Aux montagnes divines José-Maria de Hérédia Par Nanou et Stan
Glaciers bleus, pics de marbre et d’ardoise, granits,
Moraines dont le vent, du Néthou jusqu’à Bègle
Arrache, brûle et tord le froment et le seigle,
Cols abrupts, lacs, forêts pleines d’ombre et de nids
Antre sourds, noirs vallons que les anciens bannis,
Plutôt que de ployer sous la servile règle,
Hantèrent avec l’ours, le loup, l’isard et l’aigle
Précipices, torrents, gouffres, soyez bénis !
Ayant fui l’ergastule, et le dur municipe
L’esclave Geminus a dédié ce cippe
Aux Monts, gardiens sacrés de l’âpre liberté,
Et sur ces sommets clairs où le silence vibre,
Dans l’air inviolable, immense et pur, jeté,
Je crois entendre encore le cri d’un homme libre !!
Aux montagnes divines Glaciers bleus, pics de marbre et d’ardoise, granits Moraines dont le vent, du Néthou jusqu’à Bègle, Arrache, brûle et tord le froment et le seigle, Cols abrupts, lacs, forêts pleines d’ombre et de nids Antres sourds, noirs vallons que les anciens bannis, Plutôt que de ployer sous la servile règle, Hantèrent avec l’ours, le loup, l’isard et l’aigle, Précipices, torrents, gouffres soyez bénis ! Ayant fui l’ergastule et le dur municipe, L’esclave Geminus a dédié ce cippe Aux monts gardiens sacrés de l’âpre liberté. Et sur ces sommets clairs où le silence vibre, Dans l’air inviolable, immense et pur, jeté, Je crois entendre le cri d’un homme libre !! J-M. de Hérédia htt://nanouetstan226.fr
José-Maria de Heredia, né le 22 novembre 1842 et mort le 2 octobre 1905, est un homme de lettres d'origine espagnole naturalisé français en 1893. Son œuvre poétique a fait de lui l'un des maîtres du mouvement parnassien. Il est l'auteur d'un seul recueil, Les Trophées, publié en 1893 et comprenant cent-dix-huit sonnets qui retracent l'histoire du monde, comme Les Conquérants, ou dépeignent des moments privilégiés, comme Le Récif de corail. José María de Heredia Girard est le fils de Domingo de Heredia et de sa seconde épouse Luisa (appelée Louise dans de nombreux textes) Girard, issue d'une famille française qui avait dû quitter l'ancienne colonie de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti). Ses parents étaient tous deux sujets espagnols. Le poète naît le 22 novembre 1842 à La Fortuna, la plantation de café familiale, près de Santiago de Cuba. Il est envoyé en France à l'âge de neuf ans pour poursuivre ses études au collège Saint-Vincent de Senlis, où il reste jusqu’au baccalauréat, en 1859. C'est un élève brillant et très apprécié. La découverte de l’œuvre de Leconte de Lisle fait sur lui une impression profonde. Adolphe Lalauze, José-Maria de Heredia, gravure. De retour à Cuba en juin 1859, il passe un an à La Havane, approfondissant sa connaissance de la langue et de la littérature espagnoles avec le projet d'y effectuer des études de droit. C'est là qu'il compose les premiers poèmes français qui nous sont parvenus. Mais il n'y retrouve pas l'ambiance de travail qu'il avait connue en France, et l'équivalence du baccalauréat français lui est refusée pour des raisons administratives. Il retourne donc en France en 1861 en compagnie de sa mère, qui, veuve et ayant marié ses trois filles aînées, tient à veiller elle-même à l'éducation de son fils. Celui-ci s'inscrit en octobre de la même année à la Faculté de droit de Paris. …./….
De 1862 à 1865, il suit également, en qualité d'étudiant étranger, les cours de l'École des chartes, où il se fait remarquer par son sérieux et sa culture. Beaucoup plus attiré par la littérature que le droit, il continue à composer des poèmes, en particulier des sonnets, la fortune familiale, gérée avec rigueur par sa mère1, lui épargnant pendant un certain temps les difficultés matérielles. Il fait partie de groupes littéraires tels que la conférence La Bruyère et devient un membre influent de l'école parnassienne. En 1863, il rencontre Leconte de Lisle et collabore au Parnasse contemporain, tout en se liant d'amitié à des auteurs comme Sully Prudhomme, Catulle Mendès ou encore Anatole France. En 1884, Guy de Maupassant lui dédie la nouvelle Garçon, un bock !... Sa production poétique lui permet d'acquérir la notoriété dans le milieu littéraire parisien, même s'il publie peu, confiant ses poésies à des revues de faible diffusion avant de les réunir sur le tard (en 1893) en un volume de cent-dix-huit sonnets, Les Trophées, édité par Alphonse Lemerre. Il fait appel à son ami de toujours, le peintre montmartrois Ernest Jean-Marie Millard de Bois Durand, pour illustrer d'aquarelles originales son recueil, qu'il dédie à Leconte de Lisle, et qui est couronné par l'Académie française. Par la suite, une édition d'art du même ouvrage sera publiée, en 1907, par le bibliophile René Descamps-Scrive. L'auteur avait été déjà distingué par l'Académie pour sa traduction de l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne du capitaine Bernal Díaz del Castillo. Il traduit aussi l'Historia de la monja Alférez de Catalina de Erauso et collabore à la Revue des Deux Mondes, au Temps et au Journal des débats. Nanou et Stan le17/09/2018