Dr Alain Bérard, directeur adjoint Concilier vie familiale et vie professionnelle Enquête « Agir pour les Salariés Aidants » - ASA Dr Alain Bérard, directeur adjoint Parole aux aidants, Strasbourg, 6 novembre 2017
Poids des aidants en entreprise Les salariés-aidants Parmi l’ensemble des aidants, 47 % occupent un emploi : 4 millions de personnes en France. 16 % des Français en emploi s’occupent d’un membre de leur famille dépendant, handicapé ou malade. Ce taux atteint 21 % chez les salariés de plus de 50 ans. Les pertes de productivités liées au fait d’aider un proche 1 salarié-aidant sur 2 a du mal à concilier l’aide qu’il apporte avec sa vie professionnelle. Un rythme de travail déréglé : Les aidants en emploi sont plus sujets aux arrêts de travail non prévus. 26 % des salariés-aidants ont dû s’absenter, avec une moyenne de 16 jours d’absence au-delà de leurs congés payés. 15 % des salariés-aidants ont effectué des aménagements dans leur vie professionnelle (65 % ont changé leurs horaires de travail et 36 % les ont réduits).
Enquête « Agir pour les Salariés Aidants » Etude menée en 2017 par la Fondation Médéric Alzheimer et Malakoff Médéric, avec l’aide de la Fondation Handicap Malakoff Médéric Point de vue des entreprises Point de vue salariés-aidants Quantitatif 221 Dirigeants RH/DRH 102 Qualitatif 34 Panel : Dirigeants RH/DRH 200 Personnes en situation de handicap Maladie chronique invalidante Personnes âgées perte autonomie Total : 302 entreprises
Enquête « Agir pour les Salariés Aidants » Les 302 entreprises 86 % des entreprises ont une taille comprise entre 10 et 1 000 salariés. Les TPE (moins de 10 salariés) et les grandes entreprises de plus de 1 000 salariés sont peu représentées. La fonction du répondant est variable selon la taille de l’entreprise : dans les TPE : 86 % des questionnaires ont été remplis par le chef d’entreprise. A partir de 50 salariés, plus de la moitié des questionnaires ont été remplis par les DRH. 42 % des répondants sont des femmes (médiane 40 %) : 46 % dans les entreprises de moins de 10 salariés et 35 % dans celles de 5 000 salariés et plus. 32 % des répondants sont âgés de moins de 40 ans et 17 % sont âgés de 55 ans et plus.
Enquête « Agir pour les Salariés Aidants » Parmi les répondants, 85 % sont aidants actuellement et 15 % ont été aidants. Données sociodémographiques 83 % de femmes et 16 % d’un homme 75 % des répondants ont entre 40 et 59 ans Données sur l’entreprise 62 % travaillent dans le secteur privé ; 28 % sont des fonctionnaires, et 9 % sont salariés d’une entreprise publique 29 % travaillent dans une PME (10 à 249 salariés) et 36 % dans une entreprise de taille intermédiaire (ETI : 250 à 4 999 salariés) Catégories socioprofessionnelles : 1/3 relève des « cadres et professions intellectuelles supérieures », 1/3 des « employés », 1/3 des « professions intermédiaires ». Organisation, temps et horaires de travail 80 % travaillent en équipe 21 % ont des responsabilités d’encadrement 63 % travaillent à temps plein 55 % n’ont pas d’horaires décalés et 6 % en permanence (par exemple la nuit).
Enquête « Agir pour les Salariés Aidants » Relation entre le salarié-aidant et la personne aidée 80 % aident une seule personne et 17 % aident deux personnes à la fois. Il s’agit : Dans 53 % des cas, du père ou de la mère ; Dans 22 % des cas, d’un ou des enfants ; Dans 14 % des cas, du/de la conjoint(e). La personne mobilisant le plus d’effort ou de temps d’aide est une personne de 60 ans et plus (dans 63 % des cas). Les difficultés rencontrées par la personne aidée relèvent de : une perte d’autonomie physique dans 154 cas (70 %) ; une perte d’autonomie cognitive dans 113 cas (51 %) ; une perte d’autonomie mixte dans 46 cas (21 %). La présence d’une maladie chronique invalidante est signalée dans 34 % des cas (75 réponses) : 88 maladies ont été déclarées : cancer, sclérose en plaques, insuffisance cardiaque, maladie d’Alzheimer et maladies apparentées, diabète…
Point de vue de l’entreprise Les informations les plus souvent dispensées par les entreprises Les services de l’action sociale dispensés par le groupe de protection sociale (mutuelle santé, retraite, prévoyance…) (63 %) ; L’information sur la possibilité d’accéder à un service de santé au travail ou à des professionnels de ce service, sur site ou à l’extérieur (62 %). L’estimation du nombre de salariés-aidants dans l’entreprise 31 % des répondants sont en mesure d’estimer le nombre de salariés-aidants présents dans l’entreprise ; 50 % déclarent qu’il n’y en a aucun. Le nombre moyen estimé est : 1,8 pour les TPE (moins de 10 salariés) ; 8,9 pour les PME (10 à 249 salariés) ; 6 pour les ETI (250 à 4 999 salariés). Tous les représentants d’entreprises de 5 000 salariés et plus ont répondu qu’ils ignoraient le nombre de salariés-aidants.
Point de vue de l’entreprise La perception de la question des salariés-aidants comme thème de travail Seulement, 15 % des entreprises ont déclaré que le sujet des salariés-aidants est un thème de travail. 17 % du total des entreprises répondantes ont une politique active en faveur des aidants (aménagement du temps de travail, formations pour les aidants, service de conciergerie, redistribution du temps entre non-aidants et aidants,…) La question des salariés-aidants est donc d’avantage perçue comme une problématique relevant de la sphère privée par les entreprises… comme par les salariés-aidants eux-mêmes.
Point de vue des salariés-aidants Trois conséquences de l’aidance sur le parcours professionnel Le fait d’aider a eu un impact (modification) sur la vie professionnelle dans 66 % des cas : changement des horaires de travail (33 %) ; réduction du nombre d’heures de travail (29 %) ; travail à domicile (14 %). Le fait d’aider a obligé à renoncer à certains changements professionnels ou à refuser certaines contraintes professionnelles dans 38 % des cas : un refus de participer à des réunions hors horaires de bureau (33 %) ; un refus d’un ou plusieurs déplacements professionnels (23 %) ; un refus d’une formation (22 %). Concernant ceux actuellement aidants, au cours des 3 derniers mois, du fait de l’aide apportée, il leur est arrivé fréquemment : ne pas arriver à se concentrer (53 %) ; d’être souvent dérangé au téléphone par la personne aidée (44 %) ; de partir plus tôt du travail (39 %).
Point de vue des salariés-aidants Les relations avec le supérieur hiérarchique 66 % des salariés-aidants ont informé leur supérieur hiérarchique de leur situation. Les principales raisons évoquées sont : le passage obligé pour qu’il puisse aider les salariés-aidants (43 %) ; la confiance en son supérieur hiérarchique (39 %). Dans les 61 cas où le supérieur hiérarchique n’était pas informé, la raison était que : cela relève de la sphère privée : 66 % ; le salarié n’avait pas envie d’en parler : 26 % ; cela pourrait nuire à la carrière du salarié-aidant : 8 %. Les relations avec les collègues de travail 90 % des 172 salariés-aidants travaillant en équipe, ont informé leurs collègues de leur situation. la confiance dans ses collègues (45 %) ; un ou plusieurs collègues sont également aidants (14 %) ; l’absence de choix : trop souvent absent ou en retard… (13 %) ; se faire aider (compenser les absences, les retards...) (10%).
Point de vue des salariés-aidants Sur les aides disponibles en entreprises et celles qui sont plébiscitées 12 % des salariés-aidants ont déjà pris des congés spécifiques pour les aidants (congés de soutien familial, congés de proche aidant, ...) 39 % des salariés-aidants ignorent l’existence des congés spécifiques 67 % ont pris un congé non spécifique pour s’occuper de leur proche (congés payés, disponibilités, RTT). En moyenne, 10 jours de congés non spécifiques ont été pris au cours des six derniers mois (hors congés spécifiques): 56 % ont pris moins d’une semaine ; 23 % une à deux semaines ; 21 % : plus de deux semaines. Les salariés-aidants en majorité ignorent l’existence des congés spécifiques légaux : 59 % ignorent ce qu’est le congé de présence parentale ; 70 % ignorent ce qu’est le congé de solidarité familiale ; 55 % ignorent ce qu’est le congé de proche aidant.
Point de vue des salariés-aidants Les aides dans leur entreprise Cette aide existe ET je l’utilise Cette aide existe MAIS je ne l’utilise pas Informations sur les aides possibles (droits aux congés, aides financières, services à la personne…) 7 % 10 % Aménagement du temps de travail (flexibilité) 17 % 13 % Aménagement du poste de travail (périmètre, missions) 8 % 14 % Formations (« améliorer l’accompagnement et la qualité de vie de la personne aidée », « connaître les bons gestes à avoir envers la personne aidée », « comment préserver sa propre santé ») 2 % 6 % Permanences d’information assurées en interne 4 % Permanences d’information assurées en externe 3 % Assistance téléphonique d’information et conseils, confiée à des professionnels 9 % Brochures ou affiches d’information, guides pratiques en ligne ciblant la problématique des aidants ou de manière plus précise une maladie (Alzheimer, Parkinson…) Plateforme téléphonique d’assistance ou d’orientation vers des services et prestations par des professionnels Groupes de parole d’aidants 5 % Réunions d’information, conférences et forums entre 12h et 14h sur le thème des aidants, ouverts à tout le monde Sessions de coaching (gestion du stress, prévention épuisement etc.) Sessions de relaxation (sophrologie)
Convaincre les entreprises d’aller plus loin Enjeu de cohésion : soutenir les aidants, c’est faire face à une des motivations majeures d’absentéisme et de présentéisme, au risque que la démobilisation d’un salarié affecte la qualité de son travail et de celui du collectif. Prolongement de la reconnaissance d’autres droits (congés maternités, l’emploi de personnes handicapées…). L’aide aux salariés-aidants constitue un enjeu d’image et de positionnement pour les entreprises, dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) au même titre que la diversité, le respect de l’environnement. Le retour sur investissement pour l’employeur mettant en place des mesures en faveur des salariés aidants en emploi : En 2013, les entreprises au Royaume-Uni ayant mis en place des mesures pour soutenir les salariés-aidants ont constaté : dans 93 % des cas, une amélioration du moral global du personnel, dans 92 % des cas, une diminution du turn-over, dans 88 % des cas, une diminution de l’absentéisme non programmé, dans 72 % des as, une amélioration de la qualité du travail, dans 69 % des cas, une augmentation de la productivité, dans 61 % des cas, une meilleure attractivité de l’entreprise en termes d’embauches…
Merci pour votre attention