« L’âge des ténèbres » L’art préroman L’art roman L’art gothique 2-4 L’art du Moyen âge « L’âge des ténèbres » L’art préroman L’art roman L’art gothique

Rappelons-nous: Contexte historique En 323 L’Empereur Constantin le Grand (règne 324-337) déplace la capitale de l’Empire Romain dans la ville grecque de Byzance, devenue Constantinople. Ce déplacement provoque la scission de l’Empire: en 395 l’Empire Romain se divise en Empire Romain de l’Ouest et l’Empire Romain de l’Est. Après le déplacement de la capitale impériale à Constantinople, la partie occidentale de l’empire romain est proie aux invasions de tribus germaniques: les Francs en Gaule, Ostrogoths et Lombards en Italie, les Visigoths en Espagne. L’empire romain de l’est ne peut plus défendre les provinces occidentales: l’Empire romain de l’ouest succombe à la montée des peuples germaniques, qui peu à peu prennent le pouvoir, d’abord militaire, puis aussi royal (Theodoric, 476). Schisme religieux commence vers 451 L’empire romain de l’est, à partir du VIIème siècle aux prises avec la montée de l’Islam

L’art chrétien primitif/l’art byzantin/l’art préroman du Moyen Age Le schisme religieux suit la scission de l’Empire: la Chrétienté se divise en Église occidentale ou catholique et Église orientale ou orthodoxe. Ainsi l’art chrétien évolue de façon différente dans l’Empire Romain de l’Est et à l’ouest: Il n’y a pas de séparation nette entre l’art chrétien primitif et l’art byzantin (nous avons parlé d’art byzantin à partir du VIème siècle (empereur Justinien)) En Occident, la scission politique et religieuse devient aussi une scission artistique, sous l’influence des peuples germaniques et celtiques qui envahissent l’Empire Romain de l’Occident: nous voyons apparaitre l’art du Moyen Age. Constantin (règne 324-337), Empereur Justinien (527-565), crise iconoclaste (726-843), le second âge d’or (fin IXème jusqu’au XIème siècle) Fin: chute de Constantinople aux mains des croisés en 1204, un regain de souveraineté en 1261, un dernier renouveau, puis la conquête turque en 1453.

Dégager l’essentiel: art du Moyen âge À l’issue de la migration des peuples nomades vers l’Europe, un nouvel art se forme: il s’agit d’un mélange celto-germanique du style animalier (une anciennes tradition des peuples nomades) et d’une tradition plus récente d’entrelacs (art romain et paléochrétien, bassin méditerranéen), qui se propage rapidement du aux supports transportables: orfèvrerie, boiserie, enluminure de manuscrits.

2-4-2 L’art protoroman du Moyen âge L’art carolingien L’art ottonien

Charlemagne, roi des Francs et des Lombards devient empereur L’empire romain de l’est, à partir du VIIème siècle aux prises avec la montée de l’Islam, ne peut plus assurer la défense des provinces occidentales. L’Europe occidentale est forcée de développer ses propres ressources. L’Église de Rome brise ses derniers liens avec l’Est et se tourne vers le nord germanique, où le royaume franc s’élève au rang de l’empire sous Charlemagne, roi des Francs et des Lombards, octroyé Empereur par le pape en 800. Charlemagne bâtit sa capitale au centre de son pouvoir effectif, à Aix-la-Chapelle (Aachen), à laquelle il tente de donner la splendeur d’une nouvelle Rome. à partir du VIIème siècle. L’Islam a absorbé l’Afrique du nord et l’Espagne jusqu’aux Pyrénées, et menace la côte de la Méditerranée.

L’art carolingien Les beaux-arts jouent un rôle important dans le règne de Charlemagne (768-814), qui tente de restaurer, avec le titre de l’empereur, aussi la civilisation romaine antique: cette « renaissance carolingienne » est la première phase de fusion entre l’art antique et l’art des tribus celto-germaniques. La chapelle palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle (Aachen), « la nouvelle Rome », 792-805 ap. J.C.

Charlemagne s’inspire des monuments de Rome de Constantin, et de Ravenne de Justinien pour bâtir sa capitale, à Aachen (Aix-la-Chapelle). La célèbre chapelle du Palais (vers 800) s’inspire de Saint-Vital par son plan central. Mais la chapelle palatine de Charlemagne n’est pas une copie de Saint Vital, mais une réinterprétation: c’est l’espace central qui est octogonal, entouré d’un déambulatoire, les voûtes et piliers massifs en pierre, remplacent les voûtes romaines de brique légère, l’entré, désaxée à San Vital retrouve l’axe de l’autel… La chapelle palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle (Aachen), 792-805 ap.J.C. La chapelle palatine de Charlemagne à Aix-la-Chapelle (Aachen), 792-805 ap.J.C. San Vitale, Ravenna, 526-547

Nous y trouvons en germe une nouveauté: l’entrée monumentale dont la forme va se développer en façade ouest à deux tours que nous trouverons dans tant de cathédrales médiévales. Chapelle palatine Aix-la-Chapelle vers 800. Abbatiale de Corvey, 873-885, monastère bénédictin fondée vers 820 en Westphalie par Louis le Pieux, fils de Charlemagne Chartres façade ouest après 1145

Les monastères et la règle de Saint Benoît À l’époque carolingienne les monastères se multiplient. Ils appliquent la règle bénédictine (de Benoît de Nursie), qui préconise la pauvreté, le travail et l’autarcie des monastères. Ces églises sont bâties sur le plan basilical de Constantin, mais avec deux absides, ouest et est. Deux tourelles d’escalier entourent l’abside à l’ouest. Les entrées sont latérales, l’église a de nombreux autels. Le transept, à l’est, forme la croix latine. La plupart des églises bâties pendant cette période sont des églises abbatiales (c’est-à-dire les églises des abbayes), riches de dons et de revenus de leur possessions.

Plan type de monastère: autosuffisance selon la règle de Saint Benoît

Plan-type d’un monastère: maquette du monastère et de son économie (autosuffisance selon la règle de St. Benoît). L’église est une basilique, avec deux absides, est et ouest, et avec deux tourelles à l’ouest, le transept forme la croix latine.

En enluminure de manuscrits, l’art carolingien s’inspire de l’art paléochrétien de source antique, et nous avons de nouveau les scènes bibliques représentées de façon figurative. Les saints ressemblent aux philosophes antiques. saint-matthieu evangeliaire de Charlemagne vers 800 810 Kunsthistorishes Vienne Saint Marc, Évangéliaire d’Ebbon de Reims, 816-835 En enluminure de manuscrits, l’art carolingien s’inspire de l’art paléochrétien de source antique. De nouveau les scènes bibliques sont représentées, mais les saints ne sont plus des philosophes antiques, posés et réfléchis, mais des inspirés. .. Saint-Matthieu, Évangeliaire de Charlemagne, vers 800 Saint Marc, Évangéliaire d’Ebbon de Reims, 816-835

L’art ottonien Le dernier monarque carolingien mort en 911, le pouvoir en Allemagne est repris par les rois Saxons (919-1024), et Otton Ier, le plus grand d’entre eux, reprend les ambitions impériales de Charlemagne. Il est couronné par le pape, en 962, empereur du Saint-Empire romain germanique… L’art ottonien reprend l’héritage carolingien en architecture (le plan basilical, deux absides, est et ouest, la façade monumentale ouest…). Dans le principal monument de l’art ottonien, nous voyons l’église avoir deux transepts, est et ouest, et deux tours de croisé de transept. La sculpture commence à réapparaitre, alors qu’en peinture nous voyons l’influence byzantine. Son frère Bruno, archevêque de Cologne, y fait bâtir…

Le principal monument de l’époque ottonienne est l’abbaye bénédictine de Saint Michel de Hildesheim (1001-1033): plan basilical avec deux absides et deux transepts, est et ouest, deux tours, une au-dessus de chaque croisée de transept, et les tourelles d’escalier. Les entrées sont latérales. Début des travaux 1010

L’art ottonien reprend la façade ouest carolingienne : porche profond entouré de deux tours. L’art carolingien et l’art ottonien sont aussi appelés art protoroman. Vers la fin du IXème siècle, le pouvoir des petits-fils de Charlemagne est affaibli, les peuples Nordiques envahissent le nord-ouest de la France (la Normandie), et adoptent le christianisme et la civilisation carolingienne. L’abbaye bénédictine de Saint Pantaléon à Cologne

En sculpture, qui commence à réapparaitre, et en peinture, l’influence byzantine du second âge d’or est visible (Otton II a épousé une princesse byzantine…): nous y voyons le pathos byzantin dans la représentation du Christ, mais transposé en réalisme expressif … Crucifix de Géréon, Cathédrale de Cologne, 975-1000

L’influence byzantine est évidente en enluminure ainsi que dans le relief. art ottonien The Four Living Creatures of the Book of Revelation by St John Krunisanja Otona II i princeze Teofane, oko 983 Nacionalni muzej srednjeg veka, Pariz Tetramorf, Otkrovenje Jovanovo

Dégager l’essentiel: l’art du Moyen âge Souvenez vous: à l’issue de la migration des peuples nomades vers l’Europe, un nouvel art se forme: il s’agit d’un mélange celto-germanique du style animalier (une anciennes tradition des peuples nomades) et d’une tradition plus récente d’entrelacs (art romain et paléochrétien, bassin méditerranéen), qui se propage rapidement (supports transportables: orfèvrerie, boiserie, enluminure de manuscrits)

Art carolingien Nous appelons l’art de l’époque de Charlemagne et de ses descendants art carolingien. Charlemagne, avec le titre de l’empereur, tente de restaurer aussi la civilisation romaine antique: c’est la première phase de fusion entre l’art antique et l’art des tribus celto-germaniques. Nous parlons de « renaissance carolingienne ». Dans la construction des églises, une nouvelle forme apparait: au plan basilical de Constantin, une façade monumentale ouest est rajoutée (porche profond entouré de deux tours). L’église a deux absides, est et ouest, et de nombreux autels. L’entrée est latérale. Un transept à l’est forme avec la nef la forme de la croix latine. En enluminure des manuscrits, la représentation des scènes bibliques redevient figurative, s’inspirant de source paléochrétiennes.

Forme basilicale, deux absides, un transept à l’est forme avec la nef la forme de la croix latine.

L’entrée monumentale dont la forme va se développer en façade ouest à deux tours: Chapelle palatine Aix-la-Chapelle vers 800. Abbatiale de Corvey, 873-885, monastère bénédictin fondée vers 820 en Westphalie par Louis le Pieux, fils de Charlemagne Chartres façade ouest après 1145

Art carolingien: la représentation des scènes bibliques redevient figurative saint-matthieu evangeliaire de Charlemagne vers 800 810 Kunsthistorishes Vienne Saint Marc, Évangéliaire d’Ebbon de Reims, 816-835 En enluminure de manuscrits, l’art carolingien s’inspire de l’art paléochrétien de source antique. De nouveau les scènes bibliques sont représentées, mais les saints ne sont plus des philosophes antiques, posés et réfléchis, mais des inspirés. .. Saint-Matthieu, Évangeliaire de Charlemagne, vers 800 Saint Marc, Évangéliaire d’Ebbon de Reims, 816-835

Art ottonien L’art ottonien: l’art de l’époque du roi saxon Otton Ier et de ses descendants, reprend l’héritage carolingien (plan basilical des églises, entrée monumentale à l’ouest, mais ici deux transepts) mais aussi byzantin du second âge d’or (style d’enluminure de manuscrits, reliefs, pathos du Christ crucifié). L’art carolingien et l’art ottonien sont aussi qualifiés d’art protoroman, ayant déjà en germe bien de ses caractéristiques. Saint Michel de Hildesheim (1001-1033)

En sculpture, qui commence à réapparaitre, et en peinture, l’influence byzantine du second âge d’or est visible (Otton II a épousé une princesse byzantine…): nous y voyons le pathos byzantin dans la représentation du Christ... Crucifix de Géréon, Cathédrale de Cologne, 975-1000