ABANDON SPORTIF: COMPRENDRE, PRÉVENIR GUY THIBAULT MÉLANIE LEMIEUX

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Transcription de la présentation:

ABANDON SPORTIF: COMPRENDRE, PRÉVENIR GUY THIBAULT MÉLANIE LEMIEUX KATHRYN ADEL ET COMITÉ SCIENTIFIQUE DE KINO-QUÉBEC DIRECTION DU SPORT ET DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DU LOISIR ET DU SPORT Vous êtes engagés dans l’éducation physique, le sport ou la promotion d’un mode de vie physiquement actif. Vous savez donc qu’aujourd’hui plus que jamais, il faut travailler tous ensemble pour prévenir l’abandon sportif.

Problème important 10-17 ans: 1/3, 1/3 Pire: 11-12 ans L’abandon sportif, c’est un problème important. Environ 1 jeune sur 3 abandonnera un sport au cours de l’année. Et parmi eux, 1 sur 3 ne débutera pas la pratique d’un autre sport. C’est l’abandon sportif complet. La pire taux d’abandon est à 11-12 ans, et ce taux demeure élevé – trop élevé – par la suite. D’où la question: que peut-on faire pour endiguer le décrochage sportif?

L’activité physique, le sport et les jeunes: Savoir et agir Avis du Comité scientifique de Kino-Québec L’activité physique, le sport et les jeunes: Savoir et agir Le document d’appoint qui vous a été remis apporte des éléments de réponse. C’est en fait un chapitre du projet d’avis du CSKQ CLIC intitulé L’activité physique, le sport et les jeunes: Savoir et agir, qui paraîtra cet automne.

Pour rédiger ce chapitre, mes collègues kinésiologues Mélanie Lemieux, Kathryn Adel et moi avons dépouillé les rapports des plus pertinentes recherches scientifiques récentes. On en a trouvé plusieurs dizaines, comme ceux-ci.

Rapport « coûts » / « bienfaits » Processus Rapport « coûts » / « bienfaits » + intensif, + axé sur la performance Sentiment: manque d’habiletés Il en ressort que le processus d’abandon sportif est marqué essentiellement par deux phénomènes. Par rapport au jeune qui continuera à pratiquer son sport, celui qui abandonnera en vient progressivement à développer le sentiment que le rapport «coûts / bienfaits» n’est plus avantageux. Il y a perte d’intérêt vis-à-vis du sport-au fur et à mesure que les intérêts extra-sportifs se développent. CLIC Et dans le cas particulier des jeunes sportifs qui se sont engagés dans les programmes menant au haut niveau, l’entraînement devenant de plus en plus exigeant, l’athlète peut en venir progressivement à développer le sentiment de manquer d’habiletés. Tôt ou tard, tout ça peut déclencher l’abandon.

Catégories de facteurs Développement Encadrement Entraîneurs Parents Pairs Derrière ces processus se cachent de nombreux facteurs d’abandon qu’on peut regrouper sous ces 5 catégories. CLIC ? Comment les chercheurs font-ils pour cerner les facteurs d’abandon? C’est très simple. Ils suivent un groupe de sportifs pendant plusieurs années et comparent les caractéristiques de ceux et celles qui abandonnent ou qui persistent. Évidemment, la liste des facteurs que vous trouverez dans le document d’appoint est longue. Plusieurs de ces facteurs sont ceux que vous avez probablement déjà en tête, mais attention! Il y a peut-être des surprises! Examinons tour à tour les principaux facteurs d’abandon sportif, sous chacune de ces catégories.

Facteurs d’abandon: développement Meilleures performances étant jeune Plus jeune dans sa catégorie d’âge Habiletés motrices de base trop tard Les jeunes sportifs qui risquent davantage d’abandonner sont ceux qui CLIC – profitant peut-être d’une maturation précoce – ont connu leurs meilleures performances étant jeune, mais ont vu par la suite les concurrents les dépasser au fur et à mesure que ces derniers se développaient. Même principe pour les plus jeunes dans leur catégorie d’âge. Mais – fait encore plus édifiant – plusieurs recherches indiquent que les plus à risque d’abandon sont ceux et celles qui ont appris sur le tard les habiletés motrices fondamentales : courir, lancer, sauter, attraper, frapper…

Facteurs d’abandon: encadrement Jeu non encadré Ambiance Spécialisation précoce En ce qui a trait aux programmes sportifs, CLIC la recherche indique que toute chose étant par ailleurs égale, ce sont les jeunes privés tôt de jeu libre qui risquent davantage d’abandonner. On s’en doutait, l’ambiance joue aussi un rôle. Mais les résultats de recherche les plus édifiants sont ceux qui indiquent que le principal facteur d’abandon sportif est la spécialisation précoce. On entend pas spécialisation précoce ou hâtive notamment le fait: de se concentrer très tôt sur un seul sport au point d’abandonner les autres sports; de négliger l’éducation physique, les activités parascolaires et le jeu spontané; de brûler les étapes en faisant avant les autres des camps d’entraînement, ou de l’entraînement complémentaire, par exemple les très jeunes nageurs qui font de la musculation; ou les très jeunes joueurs de soccer à qui on fait faire de la course de fond.

Facteurs d’abandon: entraîneurs Temps de jeu Autocratiques, attentes Attention, confiance En ce qui a trait aux entraîneurs, vous savez que ceux et celles qui CLIC privent un jeune de temps de jeu en sport collectif, ou qui sont trop autoritaires ou trop exigeants voient davantage décrocher les jeunes qui en sont victimes. Mais les recherches indiquent qu’au-delà de ces considérations, c’est l’attention portée par l’entraîneur à son athlète qui déterminera le plus s’il y aura abandon ou poursuite.

Facteurs d’abandon: parents Attitude, valeur Pression, attentes, critiques Soutien, encouragement, engagement On sait très bien que les parents qui accordent peu de valeur à la pratique sportive de leur enfant ont une attitude qui n’y est pas très favorable. CLIC Inversement, il est bien documenté que ceux qui mettent trop de pression, qui ont des attentes trop marquées ou qui formulent des critiques sans prendre le temps de souligner les bons coups peuvent précipiter l’abandon sportif. Ce que ça prend des parents pour favoriser la pratique sportive soutenue se résume en trois mots clefs: soutien, encouragement et engagement, mais ce, avec modération, vous l’aurez deviné.

Principaux facteurs d’abandon Développement tardif Spécialisation hâtive Pairs Si l’on avait à ne nommer que les 3 plus importants déterminants de l’abandon sportif, CLIC il y aurait donc premièrement le développement tardif, et deuxièmement la spécialisation hâtive. Et le troisième déterminant serait certainement le conflit qui peut se développer entre la vie sociale extra-sportive et la vie sportive proprement dite de l’athlète.

Facteurs d’abandon: pairs Valeur Nombre d’amis Conflit vie sociale c. sportive À l’adolescence, on développe de nouveaux intérêts. CLIC Si on trouve plus d’amis en dehors du sport que dans le sport, et si le sport n’a pas une grande valeur pour les gens que l’on fréquente, on risque beaucoup plus d’abandonner. C’est le processus dont on parlait au début: les coûts perçus augmentent, les bienfaits perçus diminuent. Vous me direz qu’il n’est pratiquement pas possible d’agir sur ce facteur, ni sur certains autres qu’on a vu précédemment.

1- Habiletés motrices: tôt 2- Diversité, spécialisation tardive Agir 1- Habiletés motrices: tôt 2- Diversité, spécialisation tardive 3- Jeux non dirigés 4- Sans pression, suivi psy. Mais en guise de conclusion, voici notamment ce qu’on peut faire, concrètement. CLIC Premièrement, veiller à ce que les enfants apprennent tôt les habiletés motrices fondamentales. Ça souligne toute l’importance du travail qui se fait chez Québec en forme, et valorise une certaine forme de soutien parental. Deuxièmement, veiller à ce que les jeunes pratiquent une grande diversité d’activités physiques avant de se concentrer sur un seul sport, et éviter la spécialisation hâtive. Troisièmement, redonner à la pratique non dirigée de jeux de toute sortes la place qu’elle devrait occuper dans la vie des enfants et des adolescents. Quatrièmement, veiller à ce que la pression exercée sur les jeunes sportifs ne soit pas trop prononcée, notamment en faisant régulièrement le suivi de l’état psychologique dans lequel ils se trouvent. Voilà qui interpelle non seulement entraîneurs, mais aussi parents, leaders d’organisations sportives, et éducateurs et éducatrices physiques. Je souhaite que nos débats qui vont suivre aujourd’hui et plus tard préciseront les moyens qu’on peut prendre ensemble afin qu’un plus grand nombre de jeunes d’ici profitent pendant longtemps du plaisir de faire du sport… et je vous remercie de votre attention.