Sans prétendre égaler l’admirable Rostand Qui sut nous révéler qu’il était compétent Dans la pâtisserie autant que dans la rime, Pour les joutes du cœur et celles de l’escrime,
J’aimerais vous donner par ces alexandrins Une recette prise assez loin des pétrins ; Laissons le pâtissier et sa tarte amandine Pour une nourriture un peu moins anodine.
Le canard à l’orange a ceci de parfait Que pour le déguster d’un palais satisfait, Seul un vin merveilleux sans faute l’accompagne ;
Vous avez deviné qu’il s’agit du champagne ! Je vous décrirai donc comment ce gros oiseau Peut contenter le goût et flatter le naseau.
Prélevez finement, d’une orange, le zeste, Et puis recommencez une fois votre geste : Mais pour le second fruit, il faudra de surcroît Lui supprimer le blanc où l’amertume croît, Puis délicatement séparer chaque tranche.
Le premier des deux fruits devra de façon franche Exprimer tout son jus dans un bol adéquat. (Quelques lignes plus loin, je vous dirai pourquoi).
Poivre, sel et quartiers de la deuxième orange Viendront farcir l’oiseau comme foin qu’on engrange ; Et pour que le parfum ne s’en puisse échapper, On lui coudra les trous servant à l’étriper.
Pour le faire dorer, je préfère le beurre. Les assaisonnements, d’importance mineure, Seront servis de près par un bol de bouillon Qui sera versé chaud et dans un tourbillon.
Le moment vient alors, annoncé tout à l’heure, D’utiliser le jus qui, dans le bol, demeure.
Tout en le retournant un peu de temps en temps, Faites cuire ce rôt dans le bain froufroutant Pendant cinquante-neuf … ou soixante minutes, En le couvrant au mieux pour garder les volutes.
Déjà, tranquillement, vous pouvez préparer Les zestes, les blanchir et vous en emparer. Après un bon moment passé dans l’eau bouillante, Les hacher finement … et pas en fainéante !
Le canard étant cuit, on se doit d’ajouter Un verre de liqueur, puis, toujours sans goûter A cet alcool d’orange, à présent on ajoute
Trente grammes de beurre, mêlé par forte joute A trente grammes net de farine de blé.
Bien sûr, le volatile, avant fut isolé Dans un four réchauffé, pendant que votre sauce Par un beurre lié, s’achève et qu’elle exauce Tout le plaisir de l’œil joint à celui du nez.
Alors, à cet instant enfin, vous terminez En ajoutant le zeste, en faisant les découpes, En préparant le plat, la saucière, les coupes. Jean-Jacques BLOCH
Photos trouvées sur le Net Poème de Jean-Jacques Bloch Musique : Chopin, valse 11 Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix Site :