La scène des fables Stéphane Lojkine
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes Dédicace à Monseigneur le Dauphin D’emblée, La Fontaine installe un cadre énonciatif paradoxal
Je me sers d’animaux pour instruire les hommes Derrière le cadre énonciatif de la fable, au delà la fiction, un dispositif plus global
Quelqu’autre te dira d’une plus forte voix Quelqu’autre te dira d’une plus forte voix Les faits de tes aïeux et les vertus des rois Je vais t’entretenir de moindres aventures, Te tracer en ces vers de légères peintures La Fontaine joue sur la disproportion entre l’espace restreint de la fable et l’espace vague, mais beaucoup plus vaste, de l’exemplarité héroïque.
La cigale et la fourmi Tout parle en mon ouvrage : qui parle ? Dégagez les disproportions Relevez les verbes caractérisant la parole des personnages : Où est la dépense ? Où est le gain ? Y a-t-il de la circulation ? La scène est-elle décrite ? Peut-on l’imaginer ? Quelle est la morale de l’histoire ? Prendre en compte qu’il s’agit de la première fable.
La gravure de Chauveau
Fables choisies mises en vers par M Fables choisies mises en vers par M. de La Fontaine, in-4°, Paris, Denys Thierry, 1668 François Chauveau (1613-1676), dessinateur et graveur : Cassandre de La Calprenède, 1642 ; Bérénice de Segrais, 1651 ; frontispice du Roman comique, 1652 ; carte de Tendre dans Clélie, 1654 ; Théâtre de Corneille, 1664
Disposition de la page Un héritage des livres d’emblèmes : Le livre, le numéro de la fable La vignette Le titre de la fable Le texte de la fable
Composition de la vignette Partir du cadre énonciatif de la dédicace à Monseigneur le Dauphin Scène 1 = Les « moindres aventures » = le premier plan Chauveau différencie-t-il les personnages ? Scène 2 = « tous tant que nous sommes » = l’arrière-plan A quoi sert cette scène ? Quel est son équivalent dans la fable ? Entre les deux scènes, un arbre Scène 1 ≠ Scène 2. Espace vague, espace restreint, écran
Leon Battista Alberti (1404-1472), Divertissements mathématiques (Ludi mathematici, 1450-1452) Première édition italienne : Opuscoli morali, Venise, Francesco Franceschi, 1568 Origine optique du dispositif scénique : théorie de la perspective selon Alberti
Alberti, De pictura, 1435-1436
Abraham Bloemaert, Angélique et Médor, 1620-1630, Nice, Musée Chéret
Synthèse La gravure de Chauveau s’inscrit dans une double tradition iconographique : La tradition de l’emblème : disposition typographique de la page, composition allégorique de l’image Le modèle émergent de la scène picturale : espace vague, espace restreint, écran Ce modèle correspond avec le cadre énonciatif posé par La Fontaine dans la Dédicace au Dauphin.
Andreas Alciatus, Emblematum libellus, Paris, Wechel, 1542 André Alciat (1492-1550), juriste italien, auteur du plus célèbre livre d’emblèmes de la Renaissance. 1ère éd. : 1534 Emblème n°2 : Fœdera, les Traités d’amitié Titre courant Titre de l’emblème Vignette allégorique Texte de l’emblème