De la notion d’Etat à celle d’Etat-nation

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droit + pub = ? vincent gautrais professeur agrégé – avocat
Transcription de la présentation:

De la notion d’Etat à celle d’Etat-nation La conception Durkheimienne reflète un certain type d’État qui émerge à l’époque moderne : l’Etat-nation Une notion aux multiples facettes

Qu’est-ce qu’une nation ? Quelle est la différence entre une ethnie et une nation ? Qualifierez vous les français d’ethnie ? Au sens strict, oui. Une ethnie : langue commune + autres éléments culturels Mais il est plus usuel de parler de nation : pourquoi ?

1. Le premier aspect de l’Etat-nation D’après l’extrait de G. Noiriel : Répondez à la question soulignée : « quelle est la nature du lien social qui unit les individus appartenant à une même communauté nationale étatisée ? » Le document : au format .rtf au format .pdf au format.doc

La citoyenneté (compléter le schéma) Citoyens Quels liens les unissent ?

La citoyenneté Participent à l’élaboration des lois Participent à la défense de la communauté Citoyens Sont égaux entre eux

Une première définition du concept de nation A travers de l’extrait suivant de G. Noiriel Dans quelle contexte historique émerge la notion de nation ? Quelle est la définition qui en est donnée ici ? Faites-en ressortir les aspects essentiels. Voir l’extrait vidéo n°1 à l’extérieur de PowerPoint au format RealPlayer.

Contexte historique Guerre d’indépendance américaine Guerre révolutionnaire française Résistance à l’occupation napoléonienne Francisco Goya (1747-1828), Scène du 3 mai 1808, 1814 (huile sur toile, 266 x 345 cm ; Madrid, Musée du Prado).

Définition républicaine de la nation Sieyès : « un corps d’associés vivant sous une loi commune et représentés par la même législature » « La volonté collective d’exister comme peuple souverain » La nation est donc donc formée de citoyens c’est-à-dire... d’individus animés de la volonté de vivre ensemble (sous une loi commune)... et placés sur un pied d’égalité. Emmanuel-Joseph Sieyès

Expliquez l’expression en gras « L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie. » RENAN, Ernest (1823-1892), Qu'est-ce qu'une nation ?, 1882

« Un plebiscite de tous les jours » Selon Renan, l’existence de la nation repose sur la réaffirmation permanente d’une volonté collective. Cette formule est un résumé frappant de la conception républicaine de la nation.

2. Le second aspect du concept de nation Si la nation ne se caractérise que par un « vouloir vivre ensemble »... Voir l’extrait vidéo n°2 à l’extérieur de PowerPoint au format RealPlayer. Qu’est-ce qui distingue les nations les unes des autres ? D’après cet extrait vidéo, quelle est la seconde dimension de la nation ? Pour répondre, construisez un schéma représentant le processus d’émergence de la nation tel qu’évoqué ici.

Compléter les cases pour décrire le processus d’émergence de la nation dans cette seconde conception Après Avant

La dimension identitaire de la nation : « l’éveil des nationalités » Nation au second sens (identitaire) « éveil des nationalités », prise de conscience Mais est-ce si simple ? Communauté ethnique, culturelle, existant de très longue date

L’« éveil des nationalités », un mythe ? D’après le document polycopié :  Pourquoi l’auteur qualifie-t-il l’éveil des nationalités de mythe ?  En quoi cet extrait vidéo, éclaire-t-il la phrase soulignée ? Le document : au format .rtf au format .pdf au format.doc Carte des Balkans et dates d’émancipation de la Turquie

« Ces nationalités sont des constructions sociales issues d'un immense travail de mobilisation politique. » Selon l’auteur, les nationalités ne se sont pas « éveillées » mais ont été construites. Des individus socialement et culturellement hétérogènes ont été rassemblés autour d’une même appartenance. Cela suppose une certaine adhésion, une identification de leur part : c’est un travail de mobilisation.

Les exemples donnés dans la vidéo Idiomes (parlers locaux) accédant au statut de langue écrite « nationale » : serbo-croate, slovène, bulgare, ukrainien, tchec... Mise en exergue de certains évènements historiques censés démontrer l’ancienneté de la nation : guerre d’indépendance grecque. Mais ce processus ne concerne pas que le Balkans...

Le cas de la nation française Qu’est-ce qui a favorisé l’émergence d’une nation française ? Le document : au format .rtf au format .pdf au format.doc

Le rôle de l’Etat prénational L’unification linguistique et religieuse a commencé sous l’Ancien Régime. Les régimes issus de la Révolution Française la poursuivront. L'ordonnance de Villers-Cotterêts (François Ier, 1539) impose l’usage du français dans les actes administratifs

Quelles réflexions peut nous inspirer ce document Quelles réflexions peut nous inspirer ce document ? On s’appuiera aussi sur le texte de la diapositive suivante (texte défilant) le « Règlement pour les écoles primaires élémentaires de l'arrondissement de Lorient », adopté et arrêté par le Comité supérieur de l'arrondissement, en 1836, et approuvé par le recteur en 1842, stipule : « Art. 21. Il est défendu aux élèves de parler breton, même pendant la récréation et de proférer aucune parole grossière. Aucun livre breton ne devra être admis ni toléré. »

Force est de constater qu'on part de loin Force est de constater qu'on part de loin. Au début du (XIXème) siècle, beaucoup d'élèves apprennent encore à lire en latin, et là où le français est enseigné, il l'est de manière rudimentaire, se réduisant à des bribes de grammaire et d'orthographe. Les maîtres font en outre souvent la classe en patois, soit qu'ils ignorent le français, soit que leurs élèves ne comprennent que leur idiome maternel. Il importe donc prioritairement, si on souhaite promouvoir l'enseignement du français, de chasser de l'école ces dialectes « barbares », en ordonnant aux maîtres d'enseigner en français, et en interdisant aux enfants l'usage de dialectes, qui les enferment dans un univers linguistique étriqué et disparate, leur coupant tout accès à la culture nationale. C'est la Révolution qui, considérant la langue française comme le ciment de l'unité nationale, inaugure la croisade contre les patois. Le plan Talleyrand, par exemple, prévoit de n'enseigner que la langue nationale, afin de chasser « cette foule de dialectes corrompus, derniers vestiges de la féodalité ». La lutte contre le patois emplit tout le XIXe siècle, atteignant même des sommets à partir des années 1850, où l'usage du patois à l'école est formellement interdit, aussi bien par le règlement impérial de 1853, que par celui, républicain, de 1880. Ces textes réglementaires s'accompagnent de sanctions à l'encontre des maîtres récalcitrants, tandis que les élèves surpris à parler patois sont l'objet de brimades humiliantes, comme en Bretagne, où la « marque d'infamie » est représentée par un sabot accroché au cou. (Pierre Giololitto, Historia)

La construction de la nation comporte un aspect répressif... Dans le règlement des écoles de Lorient, l’usage du breton est mis sur le même plan que... ...le fait de proférer des grossièretés (stigmatisation, dévalorisation symbolique)... ...et il est assorti de sanctions (répression). L’éradication des langues régionales a pris une forme coercitive. Cette action a permis de prévenir l’émergence de minorités élevant des prétentions à l’existence nationale. L’école en a été l’instrument principal. Elle n’a pas été complète dans certaines régions périphériques (Corse, Bretagne, Alsace)... ...voire a échoué lorsqu’existaient des velléïtés de résistance à l’etat français (créole).

3. Un 3ème aspect du concept de nation : le sentiment d’appartenance Comment l’État développe-t-il le sentiment d’appartenance à la nation ? Expliquez la dernière phrase du texte Le document : au format .rtf au format .pdf au format.doc

Les vecteurs de diffusion du sentiment d’appartenance Quel moyen ? Expliquer

L’intériorisation de la nationalité Focalisation sur l’actualité nationale Mise en œuvre d’une éducation uniforme à l’échelle nationale Rôle de la monnaie (dimension symbolique) dans le renforcement du sentiment d’appartenance Identification administrative des nationaux

L’intériorisation de la nationalité Si le sentiment d’appartenance national est intériorisé... S’il influence la façon de se percevoir soi-même et de percevoir les autres, les façons d’agir et de penser... S’il est le produit d’influences extérieures mais conditionne les actions de l’individu et les influences qu’il exerce sur les autres... On peut parler d’un... « habitus » national.

Les individus « saisis par l’écriture » Différencier les individus selon la nationalité L’ « étranger » au « pays » : autrefois, simple inconnu du voisinage, désormais non membre de la communauté nationale Etat civil, passeport, cartes d’identité, fichiers Interreconnaissance locale Identification administrative

L’identification des nationaux : un thème toujours d’actualité Techniques d’identification L’appartenance devient objective, support du sentiment national (subjectif). « Bertillonage » et carte nationale d’identité : à lire à la maison, un article de Libération Anthropométrie, photographie, empreintes digitales, ADN…