Hématurie.

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Transcription de la présentation:

Hématurie

DÉFINITIONS L’hématurie est la présence, en quantité anormale, d’hématies émises dans les urines (≥ 10/mm3 ou 10 000/mL), lors d’une miction. Hématurie macroscopique: Coloration rosée, rouge ou brunâtre visible à l’œil nu (fig. 14.1) (pour info, à partir de ≥ 500 hématies/mm3 Hématurie microscopique: Invisible à l’œil nu, ≥ 10 hématies/mm3. Diagnostiqueé par la BU. Valeur sémiologique: Identique : atteinte du parenchyme rénal ou de la voie excrétrice urinaire (cavités pyélocalicielles, uretères, vessie, urètre).

PHYSIOPATHOLOGIE Les hématuries peuvent intervenir dans deux cadres nosologiques : un cadre urologique: La présence des hématies dans les urines est liée à une lésion du parenchyme ou de l’arbre urinaire. Celle-ci conduit à l’effraction de vaisseaux sanguins permettant le passage du contenu dans la voie excrétrice urinaire ; un cadre néphrologique: L’ altération de la membrane basale glomérulaire permet le passage des hématie dans la voie. Cette physiopathologie explique l’absence de caillots lors d’une hématurie macroscopique d’origine néphrologique, en raison de l’action fibrinolytique de l’urokinase tubulaire ; la présence de cylindres hématiques ou d’hématies déformées sur l’analyse du culot urinaire ; l’association fréquente à une protéinurie (≥ 0,3 g/24 h), voire à un syndrome néphrotique ou néphritique.

DIAGNOSTICS POSITIFS ET DIFFÉRENTIELS DE L’HÉMATURIE La bandelette urinaire: détecte la présence de sang dans les urines (≥ 5 hématies/mm3) avec une sensibilité de 90 %. Les faux-positifs : myoglobinurie, hémoglobinurie. Eliminer les fausses hématuries par un examen direct du sédiment urinaire lors d’un ECBU ou Le compte d’Addis-Hamburger ou « hématie-leucocytes/minutes » (seuil pathologique > 10 000/min). Diagnostics différentiels de l’hématurie Hémorragie de voisinage Urétrorragie (saignement en dehors des mictions). Génitale (menstruations, métrorragies), hémospermie. Coloration d’origine alimentaire: Betteraves, mûres, choux rouge… Coloration d’origine médicamenteuse Antibiotiques : rifampicine, érythromycine, métronidazole. Anti-inflammatoires : acide aminosalicylique, salazopyrine, ibuprofène. Vitamines : B12. Laxatifs contenant de la pénolphtaléine. Contact avec antiseptique : povidone-iodine, eau de Javel. Origine métabolique Hémoglobinurie par hémolyse. Myoglobinurie par rhabdomyolyse. Urobilinurie, porphyrie. Intoxication : plomb, mercure. À retenir Le diagnostic d’hématurie doit toujours être confirmé par un examen cytologique urinaire quantitatif. Il n’existe pas de corrélation entre le type d’hématurie et la gravité de la maladie causale.

ENQUÊTE ÉTIOLOGIQUE A - EXAMEN CLINIQUE 1 - INTERROGATOIRE Le mode de vie : l'origine ethnique, la notion de voyage en zone d'endémie pour certaines expositions environnementales ou infectieuses (bilharziose, tuberculose). Une exposition professionnelle à des carcinogènes. Antécédents familiaux: polykystose hépatorénale ou des cancers, d’ une insuffisance rénale ou d’une surdité héréditaire (syndrome d'Alport). Antécédents personnels: (diabète, drépanocytose, troubles de la coagulation, infections urinaires, lithiases urinaires/coliques néphrétiques, tumeurs urologiques et éventuellement une infection ORL récente [glomérulonéphrites post-streptococciques]). une irradiation pelvienne. Il faut s'enquérir des traitements en cours : des anticoagulants ou des antiagrégants plaquettaires, des AINS (responsables de néphropathie). Il faut faire préciser, la date de survenue, la durée d'évolution, et le caractère cyclique ou non du saignement (endométriose). Caractéristiques de l’hématurie macroscopique Chronologie de l’hématurie sur le temps mictionnel (épreuve des 3 verres) initiale (survenant au début de la miction) : suggère une localisation urétro-prostatique ; terminale (en fin de miction) : signe une localisation vésicale ; totale (sur toute la durée de la miction) : peut être d’origine rénale, cependant en cas d’hématurie abondante, elle n’a pas de valeur localisatrice.

2 - EXAMEN PHYSIQUE signes de gravité avec évaluation du retentissement hémodynamique : hypovolémie en cas d’hématurie macroscopique massive : tachycardie, hypotension artérielle, marbrures ; hypertension maligne en cas de néphropathie glomérulaire sévère. La palpation hypogastrique est indispensable à la recherche d’un globe vésical (rétention aiguë sur caillotage). signes d’anémie : pâleur cutanéo-muqueuse. L’examen des fosses lombaires à recherche d’une masse renale ( tumeur ou polykystose). La recherche d’une varicocèle (signe de compression de la veine spermatique gauche ou de la veine cave) évocatrice d’une tumeur rénale gauche. Les touchers pelviens à la recherche d’une hypertrophie ou d’un cancer prostatique ou une masse pelvienne. L’examen des membres inférieurs à la recherche des œdèmes.

B - EXAMENS COMPLÉMENTAIRES 1 – BIOLOGIQUES A - ECBU L’analyse bactériologique permet d’éliminer une infection urinaire. L’analyse cytologique confirme le diagnostic d’hématurie en cas de doute et précise la morphologie érythrocytaire ou la présence de cylindres hématiques orientant vers une origine néphrologique. B - LA PROTÉINURIE DES 24 HEURES Son taux est spécifique d’une atteinte glomérulaire au-delà de 2 g/24 h. C - POUR APPRÉCIER LE RETENTISSEMENT DE L’HÉMATURIE Faire une numération-formule sanguine et un bilan d’hémostase (TP/TCA) permet d’évaluer l’importance du saignement (déglobulisation massive) en phase aiguë, de connaître le retentissement en cas de chronicité (anémie inflammatoire, syndrome paranéoplasique avec anémie ou polyglobulie). évaluation de la fonction rénale par l’urée plasmatique, la créatininémie.

2 – MORPHOLOGIQUES L’échographie vésico-rénale permet de rechercher des lithiases, des tumeurs du parenchyme rénal, des cavités pyélocalicielles ou vésicales ou encore des kystes rénaux. Une étude des vaisseaux rénaux au Doppler peut révéler une thrombose veineuse. La négativité de l’échographie ne dispense pas d’une imagerie plus sensible. L’uroscanner a une sensibilité pour la détection des tumeurs et calculs de petite taille est supérieure à celle de l’échographie. C’est l’examen de référence pour l’étude du parenchyme rénal et des voies excrétrices urinaires supérieures. En cas de contre-indication, il sera remplacé par une uro-IRM.

3 - ENDOSCOPIQUES L’urétrocystoscopie est réalisée après vérification de la stérilité des urines ou l’absence de nitrites à la BU. Il permet la détection de lésions tumorale. L'étude de la filière urétrale est indispensable en cas d'hématurie initiale. Enfin, l'inspection des méats peut également mettre en évidence un éjaculat d'urines sanglantes urétérales, en faveur d'une cause urologique si unilatéral ou néphrologique en cas de bilatéralité. L’urétéroscopie permet l’exploration du haut appareil urinaire.

4 - ANATOMOPATHOLOGIQUES La cytologie urinaire sur les urines du matin, ou lors d'un examen endoscopique. La cytologie urinaire a une sensibilité élevée pour la détection des cellules tumorales de haut grade (plus de 90 % dans la détection du CIS vésical), mais présente une faible sensibilité pour les tumeurs de bas grade. Une cytologie urinaire négative ne dispense pas d’un bilan endoscopique. La ponction-biopsie rénale a sa place dans le bilan d’une hématurie microscopique associée à une protéinurie glomérulaire et/ou une hypertension artérielle. Elle permet d’obtenir la confirmation diagnostique et la caractérisation histologique de la néphropathie.

ÉTIOLOGIES L’hématurie micro- ou macroscopique est un symptôme fréquent qui impose une enquête étiologique. dans 10 % des cas aucune cause n’est retrouvée. En faveur d’une origine urologique: Dans les urines: présence de caillots sanguin, hématies de morphologie normale; Clinique: pollakiurie, douleur lombaire, élimination de lithiase… En faveur d’une origine néphrologique: Dans les urines: absence de caillots sanguins, hématies déformées, présence de cylindres hématiques, protéines. Cliniques: HTA, œdème

A - UROLOGIQUES 1 - TUMEURS UROTHÉLIALES Facteurs de risque: âge ≥ 50 ans, sexe masculin, tabac, exposition professionnelle (amines aromatiques…). Bilan : cystoscopie et uroscanner ± cytologies. 2 - TUMEURS RÉNALES Peuvent être révélées par une hématurie microscopique ou macroscopique totale. Objectivées sur une échographie ou un scanner abdomino-pelvien injecté. 3 - INFECTIONS URINAIRES Cause la plus fréquente, tableau clinique évocateur (brûlures mictionnelles, pollakiurie, douleurs lombaires…). Diagnostic +: ECBU, ou d’une bandelette urinaire. Diagnostic étiologique: cystite +++ (hématurie macroscopique), pyélonéphrite (hématurie le plus souvent microscopique), prostatite. Germes habituels (Escherichia coli, entérobactéries, tuberculose, bilharziose …) ou germes en rapport avec un contexte épidémiologique :

4 - LITHIASES URINAIRES Peut être pauci-symptomatique ou révélée par un épisode de colique néphrétique. Diagnostic + :scanner abdomino-pelvien (ou du couple ASP + échographie). 5 – TRAUMATISME Contexte évident. Les organes touchés peuvent être une fracture du parenchyme rénal, une atteinte du pédicule vasculaire ou encore une plaie vésicale. Intérêt de l’uroscanner . 6 – PROSTATIQUE Hématurie macroscopique initiale. Signe rarement révélateur de cancer de prostate, elle est plus souvent associé à une prostatite ou une hypertrophie, et reste un diagnostic d’élimination. 7 - IATROGÈNE Secondaire à un sondage, la pose d’un cathéter sus-pubien ou une résection endoscopique (« chute d’escarres »). Post-lithotritie extracorporelle ou biopsie rénale.

1 - NÉPHROPATHIES GLOMÉRULAIRES A - GLOMÉRULONÉPHRITE B - NÉPHROLOGIQUES 1 - NÉPHROPATHIES GLOMÉRULAIRES A - GLOMÉRULONÉPHRITE Elle associe une protéinurie glomérulaire, des œdèmes et une hématurie. L’ECBU met en évidence des hématies déformées et des cylindres hématiques. Le diagnostic se fait sur la biopsie rénale. Aiguë post-infectieuse Secondaire à une infection ORL (le plus souvent) à streptocoque. Chronique Glomérulonéphrite à dépôts mésangiaux d’IgA (maladie de Berger) , préférentiellement chez les hommes jeunes. Dignostic + : La biopsie confirme le diagnostic en mettant en évidence la présence de dépôts mésangiaux granuleux d’IgA et une prolifération endocapillaire. B - SYNDROME D’ALPORT Pathologie héréditaire de transmission variable (liée à l’X, autosomique dominante ou récessive). Il associe hématurie macroscopique récidivante, surdité bilatérale et atteinte ophtalmologique (cataracte, atteinte maculaire). .

2 - NÉPHROPATHIE INTERSTITIELLE AIGUË MÉDICAMENTEUSE Mécanisme est immuno-allergique. Lors d’une prise médicamenteuse : sulfamides, pénicillines… Peut être associée à d’autres signes allergiques (rash cutané, cytolyse hépatique…). 3 - NÉPHROPATHIES VASCULAIRES A - NÉCROSE PAPILLAIRE Souvent associée à un diabète, une drépantcytose ou une prise d’AINS. Elle se présente comme une colique néphrétique (par migration des fragments papillaires dans l’uretère). L’imagerie injectée (uroscanner ) met en évidence une amputation calicielle. B - INFARCTUS RÉNAL Notion de terrain à risque : post-traumatique, drépanocytose, maladie à potentiel thromboembolique (ACFA). Le diagnostic est réalisé par un scanner abdomino-pelvien , une angio-IRM ou une échographie-Doppler. La prise en charge doit se faire en urgence (dans les 6 heures) par reperméabilisation de l’artère rénale.

4 - POLYKYSTOSE RÉNALE AUTOSOMIQUE DOMINANTE (PKRD) Développement de kystes rénaux (± hépatiques) dont la rupture des vaisseaux de la paroi peut se faire au niveau de la voie excrétrice, expliquant l’hématurie. Diagnostic fait en échographie. C - AUTRES ÉTIOLOGIES Les hématuries d’effort surviennent après une activité physique prolongée. Le mécanisme de est mixte associant des microtraumatismes rénaux ou vésicaux (en rapport avec l’exercice) et une perméabilité glomérulaire accrue pendant l’effort. La persistance d’une hématurie micro- ou macroscopique à distance de l’effort nécessite un bilan specifique.