Patrick BOIRON Laboratoire de Mycologie

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Transcription de la présentation:

Patrick BOIRON Laboratoire de Mycologie Mycétismes Patrick BOIRON Laboratoire de Mycologie

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien

Syndrome phalloïdien Le plus redoutable 10 % de mortalité (95 % des décès dus à la consommation de champignons) 90 % du à Amanita phalloides Atteinte hépatite toxique la plus fréquente en Europe occidentale (plusieurs centaines de cas annuels d’intoxication si les conditions s’y prêtent) Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Incubation 6 à 48 heures (12 heures en moyenne)

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 1) Amanitines Octapeptides bicycliques (PM 900), cristaux incolores, solubles dans l’eau, le méthanol, les solvants polaires Très stables (plusieurs minutes à 100°C) 9 amanites structuralement analogues : -amanitine, -amanitine, -amanitine, e-amanitine, amanulline, acide amanullique, proamanulline, amanine, amaninamide Galerina marginata

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 1) Amanitines (suite) Toxicité animale élevée Dose toxique pour l’homme imprécise (~ 0,1 mg/kg) Absorption digestive rapide Cycle entéro-hépatique avec 10-20 % en sécrétion biliaire Elimination urinaire (filtration glomérulaire limitée par réabsorption tubulaire) Lepiota bruneoincarnata

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 1) Amanitines (suite) Pas de passage transplacentaire 1/2 vie plasmatique longue (~ 24 h) Inhibition complète de l’ARN polymérase II (transcription de l’ADN en ARNm) Mort cellulaire (cellules hépatiques et rénales ?) Amanita verna

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 1) Amanitines (suite) Dosages par méthodes biologiques (mesure de l’inhibition de l’ARN polymérase II, technique longue et peu sensible), radio-immunologiques (seuil de détection 0,1-0,25 ng/ml), HPLC (seuil de détection 6-10 ng/ml, technique peu répandue) Concentrations sanguines très variables (5 à 15 ng/ml d’- ou de -amanitine pendant 24 à 36 h) Concentrations urinaires environ 100 fois plus élevées Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 2) Phallotoxines Heptapeptides bicycliques (PM ~ 900) Très grande stabilité 7 phallotoxines : phalloïdine, phalloïne, prophalloïne, phallisine, phallacine, phallicidine, phallisacine Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 2) Phallotoxines (suite) Forte toxicité par voie parentérale (mais faible toxicité par voie digestive) Destruction du réticulum endoplasmique et des mitochondries hépatocytaires Formation de liaisons avec l’actine F (augmentation de la perméabilité membranaire, œdème et mort cellulaire) Lepiota josserandii

Syndrome phalloïdien Mécanismes de toxicité 3) Virotoxines 5 virotoxines : alaviroïdine, viroïsine, déoxoviroïsine, viroïdine, déoxoviroïdine Importance mal appréciée Forte toxicité par voie parentérale (comparable à celle des phallotoxines)

Syndrome phalloïdien Clinique (1) Phase cholériforme (3 à 4 jours) : mortelle si non corrigée énergiquement Diarrhées abondantes fétides (2 à 4 l/j) Vomissements fréquents mais peu abondants Douleurs abdominales Déshydratation aiguë Sudation intense Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Clinique (2) Amanita virosa Phase viscérale (hépato-rénale) Cytolyse hépatique (max. entre le 3ème et le 5ème jour) (intérêt pronostique du dosage de l’ALAT pendant les 4 premiers jours : si < 2000 UI/l, risque d’insuffisance hépato-cellulaire très faible) Hypoglycémie, hyperammoniémie Chute des facteurs de la coagulation

Syndrome phalloïdien Clinique (3) Phase viscérale (suite) Augmentation massive des transaminases (ASAT, ALAT) Augmentation de la lacticodéshydrogénase Augmentation des triglycérides dans le foie (risque de stéatose = surcharge en lipide (triglycérides) du cytoplasme cellulaire, traduisant soit une dégénérescence cellulaire, soit une infiltration) Amanita verna

Syndrome phalloïdien Clinique (4) Phase viscérale (suite) Insuffisance hépato-cellulaire aiguë Insuffisance rénale aiguë Galerina marginata

Syndrome phalloïdien Conduite à tenir (1) Hospitalisation en service réanimation Lavage gastrique (20 à 30 l d’eau salée à 9 ‰) (mais les amatoxines sont déjà absorbées lorsque les symptômes apparaissent) Charbon végétal activé (Carbomix®) (30 g/6 h par sonde naso-gastrique ou per os) Anti-hémétiques en IV ??? Lepiota josserandii

Syndrome phalloïdien Conduite à tenir (2) Respect des diarrhées Diurèse acqueuse forcée (6 à 8 l de sérum glucosé/j) Réhydratation massive et correction du choc Dosage de l’amanitine et de la phalloïdine Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Conduite à tenir (3) Pénicilline G : 40 millions UI/j chez l’adulte, 1 milllion UI/kg/j chez l’enfant mais risque de convulsion (diminution de la pénétration intracellulaire des amanitines, limitation de leur cycle entérohépatique par compétition au niveau de la sécrétion biliaire) (certaines céphalosporines comme la ceftazidine seraient plus actives) Lepiota felina

Syndrome phalloïdien Conduite à tenir (4) Silymarine injectable (silibinine) (Légalon®) : 25 à 50 mg/kg/j en IV (hépatoprotecteur en empêchant la pénétration intracellulaire des amanitines) ou N-acétylcystéine (Mucomyst®, Fluimucil®) (précurseur du glutathion qui empêche l’accumulation du métabolite hépatotoxique) Amanita phalloides

Syndrome phalloïdien Conduite à tenir (5) Epuration extra-rénale si hépatite grave ou encéphalopathie hépatique Greffe de foie Amanita virosa

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien

Syndrome gyromitrien Incubation 2 à 24 heures (6 à 8 heures en moyenne)

Syndrome gyromitrien Mécanismes de toxicité (1) Gyromitrine très instable Hydrolysée rapidement en monométhylhydrazine (beaucoup plus toxique que la gyromitrine), soit par séchage, soit en milieu acide (estomac) Remarque : Isoniazide (Rimifon®), antituberculeux, de formule proche de la gyromitrine, et aux effets secondaires voisins de ceux de l’intoxication par la toxine Gyromitra esculenta

Syndrome gyromitrien Mécanismes de toxicité (2) Monométhylhydrazine très volatile Eliminée par dessication et par chauffage à l’air libre (pas de couvercle sur la casserole !) Remarque : carburant du fusée, responsable d’intoxication (maladie professionnelle) Gyromitra infula

Syndrome gyromitrien Mécanismes de toxicité (3) Interférence avec le métabolisme de la pyridoxine (vitamine B6) Hépatotoxicité (augmentation de la peroxydation des lipides) Neurotoxicité (inhibition de la GABA (acide  amino-butyrique) transaminase au niveau cérébral  convulsions ? ; inhibition des oxydases mixtes  risques de surdosages médicamenteux ; inhibition d’une diamine-oxydase intestinale  troubles digestifs ?) Hémolyse possible si déficit enzymatique érythrocytaire Hevella crispa

Syndrome gyromitrien Clinique (1) Gastro-entérite brutale, associant : Asthénie Vertiges Céphalées Vomissement Diarrhées Fièvre Hevella lacunosa

Syndrome gyromitrien Clinique (2) Phase viscérale (hépato-rénale)  (2ème ou 3ème jour) : Ictère Cytolyse hépatique Hépatomégalie Insuffisance hépatique aiguë avec encéphalopathie et anurie Gyromitra esculenta

Syndrome gyromitrien Clinique (3) Phase viscérale (hépato-rénale) (suite) : Agitation Délire Coma Convulsions Décès Helvella crispa

Syndrome gyromitrien Conduite à tenir Hospitalisation Rééquilibrage hydroélectrolytique Diazépam (Valium®) si convulsions Pyridoxine = vitamine B6 (Bécilan®) en IV : 1 à 2 g/j, soit 25 mg/kg (pour prévenir et traiter les convulsions) Epuration extra-rénale (hémodialyse principalement) en cas d’hépatite grave ou de forme anurique Gyromitra esculenta

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien

Syndrome cortinarien Incubation 3 à 20 jours

Syndrome cortinarien Mécanismes de toxicité (1) Orellanine = 1 % du poids sec du champignon  100 g de champignon frais = atteinte rénale irréversible Stabilité exceptionnellle (toxicité d’échantillons vieux de 60 ans) Structure : 2,2’-bipyridyl Transformation en orelline et orellinine Toxicité < amatoxines (DL50 = 8,3 mg/kg chez la souris) Cortinarius orellanus

Syndrome cortinarien Mécanismes de toxicité (2) Diminution de la concentration intracellulaire en NADPH Transformation en un métabolite inhibiteur de la synthèse protéique Rôle des cortinarines A, B et C, cyclopeptides proches des amanitines Cortinarius sanguineus

Syndrome cortinarien Clinique (1) Début brutal associant : Soif intense Sécheresse de la bouche Polyurie Lombalgies Troubles gastro-intestinaux inconstant et mineurs Cortinarius sanguineus

Syndrome cortinarien Clinique (2) Atteinte rénale : Constante, majeure et généralement irréversible Insuffisance rénale aiguë (glomérulonéphrite) Souvent anurique Parfois mortelle Cortinarius cinnamoneus

Syndrome cortinarien Conduite à tenir Hospitalisation : Rééquilibrage hydroélectrolytique Hémodialyse en cas d’insuffisance rénale aiguë, avec ou non hémoperfusion Evolution possible vers l’insuffisance rénale chronique Réanimation artificielle et greffe rénale Décès possible par urémie Cortinarius orellanus

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien

Syndrome sudorien Syndrome sudorien ou muscarinique ou cholinergique 25 à 30 % des intoxications par les champignons

Syndrome sudorien Incubation 15 minutes à 3 heures Durée 3 à 8 heures

Syndrome sudorien Mécanismes de toxicité (1) Fixation de la muscarine sur les récepteurs périphériques du système parasympathicomimétique (récepteurs muscariniques) Muscarine non dégradée par l’acétylcholinestérase (≠ acétylcholine) Effets prolongés

Syndrome sudorien Clinique (1) Gastro-entérite : Nausées Vomissements Douleurs abdominales Diarrhées abondantes, fétides Inocybe fastigiata

Syndrome sudorien Clinique (2) Syndrome cholinergique (stimulation du système vagal) : hypersécrétions généralisées Hypersialorrhée Rhinorrhée Sudation abondante Encombrement bronchique  déshydratation intense Bronchospasme  dyspnée asthmatiforme Inocybe pyriodora

Syndrome sudorien Clinique (3) Syndrome cholinergique (suite) Bradycardie Hypotension artérielle Myosis Troubles de la vision Angoisse Paresthésies Inocybe asterospora

Syndrome sudorien Conduite à tenir (1) Hospitalisation et traitement selon la tolérance et le terrain : Anticholinergique : atropine in IV (Atropine injectable®), 1 mg toutes les 10 min. chez l’adulte jusqu’à l’apparition d’une dilatation pupillaire et arrêt de la sécrétion salivaire et de la transpiration (attention au surdosage) Clitocybe dealbata

Syndrome sudorien Conduite à tenir (2) Remarque : signes d’atropinisation  (surdosage) : Tachycardie Agitation Confusion mentale Hllucinations Dépression respiratoire (antidote : ésérine ou prostigmine) Clitocybe cerusata

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien

Syndrome résinoïdien Syndrome résinoïdien ou résinien ou résinoïde ou gastro-intestinal 60 % des intoxications par les champignons

Syndrome résinoïdien Incubation 30 minutes à 3 heures

Syndrome résinoïdien Mécanismes de toxicité (1) Toxines = sesquiterpènes, anthraquinones, oxazolanes, polysaccharides, lipides, stérols, ... (semblables à certaines résines végétales pouvant engendrer un syndrome similaire) Entoloma lividum

Syndrome résinoïdien Clinique (1) Gastro-entérite isolée, violente et douloureuse : Douleurs épigastriques Nausées, vomissements abondants Colique, diarrhées persistantes Tricholoma pardinum

Syndrome résinoïdien Clinique (2) En l’absence de correction des déperditions hydro-ioniques : Crampes Soif intense Troubles cardio-vasculaires Prostration pouvant durer quelques jours Boletus satanas

Syndrome résinoïdien Conduite à tenir (1) Syndromes légers ou bénins : Résolutifs en 3 à 4 heures, sans asthénie, à l’arrêt des troubles digestifs L’administration d’antispasmodique peut se révéler utile pour enrayer l’intoxication Omphalotus olearius

Syndrome résinoïdien Conduite à tenir (2) Syndromes sévères, plus prolongés, ou chez les sujets affaiblis ou malades (atteinte rénale ou hépatique) : Hospitalisation Rééquilibrage hydroélectrolytique (sérum glucosé) Toni-cardiaques Antidote “universel” : magnésie + tanin + charbon Clavaria formosa

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien

Syndrome myco-atropinien Syndrome myco-atropinien ou panthérinien ou iboténique ou atropinoïde

Syndrome myco-atropinien Incubation 1 à 3 heures Durée 12 à 24 heures

Syndrome myco-atropinien Mécanismes de toxicité (1) Concentration en muscarine trop faible pour avoir un effet toxique (0,3 mg/100 g) Concentration toxinique variable d’un champignon à l’autre Dérivés isoxazoliques (notamment l’acide iboténique), panthérine, muscimol (provenant de la décarboxylation de l’acide iboténique, proche de l’acide -amino-butyrique (= GABA, neuro-transmetteur central) agissant par blocage compétitif des récepteurs cérébraux du GABA), muscazone

Syndrome myco-atropinien Mécanismes de toxicité (2) Décarboxylation de l’acide iboténique en muscimol toxique L’acide iboténique et le muscimol traversent la barrière neuro-méningée

Syndrome myco-atropinien Clinique (1) Signes neuro-psychiques : Agitation psycho-motrice, euphorie, “ivresse” furieuse Délires oniriques Confusion Alternance avec des phases de somnolence, voire de sommeil profond (~ coma, sans souvenir au réveil) Sensation de malaise Amanita muscaria

Syndrome myco-atropinien Clinique (2) Signes atropiniques (sympathicomimétiques) : Mydriase Sécheresse des muqueuses (diminution de la sécrétion salivaire) Tachycardie Amanita pantherina

Syndrome myco-atropinien Clinique (3) Troubles digestifs relativement légers : Inconstants et modérés Brûlures gastriques Diarrhées Vomissements

Syndrome myco-atropinien Clinique (4) Amanita pantherina : crises convulsives possibles Amanita pantherina

Syndrome myco-atropinien Conduite à tenir (1) Conduite à tenir en fonction de l’intensité des symptômes : Surveillance (disparition des signes en 24 heures) Sédatifs à faible dose : diazépam (Valium®), chlorpromazine (Largactil®) Jamais d’alcool Jamais d’atropine ou de teinture de Belladone (risque d’exacerbation des effets)

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien Le syndrome narcotinien

Syndrome narcotinien Syndrome narcotinien ou psylocybien ou ou hallucinatoire

puis asthénie, céphalée Syndrome narcotinien Incubation 30 à 60 minutes Durée 4 à 6 heures, puis asthénie, céphalée

Syndrome narcotinien Mécanismes de toxicité (1) Toxines = N-méthyltryptamines 4- et 5-hydroxylées (butofénine, psilocybine) Quantités variables d’un champignon à l’autre : 200 à 400 mg de psilocybine par kg de champignon frais, 2 à 4 g par kg de champignon sec Stable plusieurs années (champignons secs) Psilocybe semilanceata

Syndrome narcotinien Mécanismes de toxicité (2) Psilocybine rapidement déphosphorylées en psilocine Compétition avec la sérotonine au niveau des récepteurs cérébraux Effets pharmacologiques proches de ceux des alcaloïdes indoliques à action psychotrope comme le LSD 25

Syndrome narcotinien Clinique (1) Symptômes psycho-sensoriels : Euphorie ou dysphorie selon les patients Anxiété extrême Hallucinations visuelles (“les sons sont lumineux”) Hyperesthésie sensorielle Confusion Désorientation temporo-spatiale (démarche ébrieuse)

Syndrome narcotinien Clinique (2) Signes atropiniques, fréquents : Mydriase Bradycardie Hypotension Troubles vasomoteurs

Syndrome narcotinien Clinique (3) Panaeolus cyanescens : crises convulsives possibles

Syndrome narcotinien Conduite à tenir Emétique (sirop d’Ipéca) Repos au calme sous surveillance Rassurer (pour éviter le suicide) Retour à la normale en quelques jours, sans séquelles Sédatifs si besoin : diazépam (Valium®), chlorpromazine (Largactil®) Psilocybe semilanceata

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien Le syndrome narcotinien Le syndrome coprinien

Syndrome coprinien Incubation 15 à 30 minutes après prise d ’alcool Durée Environ 2 heures, s ’il n ’est pas re-consommé de l ’alcool

Syndrome coprinien Mécanismes de toxicité (1) 1 kg de champignon = 160 mg de coprine Coprine = N-(1-hydroxycyclopropyl)glutamine Métabolite = 1-aminocyclopropanol

Syndrome coprinien Mécanismes de toxicité (2) Syndrome antabuse Blocage de la transformation de l’acétyldéhyde (métabolite de l’éthanol) en acétate Accumulation d’acétaldéhyde dans le sang et le foie  effets vasomoteurs 1-aminocyclopropanol inhibe de manière irréversible l’alcool déshydrogénase, comme le disulfirame (Espéral®) Coprinus atramentarius

Syndrome coprinien Clinique (1) Syndrome d’intolérance à l’alcool : Vasodilatation périphérique généralisée Bouffées de chaleur Rougeur de la face (= érythrose faciale) Polypnée Eréthisme cardiovasculaire avec tachycardie Hypotension artérielle Coprinus atramentarius

Syndrome coprinien Clinique (2) Sensation de goût métallique en bouche Angoisse parfois Tremblements des extrémités Sueurs Troubles digestifs rares Coprinus insignis

Syndrome coprinien Clinique (3) Dans les cas graves : Vasodilatation généralisée pouvant évoluer vers le collapsus Coprinus micaceus

Syndrome coprinien Conduite à tenir (1) Evolution spontanément favorable en quelques heures Mise au repos en position allongée Lavage gastrique Traitement du collapsus éventuel Abstention d’alcool pendant 3 à 4 jours (8 jours ?), sinon récidive Coprinus micaceus

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien Le syndrome narcotinien Le syndrome coprinien Le syndrome paxillien

Syndrome paxillien Incubation 1 à 3 heures

Syndrome paxillien Clinique (1) Gastro-entérite Cas graves : Hémolyse et/ou cytolyse hépatique Insuffisance rénale et/ou collapsus cardio-vasculaire Paxillus involutus

Syndrome paxillien Conduite à tenir (1) Traitement symptomatique

Syndrome paxillien Conduite à tenir (1) Traitement symptomatique Paxillus involutus Paxillus involutus

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien Le syndrome narcotinien Le syndrome coprinien Le syndrome paxillien Le syndrome myopathique

Syndrome myopathique Rhabdomyolyse Rupture des cellules musculaires striées avec libération d’enzymes, d’électrolytes et de myoglobine dans le sang

Syndrome myopathique Incubation 2 à 3 jours

Syndrome myopathique Mécanisme de toxicité (1) Myolyse pure et directe (myopathie aiguë) Extraits de Tricholoma auratum toxiques pour la souris (même symptomatologie que chez l’homme) Toxicité due à la contamination par des micromycètes (cytochalasine) ? Toxicité du mycélium ? Tricholoma auratum

Syndrome myopathique Clinique (1) Après plusieurs repas consécutifs Signes généraux : Fatigue Myalgies rhizoméliques des membres inférieurs Sueurs profuses sans fièvre Quelques nausées sans vomissement Urines foncées Tricholoma equestre

Syndrome myopathique Clinique (2) Signes biologiques : Augmentation très importante des créatines kinases (CPK > 1000, voire 100.000 UI/l ; N : 20-50 UI/l), signant l’atteinte musculaire CPK-MB constante  myocarde non touché Taux de transaminase reste peu élevé (ASAT > ALAT) Facteurs de la coagulation normaux Urée et créatinine en faible augmentation (atteinte rénale secondaire)

Syndrome myopathique Clinique (3) Pas d’atteinte neuronale Décès par trouble du rythme cardiaque Tricholoma auratum

Les syndromes toxiques Le syndrome phalloïdien Le syndrome gyromitrien Le syndrome cortinarien Le syndrome sudorien Le syndrome résinoïdien Le syndrome myco-atropinien Le syndrome narcotinien Le syndrome coprinien Le syndrome paxillien Le syndrome myopathique Le syndrome acromélalgien

Syndrome acromélalgien Syndrome acromélalgien et érythermalgique

Syndrome acromélalgien Incubation 24 heures

Syndrome acromélalgien Mécanisme de toxicité (1) Rôle de l’acide acromélique A dans l’apparition de l’érythermalgie ? Administration per os de Clitocybe amoenolens a des rats  lésions neuronales doses dépendantes sur le nerf sciatique

Syndrome acromélalgien Clinique (1) Signes généraux : Dysesthésies Picotement, fourmillements Douleurs nocturnes, spécialement des pieds (résistant aux antalgiques) Rougeurs des extrémités Parfois douleurs à type de brûlure, paroxystiques nocturnes, insomniante, touchant les 4 extrémités (surtout les membres inférieurs)

Syndrome acromélalgien Clinique (2) Evolution non favorable sur plusieurs semaines rendant le patient quasi inexaminable, avec un oedème chaud, rouge, de l’extrémité des membres inférieurs Cas mortels décrits au Japon Clitocybe acromelalga

Syndrome acromélalgien Conduite à tenir (2) Soulagement par bains d’eau glacée Diminution partielle de la symptomatologie avec l’association aspirine (2 g/j) + clomipramine (Anafranil®) (75 mg/j) + chlorhydrate de morphine (60 mg/j) Persistance de sensations de brûlure après 6 mois ; de paresthésies à type de brûlures et une grande sensibilité au froid (sensation de pieds gelés) après 1 an ; de gêne au port de chaussures serrées après 2 ans Clitocybe acromelalga