que les autistes utilisent plutôt ceux à fins environnementales. Les fonctions à visée d’attention conjointe étant faiblement utilisées – sinon absentes – par les autiste.
Fonctions de communication interactives Régulation comportementale (agir sur l’autre pour atteindre un but) Interaction sociale (attirer l’attention d’autrui pour initier un échange) Attention conjointe (afin de partager un intérêt avec autrui à propos d’un objet non convoité, voire absent) Cette observation permet de relever les trois grandes fonctions de communication interactives, mises en évidence par Bruner et présentes à 1 an, à savoir :
Depuis 1984, les recherches de Wetherby ont montré que les autistes produisent autant d’actes de communication interactifs que les autres enfants mais qu’ils communiquent plutôt à des fins environnementales et très peu à des fins d’attention conjointe.
Occurrence des différentes fonctions de communication On établit ainsi un bilan pragmatique du langage (Dr. M.F. Livoir-Petersen, M.J. Fernandes –Montpellier) Comportant: Conditions d’examen Occurrence des différentes fonctions de communication Comportements de communication utilisés Occurrences comparées des fonctions de communication M.J Fernandes, orthophoniste dans le service du Pr.Aussilloux, a élaboré un bilan pragmatique du langage à partir de la grille de Wetherby et Prutting. Il est à la fois quantitatif et qualitatif. Il reprend les différentes fonctions de communication en donnant des détails cliniques, des remarques et observations concernant les capacités de l’enfant. Il donne des détails précis sur les émissions vocales, les émissions verbales, si elles existent, ainsi que la gestuelle.
Mallette Angelmann Il s’agit d’un matériel de base, inspiré du PEP et du BEPL. Il est présenté à l’enfant dans le but d’induire des situations favorisant l’observation clinique des précurseurs de la communication. Le contenu de la mallette n’est pas limitatif.
Matériel de base pour l’observation clinique appareil à bulles 2 téléphones 2 petites voitures 1 balle gobelet et cuillère, brosse à cheveux mirlitons ou sifflets castagnettes cubes à empiler jetons de couleurs animaux en plastique et images correspondantes objets familiers et photos correspondantes imagier...
Les précurseurs de la communication (N. Denni-Krichel- C. Angelmann) La modalité visuelle (contact poursuite oculaire) La modalité auditive La motricité (tonus, préhension, coordination oculo-manuelle) Le rapport aux objets L’imitation (visuelle, sonore, avec ou sans objet) L’alternance Le jeu Les capacités de symbolisation La compréhension verbale et non verbale L’expression verbale
Echelle d’Evaluation Résumée du Comportement Pré-Verbal. Dansart et al Echelle d’Evaluation Résumée du Comportement Pré-Verbal Dansart et al. 1988 (Tours) Il s’agit de recueillir un certain nombre de renseignements basés sur une observation clinique. Cette échelle comporte 10 items: Une autre équipe française, celle des docteurs C.Barthelemy, L.Hameury et G.Delord de Tours a réalisé une échelle d’évaluation des comportements autistiques à partir de listes de symptômes ou de comportements de Duché, Stork et Tomkiewicz (1969) auxquels sont appliqués des systèmes de mesure permettant d’en apprécier les divers degrés d’intensité ou de fréquence. Elle comprend entre autres une évaluation des troubles du langage (Dansart et al, 1988).
ERC-PV 1-N’utilise pas spontanément la voix ou la parole. 2- Ne répond pas de manière mimique , gestuelle ou posturale au langage. 3- Ne répond pas verbalement ou vocalement au langage. 4-Ne jase ou ne parle que dans des conditions très particulières.
ERC-PV(suite) . 5-Ne parvient pas à exprimer des sentiments par des sons ou par du langage. 6-Ne reconnaît pas le sens des expressions de l’interlocuteur. 7-Les échanges avec l’adulte ne s’organisent pas en alternance. 8-Le répertoire des sons est très particulier.
ERC-PV(suite) 9- Il existe des particularités de l’aspect prosodique de l’expression vocale ou verbale. 10- Les performances sont variables en quantité et en qualité.
Évaluation de la Communication Sociale Précoce (ECSP) Guidetti et Tourrette (1993)
ECSP propose 23 situations standardisées, étalonnées sur une population d'enfants tout-venant, applicables au jeune enfant tout-venant âgé de 3 à 30 mois.
ECSP évalue trois fonctions du développement socio-communicatif l'interaction sociale la régulation du comportement l'attention conjointe
OEP : évaluation pragmatique L'évaluation de l'imitation L'évaluation des bases perceptivo-motrices, dans le sens où celles-ci constituent les pré-requis indispensables à la mise en place de l'attention conjointe (mobilité oculaire pour permettre l'alternance du regard entre l'adulte et un objet convoité...) - visuelles - auditives - tactiles L'évaluation des modalités émotionnelles L'évaluation des formats définis par Bruner: - l'attention conjointe - le jeu imaginatif et de faire semblant - les interactions sociales/gestes conventionnels - les interactions sociales ou actions conjointes
OEP : évaluation formelle J. Brisot – C. Bousquet L'évaluation phonétique et phonologique vise au recueil de plusieurs informations: - les acquisitions phonétiques (cotées selon leur présence ou leur absence) - l'articulation (cotée selon les aspects qualitatifs) - les praxies - la prosodie L'évaluation lexicale: - versant compréhension - versant expression L'évaluation syntaxique
Grilles d’observation N. Denni-Krichel auditif visuel gustatif olfactif expression...
Test des habiletés pragmatiques de B. Shulman (adapté par A Test des habiletés pragmatiques de B. Shulman (adapté par A. Monpetit – Montréal) standardisé concerne les enfants de 3 à 8 ans permet d’étudier les intentions communicatives à travers 4 situations structurées de dialogue
Recherche les intentions communicatives suivantes: demande d’action rejet / négation nommer / identifier réponse à question raisonnement comportement formules de politesse salutations
PTP: Profil des troubles pragmatiques Grille d’observation des interactions des proches avec l’enfant PTP: Profil des troubles pragmatiques M. MONFORT – A. JUAREZ - I. MONFORT-JUAREZ
LCLP: S.Tattershall 36 comportements pragmatiques
Echelle australienne Comportements et compétences (Syndrome Asperger, Ecole primaire)
Le bilan orthophonique permet Outre sa dimension diagnostique, de recenser les comportements de communication d’apprécier leur utilisation fonctionnelle d’évaluer le niveau de développement Pour: collaborer utilement avec les parents et les professionnels proposer une prise en charge orthophonique adaptée