Elisabeth YOTA Sorbonne Univesité Les raisons du schisme Elisabeth YOTA Sorbonne Univesité
Bibliographie Dictionnaire de l'Histoire du christianisme, Encyclopaedia Universalis, 2014. Alberigo, A. et al., Les conciles œcuméniques, t. 1 : L’histoire, Paris, Editions du Cerf, 1994. Cheynet J.-Cl. éd., Le Monde byzantin II. L'empire byzantin (641-1204), Paris 2006, p. 335-340. Cheynet, J.-Cl., « Le schisme de 1054 : un non-événement ? », in Faire l’événement au Moyen-Age, Cl. Carozzi et M. Taviani-Carozzi, Presses Universitaires de Provence, p. 299-312. Ducellier, A. et al., Le Moyen-Age en Orient, Byzance et l’Islam, eéd. Hachette, Paris 2003. Kaplan, M., « La Place du schisme de 1054 dans les relations entre Byzance, Rome et l'Italie », in Pouvoirs, Église et sainteté : essais sur la société byzantine : recueil d'articles publiés de 1990 à 2010, Publications de la Sorbonne, Paris 2011, p. 23-34.
Rivalité entre Rome et Constantinople Deux capitales de deux mondes aux langues et aux cultures différentes Primauté de Rome en raison de sa fondation par saint Pierre Par rapport à d’autres Rome revendique la primauté parce que c'est à Pierre, évêque de Rome, que le Christ a confié la direction de l'Église Constantinople revendique son autorité par le choix de Constantin grâce à qui elle devient la « Nouvelle Rome » Concile de Constantinople en 381 : élevée au rang de patriarcat Concile de Chalcédoine en 451, accorde au siège de Constantinople des prérogatives égales à celles de Rome Rome et la papauté réussit les droits de juridiction permettant de juger en dernier ressort les affaires de toutes les églises
Rupture entre Rome et Constantinople Durant l’iconoclasme, les relations entre la papauté et Constantinople se détériorent considérablement. Rome et les Carolingiens condamnent l’iconoclasme et nouent des liens avec les iconodoules. La prise du pouvoir par Irène et les décisions du concile de Nicée II rendent les relations entre Orient et Occident plus tendues. Le concile de Nicée II (787) inventait un nouveau culte des images qui a déplu à Charlemagne et à son entourage, qui acceptait les images mais refusait leur adoration.
Rupture entre Rome et Constantinople La présence de l’impératrice Irène, sur le trône byzantin rendait celui-ci vacant aux yeux du pape Léon III. Après la mort de Louis le Pieux affaiblissement du pouvoir carolingien, la papauté s’est montrée de nouveau intéressée par les affaires des chrétientés orientales, dans le but de retrouver la protection de Byzance.
Patriarche Photios La crise iconoclaste se termine grâce à Théodora, mère de Michel III, en 843 sous le patriarche Méthodios Le patriarche Méthodios sera vite remplacé par Ignace, ancien moine et proche de Théodora Ignace a des rapports conflictuels avec Barbas, oncle de Michel III Le patriarche est arrêté et exilé Barbas le remplace par Photios, grand érudit et laïc on lui confère tous les grades ecclésiastiques en 6 jours, contraire au canon canonique Le pape Nicolas Ier envoie deux légats pour contrôler les détails de son avènement Les légats valident l’élection de Photios lors du Synode de Sainte-Sophie en 861 Ils sont considérés comme corrompus par les défenseurs d’Ignace
Patriarche Photios Photios est aussi au centre de la querelle des deux Eglises pour l’évangélisation des Slaves Photios fait appel à Constantin et Méthode pour cette mission Le clergé franc est déjà installé dans la région et souhaite être le responsable de leur évangélisation Photios contre l’Eglise latine contre l’insertion de Filioque au Credo contre l'exclusion des hommes mariés du sacerdoce, contre le jeûne du samedi, contre l'usage de pain azyme pour l'eucharistie Concile de Rome en 869 Condamne les positions de Photios et le considère d’hérétique Exilé au monastère du Sténos sur le Bosphore Second patriarcat : de 877-886 sous Basile Ier
Rupture entre Rome et Constantinople De 880 à 1054 les relations entre Rome et Constantinople se déroulèrent sans heurts 16 juillet 1054 : Schisme des Eglises Divergences existant depuis plusieurs siècles entre les deux Eglises Divergences sur des questions de théologie et sur l’organisation du clergé et du culte 10
Différences principales Querelle du Filioque pour les orthodoxes : le Saint-Esprit procède du Père pour les catholiques : le Saint-Esprit procède du Père et du Fils les théologiens occidentaux l’ont ajouté au Credo, ce que refusent les orthodoxes pour lesquels le Père est seule source de divinité́ Ecclésiologie pour les orthodoxes : organisation décentralisée en raison du rôle principal de l’évêque, suivi de celui du patriarche pour les catholiques : organisation pyramidale centralisant toute l'autorité au Pape, évêque de Rome Mariage des prêtres et ordination d'hommes mariés chez les orthodoxes interdit chez les catholiques
Différences principales Immaculée Conception "conception" de Marie qui, pour les orthodoxes, ne peut être immaculée sans réduire l'humanité essentielle de celle qui deviendra la Mère de Dieu Communion pour les catholiques sous forme de pain azyme pour les orthodoxes du pain levé́ Les orthodoxes communient aux deux espèces, pain et vin, alors que pour les catholiques cela est devenu très exceptionnel
Evénements qui ont conduit au schisme de 1054 En 1043, l’empereur Constantin IX Monomaque désigne Michel Cérulaire patriarche de Constantinople Michel Cérulaire se présente comme un fervent défenseur des droits du patriarcat En 1049, Léon IX est élu pape à Rome Partisan de la réforme de l’Église (Réforme grégorienne) Il souhaite implanter le rite latin dans des territoires occupés par les byzantins (Italie du Sud) comme dans le reste de la péninsule et dans le reste de l’Europe le patriarche Michel Cérulaire fait fermer les églises latines de Constantinople
Evénements qui ont conduit au schisme de 1054 Michel Cérulaire demande à l’évêque d'Ohrid Léon d'écrire à l’évêque de Trani, Jean, une lettre qui doit être transmise au pape et à l'épiscopat franc. Mal traduite cette lettre est perçue comme injurieuse par le pape alors qu’elle devait être une simple invitation à la discussion Le pape Léon IX envoie sa réponse, sa version grecque est peu conforme au texte d’origine, dépasse la question de la différence des usages liturgiques insiste sur la primauté de Pierre
Evénements qui ont conduit au schisme de 1054 L'empereur Constantin IX Monomaque, recherche la conciliation et écrit au pape lui promet de lui envoyer des secours dans sa lutte contre les Normands en Italie du Sud. Le pape Léon IX, décide d'envoyer une ambassade à Constantinople pour négocier l'alliance anti- normande. Le pape Léon IX vient de mourir les légats, souhaitent mettre la pression sur l’empereur Constantin Le 16 juillet 1054, avec une lettre les légats excommunient solennellement Michel Cérulaire. le patriarche contraint les légats à prendre la fuite. Le 24 juillet, il promulgue avec le synode un édit condamnant les légats venus de l'Occident
Le schisme ne fut réellement consommé qu’au début du XIIIe siècle Le schisme de 1054 Considéré comme une condamnation réciproque entre le patriarche de Constantinople et les légats du pape Le schisme ne fut réellement consommé qu’au début du XIIIe siècle avec le sac de Constantinople par les Croisés 1204-1261
Tentatives de conciliation entre les deux Eglises 1261 : Michel VIII Paléologue réussit à s’emparer de la capitale tente à rétablir de bons rapports avec la papauté pour éviter tout risque d’une nouvelle croisade contre l’Empire pour lutter contre Charles d’Anjou, roi de Sicile, qui voulait reprendre Constantinople tente l’union avec les papes Urbain IV et Clément IV mais en vain Une nouvelle tentative se fait avec le pape Grégoire X qui est favorable à l’union Michel VIII trouve du soutien auprès des membres de l’Eglise grecque accepta toutes les conditions posées par la papauté́ pour refaire l’union des Eglises l’Union est officiellement déclarée lors du Concile de Lyon le 6 juillet 1274 division des hautes instances byzantines Union fortement fragilisée après la mort du pape Grégoire X les successeurs du pape sont hostiles à l’Union
Tentatives de conciliation entre les deux Eglises le moine Barlaam fut envoyé à Avignon pour négocier avec le pape Benoît XII une alliance contre les Turcs en échange d’un rapprochement des Eglises volonté des Byzantins d’un Concile œcuménique avec la présence des cinq patriarches : Rome, Constantinople, Antioche, Jérusalem, Alexandrie Le Grand Schisme de l’Eglise catholique et le Concile de Bâle en 1431 conduisent les Occidentaux à accepter enfin l’idée d’un Concile œcuménique Concile de Ferrare en 1438 Jean VIII Paléologue arrive à Ferrare accompagné de plusieurs métropolites, archevêques et évêques dont Bessarion, métropolite de Nicée et Marc Eugénikos, métropolite d’Ephèse Bessarion plaide pour la réconciliation des Eglises devant la délégation grecque en avril 1439
Tentatives de conciliation entre les deux Eglises Le 10 janvier 1439 Le Concile est transféré à Florence en raison de la peste qui s’est déclarée à Ferrare La vraie raison du transfert est la durée très prolongée du Concile et l’impossibilité du pape de continuer à payer le séjour des byzantins. Les Médicis acceptent de financer le Concile à condition qu’il se tienne à Florence Le 5 juillet 1439 l’Union est signée par les représentants latins et byzantins la délégation grecque n’est pas unanime et certains parlent des pressions exercées sur eux
Tentatives de conciliation entre les deux Eglises Jean VIII Paléologue et Bessarion échouent à imposer l’Union à Constantinople les byzantins se divisent entre « unionistes » et « anti-unionistes » les signataires de l’Union désavouent leur signature Le parti anti-unioniste mené par les moines, Marc Eugénikos et le futur patriarche de Constantinople Génadios Scolarios déclarent l’union invalide La proclamation de l’Union aura cependant lieu à Sainte-Sophie de Constantinople le 2 décembre 1452 Le 29 mai 1453, Mehmet II entre à Constantinople Le nouveau patriarche imposé par le sultan, Gennadios Scholarios, dénoncera l'union
Le 7 décembre 1965, Le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras ont déclaré caduques les deux anathèmes du XIe s. Cependant, l'union entre Église romaine et Église orthodoxe n'est toujours pas réalisée, sauf pour quelques Églises orientales dites « uniates »