Glucocorticoïdes Aude FERRAN.

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Transcription de la présentation:

Glucocorticoïdes Aude FERRAN

AINS ou corticoïdes ?

Y a-t-il un risque d’interférences avec les analyses sanguines et biochimiques?

Biais d’interprétation Modifications hématologiques avec les corticoïdes Diminution des lymphocytes, éosinophiles et basophiles circulants par redistribution des cellules aux tissus lymphoïdes (rate, nœud lymphatiques) maximale en 4- 8 h Neutrophilie (1h) Plaquettes augmentées Hématies augmentées Modification biochimique avec les corticoïdes Induction d’une isoforme de la phosphatase alcaline (plusieurs jours) Biais d’interprétation

Quelles différences d’effets entre AINS et corticoïdes ?

par les glucocorticoïdes Voie inhibée par les AINS Lipocortine Acide Arachidonique Phospholipides Cox1/Cox 2 TxA2 PGE2 PGF2alpha PGD2 PGI2 Leucotriènes Lipo-oxygénase Prostaglandine G2 Prostaglandine H2 Thromboxane synthase PGE synthase PGF PGD Voie inhibée par les glucocorticoïdes Voie inhibée par les AINS - PLA2 AINS Membrane plasmique

Pour une analgésie : activité supérieure des AINS

Pour les pathologies respiratoires : corticoïdes Dose anti-inflammatoire : 0.2 à 0.5 mg/kg /j prednisolone lors de collapsus trachéal Dose anti-allergique /immunosuppressive : 2 mg/kg/j prednisolone (au départ) pour bronchite chronique avec phénomène allergique associé

Lors de maladie à médiation immune : corticoïdes

Action sur le système immunitaire A FORTES DOSES des corticoïdes Action sur l’interaction entre cellules dendritiques et lymphocytes T Diminution de la migration tissulaire des LT Diminution de la présentation d’antigène Diminution d’IL-12 : diminution de la réponse Th1 (production IgG) Inhibition de l'activité des macrophages Interférence avec l'immunité à médiation cellulaire

Lors de maladie à médiation immune : corticoïdes Anémie hémolytique : de 2 à 4 mg/kg/j prednisolone puis diminution jusqu’à arrêt Lymphome : 2 mg/kg/j prednisolone puis diminuer à 1 mg/kg/j … Compression médullaire : corticoïdes

Quelles différences d’effets indésirables à court terme?

inférieures à 2 semaines Les effets indésirables sont rares pour les corticothérapies inférieures à 2 semaines y compris lorsque les doses sont élevées

Effets indésirables associés à une corticothérapie Une étude sur plus de 327 000 patients (Waljee et al. BMJ 2017;357:j1415) a montré que 30 jours après une corticothérapie courte, le risque de sepsis, thrombo-embolie et fractures était 2 à 7 fois plus élevé que pour le reste de la population

Effets indésirables sur le tractus gastro-intestinal Estomac Sécrétion augmentée du suc gastrique Modification du mucus = Risque d’ulcères <<AINS Foie : hépatopathie due aux stéroïdes chez le CN (Extrêmement rare chez le CT)

Corticothérapie et ulcère du côlon Perforation du côlon signalée chez les chiens à paresie ou paralysie secondaire à une pathologie intervertébrale et ayant reçu de très fortes doses de dexaméthasone En cas de neurochirurgie, une corticothérapie s'accompagne souvent d'effets secondaires gastro-intestinaux (50 cas sur 257) pancréatite hémorragie GI ulcération Tombs et al. JAVMA, 1986, 188:145

Comment choisir entre les différentes formulations de glucocorticoïdes?

Triamcinolone acétonide Puissance relative des glucocorticoïdes à action systémique par voie IV Substances Action glucocorticoïde minéralocorticoïde Cortisol 1 Prednisolone 4 0.8 Méthylprednisolone 5 0.5 Fludrocortisone 10 125 Isoflupredone 25 Triamcinolone Triamcinolone acétonide 30 Dexamethasone Betamethasone Flumethasone 120

Puissance relative des glucocorticoïdes Une puissance élevée ne signifie pas une activité plus élevée car les doses recommandées tiennent compte de ces différences 1 mg prednisolone = 0.15 mg dexamethasone

Triamcinolone acétonide Puissance relative des glucocorticoïdes à action systémique par voie IV Substances Action glucocorticoïde minéralocorticoïde Durée d’action Cortisol 1 12h Prednisolone 4 0.8 24h Méthylprednisolone 5 0.5 Fludrocortisone 10 125 Isoflupredone 25 48-72h Triamcinolone Triamcinolone acétonide 30 Dexamethasone Betamethasone Flumethasone 120 72-96h

Dexamethasone (50 µg/kg) Principes actifs Exemple Prednisolone (0.6 mg/kg) Action courte Dexamethasone (50 µg/kg) Action plus longue Cortisol concentration (ng/ml) Cortisol concentration (ng/ml) 100 80 80 60 60 40 40 20 20 0.25 0.5 1 2 4 8 12 24 48 0.16 0.5 1 2 3 4 6 24 48 72 96 Hours Hours Toutain et al., Am.J.Vet.Res 1985, 9: 1750

Pour les voies injectables : attention aux esters !!! Hydrosolubles Phosphate Succinate Non hydrosolubles Acétate isonicotinate Butyrate Valérate Pivalate Benzoate Différences dans la vitesse de libération du principe actif et donc dans le délai et la durée d’action

Formulation des principes actifs Exemples Methylprednisolone (Medrol) SOLUMEDROL ND : estérifié avec succinate de sodium DEPOMEDROL ND : estérifié avec acétate Dexaméthasone DEXADRESON ND : estérifié avec phosphate disodique DEXAMEDIUM ND : estérifié avec déméthylbutyrate DEXAFORT ND : estérifié avec phosphate disodique + esterifié avec phénylpropionate

Formulation des principes actifs Exemple Méthylprednisolone acétate chez le chien (Dépomédrol®) 4 mg/kg by IM route 80 60 cortisol Après ACTH Cortisol concentration (ng / ml) 40 20 9 semaines -24h 1 2 3 4 5 6 7 8 Control

Pour les voies locales oculaires Les principes actifs et les formulations ne sont pas interchangeables ! Exemples Prednisolone acétate a meilleure pénétration (meilleur pour uvéite antérieure) que DXM ou bétaméthasone Prednisolone a une activité anti-inflammatoire plus courte Prednisolone acétate pénètre mieux que prednisolone phosphate DXM alcool est plus anti-inflammatoire que DXM phosphate mais pénètre moins bien

Pour les voies locales cutanées ou auriculaires avec une association avec un ATB et/ou un antifongique: Baser préférentiellement le choix sur l’ATB et/ou l’antifongique contenu dans la formulation

Quelles doses?

DOSES ANTI-INFLAMMATOIRES Collapsus trachéal : 0.2 à 0.5 mg/kg /j prednisolone Dermatite atopique : 0.5 à 1 mg/kg/j prednisolone (intermediaire)

Lors de maladie à médiation immune : DOSES IMMUNOSUPPRESSIVES Anémie hémolytique : de 2 à 4 mg/kg/j prednisolone puis diminution jusqu’à arrêt Bronchite chronique avec réaction immunitaire : 2 mg/kg/j prednisolone Pemphigus Lymphome : 2 mg/kg/j prednisolone puis diminuer à 1 mg/kg/j si traitement unique ou arrêt si autre chimio. …

Conversion entre glucocorticoïdes 1 mg prednisolone = 0.15 mg dexamethasone

Quels risques lors de corticothérapie à long terme?

Modifications métaboliques Effets secondaires à long terme Glucides : effets diabétogènes (augmentation de la néoglugogénese + action anti-insuline) Protéines : diminution de synthèse Amyotrophie (ptose abdominale) Diminution de l’épaisseur de la peau Diminution de la vitesse de cicatrisation Lipides : modification de la répartition des graisses

Effets suppresseurs de l’axe HHS Rôles de l’ACTH Stimulation de la synthèse du cortisol (pas de réserve de cortisol dans la surrénale) Action trophique sur les zones fasciculée et réticulaire

Effets suppresseurs de l’axe HHS Conséquences d’une corticothérapie A court terme Arrêt de la synthèse de cortisol Synthèse de cortisol toujours possible à l’arrêt du traitement A long terme Synthèse de cortisol faible à l’arrêt du traitement Prévoir un arrêt progressif de la corticothérapie pour des traitements de plus de 2 semaines

Comment gérer la corticothérapie à long terme?

Réduire les doses Diminuer progressivement les doses Exemple prednisolone: 2 à 4 mg/kg/j jusqu’à amélioration clinique 2 mg/kg/j pendant 3 j 1.5 mg/kg/j pendant 7 j 1 mg/kg/j pendant 10 j 0.5 mg/kg/j pendant 14 j 0.5 mg/kg 1j/2 pendant 14 j 0.25 mg/kg/j (arrêt) Au départ, si VO impossible: possibilité d’administrer 0.5 mg/kg de dexaméthasone sodium phosphate

Corticothérapie à jours alternés Lorsque le patient est stabilisé, l’administration du corticoïde une journée sur deux peut permettre à l’axe HHS de fonctionner le jour «off »  Principe actif : Prednisolone (action AI  24-36h; action frénatrice  24 h)

Voies locales Avantages de l’administration locale Limitation des effets indésirables systémiques Contrôle des concentrations locales Réduction de la dose Réduction du coût Effets systémiques toujours possibles en fonction de la dose, fréquence d’administration, molécule, esters,…

Voies locales Voie cutanée et auriculaire Usage principalement pour une activité anti-inflammatoire Objectif recherché : peu d’absorption du PA à travers la peau (Formulation particulière) Exemple Hydrocortisone acéponate : diester lipophile qui facilite pénétration dans la peau mais limite la biodisponibilité plasmatique

Voies locales Inhalation Objectif : réduire l’inflammation des voies aériennes Principes actifs spécifiquement développés pour la voie pulmonaire en médecine humaine très grande puissance pour limiter les volumes à administrer par inhalation bonne rémanence pulmonaire rapidement éliminés dès qu’ils sont résorbés dans le sang Exemples Fluticasone propionate, Béclométhasone dipropionate, Budésonide

Administration par inhalation

Devenir des GC administrés par inhalation Poumon (10-50%) Elimination rapide Déglutition (50-90%)

Voies locales Inhalation Exemples Chez le chien, après 4 semaines de traitement: Budesonide (200 µg/j) : pas d’effets indésirables sur l’axe HHS (pas de modification de la sécrétion de cortisol endogène) Fluticasone (250 µg/j) : concentration basale de cortisol non modifiée mais diminution du pic de cortisol après stimulation à l’ACTH par rapport au début de traitement Melamies et al 2012 vet J

Voies locales Inhalation Exemples Chez 13 chiens avec des maladies respiratoires inflammatoires chroniques, les glucocorticoïdes inhalés ont permis : D’arrêter le traitement par voie orale chez 9 chiens De réduire les doses par voie orale chez 4 chiens Bexfield j small anl practice 2006 47 377 Les inhalations peuvent compenser l’absence de traitement par voir orale les jours « off » de la thérapie à jours alternés.

Voies locales Voie intra-articulaire Objectifs: effet AI local (traitement symptomatique de l’arthrose) Utilisation de formulation à usage systémique Choix de la formulation : Rémanence locale Esters hydrolysables localement Exemple Triamcinolone acétonide (TA) dispo en injectable en médecine humaine

Peut-on vacciner lors de corticothérapie ?

Risque de maladie vaccinale avec les vaccins à virus vivants atténués (Carré, Parvovirose, hepatite de Rubarth, (toux de chenil), panleucopénie, (herpès, calicivirus)) Pas de risque si faible dose (dose anti-inflammatoire) de corticoïdes ou si vaccin inactivé. Possibilité de faire un rappel supplémentaire.

Faut-il administrer les corticoïdes le matin ?

Rythme circadien de la cortisolémie Homme : pic de sécrétion le matin Cheval : pic de sécrétion le matin Chiens, Chats, ruminants : pas de rythme circadien aussi net que chez l’Homme ou le cheval Préférer des administrations le matin

Conclusion La durée du traitement plus que la dose est le principal danger d’une corticothérapie Pour les traitements longs, il faut donc tenter de réduire la dose si possible une corticothérapie à jours alternés de passer en voie locale