Réunion préparée avec Nicole Poupon Espérance Réunion préparée avec Nicole Poupon et Bernard Maréchal. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Espérance versus Espoir 3. Questions / Discussion : 3 questions, 20 mn environ par question. 4. En guise de conclusion
Étymologie et définitions Espérance vient du latin sperare, attendre le bonheur. Définitions : Le Robert : Sentiment qui fait entrevoir comme probable la réalisation de ce que l’on désire. Dictionnaire de philosophie Godin : Sentiment de confiance en l’avenir. Alors que l’espoir porte sur un bien déterminé, l’espérance est plus générale. L’une des trois vertus théologales de la religion catholique (avec la foi et la charité).
Espérance versus Espoir. Espoir : D’un point de vue purement affectif, on parle plus volontiers d’espoir que d’espérance et l’on oppose ce sentiment à la crainte. Les théoriciens classiques de la nature humaine (Hobbes, Descartes, Spinoza) inscrivent tous l’espoir au rang des passions fondamentales et le relient systématiquement au désir : espérer, c’est considérer comme réalisable ce que nous désirons le plus intensément. L’espoir est donc indissociable d’un rapport positif au temps ; il est la passion de l’avenir car il fait du temps notre meilleur allié. Espérance : La thématique de l’espérance appartient plus spécialement à la perspective religieuse, surtout chrétienne. A l’inverse des vertus morales qui dépendent de la seule raison et ne concernent que les rapports entre hommes, les vertus théologales telles que l’espérance renvoient directement à Dieu. Espérer c’est croire en la grâce de Dieu et en la vie éternelle promise par lui. Pourrait-on dire que dans l'espérance je vois briller l'avenir dans le présent, ce qui est le contraire de l'espoir qui désespère le présent ? Espérance : vertu ou passion ?
QUESTIONS Espérer, est-ce désirer ? Espérance et crainte sont-elles indissociables ? L’espérance prédispose-t-elle au bonheur ?
Désir : manque ou puissance ? Espérer : puissance ou impuissance ? Espérer, est-ce désirer ? Animation Nicole Poupon Désir : manque ou puissance ? Espérer : puissance ou impuissance ?
1. Espérer, est-ce désirer ? Désir: puissance ou manque ? Désir-manque: Désirer c’est manquer : c’est la conception de Platon. Je désire manger parce que j’ai faim (je manque de nourriture). L’insatisfaction ou la souffrance sont à l’origine du désir. Désir-puissance: Désirer, c’est avoir de l’appétit : c’est la conception d’Aristote et de Spinoza. Je désire manger parce que j’ai de l’appétit. Le désir n’est pas manque, mais puissance. Puissance de jouir ou jouissance en puissance: le plaisir est son acte. Le désir est-il signe de notre puissance ou de notre impuissance ? Espérer ? Espérance et manque : Qu’aurais-je à espérer si je ne manquais de rien ? L’espérance est un désir qui porte sur ce qu’on n’a pas. Espérance et puissance : On n’espère que ce qui ne dépend pas de nous : espérer, c’est désirer sans pouvoir. On n’espère que ce dont on est incertain : espérer, c’est désirer sans savoir. Espérer est-ce désirer sans jouir ? Si, dans le droit fil de la conception platonicienne du désir, l’espérance est à la fois signe de manque et d’impuissance, n’est-elle pas aussi une force par la confiance en l’avenir qui la sous-tend ?
Espérance et crainte sont-elles indissociables ? Animation Bernard Maréchal Crainte, prudence, connaissance, volonté versus espérance ? Si je ne crains rien, qu’ai-je à espérer ? Si je n’espère rien, qu’ai-je à craindre ?
2. Espérance et crainte sont-elles indissociables ? C’est la peur présente d’un mal à venir. « C’est une peur justifiée, ou qu’on croit telle, et comme en avance sur le danger qui la suscite » dit ACS. Espérer n’est-ce pas démentir la crainte ou s’en libérer en tablant sur la chance ? Sans renoncer à la prudence, la connaissance et la volonté ne sont-elles pas de meilleurs moyens que l’espérance pour se libérer de la crainte? Espérance ? Qu’aurais -je à espérer si je n’avais rien à craindre ? A quoi bon faire confiance si l’on n’a rien à redouter ? « Il n’y a pas d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir » disait Spinoza. Si je ne crains rien, qu’ai-je à espérer ? Si je n’espère rien, qu’ai-je à craindre ? Espérance et crainte ne sont-elles pas indissociablement liées par unité des contraires ? On dit souvent que la crainte est le contraire de l’espérance, ce n’est pas faux si l’on n’oublie pas que c’est l’un des cas les plus évidents de l’unité des contraires.
L’espérance prédispose-t-elle au bonheur? Bonheur ? Joie ? Plaisir ? Satisfaction des désirs ? Espérer être heureux est-ce l’être ?
3. L’espérance prédispose-t-elle au bonheur ? Le bonheur ? On peut appeler bonheur tout laps de temps où la joie est perçue. Comme le plaisir, la joie n’est-elle pas inhérente à la satisfaction d’un désir ? La joie n’est-elle pas réjouissance, comme une jouissance en plus spirituelle ou spiritualisée (re-jouissance) ? L’aptitude à résister à la souffrance, à ce qui ne dépend pas de soi, n’est-elle pas tout autant nécessaire au bonheur ? Le bonheur ne serait-il que l’écrin de la joie ? Pour être heureux ici et maintenant ne faut-il pas avant tout cultiver son aptitude à se réjouir et à résister à la souffrance ? L’espérance ? Si aimer, c’est désirer ce qui est. Espérer, c’est désirer ce qui n’est pas. Même si l’espérance fait confiance en l’avenir, elle tend à nous enfermer dans le manque ici et maintenant. Espérer ce n’est pas être heureux ici et maintenant, c’est renvoyer le bonheur à demain. Le Bonheur suppose l’absence de crainte, il suppose donc l’absence d’espérance. Pour être heureux, ici et maintenant, la volonté, le courage, la connaissance et l’amour ne valent-ils pas mieux que l’espérance ?
En guise de conclusion Le sage n’espère rien : il a cessé d’avoir peur. Il ne craint rien : il a cessé d’espérer quoi que ce soit. Parce qu’il serait sans désirs ? Au contraire : parce qu’il ne désire que ce qui est (ce qui n’est plus espérance mais amour) ou ce qu’il peut (ce qui n’est plus espérance mais volonté). On dira que cette sagesse est pour nous hors d’atteinte : l’espoir est là, toujours, puisque la faiblesse est là, puisque l’ignorance est là, puisque l’angoisse est là. Sans doute. Aussi ne sert-il à rien de vouloir s’amputer vivant de toute espérance : ce serait faire de la sagesse un nouvel espoir, qui nous en séparerait aussitôt. Développons plutôt notre part de puissance, de liberté, de joie : apprenons à connaître, à agir, à aimer. La sagesse n’est pas un idéal : c’est un processus. André Comte-Sponville
Toutes les informations et documents sont disponibles sur : Prochaines réunions Maison des Savoirs d’Agde de 18h30 à 20h : mardi 12 janvier : « Désir » mardi 9 février : « Jugement » et choix des sujets du 2em trimestre. mardi 9 mars : « Orgueil » Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/ 12
Bonnes fêtes de fin d'année !