Zoonoses et maladies à vecteurs animaux Philippe Léonard Michel Moutschen
Zoonose « maladie des animaux vertébrés, éventuellement transmissible à l’homme » Ne pas confondre avec les maladies à vecteurs qui peuvent être des zoonoses (ex. maladie de Lyme) mais pas nécessairement (ex. paludisme)
Zoonoses Classées par « animal » Chat: toxoplasmose, pasteurellose, griffade de chat, rage, … Chien: toxocarose, hydatidose, leishmaniose, pasteurellose, rage, … Oiseaux: salmonellose, ornithose, psittacose, grippe aviaire, … Chevaux: encéphalite équine, trichinose,.. Bovins: listériose, ténia, tuberculose bovine, brucellose, fièvre Q, charbon, … Moutons: brucellose, charbon, … Porcs: brucellose, rouget du porc, ténia, trichinose, … Rats: leptospirose, peste, rage, … ….
Zoonoses Classées par « agent causal » Bactérie: brucellose, corynébactériose, charbon, fièvre Q, leptospiroses, maladie par griffade de chat, maladie de lyme, pasteurellose, ornithose, psittacose, rouget, tétanos, tularémie, … Virus: chorioméningite lymphocytaire, dengue, Ebola, Fièvre Crimée-Congo, Fièvre jaune, Hantavirose, grippe, Marburg, Rage, … Parasite: leishmaniose, maladie du sommeil, schistosomiase, toxoplasmose, trichinellose, … Mycose: coccidioïdose, … Prion: Creutzfeld-Jacob
Zoonoses Critères de définition Réservoir animal Transmission à l ’homme: par contact direct par des produits d ’origine animale par un vecteur Syndrome infectieux spécifique
Zoonoses Un problème de zoonose doit être évoqué: en cas de contact d ’un individu avec un animal malade une personne malade a eu des contacts avec des animaux ou leurs produits plusieurs cas de zoonose sont identifiés enquête épidémiologique mesures préventives sujets à risque accru travailleurs agricoles immunodéprimés, splénectomisés embryon et foetus
Zoonoses de chez nous Lyme Echinococcose alvéolaire Griffade de chat Pasteurellose Hantavirose Leptospirose …
Lyme
Lyme
Lyme Borrelia burgdorferi Spirochète Ixodes (larves souvent inapercues) 5 à 10% parasitées chez nous durée d ’accrochage de la tique ( 24 h. ) Mulots, campagnols, cervidés, oiseaux… Animaux domestiques Diversité antigénique, 3 groupes génomiques (B. b, B. garinii, B. afzelii) Cosmopolite, par foyers
Borrelia burgdorferi
Lyme
Lyme
Lyme Stade 1 (précoce localisé) Dans le mois qui suit la morsure érythème chronique migrant (90% des patients) parfois symptômes non spécifiques (fièvre, myalgies, adénopathies loco-régionales)
Lyme Stade 2 (précoce, de dissémination) Qq jours à quelques mois après la morsure ECM multiple Symptômes cardiaques Symptômes neurologiques Arthrites Stade 3 (tardif, > 8 S, svt plusieurs années), chronique: acrodermite chronique atrophiante, neurologique ou articulaire
Lyme
Lyme Incubation 3 – 30 j Disparaît en 3 – 4 S Non présent chez 5 à 20% Signes généraux chez 50%
Lyme Lymphocytome cutané bénin
Lyme Acrodermite chronique atrophiante Même région qu’ECM Tardif, parfois 10 ans après Erythème infiltré, en nappes Régression infiltration Atrophie cutanée, veines apparentes Sclérose cutanée
Lyme
Lyme Arthrites 30 à 180 j après inoculation Chez 10% des patients (60% aux USA) Oligoarthrite intermittente asymétrique Genoux Parfois polyarticulaire Quelques semaines à qq mois Généralement par poussées Chronique chez 10%
Lyme Neuroborréliose précoce (stade 1 & 2) Méningisme (stade 1) Méningite lymphocytaire Atteinte nerfs crâniens Radiculonévrite Névrite optique Myélite Encéphalite Neuroborréliose tardive (stade 3, après +ieurs mois à années) Polyneuropathie axonale chronique Encéphalomyélite: paraparésie spastique, neuropathie crânienne, myélite transverse, atteinte fonctions cognitives Accidents ischémiques
Lyme Atteintes cardiaques Chez 4 à 8% Plusieurs semaines après ECM Durée 3 à 6 S BAV Myopéricadite Cardiomyopathie dilatée chronique
Lyme Diagnostic: sérologie? Ig M: 2 à 4 S après début ECM, pic après 6 à 8 S, décroissance en 4 à 6 mois Ig G: 6 à 8 S après début maladie, ou plus tardifs Sérologie peut avorter si traitement précoce Sérologie + chez 30 à 50% lors stade1 Sérologie peut rester + malgré traitement, si tardif
Lyme
Lyme Faux positifs Syphillis Polyarthrite Lupus … Surdiagnostic … Sérologie uniquement pour confirmer une suspicion clinique réaliste Confirmation: western blot (si stade1 atypique)
Lyme Diagnostic clinique: Symptomatologie évocatrice Exposition aux tiques en zone d’endémie Eliminer un faux + sérologique Sérologie surtout utile pour les formes extracutanées (culture) LRC: PCR, Sérologie
Lyme Traitement: Recommandations établies par études USA S: doxycycline, azithromycine, amoxicilline, cefuroxime, CIII R: aminosides, FQ, rifampicine Pas d’ATB-prophylaxie
Lyme ECM (14-21 j): amoxicilline 500 mg tid, doxycycline 100 mg bid, cefuroxime ax. 500 mg bid, azithromycine 500 mg od (7j) Arthrite (4 S): doxycycline 100 mg bid, amoxicilline 500 mg tid, ceftriaxone 2 g od (2S) Arthrite récidivante: seconde cure, puis symptomatique Neuroborréliose précoce (min 2 S): ceftriaxone 2 g od, penicilline G …, ou doxycycline 100 – 200 mg bid Neuroborréliose tardive (2 – 4 S): ceftriaxone ou cefotaxime Cardite avec BAV 1-2 : P.O Cardite avec BAV 3: ceftriaxone 14-21 j, ± corticoides
Lyme
Echinococcose alvéolaire
Echinococcus multilocularis
Echinococcose alvéolaire Maladie hépatique Métastases (10%) Pulmonaires Spléniques cérébrales
Echinococcose alvéolaire Symptomatologie Évolution 5 à 15 ans asymptomatique Douleurs abdominales Ictère Cholangite Hypertension portale
Echinococcose alvéolaire Diagnostic Hyperéosinophilie chez 10% Hypergammaglobulinémie chez 80% Ig E chez 50% Bilan hépatique, VS Imagerie médicale Sérologie (spécifique)
Echinococcose alvéolaire Traitement Chirurgie Transplantation … Mébendazole hautes doses (1,5 – 10 g/j) Albendazole (800 mg BID) Traitement médicamenteux plus de 10 ans: 53 à 80 % de survie à 15 ans contre 0%! Prévention Eviter contact avec renards et autres hôtes Fruits-légumes… Eviter que chiens et chats se nourrissent de rongeurs Praziquantel chez chiens
Griffade de chat (MGC)
MGC Etiologie: BG-, petit, pléomorphe, croissance lente Bartonella henselae
MGC
MGC: Cycle
MGC Contamination par Griffade Morsure Puces Chats, chiens
MGC: Symptomatologie S. de Parinaud
Adénopathie dans les 2 semaines (7 à 60 j) Adénopathie ferme Abcédation chez 15-50%, avec périadénite, fistulisation
« Chancre » Dans les 3 à 10 jours
MGC Diagnostic Clinique Biopsie ΔΔ Sérologie mauvaise sensibilité (50 – 88%) et spécificité; VPP 65% Biopsie ΔΔ Granulomes nécrosants Coloration argentique de Warthin-Starry PCR
MGC Traitement Utile? Azithromycine 500mg J1, puis 250 mg/J 4 jours 7 à 10 jours: clarithromycine, rifampicine, cotrimoxazole, ciprofloxacine gentamycine
Pasteurellose
Pasteurella Germes commensaux VRS et TD mammifères (rare chez l’homme) Morsures de chiens se surinfectent 1/5 Morsures de chats se surinfectent > ½ Griffades…
Pasteurella
Pasteurellose Par inoculation Forme aiguë Incubation qq heures: caractère inflam. Extension dès J2, ± T°, ± ggl Parfois arthrite, osteite Sans traitement, guérison en 10 j ou évolution vers forme subaiguë
Pasteurellose aigue par inoculation
Pasteurellose Forme subaiguë (par inoculation) Qq semaines après inoculation Ténosynovite ou arthrite réactionnelle Algodystrophie
Pasteurellose Autres infections Respiratoires (VRS ou VRI): portage oropharyngé (éleveurs), immunodépression Neurologiques (méningite, abcès) Septicémie Infections abdominales …
Pasteurellose Diagnostic: prélèvement à l’aiguille fine des sérosités (milieu enrichis) Souvent polymicrobien Traitement: amoxi/clav Tétanos
Hantavirose
Bunyaviridae
Hantavirus: Cycle Spécificité d’hôte définitif. En Belgique, foyer épidémique dans l ’entre Sambre et Meuse
Hantavirose Ouest-Européenne Incubation 10-25 j (max 42) Phase fébrile et algique (10-15j) T° Douleurs Troubles accomodation Eruption morbiliforme ou purpurique Atteinte respiratoire chez 30% (discrète) Phase hypotensive Phase oligurique (néphropathie épidémique) Phase polyurique
Hantavirose Ouest-Européenne En Belgique: 100 cas/an Diagnostic Polynucléose Thrombopénie Insuffisance rénale Protéinurie Sérologie
Hantavirose Ouest-Européenne Traitement supportif Ribavirine? Prévention?
Leptospirose
Leptospirose Spirochètes Leptospira interrogans et L. biflexa: LPS => nombreux sérovars (ancienne classification) Hybridation ADN: 12 espèces pathogènes (nouvelle classification)
Leptospirose
Leptospirose Régions « chaudes » et humides, éventuellement saisonnière Cyclones France et Belgique Survit longtemps dans eau douce Certains sérovars associés au rat, chien ou autres animaux
Leptospirose
Leptospirose Activités à risque: planche à voile, canyoning, rafting, sports d’eau, chasse, pêche, …. Exposition professionnelle: éboueurs, égoutiers, agriculteurs, éleveurs, écarisseurs, …
Leptospirose Contamination via urines, eau ou sols souillés Pénétration muqueuse ou plaies (peau saine) Réservoir: animal
Leptospirose Présentation clinique polymorphe Pas de syndrome spécifique d’un sérovar mais bien profil épidémioclinique Incubation 5 à 14 jours (2 à 30) Formes bénignes dans 85 à 90% des cas Phase septicémique 3 à 7 jours Brève rémission 1 à 3 jours Phase d’état 4 à 30 jours Formes sévères: évolution biphasique moins nette
Leptospirose Phase septicémique Brutale, AEG, frissons, fièvre, céphalées, myalgies MI Phase d’état Syndrome algique majeur (céphalées, myalgies, troubles digestifs) Suffusion conjonctivale bilatérale Eruption Hépato-splénomégalie, adénopathies Atteinte d’organe Maladie hétérogène
Leptospirose
Leptospirose Atteinte hépatique Ictère « flamboyant » altération bilan hépatique guérison complète Atteinte rénale Cause de mortalité en pays d’endémie Syndrome de Weil: forme hépatorénale et hémorragique Résolutive, sans séquelles
Leptospirose
Leptospirose Atteinte neurologique Syndrome méningé dans 12 à 40 % des cas Pléiocytose LCR dans 50 à 90 % des cas Généralement < 500/mm³ formule variable Hyperprotéinorachie Glycorachie normale Signes d’encéphalite chez 25% des patients avec « méningite » Atteinte oculaire Uvéite
Leptospirose Atteinte cardiaque Myocardite Péricardite Arythmies Atteinte pulmonaire Pneumopathie isolée ou associée Toux hémoptoïque Image atypique, condensation Manifestations hémorragiques
Leptospirose Diagnostic Clinique évocatrice: myalgies, suffusion conjonctivale, signes méningés, surtout si contexte épidémique Biologie: hyperleucocytose (PNN parfois > à 50000), thrombopénie, anémie, syndrome inflammatoire, CPK, altération bilan hépatique et/ou rénal Sérologie
Leptospirose Isolement de la bactérie Hémoculture 10 1ers jours LCR deuxième semaine Urines à partir 3 ème semaine Microscopie à fond noir (Culture?) (Inoculation cobaye) (PCR)
Leptospirose Traitement Pénicilline G Ampicilline, amoxycilline Doxycycline Macrolides >= 7 jours Réaction Jarisch-Herxheimer
Listériose
Listériose Listeria monocytogenes Bacille Gram + Croissance 3-45° (optimale à 30-35°) Détruit par pasteurisation Germe intracellulaire facultatif Bactérie ubiquitaire, environnementale Contamination des aliments (lait, produits laitiers, viande, charcuterie, végétaux, crustacés, poissons, …)
Listériose
Listériose Incubation qq jours – 2 mois Immunodépression Cancéreux Cirrhose Diabète Transplantation Grossesse Âges extrèmes
Listériose Listérioses neuroméningées Méningite (aigue ou subaigue) Méningoencéphalite Surtout tronc cérébral (paralysie nerfs crâniens) +/- S. cérébelleux, S. pyramidal, S. extrapyramidal Encéphalite (microabcès) Abcès cérébraux Septicémie: tableau de gastroentérite fébrile, endocardite Listériose maternofoetale
Listériose Diagnostic: LCR: composition variable Cellules (qq - > 1000): panachée (30-45%), lymphocytaire (25-40%), PNN Hypoglycorachie chez 1/3 Protéinorachie accrue (1-3 g/L) Hémocultures: + dans 40-60 % des cas Diagnostic différentiel: méningite, méningoencéphalite et septicémie
Listériose Résistance aux céphalosporines ! Aminopénicilline + gentamycine Triméthoprime-sulfaméthoxazole Vancomycine Neuroméningée: 21 jours Abcès cérébral: 6 semaines Septicémie: 14 jours
Listériose prévention